Chapitre 20

Sur scène, Maïa et Marine se tenaient face à face, prêtes à entamer leur duo sur Eternal Flame. Les projecteurs s'allumèrent, baignant la scène d'une lumière douce et chaude. Le public, insouciant du drame qui se jouait en coulisses, applaudit avec enthousiasme, impatient de voir l'une des performances les plus attendues de la tournée.

Maïa souriait, mais son expression semblait figée, presque mécanique. Derrière ce masque parfait, son cœur était en morceaux. Elle pouvait encore revoir le baiser, encore entendre la déclaration de Franck, encore sentir la trahison brûler dans sa poitrine. Pourtant, elle se tenait là, droite, les mains serrées autour du micro, prête à donner au public ce qu'il attendait : de la magie.

Marine, de son côté, était nerveuse, presque tremblante. Elle sentait le regard distant de Maïa et savait que quelque chose s'était brisé. L'idée que Maïa ait pu voir ce qu'il s'était passé dans les coulisses la hantait, et pourtant, elle devait chanter, sourire, faire semblant que tout allait bien.

La musique démarra, douce et émouvante, et les premières paroles résonnèrent. Maïa commença à chanter, sa voix claire et captivante, mais Marine sentit l'absence d'émotion qu'elle y mettait habituellement. Ce n'était pas Maïa, pas celle qui lui lançait toujours ce regard complice, pas celle qui la faisait sourire rien qu'en prononçant les premiers mots de leur chanson.

Quand vint le tour de Marine, elle hésita un instant avant de chanter. Sa voix tremblait légèrement, trahissant son trouble. Elle tenta de croiser le regard de Maïa, mais cette dernière l'évitait délibérément, fixant un point lointain au-dessus de la foule.

Le public, fasciné par la performance, ne remarquait rien de l'agitation intérieure des deux chanteuses. Mais leurs camarades, eux, observaient depuis les coulisses avec inquiétude. Marguerite, les bras croisés, lançait des regards durs à Marine, comme pour lui rappeler silencieusement qu'elle avait une dette à payer.

Quand elles atteignirent la fin de la chanson, le moment du baiser final arriva. C'était toujours le clou du spectacle, ce qui électrisait la foule à chaque fois. Marine prit une profonde inspiration, espérant que ce simple geste pourrait commencer à réparer ce qui semblait irréparable.

Maïa, cependant, se raidit légèrement lorsque Marine s'approcha. Elle ferma les yeux un instant, rassemblant toute sa force pour ne pas laisser la douleur transparaître. Puis, avec une froideur subtile mais palpable, elle lui donna un baiser bref, presque technique. Ce n'était pas le baiser habituel, plein de douceur et de passion, mais un simple geste pour clore la mise en scène.

Le public explosa en acclamations, ignorant la tension sous-jacente entre les deux jeunes femmes. Quand les lumières s'éteignirent et que le rideau tomba, Maïa fit volte-face et s'éloigna rapidement, laissant Marine seule au milieu de la scène.

Dans les coulisses, Marguerite intercepta Maïa avant qu'elle ne puisse disparaître.
— Maïa, tu vas bien ? demanda-t-elle doucement, posant une main sur son épaule.

Maïa se força à sourire, mais ses yeux humides la trahissaient.
— Je gère. Ne t'inquiète pas pour moi.

Marguerite soupira, peu convaincue.
— Je vais m'occuper de Marine. Ce qu'elle a fait est inacceptable.

Maïa secoua la tête.
— Non. Laisse-la. Ce n'est pas à toi de régler ça.

Mais Marguerite ne semblait pas d'accord.
— Tu es ma meilleure amie, Maïa. Et je ne vais pas rester là à regarder quelqu'un te blesser sans rien faire.

Avant que Maïa ne puisse répondre, Marine arriva à son tour dans les coulisses, visiblement nerveuse. Elle lança un regard suppliant à Maïa, qui l'ignora et s'éloigna.

Marguerite, ne pouvant contenir sa colère, s'interposa entre Marine et le chemin de Maïa.
— Tu veux vraiment que ça continue comme ça ? lança-t-elle à Marine. Parce que si tu ne prends pas tes responsabilités, je vais te faire regretter d'avoir blessé Maïa comme tu l'as fait.

Marine baissa les yeux, honteuse.
— Je sais que j'ai tout gâché. Mais je vais arranger les choses. Je te le promets.

Marguerite la dévisagea un instant, jaugeant sa sincérité, puis recula légèrement.
— Tu as intérêt à faire vite. Parce que si tu la perds, tu n'auras plus rien.

Marine acquiesça, le cœur lourd. Elle savait qu'elle devait parler à Maïa, tout lui expliquer, mais l'idée de lui faire face, de la regarder dans les yeux et d'admettre ce qu'il s'était passé, la terrifiait.

Pendant ce temps, Maïa s'était isolée dans une loge vide. Assise dans un coin, elle laissait enfin ses larmes couler librement. Sa confiance en Marine, qu'elle avait reconquise avec tant de peine, semblait s'être effondrée en un instant.

Pourtant, malgré la douleur, une partie d'elle voulait croire en Marine, voulait entendre son explication. Mais pourrait-elle encore faire confiance à celle qui venait de briser son cœur ?

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