Chapitre 4

Après le concert, l'effervescence habituelle des coulisses semblait plus pesante que d'habitude pour Marine. Elle traversait la foule de techniciens et de musiciens sans vraiment prêter attention à leurs félicitations. Chaque instant de leur duo, chaque regard, chaque note, et surtout ce baiser... tout tournait en boucle dans son esprit.

Elle se dirigea instinctivement vers l'extérieur, là où la fraîcheur de la nuit calerait peut-être son cœur battant à un rythme trop rapide. Elle s'adossa à un mur et respira profondément, levant les yeux vers le ciel étoilé.

— Tu fuis ?

La voix familière de Maïa la fit sursauter. En se retournant, elle vit la blonde à quelques pas, ses yeux pétillants d'une lueur à mi-chemin entre l'amusement et la curiosité.

— Je ne fuis pas, répondit Marine, presque trop vite.

Maïa s'avança, son sourire s'adoucissant.
— Alors pourquoi t'es là toute seule, à penser si fort que je pourrais entendre tes pensées d'ici ?

Marine hésita, les mots se coinçant dans sa gorge. Elle avait envie de tout dire et de tout garder pour elle en même temps.

— C'est compliqué... finit-elle par murmurer.

Maïa s'approcha davantage, réduisant l'espace entre elles.
— Et si ce n'était pas si compliqué que ça ?

Marine croisa son regard, cherchant une réponse, mais se retrouva à nouveau désarmée par la sincérité qui brillait dans les yeux de Maïa.

— Sur scène... ce soir... commença Marine, mais sa voix trembla légèrement.

Maïa la coupa doucement.
— C'était réel pour toi, n'est-ce pas ?

Marine détourna le regard, mais elle sentit la main de Maïa effleurer la sienne. C'était une touche légère, presque imperceptible, mais qui suffisait à faire trembler ses certitudes.

— Oui, finit-elle par avouer, sa voix à peine audible.

Un silence s'installa, mais il n'était pas inconfortable. Maïa sourit, un sourire sincère, sans moquerie ni espièglerie cette fois.

— Pour moi aussi.

Ces trois mots flottèrent dans l'air entre elles, comme une libération et une promesse à la fois. Marine sentit une chaleur monter en elle, une chaleur qu'elle n'avait pas ressentie depuis longtemps.

— Et maintenant ? demanda-t-elle, incertaine mais prête à entendre la réponse.

Maïa haussa doucement les épaules.
— On peut voir où ça nous mène. Pas besoin de tout définir tout de suite. On est déjà dans quelque chose de beau, non ?

Marine esquissa un sourire timide. C'était exactement ce dont elle avait besoin d'entendre : une invitation à avancer sans précipitation, sans pression.

Maïa posa une main réconfortante sur son bras.
— Viens, les autres vont s'inquiéter si on disparaît trop longtemps.

Elles retournèrent ensemble vers les coulisses. Ce qui avait changé entre elles n'était pas dit à voix haute, mais leurs gestes parlaient pour elles. Marine marchait un peu plus près de Maïa que d'habitude, et cette dernière ne pouvait s'empêcher de sourire en silence.

Dans la salle commune, Marguerite, Ebony et Franck discutaient autour d'un plateau de snacks.

— Je vous parie que ces deux-là vont finir ensemble avant la fin de la tournée, déclara Marguerite avec assurance.

— Je dirais même avant la fin de la semaine, ajouta Franck en riant doucement.

Ebony, toujours calme, se contenta d'un sourire énigmatique.
— Elles doivent suivre leur propre rythme. Mais oui, ça se sent.

Quand Maïa et Marine franchirent la porte, les conversations cessèrent momentanément. Tout le monde nota le changement subtil dans leur dynamique : leurs regards semblaient se chercher constamment, et leurs sourires étaient un peu plus sincères, un peu plus doux.

— Alors, vous avez comploté quoi dehors ? lança Charles, fidèle à son rôle de provocateur.

Maïa répondit avec un rire léger.
— Oh, rien d'important. Juste refaire le monde.

Marine, pour une fois, ne se sentit pas obligée de se justifier. Elle se contenta de s'asseoir près de Maïa, laissant ses épaules frôler les siennes.

Le reste de la soirée se passa dans une ambiance légère, mais une certaine tension flottait encore entre elles, une tension douce et agréable qui annonçait que leur histoire ne faisait que commencer.

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