[ Chapitre 8 ]

Agacement

❖ ── ✦ ─── ✦ ── ❖

[ PDV Jisung ]

- Jisung, est-ce que tu es sûr que tout va bien ? Demanda ma tante.

- Mais oui, t'inquiète... C'était juste une bagarre de rien du tout... Assurai-je en haussant les épaules.

- Si tu le dis... Je vais aller travailler. Sage avec Minho, j'imagine que tu le sais.

- Oui, on va pas mettre le feu... Arrête t'inquiéter, Tatie.

Elle me sourit avant de déposer un baiser sur mon front.

- Je t'aime fort. Tu sais que je suis là si tu as besoin ?

- Moi aussi je t'aime, je n'hésiterai pas.

Je lui souris avant qu'elle ne se retourne pour partir. Je saisis un plateau avec de la nourriture pour l'emporter à l'étage.

J'entrai dans ma chambre, là où Minho s'amusait avec son chaton.

- T'es content, Bouboule ? Moi aussi je suis content de te revoir, trop trop trop content ! Dit-il niaisement à la boule de poils grisée.

- Tu es adorable, amour. Pouffai-je.

Je posai le plateau sur le matelas avant de m'asseoir à ses côtés. Je déposai un baiser sur sa tempe avant de chuchoter à son oreille.

- Il y a du fromage, des olives, du jambon de parmes et du pain...

- Arrête, je déteste quand tu parles à mon oreille.

- Pourquoi ?

- Ça m'excite.

Je partis dans un fou rire en entendant cette réponse inattendue.
Réponse qu'il avait prononcé avec tellement de sérieux.

- Et t'aime pas être excité ?

- Si mais... Pas tout le temps... Genre je t'avoue, je suis pas dans le mood du tout.

- Je comprends, mon ange...

Je lui fis tourner la tête pour sceller nos lèvres dans un baiser amoureux. Je passai mes bras autour de sa taille afin qu'il puisse s'y sentir comme dans une bulle qui le protégerait.

- Je t'aime fort, Minho... Et jamais je ne te forcerai à faire quoi que ce soit.

- T-Tu es vraiment... M-Ma seule source de lumière...

Ce baiser semblait l'avoir rendu émotionnel. Je comprenais ce qu'il traversait, à quel point il devait être bouleversé et perdu.
Il devait se demander qu'est-ce qu'il avait fait pour se retrouver dans cette situation.

- Je ne t'abandonnerai pas, d'accord ? Je te le promets... Lui murmurai-je.

- M-Merci... Moi non plus... P-Promis...

- Aller, mange...

❖❖❖

Aujourd'hui, c'était notre tout premier cours de gym depuis la publication des photos.
Ayant déjà vécu l'expérience, je savais que c'était le pire moment pour un harcelé.

- Surtout, on ne se regarde pas dans le vestiaire. Les remarques vont fusés instantanément et tu sais à quel point ça peut partir loin...

- Okay, je ferais attention...

- Tout va bien se passer, amour...

Je lui souris alors qu'il hochait la tête.

Une fois dans le vestiaire, qui était plutôt rempli, je tentai de trouver une place. Je me rendis vite compte que les garçons avaient fait exprès d'étaler leurs affaires sur les bancs afin que nous ne puissions plus poser les nôtres.

- Génial... Soupirai-je en jetant mon sac par terre pour commencer à me changer.

Minho avait posé ses affaires à côté des miennes avant d'enfiler une tenue de sport. Il n'avait pas eu l'occasion de se racheter un nouvel uniforme.
En plus d'être déjà sous les feux des projecteurs, il allait être encore plus exposé.

- Je vais demander au prof pour mettre nos affaires dans son local. Me chuchota Minho.

- Bonne idée. Sinon, je peux courir en vitesse pour les mettre dans mon casier.

- Non t'inquiète, il est gentil avec moi.

Il prit nos sacs et sortit du vestiaire.
Jusque là, rien ne s'était passé.

- Regarde, il le prend pour sa boniche... Murmura un des garçons.

- En même temps, c'est un soumis... Pouffa un autre.

La clé : l'ignorance.
Je traversai le vestiaire en regardant droit devant moi, en n'écoutant pas les bêtises autour de moi.

- C'est bon, nos sacs sont en sécurité !

- Bien joué.

Je regardai Minho de haut en bas. Il portait un t-shirt blanc et un short noir... Assez court.

- Bébé, tu t'exposes un peu...

- C'est pas de ma faute si on m'a volé mes affaires...

- On ira à l'accueil te reprendre un uniforme de sport. Je refuse que les gens te voient comme ça.

- Wow, jaloux ?

Je souriais malicieusement et caressai une des hanches de mon petit ami.

Mais en voyant tout le monde sortir du vestiaire, je retirai ma main.

- T'as vraiment l'air d'une pute avec ton short, Min'. Ça ne te réussis pas d'être une pédale. Lança un des garçons.

- Et toi, ça ne te réussis pas d'être un connard. Osa mon petit ami.

- T'as dit quoi l-

- Eh les gars, regardez ce que Jake a posté sur le groupe !

D'un coup, tous les garçons se réunirent autour du téléphone du jeune homme et ils firent des drôles de tête avant de regarder Minho en rigolant.

Je soupirai en m'approchant.

- Qu'est-ce que vous avez encore fait comme conneries ! M'énervai-je.

- Oh tu vas aimer, Han. Ricana Jake.

- Donne moi ça.

Je lui pris le téléphone des mains.
Dans la conversation, tout le monde était en train de réagir à une photo Minho en train de se changer dans le vestiaire.

- Putain, c'est pas vrai ! M'écriai-je en supprimant la photo du groupe.

- Eh tu fais quoi là ?!

- Tu te fous de ma gueule ?! T'aimerais qu'on poste des photos de toi à poil ?!

Je vis Minho relever la tête et commencer à paniquer.

Je m'empressai de me rendre dans sa galerie pour supprimer la photo et je pris même la peine de vider l'entièreté de sa corbeille, contenant le même genre de photo.
Un vrai pervers...

- Rend moi mon tel, espèce de tapette !

Je le lui rendis avant de le gifler violemment.

- Oh putain...

- Il lui a pété le nez...

Je roulai des yeux avant de m'approcher de Minho qui s'était mis à pleurer.

- J'ai supprimé la photo, ne t'inquiète pas...

- M-Mais... Les gens ont sûrement p-pris des... Screens...

Soudain, le professeur de gym arriva et remarqua Minho en pleurs ainsi que Jake, le nez en sang.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ici ?

- Je... J'me suis mangé la porte, M'sieur.

- Et toi, Lee ?

- T-Tout va bien...

Le professeur hocha doucement la tête, bien qu'il n'était pas du tout convaincu.

- Si tu as un problème, tu peux me le dire, mh ?

- O-Oui... Mais ça v-va... Merci...

Mon cœur se fissura lorsque je vis Minho sécher ses larmes, comme s'il n'avait pas mal. Je posai une main sur son épaule mais, à ma plus grande surprise, il la chassa.

- Minho... ?

- N-Non... Ne dis rien...

Il semblait agacé par tout ça.
Je soupirai en détournant le regard.

- Okay...

❖❖❖

[ PDV Minho ]

J'en avais ma claque de tout ça.
Pourquoi moi ?
Nous étions un couple, nous étions deux. Pas que je souhaitais le mal à Jisung, mais pourquoi moi ?

À la pause, je me rendis sur le toit et je trouvai la personne que je cherchais.

- Bonjour, Eunji.

- Salut.

Elle était en train de fumer.
Lorsque je m'approchai d'elle, l'odeur se glissa dans mes narines, me faisant grimacer.

- Besoin de parler ?

- Oui, je... Je ne comprends pas quelque chose et là... Je ne suis pas d'humeur pour en parler à Jisung.

- Je vois... Dis-moi, alors.

Je m'assis sur le sol, devant elle, et soupirai.

- J'ai... J'ai l'impression que les gens m'en veulent... Je veux dire... Je me prends beaucoup plus de haine par rapport à Jisung et... Je ne comprends pas.

- Ah ça... C'est très simple, Minho. Tu étais populaire et tu rendais tout le monde jaloux. Peut-être que tu ne le vois pas comme ça, mais tu étais comme un prince ici. Tu avais tout le monde à tes pieds, les gens savent à quel point tu es riche... Même si je préfère les filles, qu'on se le dise, t'as une sacré plastique.

Alors que je ne voyais pas trop où Eunji voulait en venir, elle s'expliqua.

- Alors voir ce prince tomber lamentablement, ça plaît. Ces personnes sont tellement jalouses de toi, qu'elles veulent juste te voir souffrir. Toi à qui on ne te reproche jamais rien... À présent, la moindre petite erreur, le moindre faux pas... On te fera payer cher, Minho.

- On me fait payer parce que j'aime un homme ? Parce que c'est "pas normal" d'aimer un homme ? C'est pas leurs affaires !

- Malheureusement, il faut toujours se justifier dans cette école de merde...

- Et comment suis-je sensé m'en sortir ?!

Eunji soupira et haussa les épaules.

- Plusieurs options... Tu peux juste endurer tout ça le reste de l'année, c'est la dernière pour toi et Jisung. Tu peux aussi simuler une rupture avec lui. Perso, j'avais fait ça avec Serim mais c'est devenu réalité. Ou vu que t'es riche, tu peux demander à tes parents de s'en charger.

- Mes parents ne feront rien...

- Quoi ?

Je baissai les yeux vers mes chaussures et hochai la tête.

- Ils sont pas moins homophobes que cette école...

- Mec, ça coûte rien de leur demander. T'en sais rien... De plus, si cette affaire prend davantage d'ampleur, ils finiront par devoir agir.

Elle marqua une pause avant de reprendre.

- Ça va devenir de pire en pire, Minho. Soit tu restes passifs, tu simules ta rupture et tes parents se chargent du reste. Soit, tu bouges ton cul et tu te bats pour ce que tu veux. C'est notre droit d'aimer, t'as vraiment envie de laisser tout le monde croire que nous sommes des erreurs de la nature ?

- Je... Je vais en parler avec Jisung. Les deux solutions sont envisageables. J'aimerais tellement pouvoir m'afficher librement avec lui. Mais... J'ai aussi envie que ça se finisse au plus vite et qu'on ne parle plus jamais de moi, de nous...

- Je pense effectivement que tu devrais en parler avec lui. Vous êtes deux dans cette histoire, il a son mot à dire aussi.

- Merci Eunji.

❖❖❖

Après les cours, je n'avais pas pris la peine d'aller déposer mes affaires chez moi. Je m'étais empressé de me rendre chez Jisung.
Je savais que je l'avais blessé et je devais absolument lui parler de tout ça. J'avais si peur qu'il m'en veuille...

Je frappai à la porte de sa charmante maison et sa tante m'ouvrit.

- Bonjour, madame Han... Pardon de ne pas avoir prévenu mais j'ai besoin de parler à Jisung...

- Oh pas de soucis, c'est juste qu'il n'est pas de très bonne humeur... Il est dans sa chambre.

- Merci beaucoup...

J'entrai dans la maison et me précipitai à l'étage. Sa porte était ouverte et j'entrai dans la chambre sans prévenir.

Il était allongé sur son lit, regardant son téléphone. Quand il me vit, il fronça les sourcils.

- Minho ?!

Je m'assis sans gêne sur lui, je saisis son téléphone pour l'écarter avant de saisir ses joues pour l'embrasser passionnément. Il devait être surpris mais je le sentis fondre sur mes lèvres.

- Mmh... J'ai cru que t'étais fâché... Murmura Jisung en caressant ma joue.

- Je suis désolé, j'étais juste... Agacé. M'expliquai-je.

- Tu m'as fait peur... Tu t'es éclipsé à la pause.

- J'ai été parlé avec Eunji...

- Je vois...

Jisung lia nos lèvres une seconde fois et me saisit par la taille pour me rapprocher. Je l'embrassai avec tout mon amour et toute ma passion. Je me tins à ses épaules alors que je sentais ses grandes mains descendre sur mes hanches. Je rougis violemment quand il fit rencontré nos bassins.

- H-Hey... On peut faire ce que tu veux... Mais après avoir discuter.

- De quoi tu veux parler, alors ?

Je me reculai un petit peu et inspirai un bon coup.

- Je ne pense pas que je saurais supporter ces vagues de haine encore longtemps... Alors, j'en ai d'abord parlé à Eunji et elle m'a proposé deux choses. La première, on pourrait faire semblant d'avoir rompu et je pourrais demander à mes parents de se charger du reste. La deuxième, on se manifeste et on tente de se faire respecter. Tu préfères quoi... ?

- Honnêtement, j'ai pas envie de me cacher. Ce n'est pas à nous de changer, mais à eux.

- Et comment tu comptes faire ça ?

Jisung attrapa mon menton pour déposer un chaste baiser sur mes lèvres puis répondit.

- J'en sais rien... Mais je trouverais.

Sa confiance me fit sourire et je l'embrassai à nouveau. Cette fois-ci, je me laissai emporter dans ce baiser brûlant. Je devais lui faire confiance; il allait trouver le moyen de nous sortir de ce pétrin.

Jisung me rapprocha à nouveau et cette fois, je ne me reculai pas. Je bougeai même mes hanches de ma propre initiative.

- Mmh... Gémit-il, les yeux fermé.

- T'aime bien ? Souris-je malicieusement.

- J'adore, bébé... Continue...

Je continuai de l'embrasser en caressant son torse et en roulant des hanches. Je laissai échappé un son peu viril lorsqu'il me les attrapa pour imposer un rythme.

Soudain, une petite boule de poils grisée sauta sur le lit, captant mon attention.

- Bouboule ! M'écriai-je en le prenant dans mes bras.

- Putain de chat.

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