Chapitre 6
Le lendemain, la tension était palpable dès le petit-déjeuner. Maïa, d'ordinaire exubérante et pleine de vie, s'était installée à l'autre bout de la table, discutant à voix basse avec Franck et Ebony. Marine, elle, jouait nerveusement avec son croissant, incapable de lever les yeux. Marguerite, toujours attentive, lançait de temps à autre des regards inquiets à Marine.
Charles, fidèle à lui-même, tenta de détendre l'atmosphère.
— Bon, les filles, qui veut jouer au baby-foot pendant la pause ? Parce que moi, je compte bien défendre mon titre de champion.
— C'est faux, c'est Ulysse qui a gagné la dernière fois, répliqua Emma avec un sourire en coin.
Charles fit mine d'être outré, déclenchant quelques rires, mais l'ambiance générale restait lourde.
Maïa finit par se lever brusquement.
— Je vais aux répétitions, dit-elle simplement avant de quitter la pièce.
Marine baissa les yeux, évitant le regard interrogateur de Marguerite.
Lors des répétitions, la distance entre Maïa et Marine devint impossible à ignorer. Lorsqu'elles répétèrent leur duo, le naturel habituel avait disparu. Chaque geste semblait forcé, chaque regard calculé.
Le reste du groupe observait en silence, conscient qu'un problème sous-jacent pesait sur les deux jeunes femmes.
— Elles ne tiendront pas comme ça longtemps, murmura Ebony à Marguerite.
— Non. Mais ça doit venir d'elles. On peut juste être là si elles ont besoin de parler, répondit Marguerite.
Plus tard dans la journée, Marine trouva Maïa seule dans une salle de répétition, jouant distraitement quelques accords au piano. La lumière tamisée de la pièce donnait à Maïa un air vulnérable, et Marine sentit son cœur se serrer.
Elle prit une grande inspiration avant de s'approcher.
— Maïa... je peux te parler ?
Maïa leva les yeux vers elle, son expression fermée.
— Tu veux parler maintenant ? Après m'avoir laissé en plan hier soir ?
Marine sentit la culpabilité la submerger.
— Je suis désolée. Je... Je ne sais pas gérer tout ça. Toi, moi, la scène... C'est trop.
Maïa poussa un soupir et se leva du banc du piano.
— Trop pour quoi, exactement ? Trop pour admettre que tu ressens quelque chose pour moi ? Trop pour essayer ?
Marine ouvrit la bouche, mais Maïa continua avant qu'elle ne puisse répondre.
— Tu sais, moi aussi, j'ai peur. Ce n'est pas comme si c'était facile pour moi. Mais au moins, j'ai décidé d'y croire. Toi, tu restes figée dans tes doutes.
— Parce que j'ai peur de me tromper, avoua Marine, sa voix tremblant légèrement.
Maïa secoua la tête, un sourire triste sur les lèvres.
— La peur, ça fait partie du jeu. Mais si tu ne risques rien, tu n'obtiendras rien non plus.
Elle s'approcha de Marine, plongeant son regard dans le sien.
— Je ne vais pas te forcer à faire un choix, Marine. Mais moi, je sais ce que je ressens. Et je mérite quelqu'un qui en est sûr aussi.
Avec ces mots, Maïa quitta la pièce, laissant Marine seule face à elle-même.
Ce soir-là, Marine eut du mal à se concentrer sur leur performance. Chaque note d'Eternal Flame semblait plus lourde de sens, chaque parole comme un écho de ses propres pensées.
Quand arriva le moment du baiser final, Marine sentit son cœur s'emballer. Cette fois, elle ne pouvait pas hésiter.
Elle se tourna vers Maïa, et au lieu du simple baiser habituel, elle avança lentement, posant une main sur la joue de Maïa avant de déposer un baiser doux mais appuyé sur ses lèvres.
Dans le public, les cris d'enthousiasme fusèrent, mais pour Marine et Maïa, le monde extérieur n'existait plus.
Quand elles se retirèrent, leurs regards restèrent accrochés l'un à l'autre, et Maïa esquissa un sourire, cette fois empreint d'une lueur d'espoir.
C'était peut-être le début de quelque chose de nouveau, de réel.
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