Allongée dans l'herbe elle ne savait que faire. La même phrase tournait en boucle dans sa tête. Des jours que cette phrase avait été prononcée. Elle avait l'impression que c'était juste maintenant. Que l'écho qu'elle entendait venait d'arriver tant il martelait avec force chaque recoin de sa tête. Ce n'était pourtant que des mots... De simples lettres additionnés les unes aux autres. Comment cela pouvait-il faire mal ? Mal à ce point ?

Elle se força à s'assoir. Elle sentit le vent malgré le gros pull qu'elle portait. Elle frissonna.

Elle soupira. Ce qu'elle voulait n'était-il pas simplement d'être libérée du poids des mots qu'ils avaient prononcés. Ils ne se rendaient pas compte. Mais elle savait qu'ils ne pouvaient pas deviner ce dont elle avait besoin. Elle-même avait du mal à le dire.

Elle ferma les yeux pour se concentrer sur les mots. Elle tenta de les éloigner, de les séparer des uns des autres pour les vider de leur sens. Elle tenta de les modifier, et même de les comprendre. Elle tenta tout.

Et lorsqu'elle eut tout tenté, elle vit avec une grande satisfaction qu'elle était parvenue à les cacher.

Devant, en grand, au centre de sa tête, tout ce qu'elle voyait lorsqu'elle ses paupières se fermaient, lui laissant l'opportunité se croire ailleurs, le vide.

Un vide accueillant. Rassurant.

Un vide qu'elle aurait voulu éternel.