Chapitre 2

Marine s'éloigna des autres en direction de sa loge, tentant de calmer le tumulte dans son esprit. La répétition venait de prendre une tournure qu'elle n'avait pas anticipée. Maïa avait cette manière de la regarder qui semblait briser toutes ses défenses. C'était... déroutant. Et ce fichu baiser à la fin. Simple acting ? Oui, bien sûr. Elle s'obstinait à s'en convaincre.

Dans sa loge, elle s'aspergea le visage d'eau froide, les mains tremblantes. Le miroir renvoyait l'image d'une Marine qu'elle ne reconnaissait pas : nerveuse, perdue.

— C'est rien... Ce n'est rien, se murmura-t-elle, comme pour apaiser son esprit.

Mais ce n'était pas rien. Et elle le savait.

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De son côté, Maïa, fidèle à elle-même, ne semblait pas se préoccuper des regards qu'elle attirait. Après la répétition, elle rejoignit Marguerite et Ebony, qui discutaient autour d'un plateau de fruits dans la salle commune.

— Alors, ton duo avec Marine ? demanda Marguerite en souriant malicieusement.

Maïa s'assit sur l'accoudoir du canapé, un sourire espiègle aux lèvres.
— Honnêtement ? Je crois qu'elle va finir par m'aimer, plaisanta-t-elle, mais avec une lueur sincère dans les yeux.

Ebony leva un sourcil.
— Ou peut-être que c'est toi qui commence à l'aimer ? lança-t-elle calmement, son ton toujours posé.

Maïa haussa les épaules, évitant de répondre directement.
— On est juste en train de s'amuser, rien de plus. Pourquoi tout doit devenir compliqué ?

Marguerite, qui observait Maïa depuis le début de la conversation, n'était pas dupe. Elle connaissait suffisamment son amie pour deviner quand quelque chose bouillonnait sous la surface.

— Fais attention à ne pas te perdre entre le rôle et la réalité, Maïa. Ces choses-là peuvent vite déraper, dit-elle doucement, mais avec sérieux.

Maïa roula des yeux, mais le conseil resta gravé dans un coin de son esprit.

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Le soir, après le concert, le groupe se retrouva pour dîner. La cantine improvisée dans les coulisses du stade était animée par les discussions et les rires. Franck, comme à son habitude, racontait une anecdote hilarante sur un costume qu'il avait dû porter plus tôt.

— Et là, je me suis dit : "Si ça craque en plein milieu de la chorégraphie, c'est la fin de ma carrière !" s'exclama-t-il, déclenchant un éclat de rire général.

Marine, assise un peu à l'écart, semblait distraite. Elle jouait machinalement avec une mèche de cheveux. Maïa, installée à l'autre bout de la table, ne put s'empêcher de remarquer son air absent.

— Eh, Marine, tout va bien ? lança-t-elle, sincèrement concernée.

Marine sursauta légèrement, comme si elle revenait brusquement à la réalité.
— Oui, oui... Je suis juste fatiguée, répondit-elle rapidement.

Maïa lui adressa un sourire doux.
— T'as besoin d'un câlin pour recharger tes batteries ? plaisanta-t-elle.

Marine lui jeta un regard mi-agacé, mi-amusé.
— Maïa, si tu continues, je vais vraiment finir par croire que tu ne fais que ça dans ta vie.

— Tu sais quoi ? répondit Maïa en se levant de table, avant de contourner tout le groupe pour rejoindre Marine. Elle s'arrêta juste à côté d'elle, tendant ses bras avec exagération. Je vais te prouver que mes câlins sont magiques.

Marine voulut protester, mais avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, Maïa l'enveloppa dans une étreinte chaude et sincère.

Et, à son grand étonnement, Marine ne se débattit pas. Au contraire, elle sentit une vague de réconfort l'envahir, comme si le chaos en elle s'apaisait doucement.

— Tu vois ? murmura Maïa contre son oreille. Je suis un peu comme une pile solaire : je partage mon énergie.

Marine ne put s'empêcher de sourire, bien que son cœur battait plus vite que d'habitude.

— T'es vraiment incorrigible, murmura-t-elle, presque trop bas pour être entendue.

Mais Maïa l'entendit, et son sourire s'élargit.

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Plus tard dans la soirée, alors que chacun retournait à sa loge, Marine croisa Marguerite dans le couloir.

— Ça va ? demanda Marguerite, avec cette bienveillance naturelle qui la caractérisait.

Marine hésita un instant, puis se confia à mi-voix.
— Elle commence à me faire perdre mes repères.

Marguerite sourit doucement, posant une main amicale sur son épaule.
— Maïa a cet effet sur tout le monde. Mais peut-être que tu devrais juste... te laisser porter, au lieu de lutter.

Marine baissa les yeux, incertaine.

— Je ne sais pas si c'est une bonne idée... murmura-t-elle.

Mais au fond d'elle, une petite voix lui disait qu'elle n'arriverait pas à fuir ce qui était en train de naître.

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