Chapitre 23
Le silence pesait lourd derrière les rideaux. Maïa avait quitté la scène après sa performance, le visage rouge et les poings serrés. Elle s'était isolée dans une loge vide, espérant que personne ne viendrait troubler sa colère et son chagrin.
Mais Marine, déterminée à briser cette barrière, prit une grande inspiration et se lança à sa poursuite. Derrière elle, dans les coulisses, Marguerite l'observait d'un regard sévère, prête à intervenir si Maïa en ressortait encore plus blessée.
Marine trouva Maïa assise sur une chaise, les coudes appuyés sur ses genoux, la tête enfouie dans ses mains.
— Maïa... murmura-t-elle en entrant doucement dans la pièce.
Maïa releva lentement la tête, son regard bleu glacé traversant Marine comme une lame.
— Qu'est-ce que tu veux, Marine ? demanda-t-elle d'une voix rauque.
Marine referma la porte derrière elle, prenant soin de la verrouiller pour éviter toute interruption.
— Je veux qu'on parle. Que tu m'écoutes, vraiment.
Maïa se redressa, croisant les bras sur sa poitrine, défiant.
— Pourquoi est-ce que je devrais t'écouter ? Pour que tu me dises encore une fois que Franck est juste un ami ? Tu crois que j'ai halluciné ce que j'ai vu ?!
Marine serra les poings, tentant de garder son calme.
— Tu n'as rien halluciné. Ce qu'il a fait était inacceptable, et crois-moi, je ne lui ai jamais donné le moindre espoir.
Maïa haussa un sourcil, sceptique.
— Vraiment ? Parce que rester là, sans bouger, quand il t'a embrassée, ça ne ressemblait pas à un rejet.
Ces mots frappèrent Marine comme une gifle. Elle inspira profondément, cherchant les mots justes.
— Tu as raison. Je n'ai pas bougé. J'étais choquée, paralysée. Et tu sais quoi ? Je m'en veux. Je m'en veux de ne pas avoir réagi plus vite, de ne pas l'avoir repoussé immédiatement. Mais ce que je ressens pour toi, Maïa...
Elle s'approcha, hésitant à poser une main sur le bras de Maïa, qui se recula légèrement.
— Ce que je ressens pour toi est réel. Franck n'a jamais compté, et il ne comptera jamais. C'est toi que je veux. Toi et personne d'autre.
Le silence s'installa. Les yeux de Maïa vacillèrent, passant de la colère à l'incertitude, puis à une lueur de vulnérabilité.
— Comment je peux te croire ? murmura-t-elle finalement.
Marine s'agenouilla devant elle, cherchant son regard.
— Parce que je suis là, maintenant. Parce que je me bats pour toi. Et je ne partirai pas tant que tu ne me croiras pas.
Maïa détourna les yeux, ses lèvres tremblant légèrement. Elle voulait croire Marine, mais la douleur de ce qu'elle avait vu était encore trop vive.
Pendant ce temps, dans les coulisses, une dispute éclatait de l'autre côté. Franck, qui avait tenté de se justifier auprès de Marguerite et Ebony, se retrouvait pris à partie par Emma, qui, à la surprise générale, avait décidé d'intervenir.
— Non mais sérieusement, Franck ?! lança-t-elle, les mains sur les hanches. Tu réalises à quel point tu as foutu la merde ? Maïa t'adorait, et tu la trahis comme ça ?
Franck soupira, exaspéré.
— C'était pas prévu, d'accord ? J'ai agi sur un coup de tête. J'avais des sentiments pour Marine, et j'ai...
— Et tu les as imposés sans te soucier des conséquences ! coupa Emma. Tu sais quoi ? Tu ne mérites ni son amitié ni celle de Marine.
Ulysse, qui était resté silencieux jusque-là, prit enfin la parole, son ton froid et tranchant.
— Tu te rends compte que personne ici ne te soutient, Franck ? Même nous, on trouve ça dégueulasse.
Charles hocha la tête, les bras croisés.
— Et pour couronner le tout, tu transformes tout ça en spectacle sur scène. Bravo, vraiment. T'as tout gagné.
Franck, submergé par la honte et la frustration, passa une main sur son visage.
— OK, j'ai merdé. Je le sais. Mais qu'est-ce que je peux faire maintenant ?
Marguerite s'avança, ses yeux lançant des éclairs.
— Tu peux commencer par aller t'excuser. Et pas une excuse bidon, Franck. Une vraie, sincère. Parce que si tu continues comme ça, plus personne ne voudra te parler ici.
Dans la loge, Marine attendait toujours que Maïa réponde. Finalement, Maïa soupira et la regarda droit dans les yeux.
— C'est dur pour moi de te faire confiance après tout ça, Marine. Mais... Elle s'interrompit, hésitante. Je veux croire que tu es sincère. Que tu m'aimes vraiment.
Marine sourit doucement, une larme roulant sur sa joue.
— Je t'aime, Maïa. Je t'aime comme je n'ai jamais aimé personne.
Maïa hocha lentement la tête, un début de sourire naissant sur ses lèvres.
— Alors prouve-le. Montre-moi que je peux te faire confiance.
Marine acquiesça, déterminée.
— Je te le promets.
Alors qu'elles se regardaient en silence, une complicité fragile mais réelle commença à renaître entre elles. Marine savait qu'elle avait encore beaucoup à faire pour regagner pleinement le cœur de Maïa, mais ce moment marquait un pas important vers la réconciliation.
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