Chapitre 19

Marine s'était donné pour mission de prouver à Maïa que Franck n'était pas une menace. Elle comprenait que les insécurités de sa compagne naissaient de l'intensité de leurs propres sentiments, mais elle savait aussi que cela risquait de miner leur relation si elles ne mettaient pas les choses à plat.

Une matinée calme avant les répétitions semblait être l'occasion idéale. Marine retrouva Maïa dans une des loges, occupée à ajuster un costume de scène. Sa mine, habituellement radieuse, semblait assombrie par un nuage de doutes.

— Maïa, on peut parler ? demanda Marine doucement, s'asseyant près d'elle.

Maïa leva à peine les yeux, mais hocha la tête.
— Je t'écoute.

Marine lui prit la main, entrelaçant leurs doigts.
— Je sais que tu doutes de Franck. Et je sais que c'est dur pour toi, mais tu dois me croire : il n'y a absolument rien entre lui et moi. Il ne ressent rien pour moi d'autre que de l'amitié.

Maïa serra légèrement sa main, mais son regard restait hésitant.
— Et s'il venait à ressentir autre chose ? murmura-t-elle.

Marine inspira profondément.
— Alors, ça ne changerait rien. Parce que moi, je ne ressens rien pour lui. C'est toi que j'aime, toi que je veux. Franck peut être un ami génial, mais il n'est pas toi. Il n'a pas ton sourire, ton énergie, ta lumière...

Maïa releva enfin les yeux vers elle, et Marine sourit, plaçant une main sur sa joue.
— Tu es unique, Maïa. Et je ne laisserai jamais qui que ce soit, pas même Franck, nous éloigner. Fais-moi confiance, s'il te plaît.

Après un moment, Maïa hocha la tête, les larmes aux yeux.
— Je te fais confiance, Marine. Je suis désolée d'avoir douté de toi... et de nous.

Elles s'étreignirent, laissant un poids s'évaporer entre elles. Maïa semblait enfin apaisée, et Marine se promit de rester attentive, convaincue que tout allait s'arranger.

Le soir même, dans les coulisses du concert, alors que la troupe se préparait pour le medley, Franck trouva Marine seule, ajustant sa tenue devant un miroir.

— Marine, tu as une minute ? demanda-t-il, visiblement nerveux.

Elle se tourna vers lui, surprise par son ton.
— Bien sûr, qu'est-ce qu'il y a ?

Franck inspira profondément, hésitant, avant de parler d'une voix tremblante.
— Je sais que ce que je vais dire n'est peut-être pas le bon moment... mais je ne peux plus garder ça pour moi.

Marine fronça les sourcils, une inquiétude naissant en elle.
— Franck, qu'est-ce que tu racontes ?

Il fit un pas en avant, les yeux plongés dans les siens.
— Je t'aime, Marine. Je t'aime depuis des semaines, et je n'arrive pas à me l'enlever de la tête.

Le souffle de Marine se coupa, son cerveau refusant d'assimiler ce qu'elle venait d'entendre.
— Quoi ? Franck, tu... tu ne peux pas...

Mais il ne lui laissa pas le temps de finir. En une seconde, il s'approcha et posa ses lèvres sur les siennes. Marine, choquée, resta figée, incapable de réagir.

Ce qu'aucun d'eux ne savait, c'est que Maïa se trouvait à quelques mètres de là, dans un coin sombre des coulisses, ayant vu et entendu toute la scène. Elle sentit son cœur se briser à cet instant précis, comme si le sol s'effondrait sous elle.

Marguerite, qui passait par là, s'arrêta net en voyant la scène. Ses yeux se tournèrent immédiatement vers Maïa, dont les larmes coulaient déjà sur ses joues.
— Maïa, attends ! s'écria-t-elle, attrapant son bras.

Mais Maïa se dégagea doucement, secouant la tête.
— Je dois aller sur scène, murmura-t-elle, sa voix brisée mais déterminée.

Elle essuya rapidement ses larmes, ajusta son sourire factice et se dirigea vers sa place pour le duo. Marguerite, les poings serrés, lança un regard noir vers Marine et Franck avant de suivre Maïa.

Marine, encore sous le choc, recula enfin, repoussant doucement Franck.
— Non, Franck... Non ! dit-elle, la voix tremblante.
— Marine, je suis désolé... Je ne voulais pas te mettre mal à l'aise, mais je devais te dire ce que je ressens.

Elle secoua la tête, les larmes aux yeux.
— C'était une erreur. Franck, je suis avec Maïa. Je l'aime. Et ce que tu viens de faire... c'est inacceptable.

Avant qu'il ne puisse répondre, Marguerite arriva, son visage sombre et ses yeux lançant des éclairs.
— Franck, tu devrais partir. Maintenant.

Il ouvrit la bouche, mais l'expression de Marguerite ne laissait aucune place à la discussion. Il s'éloigna, visiblement troublé, tandis que Marine restait plantée là, tremblante.

Marguerite s'approcha d'elle, son ton dur mais maîtrisé.
— Tu te rends compte de ce que tu viens de faire ?

Marine leva les yeux, les larmes roulant sur ses joues.
— Je... Je ne voulais pas...

Marguerite secoua la tête.
— Tu ne voulais pas, mais ça n'empêche pas que Maïa a tout vu. Tu l'as brisée, Marine.

Marine sentit son estomac se nouer à ces mots.
— Elle a vu ? murmura-t-elle, horrifiée.

Marguerite croisa les bras, son expression implacable.
— Oui, et maintenant elle est sur scène, en train de prétendre que tout va bien. Mais crois-moi, elle ne va pas bien. Et si tu tiens à elle autant que tu le dis, tu as intérêt à rattraper cette erreur. Parce que personne ne blesse Maïa comme ça sans en subir les conséquences.

Marine resta figée, le cœur lourd, alors que Marguerite s'éloignait pour rejoindre les autres. Les lumières de la scène s'allumaient, annonçant leur duo. Et Marine savait qu'elle avait tout à perdre si elle ne trouvait pas un moyen de réparer cette fracture béante entre elles.

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