Chapitre 30

Le bus roulait en silence, le bruit sourd des roues sur le bitume résonnant à travers la cabine. Les lumières de la ville se succédaient, floues et éphémères, tout comme les pensées qui traversaient l'esprit de Maïa. Elle était perdue dans ses réflexions, mais à chaque fois que ses yeux se tournaient vers Marine, elle se sentait réconfortée, comme si la réalité avait enfin retrouvé son équilibre.

Elle repensa à cette nuit, à cette chambre aux bougies parfumées, aux baisers échangés et à l'intensité de ce moment. À ce pardon, à cette promesse de recommencer à zéro. Ce matin-là, Marine l'avait prise dans ses bras et lui avait murmuré : "On y va ensemble", et cette simple phrase avait suffi à apaiser toutes ses craintes. Mais une nouvelle peur persistait, une peur qu'elle n'avait pas encore partagée avec Marine.

Elle se tourna vers elle, allongée sur le siège à côté d'elle, un léger sourire sur les lèvres.

— Tu sais, commença Maïa, un peu hésitante, je suis encore un peu nerveuse à l'idée du concert ce soir. Pas à cause de la scène, mais à cause de ce qui pourrait se passer après...

Marine tourna la tête vers elle, surprise mais attentive.

— Pourquoi ? demanda-t-elle, posant une main rassurante sur la sienne.

Maïa baissa les yeux, cherchant les mots justes.

— Je sais qu'on a trouvé notre chemin, que tout va mieux entre nous. Mais avec Franck, je... j'ai l'impression qu'il va encore tenter quelque chose. Ce n'est pas que je n'ai pas confiance en toi, c'est juste...

Marine sourit tendrement et serra doucement la main de Maïa.

— Tu n'as pas à t'inquiéter de ça. Je t'ai choisie, Maïa. Je ne vais nulle part. Et ce que Franck peut essayer de faire n'y changera rien.

Maïa sentit la chaleur de ses mots apaiser une partie de ses angoisses. Elle se laissa aller contre elle, fermant les yeux un instant. Puis, elle se redressa et regarda Marine avec une lueur de défi dans les yeux.

— Tu sais quoi ? Peu importe ce que Franck peut faire ou dire. Ce soir, c'est notre moment à nous. La scène, notre chanson, notre public... rien d'autre n'a d'importance.

Marine éclata de rire, un rire franc et joyeux, puis se pencha pour l'embrasser sur la joue.

— C'est exactement ça.

Plus tard, à l'arrière de la salle, avant de monter sur scène, l'excitation et l'adrénaline étaient palpables dans l'air. Les membres du groupe s'étaient tous regroupés, réajustant leurs tenues, vérifiant leurs micros et leurs accessoires. Maïa, en particulier, ressentait ce mélange d'excitation et de nervosité, son cœur battant la chamade alors que le public s'agglutinait devant la scène.

Elle chercha du regard Marine, la trouvant à l'autre bout du couloir. Leur regard se croisa et, dans un sourire, une promesse silencieuse passa entre elles : elles étaient prêtes.

Tout à coup, l'annonce de l'orchestre fit écho dans les coulisses. La musique de l'introduction de "Eternal Flame" résonna, annonçant le début de leur duo. Maïa prit une profonde inspiration et se tourna vers Marine.

— On va déchirer, hein ? dit-elle en souriant, essayant de calmer les palpitations qui frappaient dans sa poitrine.

Marine lui adressa un regard complice, un sourire en coin.

— Si toi tu déchires, alors je suis prête à suivre le mouvement.

Les deux filles échangèrent un dernier regard complice avant de se diriger vers la scène. Elles montèrent les escaliers, leur entrée accompagnée par les premières notes de la chanson. Les projecteurs s'allumèrent, illuminant leurs visages, et l'ovation du public résonna dans la salle. L'instant était irréel, presque magique.

Les premières paroles de "Eternal Flame" s'échappèrent de leurs lèvres, harmonieuses et pleines d'émotion. Les gestes qu'elles avaient répétées mille fois prenaient une toute nouvelle dimension. Cette fois, c'était plus qu'une simple performance, c'était leur déclaration d'amour silencieuse, leur manière de s'unir devant un public qui ne savait rien de ce qu'elles ressentaient l'une pour l'autre.

Mais alors que la chanson progressait, un instant de tension s'installa. Maïa sentait que quelque chose n'allait pas. Franck, qui était resté en retrait jusque-là, se tenait près de la scène, observant intensément Marine. Les éclats d'attention de Franck étaient une invitation à la jalousie, et Maïa ne pouvait s'empêcher de sentir une pointe d'irritation qui la traversait.

Le moment culminant arriva, celui du baiser final. Marine, comme d'habitude, se rapprocha de Maïa, l'intensité de leur connexion palpable. Mais à cet instant précis, Maïa laissa échapper une fraction de seconde d'incertitude. Elle sentit la tension de Franck dans l'air, comme un fil électrique qui la traversait, et ce fut suffisant pour qu'elle se fige un instant.

Mais Marine, elle, ne fit rien. Elle la regarda, et d'un simple geste, effaça les doutes, leurs lèvres se rencontrant doucement, un baiser qui scellait tout ce qu'elles avaient traversé. Ce baiser n'était pas seulement une fin de chanson, mais une promesse d'avenir. Un avenir qu'elles construisaient à chaque note, à chaque geste, à chaque sourire échangé.

Le public hurla, la salle se leva, et les deux filles se séparèrent, mais cette fois, ce n'était pas le même baiser que d'habitude. C'était un baiser d'acceptation, de victoire. Parce que ce qu'elles vivaient ensemble, c'était bien plus que tout ce qu'elles avaient imaginé. Ce soir, rien ni personne ne pourrait leur voler cette flamme.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top