Moviing along?
Fox, après des mois sans dormir plus de 2 ou 3 heures par nuit et même parfois aucune, dormait à présent comme un vrai koala.
Il rentrait du lycée, mangeait un peu, avalait ses pilules et allait s'enterrer dans son lit. Après des mois à haïr les notions de rêves et de nuit, il arrivait enfin à s'assoupir sans plus rien ressentir. Rien de mauvais en tout cas. Ses nuits étaient sans souci, sans réveils brutaux, sans appel à l'aide ou chuchotements d'un prénom.
Il se sentait mort et cela lui convenait parfaitement.
Il avait réussi à totalement se laisser aller et n'éprouvait plus aucune angoisse à se retrouver dans sa chambre. Et c'était un soulagement aux yeux de son père: lui, qui s'inquiétait depuis la découverte de la maladie de son fils, appréciait que Fox avale bien de nouveau ses médicaments sans rechigner.
Mais la mère, elle, devait dissimuler sa peur grandissante pour le bien-être de son petit chéri.
Celui-ci ne parlait plus, se forçait pour manger, dormait trop et ne voyait personne, même plus Romance. Et elle voulait l'aider de son mieux possible, mais pour le moment, elle ne voyait aucune solution pouvant contester toute la petite famille.
Donc elle restait silencieuse et en retrait alors que son mari semblait aimer de nouveau leurs fils...
*
"Qu'est-ce qui t'as fait perdre ton éternel sourire, mon cher?", l'interpella un de ses coéquipiers.
Wolfgang faillit repousser cette main pourtant bienveillante qui s'était installée dans son dos.
"Rien."
Et ça devait être la clôture de cette conversation: tout le monde aurait compris, mais...
"Allez, dis-moi tout. (Pause de réflexion) C'est ce petit rouquin? Il est pas un peu jeune pour toi, Wolf?", mais ce n'était pas pour se moquer: il voulait juste des infos.
"Nope."
"Tu vas répondre qu'avec un seul mot maintenant? T'as pas peur de te fatiguer, toi."
"Yep."
Son ami se gratta la tête, un peu confus mais voulant renverser la situation et redonner joie à son partenaire.
"Qu'est-ce qu'il t'a fait?", et la tête en colère de Wolfgang se tourna vers lui brusquement.
"Qui te dit que c'est de sa faute?", et son ami leva les mains, se rendant.
"Je supposais juste! Alors...qu'est-ce que toi, t'as fait?", toujours incertain que sa méthode fonctionnerait. Mais au moins, Wolfgang parlait plus.
"J'ai trahi sa confiance..." et il soupira si longuement qu'il fut observé tout le long.
"Mais c'est réparable j'imagine, non?", Wolfgang le regarda de nouveau et finit par hausser les épaules, complètement perdu. Et à court de mots, ce qui stressait toujours autant son ami.
"Presque toute erreur peut se réparer, non? Tu t'excuses, tu fais le plus possible pour lui prouver que tu tiens à lui et voilà! Il comprendra et te pardonnera et les oiseaux chanteront avec vous!"
L'expression de Wolfgang faillit perdre son ami, mais il tint bon.
"Les oiseaux chanteront avec nous? Combien de grammes t'as fumé ce matin?"
"J'ai grave réduit ça, mon pote! Ce matin: rien du tout! Avoue que c'est un bon conseil, non? Si tu l'aimes vraiment bien, tu devrais pouvoir...", mais Wolfgang le coupa net.
"C'est bon, c'est pas comme si j'étais fou amoureux de lui non plus..."
"Ah. Oui, oui, d'accord, mais tu veux tenter un truc quand même, non?"
Wolfgang hocha à contrecœur la tête et son ami sourit, étincelant de bonheur.
"Mon dieu...je suis pressé que vous soyez ensemble! Vous êtes adorables."
Il tapait presque dans ses mains et Wolfgang faillit foutre le camp à la vitesse de l'éclair.
"Sérieusement? Calme-toi, c'est loin d'être fait..."
"Mais t'en salives d'envie, non? (Il cacha sa bouche et pointa quelqu'un plus loin: c'était bien leur sujet de conversation. Marchant les mains dans les poches, la tête levée vers les nuages. Il était...irrésistible, Wolfgang n'allait pas mentir.) Tu sais à qui il me fait penser? (Aucune réponse de l'autre côté: son ami concentrait toute son attention sur Fox, priant pour que ce dernier lui jette au moins un petit coup d'œil.) Prince Harry! On dirait son petit frère, non? Ses joues sont si roses! Va lui faire un compliment qu'on le voit devenir barbe-à-papa! Allez, bouge-toi le cul, Wolf!"
"Vaut mieux pas...(Se tournant vers son ami) J'imagine que c'est un des seuls roux que tu connaisses? Harry?", il avait presque envie de rire. Presque.
"Non...y a Ronald Weasley aussi. Et Ed Sheeran. Mais Prince Harry est vraiment à croquer...", il semblait déjà rêvasser à sa vie future avec lui et Wolfgang claqua des doigts devant son visage.
"Reviens sur terre, petit. (Concentrant son regard sur Fox de nouveau: il s'était installé par terre dans la cour du lycée. Par terre!) Qu'est-ce qu'il fait?"
"Il médite sûrement en attendant que tu viennes te frotter à lui, j'pense."
"Me frotter à lui? T'es dégoûtant...", pas de ça en public! Mais Wolfgang avait déjà eu des fantasmes mettant en scène Fox: il ne pourrait nier longtemps.
"C'est ludique apparemment. Et très sensuel, selon la communauté."
"La communauté? Celle des pervers que tu suis sur internet?"
"LGBT, idiot. Les gays adorent ça. C'est vrai que c'est captivant, faut l'avouer..."
"Rappelle-moi: tu es bien hétéro?"
"Yep. Malheureusement, oui. J'aurais été un super gay. Allez, vas-y, j'te soutiens quoi qu'il arrive."
Et Wolfgang avait de nouveau son air sombre.
"Non. Pas maintenant. C'est trop tôt."
"Ouais mais après ce sera trop tard. Ils en pensent quoi, tes parents?", son ami le regarda de nouveau, pas certain d'avoir compris.
"Comment ça?"
"Bah tu leur racontes tout, non? Et je suis sûr que tu leur a déjà présenté le renard, donc...qu'est-ce qu'ils pensent de la situation? J'suis certain qu'eux pourraient vraiment t'aider. Ils sont grave cools."
"On n'en a pas parlé. Vaut mieux pas. Ils me feraient la leçon."
"Je pense pas... Ils t'aideraient avec plaisir, à mon avis."
"Tu ne les connais pas tant que ça, Shawn."
Et là, c'était le moment idéal pour comprendre que la discussion devait cesser, mais son ami ne voulait pas abandonner.
"Je sais bien, mais...si j'étais toi, je profiterai de ma chance et je leur dirai tout. Ils peuvent toujours t'être utiles, et tu le sais parfaitement."
"J'en ai pas envie. Je suis bien comme ça...", mais il était évident qu'il mentait, ou du moins se voilait la face.
"D'accord...si t'es prêt à en parler réellement, viens me voir."
Et Shawn quitta le banc où ils étaient installés.
Immédiatement, Wolfgang pointa ses yeux sur Fox, mais ce dernier quittait à son tour la cour du lycée...
"C'est trop tôt de toute façon...", mais le restant de sa journée fut noyée dans le flou, incapable d'entendre quoi que ce soit. Ou de vraiment répondre comme un être humain poli et non sauvage.
Il rêvait seulement de fuite...
*
"Hey! Content de te voir bouger!" Fox continua à fixer son casier ouvert.
"Foxie! T'es où là?", l'adolescent semblait pleinement absorbé par le bordel qu'offrait son casier. Romance claqua des doigts devant son visage, puis ses oreilles.
"T'es avec nous? Fox! Réponds-moi! Tu me fais flipper!"
"Je dois faire le vide."
Le vide? Dans cet endroit sans espoir? Il n'était pas doué pour le rangement et son amie le savait parfaitement.
"Pour quoi faire? Dans 2 jours, ce sera à nouveau le bordel. (Après une hésitation) Qu'est-ce qui ne va pas? On s'est pas vu depuis des jours."
C'était une accusation, elle ne s'en cacherait pas. Mais Fox était beaucoup trop emmêlé dans son propre esprit pour capter...
"Je dois vraiment faire le vide."
Il ouvrit tout à coup son sac à dos et y plongea tous ses manuels et bouquins, faisant presque craquer son conteneur. Il ne réussit pas à le fermer correctement donc il haussa ses frêles épaules et le prit contre lui comme s'il possédait toutes ses possessions.
"Fox? Ça va?", elle voulait des informations, être certaine que tout allait bien pour lui.
Sans la regarder, Fox lui posa la question qui lui brûlait les lèvres, et la tête depuis d'atroces longs mois.
"Est-ce qu'il a laissé une note?", Romance en perdit son souffle un instant et devint extrêmement pâle.
"Quoi? Foxie...je...", et cette fois, il se tourna vers elle, ne portant aucune expression, aucune émotion. Tout restait à l'intérieur, tout doit rester à l'intérieur, se répétait-il. Et les médocs l'aidaient au moins à faire cela.
"Est-ce qu'il a laissé quoi que ce soit qui explique son geste? Tu m'as compris là?", même sa voix paraissait...morte. Romance ne savait réellement pas comment répondre à ça.
"C'est si difficile? J'ai besoin de savoir."
"Tu crois que je t'aurai caché ça si on avait trouvé un mot de lui? Tu crois vraiment ça?"
"Je ne sais pas. Mais je préférais te demander. Vu que je n'ai pas pu retourner chez vous depuis."
Cette phrase résonnait comme une accusation et elle s'en rendit compte.
"Tu sais que ce n'est pas de ma faute! Mon père pouvait pas...il ne voulait plus qu'on entre dans sa chambre...tu le sais."
Fox paraissait peu impressionné.
"Et ta mère et toi, vous avez juste fui. Sans y forcer l'accès une seule fois."
Romance ne pouvait pas rester silencieuse et prétendre qu'elle ne souffrait pas... Ses yeux commençaient à se remplir mais lui restait stoïque et insensible.
"Je l'ai perdu aussi, Fox... Il n'était pas rien pour moi."
"Alors prouve-le."
Il se dirigea vers la sortie, le pas rapide.
*
Wolfgang faillit aller à la rencontre de Romance quand il l'aperçut au loin devant leur bahut. Sa mère l'attendait et elle s'y précipita, cette énergie paraissant presque désespérée.
Donc il demeura en retrait et augmenta le volume de sa musique pour mieux se détacher de son enveloppe corporelle.
Il n'avait pas vu Fox depuis la veille, au déjeuner, seul dans la cour. Et à présent, il regrettait de ne pas avoir eu le cran d'y aller. Persévérer n'était pas une mauvaise qualité, et abandonner ne lui effleurait même pas l'esprit.
Ses pieds le portèrent tout naturellement devant chez le renardeau, guettant le moindre signe que ce n'était pas sa pire idée.
Aucun mouvement n'indiquait une quelconque présence d'eau moins un membre de la petite famille et il hésita à rebrousser chemin.
Mais Fox apparut: il portait un short et était couvert de sueur...mais la vision plut quand même à Wolfgang. Il ne portait même pas d'écouteurs...comment pouvait-il courir sans rythme pour l'aider? L'adolescent ne comprenait pas.
Fox se stoppa net en voyant son "ami" devant son territoire. Mais il le fixait juste, pas l'air prêt à rompre le silence, ni à mordre donc c'était un soulagement.
Et Wolfgang se motiva pour rester courageux.
"Tu manques à Rapunzel."
"Flynn. (Wolfgang eut un léger sourire face à un Fox suant mais respirant lentement: c'était légèrement déroutant) C'est lui qui te l'as dit?"
"Yep. Il a enfin appris de nouveaux mots et j'me disais que ça t'intéresserait de venir par toi-même."
Il déviait totalement du "plan initial" et ce n'était peut-être pas sa meilleure décision. Fox ne semblait pas pouvoir, ou vouloir bouger.
"Pour le moment, non. (Après une pause gênante) Tu venais pour autre chose?"
"Savoir si tu allais bien, principalement. Mais je crois que j'ai ma réponse...", il grinça des dents quand il entendit le rire affreux de Fox.
"Tu crois tout savoir sur tout, hein? Le parfait petit Wolfgang, sportif, cultivé, aimé de tous et toujours là pour faire passer de bons moments, n'est-ce pas? Ça te fatigue pas trop parfois? De devoir tout faire pour que tout le monde t'aime?"
"Je suis juste...je suis juste sociable. J'aime communiquer, c'est tout. Et je suis loin d'être parfait..."
Fox secoua la tête, ne pensant qu'à aller s'enfermer chez lui et Wolfgang le sentit, mais c'était trop abrupt de laisser les choses de cette manière.
"T'aimes bien courir, toi... Tu voudrais remettre ça avec moi? Maintenant?"
"Wolfgang...je ne sais pas ce que tu cherches à faire; mais là, je ne peux pas."
"Tant pis pour cette fois. On pourrait juste se mater un film."
"Je n'ai pas envie, Wolfgang. Je ne veux voir personne. S'isoler est crucial de temps en temps, tu sais."
"Et je crois que tu en abuses peut-être un peu trop, Foxie...et je veux juste t'aider."
"J'ai pas besoin de quelqu'un en qui je ne peux pas avoir confiance à mes côtés."
"Je regrette! Tu sais que je m'en veux! Ils s'inquiétaient pour toi et je devais leur dire! Je pouvais pas juste leur mentir et cacher quelque chose qui te mettait en danger! Je l'ai fait pour toi!"
Fox détourna brusquement le visage, fixant le toit de sa maison, ou bien le ciel: difficile d'en être certain.
Wolfgang ne souhaitait qu'une chose: que Fox lui raconte tout, qu'il n'y ait plus aucun secret entre eux. Mais le timing ne semblait pas convenir.
"Tu n'es qu'une balance. Tu voulais seulement te faire bien voir d'eux. Tu as osé affirmer à mon père qu'il ne s'était rien passé entre nous. Comme si c'aurait été la pire choses qui puisse arriver! Je n'ai pas honte! Et je ne veux plus qu'on me rejette pour ça!"
Il criait quasiment, la tête toujours dans l'autre direction, mais ce dernier sentit les larmes que Fox tentait de retenir.
Alors il s'approcha rapidement et l'encercla de ses bras, le serrant fortement contre lui, Fox mit un peu de temps à s'y laisser aller. Ses mains s'accrochèrent au dos de son ami, ses sanglots silencieux mais silencieux les secouant tous les deux.
"J'avais peur de ton père, Foxie. Et ta mère...elle avait l'air tellement inquiète. Je voulais seulement les aider à comprendre la situation... Je n'ai pas honte non plus... Y a beaucoup plus grave que deux garçons ensemble, hein?", Fox s'accrocha encore un peu plus à lui et prit une profonde inspiration.
"Tu es venu à moi...encore...", finit-il par murmurer et Wolfgang recula la tête juste assez pour contempler le visage défait mais éclairci de Fox, qui souriait presque.
"Si tu me veux avec toi, j'accepterai toujours volontiers."
"Alors reste avec moi. Tiens-moi."
Wolfgang chérissait cette demande.
*
"Donc tu restes plus ici que dans ta propre chambre? Pourquoi?", demanda son curieux ami, sur le seuil, tout à coup intimidé.
"Parce-que je m'y sens mieux. Et j'ai plus de place pour mes tableaux."
"Et tes livres...t'en as des tonnes! (Il s'approcha des murs qui semblaient avoir été faits seulement avec des bouquins. Il était admiratif mais un peu effrayé.) Ne me dis pas que tu fumes ici..."
Fox haussa les épaules, feignant un air innocent.
"Peut-être? Et j'adore y mettre des bougies la nuit...ça m'apaise."
"Mais ça doit rester sombre...au moins, il fait bon. (Hésitant) Je peux m'assoir?"
Il flaira la réticence de son ami, et tenta de s'y montrer indifférent.
"Bien sûr. Le lit est confortable."
Wolfgang obéit donc et s'installa tout au bord et Fox se moqua gentiment de lui.
"Assieds-toi bien! Vas-y, installe-toi."
Celui-ci s'y posa aussi, réarrangeant son oreiller et en donnant un à Wolfgang.
"Merci... (Il s'allongea et Fox l'imita aussitôt, quelques grands centimètres les séparaient et c'était beaucoup trop) Tu veux faire quoi?", le ton était presque innocent et Fox en sourit.
"Soumets-moi tes idées et je te dirais oui ou non."
Le jeune homme soupira puis ferma les yeux.
"On pourrait aller nager."
"Je hais les piscines intérieures. Trop crade. Mais un point pour l'effort."
"Ooohh...j'avais tout un plan pour enfin te voir torse nu."
Fox en rigola bêtement.
"Désolé...plus tard? (Wolfgang rouvrit soudain les yeux et se tourna vers son ami, mais celui-ci avait les yeux fermés) Autre chose?"
"On pourrait se faire l'alternative: la mer. Sauf si tu détestes aussi la nature."
Fox esquissa un sourire et l'autre dut se retenir très fort pour ne pas céder à la tentation. Un flash de Fox venant vers ses lèvres lui revint et il espérait qu'il réessaierait de lui-même. Prochainement, si possible.
"Et comment on irait? Mes parents ne me prêteront pas la voiture."
"Mais les miens, oui! On pourrait faire ça!"
Son ami rouvrit les yeux et tourna la tête vers lui, et Wolfgang fut très reconnaissant de la vue s'offrant à lui: ces cils étaient délicieux et prêts à le séduire involontairement.
Fox avait un léger sourire timide et son partenaire comprit que l'idée lui convenait bien. Peut-être qu'éloignés un peu d'ici, ils seraient plus libres, plus sincères entre eux. Une option alléchante pour Wolfgang.
"Ça m'étonne que tu n'ai pas un peu fouillé mon antre...", chuchota Fox et son voisin ne s'attendait pas à ça. Il le regarda droit dans les yeux.
"Je sais que ça ne te plairait pas, donc je m'abstiens...mais c'est tentant. Je suis curieux de savoir ce que tu écris...et ce que tu peins. Mais tout est recouvert...", il n'était pas déçu, juste un peu plus avide de connaissance.
"Tu verras tout ça plus tard. Bientôt, je pense", toujours chuchotant.
"Donc tu écris vraiment? J'avais raison."
"Rien de bien important. Ou très bien construit. Mais oui, un peu."
Plus qu'un peu en réalité: Fox possédait une dizaine de carnets différents remplis, avec peu de vide restant, mais il n'était pas encore prêt à tout dévoiler à son ami.
"J'espère que tout y est très gay...", il en croisa les doigts et Fox lui montra sa langue, s'empêchant de lui révéler que Wolfgang en faisait partie depuis leur rencontre. C'aurait été un aveu direct...
"Au fait, j'ai lu le bouquin que tu m'as prêté: Boy Meets Boy. C'était adorable."
"Je savais que tu allais apprécier...", il avait revêtu cet irrésistible sourire, très fier de lui-même.
"Mais je préfère tout ce qui est plus fort, percutant, dramatique... Tu connais Adam Silvera?", Fox ne respira plus de longues secondes, le regardant bêtement. Il avait entendu parler de cet auteur évidemment et avait entendu des choses sur ses livres...et Fox s'était juré de ne jamais y toucher. Jamais de sa vie. Mais il s'oblige à à rester calme.
"Non, pas vraiment."
"Je pense que ça te plairait. C'est assez...dur à lire parce-que c'est toujours lié à la mort, au deuil, mais... (Fox se leva abruptement du lit) Qu'est-ce que tu fais?"
"Si on veut profiter de la plage, on devrait partir maintenant, non?"
"Oui, oui, t'as raison! Allons-y!", mais Wolfgang était un peu désorienté...
*
Romance avait menti à Fox. Elle avait bravé l'interdit de son père et s'était introduite dans la chambre de son frère. Seulement quelques jours après. Et elle avait plus que craquée que juste chercher, mais elle avait besoin de comprendre ce geste. Elle avait besoin de savoir pourquoi et ce qu'elle aurait dû faire.
Et elle avait trouvé une lettre. Une longue lettre. Dans le tiroir secret de son placard. Celui qu'il réservait à tout ayant un rapport avec Fox.
Elle avait eu énormément de mal à la terminer mais s'y était forcée et s'était promis de ne jamais la montrer à son ami.
Et après ce qu'il lui avait balancé l'autre jour, elle l'a gardait enfermée, se jurant de ne jamais lui laisser lire. Elle avait beaucoup de regrets, mais protéger Fox n'en était pas un.
Elle pensait vraiment que c'était ce qu'elle faisait...
*
"Vous voulez aller à la plage? En plein automne?", demanda Maman Wolfgang, les bras croisés sur sa poitrine. Elle tentait la carte autoritaire mais les deux garçons sentaient bien que ce n'était qu'un jeu.
"Oui! Si on part tout de suit, on pourra revenir pour le dîner! C'est important, non?"
"Et tes parents sont d'accord avec cette idée, Fox?", il acquiesça comme le parfait fils qu'il aurait pu être. Et cela fonctionna apparemment.
"Vous allez juste voir la mer, pas vrai? Rien de fou ou de dangereux."
Les deux hochèrent énergiquement la tête, mais Maman Wolfgang désirait une véritable confirmation.
"Promets-moi que vous resterez sages, Wolfie. Promets-le moi."
"On dirait que tu ne me connais pas! Je suis votre fils, madame! Tu sais que je suis un gentil garçon innocent!" Mais elle ne paraissait pas convaincue.
"Hum...tu veux que je te rappelle la fois où...", son fils la coupa net.
"Non, non, c'est bon, je m'en souviens! Et ça n'arrivera plus jamais."
Fox brûlait de curiosité évidemment maintenant. Elle les jaugea tous les deux et esquissa un sourire.
"Tu as la permission de 22h, Wolfie. Et fais attention à cette voiture, s'il te plaît."
Il vint la serrer contre lui, brièvement mais tendrement. Fox sourit face à cette image.
"Merci, maman! On fera attention."
Son ami acquiesça, toujours souriant.
"Fox, je te fais confiance pour la garder sous ta surveillance."
Il hésita avant d'accepter sa responsabilité.
"Amusez-vous bien! Et protégez-vous!"
Les deux adolescents prirent immédiatement la fuite après.
*
Le trajet fut rempli de rires, de musique entraînante et de beaucoup de vent. Vitres baissées, visages aérés, aucun n'ayant froid, réchauffés grâce à leur ambiance.
Fox ne s'était pas senti aussi bien depuis très longtemps et il prit cela comme une véritable bénédiction. Il ne pensait à rien de triste ou d'effrayant: il parlait seulement avec entrain et joie avec Wolfgang. Le remerciant mentalement pour ce plan bienvenu.
"C'est un peu tôt 22h, non? C'est le week-end quand même!"
"Oui, mais il fait nuit très tôt et conduire la nuit, c'est dangereux, j'te rappelle."
Fox regarda de nouveau le paysage défiler, serein.
"Tu as prévenu tes parents?"
"J'ai envoyé un message à ma mère pour lui dire que je passais la journée avec Romance."
Il était presque honteux de son mensonge...mais cela en valait le coup.
"Merde... (Fox reporta son attention sur le conducteur, inquiet) On aurait peut-être dû lui proposer."
Même si au fond, se retrouver en tête à tête avec Fox lui allait parfaitement.
"On s'est pris la tête. Avant-hier. Et elle n'est pas venue à moi depuis, donc...pour le moment, je ne veux pas la voir."
Wolfgang sembla hésiter sur la prochaine étape, mais il avait besoin de savoir.
"À cause de quoi? C'est grave?"
"Juste un problème de communication. Je suis prêt à l'entendre, moi. Mais je ne veux pas faire le premier pas."
Ce n'était pas l'exacte vérité, or lui révéler le réel contenu de leur conversation le forcerait à raconter toute l'histoire. Et ce passé-là devait rester enfoui. Du mieux possible, en tout cas.
"Et pourquoi pas? C'est ta meilleure amie, non?"
"Elle agit comme une mère. Et ça me fait suffoquer, Wolf'."
Il voulait détourner le sujet, revenir à quelque chose de plus sympa et coloré.
"Elle t'aime juste beaucoup. Les filles adorent protéger leurs amis."
"Ce n'est pas de protection dont j'ai besoin."
Son ami lui jeta un coup d'œil en coin: Fox regardait droit devant lui, portant une expression sérieuse.
"Dis-moi ce dont tu as besoin et je t'aiderai avec."
"J'ai besoin de me baigner tout nu et de faire une bataille de châteaux de sables. Et de ramasser d'adorables cailloux et de magnifiques coquillages. Donc, ouais, tu pourra m'aider."
"Ça m'irait parfaitement, mais...réponds-moi sincèrement, okay? De quoi as-tu besoin?"
Fox soupira longuement et essaya de conserver ses yeux secs.
"J'aimerai arrêter définitivement mes médicaments. Mais si je le fais...tu as déjà eu un aperçu, non? (Il eut un rire nerveux et Wolfgang étendit son bras pour poser sa main sur sa cuisse.) Si je le fais, mes parents m'obligeront à retourner voir un psy. Et ça...ça, c'est pile ce dont j'ai pas besoin."
Son ami resta silencieux une éternité, pensant que Fox se sentirait mieux dans le silence.
"Tu peux dire ce que tu veux, Wolfie, d'accord? Ou me poser ta question. Je serai honnête."
"Est-ce que...est-ce que tu es...tu es bipolaire, c'est ça?"
Il lança un regard sur le côté et la tête de Fox le lui confirma avant qu'il ne rouvre la bouche.
"Oui. C'est exactement ça. Et...mes parents s'inquiétant pour moi. Et je les comprends, mais parfois, je suis obligé de jouer la comédie. Je suis censé sourire et être heureux, alors que...alors que quelque chose en moi me force à faire n'importe quoi. Et je suis dingue, du coup."
Cette conclusion ne plaisait pas à l'autre adolescent.
"Je ne connais presque rien de cette maladie, mais je sais que tu n'es pas fou. Et à mon avis, tes parents t'aiment même pendant tes périodes moins faciles."
Fox hocha la tête.
"Je sais, mais c'est aussi difficile pour eux que pour moi. Et...je ne suis pas à la hauteur."
"S'il te plaît, ne dis pas ça. On a tous des défauts, on fait tous des erreurs: ça ne fait pas de nous des ratés ou des monstres. Ils t'aiment et si tu leur montres que c'est réciproque, ils seront là pour toi. Et ne te croiront jamais dingue. Compris?"
Wolfgang l'aperçut faire disparaître une minuscule larme et rayonner de nouveau. C'était comme la venue d'un arc-en-ciel. Une bénédiction.
"J'aime beaucoup me confier à toi, Wolfie."
"Et j'espère que ça continuera comme ça."
Ils échangèrent un réel sourire.
*
"Ce vent me suffit à tout oublier...c'est magique."
La plage était déserte, l'eau devait être glaciale; et pourtant, les deux jeunes hommes s'en fichaient totalement: ils avaient juste hâte de se retrouver dedans.
"Cap d'y aller le premier?", Wolfgang ne l'était pas vraiment: il voulait admirer Fox se déshabiller devant lui. Et la mer ne l'aiderait pas trop.
"Je préfère vérifier que la vue en vaille la peine, en fait...", accompagné d'un clin d'œil qui fit sourire Fox. Il enleva donc son pull, lentement, puis le jeta à son ami qui le rattrapa.
"Allez, plus vite! Sauf si t'as peur d'attraper un rhume."
"Challenge accepté!", il enleva prestement ses chaussures, chaussettes et jean.
"Joli caleçon."
Et il n'était pas du tout moqueur: le vêtement le collait parfaitement. C'était classe et annonciateur de bonne choses. Fox en rigola, et rougit même légèrement.
"À toi, beau parleur."
Le rouquin ne tremblait même pas alors qu'il devait faire au maximum 10 degrés et Wolfgang voulait aussi se montrer courageux.
"J'attends que tu tombes le reste et plonge."
Fox se rapprocha en un battement de paupières et son ami faillit atterrir fesses premières face à cette proximité.
"Retire tes fringues ou je m'en charge."
Et cela ne le dérangerait pas, le brun le sentait, donc il colla leurs nez.
"Fais-le. Mais sans décoller nos nez."
Le quasi nudiste haussa les épaules en souriant, pas du tout l'air chaste. Et Wolfgang ne put empêcher son esprit de dériver plus loin...
"T'as déjà fait ça? Déshabiller un autre mec?", sa voix l'abandonnant un peu.
"Pourquoi cette question? Qu'est-ce que ça change?", il avait l'air moins chaleureux.
"Rien du tout...je voulais juste savoir."
"Oui, Wolf'. Je l'ai déjà fait. Tu as fini ton interrogatoire?", il demeurait calme pour ne pas ruiner leur escapade, Wolfgang n'était pas dupe. Donc il ne poussa pas plus loin.
"Alors fais-le maintenant."
Ce fut délicat et assez lent, mais Fox réussit. Ce dernier regardait de son mieux sans décoller leurs visages. Et de nouveau, la tentation revenait en vagues.
"Ça va?", Fox hocha la tête, tentant de sourire.
"T'as froid?", demanda Wolfgang, se doutant que ce n'était pas ça le problème.
"Un peu mais ça ira mieux en nageant."
"Ah bon? Je pense que ce sera pire, en réalité."
Ils en rigolèrent comme deux idiots.
"Mes yeux sont juste là."
"Je ne regarde que ça."
"Mouais."
Aucun des deux ne bougea le moindre muscle, même si la peau de Wolfgang voulait déjà l'abandonner, et pas qu'à cause du vent qui le mordait impitoyablement.
C'était la première fois qu'il se tenait nu face à quelqu'un. Quelqu'un qui lui plaisait énormément. Et c'était assez embarrassant...
"T'as pas à être gêné...ton corps est sublime", lâcha un Fox plus confiant. Wolfgang voulait sceller leurs lèvres. Là, tout de suite, avant que le parfait moment ne s'évapore. Et avec le rouquin, on pouvait être certain que ça pouvait vite arriver...
"Merci...j'aimerai que tu me laisses l'occasion de te retourner le compliment...", ses sourcils montant et descendant, faisant marrer Fox. Celui-ci, toujours relié à Wolfgang par le nez, se baissa de son mieux pour ôter son dernier vêtement du bas.
Et les yeux de Wolfgang restèrent sages les premières secondes. Ensuite, Fox s'occupa de son haut.
"C'est parti!", et il courut à toute allure vers l'eau, s'y jetant comme s'il retrouvait une vieille amie. Wolfgang, sous le choc, ne vit que très peu le spectacle mais oui, Fox avait un mignon petit cul, moins blanc qu'il pensait.
Après, il n'avait d'autre choix que d'affronter le froid et le rejoindre.
"T'en as mis du temps!", Wolfgang se posta près de lui, alternant entre admirer son profil et l'horizon. Et tenter d'ignorer l'eau glaciale.
"Ce n'était pas l'image que je me faisais de notre premier rencard."
Fox pouffa de rire et cela adoucit son partenaire.
"C'est toi qui a proposé, Wolf'. Maintenant, faut assumer."
Wolfgang en sourit, fier.
"Je me sens réellement libre là...totalement libre et léger. Je pourrais rester ici des heures."
"Hors de question que j'me coltine ton corps bleu jusqu'à la voiture."
Et Fox ne put qu'en rigoler.
*
"J'espère que tu ne regrettes pas d'être venu...", dit tout à coup Wolfgang, brisant l'agréable silence. Ils s'étaient allongés sur le sable, recouverts de leurs fringues.
"Tu rigoles? Je me sens serein ici."
"Je ne parlais pas d'ici. Je voulais dire, notre ville. Tu t'y sens bien, pas vrai?"
"La plupart du temps, oui."
Wolfgang avala difficilement sa salive, se demandant s'il devait creuser ou pas.
"Ton ancienne ville te manque? Beaucoup?", Fox ferma les yeux et son ami crut qu'il ne répondrait jamais. Wolfgang avait su, grâce à Romance, qu'ils venaient tous les deux de New York et cette information ne semblait pas vouloir sortir de la bouche de son ami. Il trouvait cela étrange.
"Pas forcément l'endroit, mais...le reste, oui. Souvent."
Sa voix était presque méconnaissable, limite fantomatique...et cela ne plaisait pas à Wolf'.
"Tu veux y retourner?"
Fox hocha négativement la tête.
"Non. Pour quoi faire? Je n'ai plus ma place là-bas."
L'autre adolescent était clairement partagé entre curiosité et respect de sa vie privée. Et passée. Pourtant, le passé ne paraissait pas réellement lointain...
"Et maintenant, je commence à me faire à cette nouvelle ville. Grâce à toi."
"Mais où est passé le Fox impertinent et insolent? Qui avait du mal à admettre que je le faisais rire?" et Fox rigola un peu nerveusement.
"Tu ne me fais pas rire. Je me moque juste de toi."
"Quel honneur tu me fais! Allez, plus de compliments!"
Le rouquin se tourna vers lui et son visage si sérieux noua les tripes déjà fragiles de son ami.
"Tu as le visage de l'espoir, Wolfie...c'est déjà pas mal, non?"; de nouveau, il souriait innocemment et inconscient de l'effet provoqué sur son voisin.
Ce dernier fit glisser son corps plus près de Fox, attendant une quelconque remarque de sa part. Mais il conservait son demi-sourire. Les yeux aimantés par le visage de Wolfgang.
"À ce point? Donc tu es amoureux de moi?", Fox tourna la tête vers le ciel qui commençait à perdre sa lumière.
Et bientôt, ils seraient plongés dans une photographie immortelle avec des couleurs à les éblouir et à se remémorer pour leurs prochaines nuits solitaires.
"Je plaisantais juste, hein? Je sais bien que..."
"Tu connais la chanson Lovin Someone des The 1975?", Wolfgang le fixait toujours.
"Euh non...pas vraiment. C'est un message caché pour moi?", il essaya un sourire stupide.
"Cette chanson est...c'est l'une des choses les plus merveilleuses au monde. Je donnerai énormément pour la vivre en live..."
"On pourrait y aller...j'ai un peu d'argent de poche et quelques économies."
"On pourrait se trouver un petit job sympa aussi..."
"Tu nous verrai bosser ensemble? Ce serait un désastre."
Fox ne put que rigoler face à l'image qui se formait dans son esprit.
"Ah bon? Parce-qu'on s'amuserait trop ou qu'on s'entretuerai?"
Wolfgang fit semblant d'y réfléchir et Fox se risqua à de nouveau le regarder.
"Sûrement les deux. Mais je serai là pour régler nos emmerdes, t'inquiètes pas."
"Je te crois, je te crois"; pourtant, il se retenait visiblement d'éclater de rire.
"Donc...on le fait? On peut se trouver un truc cool, obligé!
Le roux reprit son sérieux.
"Pourquoi pas?"
Et Wolfgang sembla flotter sur un confortable doux nuage toute la soirée.
*
Le feu était magnifique. Et incroyablement intense. Le regarder sur un écran et le vivre face à face n'était pas du tout la même chose et Fox ne pouvait qu'admirer le tableau qui s'offrait à lui.
Il se sentait apaisé: plus rien ne le pesait.
Aucun remords, aucune réprimande ne venait entacher sa sérénité.
Il était juste assis sur le trottoir face à la maison et l'observait être avalée par les immenses flammes impressionnantes. C'était envoûtant, et cette chaleur lui réchauffait l'esprit, son corps y restant insensible. Il était seul mais entouré de tous ces fantômes; et étrangement, leur présence n'était pas envahissante cette fois...
Ils étaient ses seuls compagnons et témoins.
Fox était finalement libre. Et seigneur, il vénérait cette sensation...
Les yeux grand ouvert, il se posa sur le flanc et observa Wolfgang dormir comme un animal repu après un bon festin. Pas de gibier: juste de délicieux brownies, cookies pour le charmer et contenter.
Ils devraient faire des road-trip ensemble...rien que tous les deux. Quitter le pays et changer d'identité. Dans les films, cela semblait si facile que Fox avait souvent eu cette idée en tête...
Et les livres qu'il dévorait n'étaient que des histoires arrivées forcément à d'autres, pas de la simple fiction. Il le savait et était toujours sidéré d'entendre quelqu'un dire "ce n'est qu'un personnage", ou "la magie n'existe pas".
Pour lui, les gens étaient ignorants et aveugles de ne pas y croire un tant soit peu. Tous ces mondes existaient ailleurs, invisibles à ceux qui ne le méritaient pas. Loin d'eux et aucun ne se bougerait le cul pour découvrir tout cet univers plus captivant.
C'était en partie pour cette raison qu'il ne parlait à presque personne. Il détestait les gens "trop réels", qui ne semblaient rien ressentir face à de la "simple fiction". Comment pouvaient-ils vivre ainsi?
Et il avait le pressentiment que Wolfgang faisait de sa catégorie à lui...
Fox s'approchait petit à petit de Wolfgang sans s'en apercevoir.
"Tes joues sont adorables...et ton nez, très séduisant."
Son ami poussa un grognement et bougea un peu, Fox vint poser délicatement sa main sur la hanche un peu trop accueillante. Et le louveteau grogna mignonnement.
"Wolfie?" Il caressait lentement la courbe délicieuse de ce corps qu'il désirait connaître.
"Wolfie? On devrait partir... (Il chuchotait et ses mots paraissaient presque s'envoler...il ne voulait pas déjà repartir) Il fait bientôt nuit..."
Mais son partenaire ne semblait pas avoir entendu.
"Ça va beaucoup trop vite...beaucoup trop...", et ce n'était pas destiné au dormeur. Mais ce dernier remua un peu plus et reprit un peu conscience, la bouche pâteuse. Sexy.
"Quoi?", Fox sourit tristement, comprenant que Wolfgang était trop dans les vapes.
"La journée est presque finie. Déjà."
Wolfgang grogna encore une fois mais pas gentiment cette fois.
"Chut...tout va bien. On a encore la nuit. Et demain."
Il semblait prêt à replonger dans ses rêves, sûrement colorés et joyeux...il avait beaucoup de chance.
"Comment ça?", sa voix était encore plus douce face à son compagnon et cela ne lui plaisait pas forcément. Ça et le fait qu'il contemplait un peu trop ces lèvres pleines qui semblaient l'attendre.
"Tu savais que j'avais peur ce premier jour? (Fox ne comprit pas immédiatement de quoi il parlait) Quand on s'est rencontré? J'avais jamais monté dans un arbre avant ce jour-là..."
"Pourquoi ça ne m'étonne pas? Tu te lançais un défi, hein? ", répondit chaleureusement Fox.
"Yep. Je voulais t'impressionner..."
L'adolescent se sentit lentement rougir, mais Wolfgang avait toujours les yeux clos.
"Et ça n'a pas fonctionné...", son ton était amical et un peu moqueur.
"Oui, c'est vrai. Mais on est quand même ici...ensemble. Et je me sens bien...beaucoup trop bien avec toi...", Fox ne put faire faner son sourire et Wolfgang se sentit réchauffé, comme s'il le voyait.
"Et là, t'es censé me dire "moi aussi, j'adore passer du temps avec toi, Wolfie"."
"Je ne veux pas te rendre la tâche trop facile non plus."
Son ami ouvrit finalement les yeux, une petite moue enfantine affichée.
"Vraiment?", et il perçut la main de Fox sur sa hanche. Il baissa les yeux et sourit. Tout semblait concorder idéalement pour ce premier baiser...
"On devrait vraiment y aller. Je ne veux pas devenir ta mauvaise influence."
"Ah...ouais, ouais, allons-y."
Mais l'envie de quitter cet endroit qui ne semblait avoir été destiné qu'à être seuls n'était pas du tout palpable...
*
Fox avait décliné l'invitation de Wolfgang de passer la nuit chez lui. Il avait prétexté que ses parents lui en voudraient de faire ça sans prévenir plus tôt. Et qu'il n'avait plus de médicaments sur lui. Wolfgang avait été déçu, mais compréhensif.
Et seul dans son lit, Fox regrettait déjà son choix...des ombres immenses planaient au-dessus de lui cette nuit-là. Il fermait les yeux; puis fixait le plafond, comptant les étoiles qu'il avait observé plus tôt. Mais même cette technique ne fonctionnait pas.
Il se leva et alla faire un énième jogging, sans faire le moindre bruit. Il tentait de garder une cadence dite normale; pourtant, il accélérait sans cesse.
Ces mêmes images le tourmentaient à nouveau durant cette nuit sans lune réconfortante. L'amnésie l'aurait véritablement comblé...
Et pendant un temps, le traumatisme avait été si percutant qu'il avait expérimenté cette douceur...quelques jours tranquilles à juste lire et parler tout seul...une véritable bénédiction.
Mais il avait dû revenir à la réalité brusquement... Et les images étaient revenues, intensément. Tout ce rouge ne pouvait rester longtemps oublié ou occulté.
Il avait passé des semaines à se cogner la tête contre les murs, portes; avait avalé trop de médicaments; était resté trop longtemps dans la baignoire; et enfin, il avait essayé de l'imiter...
Ses parents n'avaient eu d'autres choix que de le laisser en service psychiatrique quelques mois. Ils étaient très souvent à son côté, sentant que s'ils s'éloignaient juste un peu, il réussirait à rejoindre l'autre monde.
Et voilà qu'il se retrouvait à ce même endroit, cette période sombre. Les pensées, les mots, la scène étaient beaucoup trop envahissantes et il n'arrivait plus à calmer la tempête qui opérait là-haut.
Il aurait pu aller se confier à ses parents: ils l'auraient comprit et soutenu; mais il leur avait déjà fait trop de mal.
Cette fois-ci, il s'en sortirait tout seul. C'est ce dont il voulait se convaincre en tout cas.
*
Wolfgang avait passé la moitié de son dimanche à contempler le photoshoot de Fox et de leur enfant hérisson. Il avait imprimé chaque photo en plusieurs exemplaires et en avait affiché avec beaucoup d'élégance dans sa chambre. Le petit animal l'avait étudié, l'air presque curieux, et courant à toute allure derrière lui.
Il avait hésité à contacter Fox mais ce dernier avait sûrement besoin de calme, donc il renonça à son idée.
Au moins, il avait des souvenirs à chérir... Il avait eu une tête d'ahuri toute la journée et ses parents ne l'avaient quasiment pas embêté.
Il ne put néanmoins résister à l'envoi d'un selfie avec leur bébé, qui ne cessait de le renifler: "Voici tes deux personnes préférées au monde!" accompagné d'un emoji cœur. Oui, il était ridicule mais honnêtement? Il n'en avait même pas honte.
Il n'eut pas de réponse instantanée et il en fut vexé quelques minutes.
"Tu vas bien, Foxie? On veut te voir!", envoya t'il donc après avoir lutté contre son côté collant. En vain.
Cette fois-ci, il eut directement une réponse: "Désolé, j'étais occupé. Moi aussi, je veux voir vos adorables têtes! Venez chez moi cette nuit!"
Avec un emoji bisou... Wolfgang en perdit quasiment la vue. Et même l'esprit. Il lui fallut un trop long moment pour achever une réponse correcte: "Okay, compte sur nous."
"AMÈNE NOTRE BÉBÉ! TOUT DE SUITE!" Et le sourire de Wolfgang ne put que s'élargir: il était définitivement foutu.
Il galopa donc avec entrain vers cette petite maison qui abritait l'objet de ses pensées.
Fox ouvrit au moment où l'adolescent allait toquer à la porte et fit croire que c'était juste un parfait timing...mais son visage illuminé ne trompait aucun d'eux.
"Hey...seul?"
"Plus maintenant!", et il le tira par sa manche longue, laissant sa main s'accrocher à son délicat poignet. C'était doux, et totalement irrésistible.
"Allez, montre-moi notre enfant!", Wolfgang attendit que la porte soit fermée et ouvrit la petite boîte à merveille. Fox s'approcha et devint encore plus radieux en retrouvant la minuscule bouille.
L'autre papa les admirait alors que Fox venait le prendre avec précaution.
"On devrait lui faire une toute petite couronne de fleurs. Et un bracelet aussi."
Wolfgang en rigola, mais sincèrement? Il adorait l'idée. Mais cela méritait un arrangement.
"Ou quelque chose de plus effrayant! Pour fêter Halloween."
Il se croyait si malin...et Fox tordit sa bouche, l'air désapprobateur.
"Quoi? T'aimes pas Halloween, tu vas me dire?", son ami répondit par une sorte de grognement peu enclin à démentir. Wolfgang ne pouvait y croire...
"Dis-moi que tu plaisantes! Tu détestes cette fête?"
"Non, pas vraiment...mais je suis pas fan. Je trouve ça un peu...glauque, c'est tout."
"Ah non, non! Hors de question que j'y renonce pour toi! On le fêtera, promis!"
"Et pour quelles raisons je devrais en faire partie? T'as sûrement un tas d'amis avec qui tu le fêtes chaque année, donc..."
"Oui, évidemment! Mais tu as besoin de venir aussi! On a un endroit spécial qui te plaira."
"Laisse-moi deviner...un terrain vague et désert où toutes vos canettes de bière échoueront?"
Il caressait le ventre de leur hérisson avec tendresse, et cette image adoucissait Wolfgang.
"Nope! Nous ne sommes pas des sauvages irrespectueux. Un endroit, un véritable décor exceptionnel où tout te pousse à frémir..."
Il voulait créer du suspense, construire un effet d'attente et d'excitation; mais Fox avait choisi de faire sa tête. La fameuse tête à qui on ne la racontait pas.
"Si tu me dis un cimetière, ce sera sans moi."
Wolfgang manqua l'ombre qui vint assombrir le visage de l'adolescent quelques instants.
"Ce n'est pas là qu'on fera la fête, Foxie! On respecte les morts, ne t'inquiètes pas."
Fox prétexta être absorbé par l'animal pour ne rien répondre, s'en mordant la langue.
"Je ne te dirai rien de plus; comme ça, tu sera forcé de venir voir par toi-même."
"Tu es presque convainquant...et mignon."
Wolfgang sembla avoir perdu tout mot et Fox releva les yeux vers lui, l'air triomphant.
"J'adore te rendre silencieux. Ça te donne un certain charme."
Et son ami ne put que tirer la langue à cette annonce.
"Comment vais-je te supporter quand on bossera ensemble?", il poussa un faux soupir exaspéré et les deux lui jetèrent un regard attendrissant. Bien conscients qu'il était tout sauf déprimé par cette perspective.
"Fais attention à toi: je serai ton boss en moins de deux."
Le brun en rigola véritablement et Fox aperçut, ou plutôt remarqua enfin pour la première fois une adorable petite fossette dessinée.
Sans le réaliser, il s'approcha un peu plus et lui caressa la joue coupable de le rendre encore plus guimauve...
Et son ami stoppa net son hilarité. Fox avait le regard fixé sur la tendre couleur café au lait et Wolfgang faillit en ronronner, fermant les yeux.
"Pourquoi tu oses faire ça...", chuchota le désorienté, la voix tremblante, prête à céder et Fox s'approcha si lentement que son ami crut qu'il se l'imaginait.
Ouvrir les yeux à cet instant-là aurait brisé le geste...mais l'air s'éloigna de l'adolescent, et la chaleur également.
Quand ses yeux et son cœur furent "prêts" à affronter l'humiliation, il refit surface: Fox, tenant toujours leur hérisson contre lui, se tenait déjà au milieu des escaliers.
Il arborait un sourire coincé, tentant de paraître détendu, et Wolfgang essaya de ne pas lui en vouloir.
"Allez! On a besoin de tout préparer pour notre prochain photoshoot!", son partenaire parvint avec difficulté à acquiescer, et monta à sa suite.
*
FLASH-BACK:
"Un jour, j'arriverai à te mettre sur mon album."
"C'est une promesse ou du chantage?"
"Un peu des deux, j'imagine...", il colla brusquement sa bouche dans l'oreille du rouquin et souffla fort dedans. Fox s'essuyant, rigolant et l'imita pour se venger.
"Tu es vraiment dégueulasse!"
"J'te dégoûte tant que ça? Ça m'étonnerait...beaucoup...", il descendit vers la taille de Fox et déposa un furtif baiser au-dessus de son nombril. Il le refit une fois et son copain rigola, légèrement chatouilleux.
"Aaron...on peut pas faire ça...pas ici..."
"Pourquoi pas?", Fox leva les yeux au ciel et Aron en profita pour se diriger un tout petit peu plus au sud de sa première destination. L'autre frémit et tenta de se dégager mais Aaron le maintint.
"Reste ici, mon chéri...profite...", Fox ne pouvait pas refuser, mais...
"On est dans un musée, Aaron", chuchota t'il trop faiblement, sans aucune réelle conviction.
"T'es trop mignon quand tu flippes...Tu veux ou pas? Y a personne ici."
Effectivement, la salle du musée où ils se trouvaient était vide. Il n'y avait quasiment aucune lumière non plus: juste des petits spots verts dans certains recoins. Tout pourrait rester confidentiel ici.
Fox avait toujours trouvé cela étrange: qu'Aaron et lui aiment autant les endroits sombres. Cela ne les aidait pas forcément.
"Bien sûr que j'en ai envie, mais...(encore plus bas) Y a sûrement des caméras ans tous les coins."
"Ils s'amuseront alors!", il éclata de rire et se précipita pour arracher le t-shirt de Fox, le humant longuement avant de le poser délicatement près de lui. L'autre adolescent l'admirait faire avec délice...il était réellement perdu par "sa faute".
La bouche d'Aaron vint happer toute la peau qui s'offrait à lui et Fox tentait de rester le plus discret possible. Cette chaleur, ce bien-être...il ne parviendrait jamais à s'y habituer, ni à le supporter...comme si son corps voulait s'élever et rejoindre les cieux...
"Tu es le plus magnifique...mon cadeau...mon amour...mon trésor...ne pars jamais...", il finit par lui mordre le ventre tendrement et Fox explosa instantanément.
"À cause de toi, je suis vraiment pitoyable...", il en rigola le plus silencieusement possible , toujours effrayé à l'idée que quelqu'un ne les surprenne.
"Mais non... Tu me prouves juste quel effet je te fais, et c'est assez gratifiant", il vint lécher le cou de Fox, celui-ci ne pouvant plus diminuer son expression béate et complètement idiote.
"On est foutu si un gars de la sécurité nous trouve comme ça", mais il n'avait plus l'air si inquiet.
"C'est pas interdit de s'allonger par terre et d'être bien...", il descendit de nouveau sa langue mais le rouquin rattrapa sa tête, la relevant à son niveau. Les yeux émeraude doré d'Aaron l'avaient toujours émerveillé: ce mélange incroyable était à se damner. Et Aaron semblait avoir lu en lui et creusa plus profondément. Droit dans les yeux, il déclara: "Je mourrai pour toi, Fox."
Ce dernier perdit toute joie...il détestait quand Aaron osait parler de cette manière. Il préférait se faire aveugle à leur condition...à leur maladie.
Et ce genre de direction n'allait pas dans le sens de leur possible guérison. Mais Fox ne voulait pas s'énerver...encore une fois.
"Tu as pris tes médocs, Aaron?", demanda t'ils doucement, lui caressant l'oreille, et touchant ses cheveux. Aaron ferma les yeux et sa tête perdit son équilibre, tombant contre le torse de Fox.
"Je n'en veux plus...je me sens mort à cause d'eux...tu me comprends, hein?"; évidemment qu'il captait ce dont il parlait: ils étaient dans la même maudite barque après tout. Mais le rouquin était toujours le plus joyeux, le plus facile à distraire de toutes ces complications. Et parfois, il arrivait à aider son petit ami...mais ce jour-là, il ne serait peut-être pas à la hauteur.
"Je sais bien que c'est difficile parfois, mais...(Aaron se éleva vivement, cognant presque Fox en plein mouvement) Qu'est-ce que tu fais?"
L'adolescent n'osait rencontrer son regard, ses yeux cherchant déjà une sortie de secours.
"J'ai besoin de sortir. Je suffoque un peu là...on se voit plus tard?"
Fox se leva à son tour, pas prêt à le laisser s'échapper comme si tout allait bien.
"Non: on reste ensemble."
"Non, non, j'ai besoin d'être seul. Je t'appelle ce soir."
Mais le rouquin ne le croyait même pas...Il lui avait déjà fait ce coup-là.
"On va aller chez toi, se poser tranquille. (Hésitant mais fermement) Et tu vas prendre ton traitement."
"J'en veux pas! Tu peux pas me forcer! T'as pas le droit, tu m'entends? TU PEUX PAS! TU PEUX PAS ME FAIRE ÇA! PAS TOI! ILS SONT DÉJÀ TOUS CONTRE MOI!"
Il fulminait véritablement et Fox savait parfaitement que se rapprocher était toujours une mauvaise idée dans ce cas-là, mais son besoin de l'apaiser était plus fort. Il approcha donc et tenta d'attraper ses mains, et Aaron le repoussa violemment, le faisant presque basculer. Fox resta calme.
"Laisse-moi partir! Tu peux pas me retenir!"
"Si tu veux partir, vas-y. Mais je t'attendrai ici. Tu regrettera dès que tu aura quitté le musée." Il n'en était pas certain pourtant...Aaron pouvait être une vraie tête de mule, et surtout pendant une crise. Mais Fox voulait conserver le peu de foi qu'il avait.
"Non. Je m'en vais. Sans toi. J'ai pas besoin de toi. Je peux vivre parfaitement seul! Je peux tout faire! Moi, je peux tout faire! Et toi? À part avaler ces foutus médocs, qu'est-ce que tu sais faire? Tu les laisses te contrôler! Moi, je veux pas être comme ça! J'ai juste besoin d'air et j'irai bien! Tu peux pas me suivre! Ne le fais même pas!"
C'était une mise en garde, mais Fox tint bon: ses yeux resteraient secs. Il essayait de se convaincre que ce n'était que la maladie qui lui faisait dire des choses pareilles, mais son cœur était malgré tout en apnée.
Il ne lui répondit pas, le fixant seulement; attendant qu'il tourne les talons et il lui emboîterait le pas direct.
Mais Aaron ne bougeait toujours pas. Il le fusillait du regard, tentant probablement de le faire fuir; mais Fox n'abandonnerai pas. Pas de cette manière, pas aussi facilement.
"Je veux juste retrouver la lumière et toi, tu veux m'en empêcher. On n'est pas malades tous les deux, c'est eux qui veulent nous faire croire cette connerie. Toi et moi, on sait tout. Et le monde nous appartient. On pourra tout faire, tout changer...on sera au sommet du royaume. Et ils regretteront tous de nous avoir sous-estimés. Ils s'en mordront les doigts, ils s'en arracheront les cheveux et les ongles. Toi et moi, on peut réussir. Si tu laisses aussi tomber les médocs. Tu sais, comme moi, qu'ils ne nous aident pas du tout. Ils veulent juste nous freiner, nous stopper, nous exécuter. Mais notre puissance, notre savoir, notre pouvoir...on les laissera pas nous les voler, tu m'entends? Plutôt quitter ce monde que de les laisser me piétiner toute ma vie! Très avec moi? Foxie? Mon amour?"
*
Romance avait évité de croiser Fox les jours suivants leur dispute, et cela lui convenait: il arrivait à respirer plus facilement. Il se faisait croire qu'il resterai bien grâce à ses seuls efforts; et pour le moment, tout allait comme sur des roulettes.
Il assistait à tous ses cours, faisait ses devoirs avec sérieux, prenait ses médicaments, dormait sans problème, voyait Wolfgang au lycée et après les cours. Tout se passait bien.
Le seul souci était que son cher ami ne voulait pas renoncer à son idée: Fox devait l'accompagner à cette fameuse soirée d'Halloween. Et Wolfgang insistait tellement...Fox ne pouvait qu'admirer sa ténacité mais il bougonnait évidemment.
"En plus, j'ai déjà nos costumes!", annonça t'il la veille de la fête. Il s'était jeté sur le lit de Fox et s'étalait comme une pauvre crêpe ramollie. Il était craquant, mais Fox soupira bruyamment.
"J'ai peur de voir ce que tu nous réserves...", et Wolfgang sauta sur le lit en entendant sa réponse.
"Donc tu acceptes de venir? Enfin? Dis-moi que je n'hallucine pas!"
Ce sourire si immense, si resplendissant, si...réel ne put que faire céder Fox. Peut-être qu'il ne le regretterait pas...
"C'est d'accord...si tu me montres les photos de ces "merveilleux" costumes maintenant."
"Nope, ce sera la surprise de dernière minute, ça."
Le rouquin soupira une nouvelle fois.
"Je ne sais déjà pas où c'est, qui y sera...j'ai besoin de savoir au moins ça, non?"
"Juste un indice alors: SKAM. Voilà! Il est colossal, donc j'te fais confiance pour trouver la réponse."
Fox écarquilla les yeux, gonfla les joues, et semblant chercher de l'aide venant de l'espace.
"Hum...c'est quoi, ce truc?" Et Wolfgang glissa du lit, se raccrochant de son mieux à la couette. Stupeur s'était emparée de lui et il dévisageait Fox comme si c'était un inconnu.
"Tu ne connais pas cette série? Oh mon dieu...où tu vivais sérieusement? Pas de Twitter? T'avais le wifi au moins? Et le soleil? Rassure-moi: tu l'avais déjà vu? (Fox leva les yeux au ciel, implorant n'importe quel dieu) Bref! C'est une série norvégienne. Faut qu'on mate la saison 3 maintenant!"
"Juste pour que je sache quels sont nos déguisements? Wolfgang..."
"Est-ce que ça te motiverait de savoir qu'il y a deux beaux gosses qui tombent amoureux dedans?"
Là, Fox courut attraper son ordinateur et le donna à Wolf'.
"Mets-nous ça tout de suite."
Son ami rigola, tout fier de lui.
"Donc... Even est bipolaire."
Wolfgang se frappa le front avec violence, embarrassé.
"Merde! Désolé! J'aurai du te prévenir que...ça va?" Et Fox reprit contenance.
"Oui, oui, bien sûr...je m'y attendais un peu... On n'est pas tous pareils, tu le sais, hein?"
"J'étais bien. Even est formidable, et j'ai de la peine pour lui mais il a trouvé Isak pour s'occuper de lui."
Il avait le visage éclairé, joyeux, comme si cette histoire était la preuve que même les malades, s'ils avaient au moins une personne auprès d'eux, iraient forcément mieux. Sa naïveté aurait pu être mignonne, mais Fox ne pouvait accepter cette option.
"Ce n'est pas aussi simple... Ce n'est pas parce-qu'on trouve quelqu'un qui nous aime, nous soutient et nous supporte qu'on sera...guéri."
Il avait essayé d'adopter un ton assez distant, comme s'il n'était pas du tout impliqué dans cet exemple mais Wolfgang y vit une opportunité.
"Ça n'a pas suffit avec Aaron, c'est ça?", il désirait juste en apprendre plus sur Fox, mais ce n'était pas la solution la plus adaptée apparemment...
"Je ne veux pas en parler, Wolf'...", il aurait voulu tout lui confier; peut-être que sa culpabilité diminuerait un minimum... Mais en discuter accélérerait probablement le processus de deuil, et il n'était pas prêt à affronter cette déferlante.
"D'accord...tu sais que je suis là si t'as besoin de parler. De lui ou d'autre chose. Je suis là, Foxie."
Le rouquin tourna la tête vers Wolfgang, le remerciant mentalement; puis il s'avança, déposant un long baiser sur la joue droite de son ami. Celui-ci ouvrit la bouche, essayant vainement de parler.
"Je serai César et toi, Dieu, okay?", dit Fox en quittant le lit. Wolfgang approuva, l'air absent.
*
AUTHOR'S NOTE:
Coucou, coucou! Au peu de lecteurs que j'ai sur cette fiction originale, sans personnages inspirés de célèbres chanteurs, je dis merci si vous continuez cette petite aventure avec moi ;)
J'ai du temps entre ces deux chapitres...oops.
J'espère qu'il vous plaira malgré tout.
Bisous à toutes.
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