Defend yourself


La reconstitution était presque parfaite. En tout cas, son professeur avait tenté de ne pas trop montrer son admiration devant le restant de la classe.
Cette nouvelle année commençait plutôt bien, pensa Fox. Il quitta le cours sur un nuage: lui qui avait toujours eu du mal à l'école allait enfin devenir quelqu'un de respecté.
Pas forcément par les autres élèves, mais leurs opinions comptaient très peu. Il voulait juste faire de son mieux. Et son exposé avait épaté à peu près tout le monde, donc il avait le droit de jouer le fier.

Quand il arriva à la cafétéria, il sentit un regard insistant sur lui et se doutant de l'identité de cette personne, il ignora et alla jusqu'à sa table désignée. Tout au fond, comme dans un coin secret, il pourrait enfin respirer correctement et se remettre à ses devoirs. Sans aucune distraction...

"Bon, ça suffit: ça fait des jours que j'attends que tu viennes t'excuser mais apparemment ce n'est pas dans tes plans alors...", et Fox le coupa direct.

"M'excuser pour?", cette voix rauque avait manqué à Wolfgang et c'était stupide mais honnête.

"Tu sais... Te comporter comme un abruti au planétarium l'autre soir."

"C'est toi qui est venu m'emmerder dans mon endroit, donc...tu devrai t'excuser. Et rejoindre tes amis, tu leur manques déjà."
Derrière, assez loin d'eux, on voyait des bras se lever et inviter Wolfgang à venir se réinstaller.

"J'avais envie de te voir maintenant: c'est un crime?"

"Non, juste une connerie."
Ils se fixèrent un long moment, l'un tentant de faire céder l'autre sans avancée visible évidemment.

"Je ne m'excuserai pas."

"Moi non plus. Tu as gâché la beauté de ce lieu."

"Rooohh, Fox! On peut passer à autre chose, s'il te plaît?"

"Si tu me trouves un endroit meilleur que celui-ci, oui, peut-être bien, mais sinon... Va manger avec tes potes, ils t'attendent."
De nouveau, cet air las que Wolfgang avait déjà réussi à détester. Et pour que lui déteste quelque chose...

"Je le ferai. Je te trouverai bien mieux que ça et tu pourra me remercier comme il se doit après."
Le roux leva les yeux au ciel et fit craquer ses doigts, son que Wolfgang détestait aussi visiblement. Puis il baissa enfin les yeux sur le beau métis.

"Qu'est-ce que tu veux dire par là?"

"Tu sais. Tu sais très bien."

"Je suis censé lire dans les esprits maintenant? Écoute, je suis fatigué et j'ai encore une tonne de devoirs à refaire donc..."

"Accepte un rendez-vous avec moi et tout ira bien."

"J'espère que tu plaisantes...", mais Wolfgang s'assit juste face à lui, son merveilleux sourire prêt à séduire n'importe qui. Mais Fox n'était pas d'humeur...

"Nope. C'est ce que j'aimerai vraiment, alors... Si je trouve un bon endroit, t'acceptes?"

"Je ne suis pas le genre de mec qui sort avec n'importe qui, hein. Je déteste le concept même."
Mais Wolfgang sentait que ce n'était pas l'entière vérité.

"Je me vengerai si je connaissais la personne qui t'as brisé le cœur, Foxie, mais...laisse-moi te montrer que je peux être bien pour toi."

"On ne se connaît même pas... C'est n'importe quoi."

"La vie est faite de ce genre de moments, tu sais. C'est en sortant et en parlant qu'on apprend à connaître les gens, pas en boudant..."

"Je ne boude pas: je n'aime juste pas les gens."

"Et je ne te crois pas, okay? Alors arrête de faire semblant 5 minutes et viens à ma table. J'te présenterai tout le monde: j'te promets qu'ils sont sympas."

"S'ils sont tous aussi relous que toi...non merci."
Il prit une bouchée de son plat et reposa aussitôt sa fourchette, pas certain que ça passe.

"Tu veux vomir? S'il te plait, pas devant moi..."

"Ça te dégoûterait et tu me lâcherai un peu?", répondit-il avec espoir.

"Nope. J'aurai pu te retenir les cheveux mais les tiens sont trop courts...dommage."

"Tu préfères les mecs aux cheveux longs?", il hallucinait complètement.

"Oui, la plupart du temps mais bon j'ai décidé de faire une exception."
Fox ne put que soupirer un bon coup et détourna le regard.
"Tu devrai y retourner, ils vont se douter qu'il y a un truc louche."

"Je crois qu'ils sont déjà au courant alors je m'en fous. Sérieusement, un rencard, c'est rien!"

"Pourquoi tu forces autant?" Et c'était une véritable question cette fois: il avait besoin de connaître la réponse, Wolfgang le sentait.

"Parce-que je sens que tu vas changer ma vie, peut-être?"
Fox lui répondit par un rire, pas moqueur juste très nerveux...et Wolfgang faillit lui attraper la main.

"Va falloir stopper les comédies romantiques, mon pote..."

"Ne m'appelle pas comme ça, pitié... (Il roula des yeux et sourit en voyant l'air heureux de Fox) Je sais que je te plais aussi, donc...penses-y."
Il tapa sur la table et repartit comme il était venu: plein d'espoir.

*

Fox semblait aimer se faire du mal apparemment... Il avait le nez plongé dans un album photo, le genre que seul lui pouvait voir, on s'en doutait. Il le feuilletait et tentait de ne pas tremper chaque page. Mais il s'était donné l'autorisation de ressentir ce jour-là. Et parfois, il se haïssait pour oser faire ça...
Il sursauta quand il entendit quelque chose frapper sa fenêtre: c'était encore lui... Seigneur, aidez-moi, implora t'il, sachant que celui-ci n'en avait rien à foutre de ses souhaits: après tout, il l'avait ignoré jusqu'ici.

Wolfgang était tout souriant, tout fier de lui pour on ne sait quelle raison et Fox allait devoir faire semblant de ne pas vouloir le voir... Il cacha l'album photo sous son oreiller et vint ouvrir la fenêtre.

"Eh, tu me laisses passer?"

"Pourquoi faire?"

"Foxie, Foxie...sois un peu gentil: je t'ai trouvé l'endroit idéal."

"Impossible. Dans cette ville, y a seulement 3 beaux endroits donc bon...", dit-il en haussant les épaules.

"Pourquoi ne me fais-tu pas un peu confiance? Allez, allez, suis-moi!"

"Tu voulais pas entrer y a 2 minutes?"

"Ah oui...merde. Ouais, je voulais savoir ce que contenait ton album photo...", Fox se tendit aussitôt.

"Hors de question. Allez, recule, je sors."
Wolfgang, portant encore et pour toujours son sourire ultra brillant, lui obéit et recula et essaya même de l'aider, mais Fox le repoussa.
"Je le fais tout le temps, pas besoin d'aide."

"Quel grognon!"
Et Fox ne put que lui adresser un regard noir.

*

"C'est censé me plaire?", il observa tout autour d'eux, pas certain que Wolfgang soit sérieux mais ce dernier osa lui faire un clin d'œil. Fox fit semblant de ne pas avoir vu et se reconcentra sur la vue.
"C'est juste un jardin... Un jardin public, en plus...", il était dégoûté par le thème.

"Ooohh, donc tu aurai préféré quelque chose de plus privé pour nous?", Fox leva les yeux au ciel et ne tourna même pas la tête vers l'autre.

"Ne me fais pas dire ce que j'ai pas dit, ducon. Donc ton choix...j'approuve pas."
Il tourna sur lui-même et fit demi-tour mais une main vint le stopper.

"S'il te plaît, fais un effort. C'est un de mes endroits favoris..."

"C'est ici que des gars acceptent de te rouler des pelles? C'est immonde comme endroit."

"Foxie...je t'aime bien mais là, tu me gonfles. Soit tu fais un effort, soit tu te barres."

"Ooohh non, mince! Je raterai ma chance d'être le prochain?"

"Fox. Regarde-moi... (L'adolescent mit du temps mais finit par abdiquer) Sincèrement, est-ce que j'ai vraiment l'air d'un salaud qui brise le cœur de tout le monde?"
Le plus jeune était tenté de mentir: oui, t'as l'air d'un parfait salaud, allez salut et de fuir loin d'ici; mais...

"Non, pas trop... Mais les apparences peuvent être trompeuses. Regarde le film "Gone Girl" et tu saura de quoi je parle."

"Je regarde pas ce genre de films. Je déteste ça. T'as des goûts vraiment glauques..."

"C'est pas glauque, c'est intéressant. Quel genre de films? T'as peur de te pisser dessus?"

"Un peu oui. (Fox rigola brièvement et Wolfgang tenta de ne pas admirer ses jolies dents: ça, ce serait vraiment bizarre) Il y a tellement de plus belles choses à voir..."
Et il le fixa, semblant vouloir le faire craquer. Les yeux verts s'ouvrirent un peu plus et il détourna soudain le regard, faisant craquer ses doigts.
"Je déteste ça..."

"Et? Moi, ça me détend."

"T'es stressé?"

"Non, juste nerveux de nature."
Wolfgang sentait bien que quelque chose clochait mais quoi...

"Ça te dirait le zoo? Ça fait grave longtemps que j'y ai pas été et..."

"Non, je hais ça."

"Tu hais le zoo? Pourquoi? On t'a piqué tes gâteaux là-bas quand t'étais petit?"

"Voir des animaux enfermés, je peux pas supporter, c'est tout."

"Ah. Tu fais partie des gens qui mangent rien du tout et protègent les animaux comme leur propre famille, c'est ça?"

"Et si c'était le cas, tu lâcherai l'affaire?"

"Nope, aucune chance que je te lâche maintenant."

"T'es au courant que je suis pas le seul mec en ville, hein?"

"Je sais bien et justement...tu es le seul qui m'importe."

"Pour le moment...", marmonna Fox; et Wolfgang se rapprocha immédiatement.

"Quoi?"

"Rien. Allez, avance; j'te suis."

*

"C'était un mec ou une fille? (Fox fit signe qu'il ne comprenait pas) La personne qui t'a brisé le cœur, patate. Fille ou garçon?"

"Personne ne m'a brisé le cœur, ducon."
Comme si j'allais t'en parler...pensait réellement le petit Fox. Et Wolfgang n'était pas bête.

"Ne fais pas le mec... Dis-moi. Je risque pas de te juger si c'est un gars, hein."
Son regard était attiré par le badge multicolore que portait Fox. Cette fois tout en haut de son col en v. Encore en t-shirt alors qu'il faisait 5 degrés dehors...

"Pourquoi tu me parles pas plutôt de toi? De ta vie amoureuse. On t'a peut-être brisé le cœur, non?"

"Yep, c'est arrivé une fois. Mais rien d'important. La seule fille qui m'a vraiment intéressé... Je me doutais pas qu'elle était...(il eut beaucoup de mal à sortir le prochain mot) raciste et quand elle m'a foutu un râteau, ça a été assez violent. Mais à l'époque, j'étais faible et je ne me suis même pas défendu."

"Et après? Tu t'es vengé?"
Wolfgang reporta son regard noisette sur Fox: celui-ci, les poings serrés, tentait de rester calme.
"Ça va pas?"

"Réponds-moi: tu t'es vengé?", sa voix paraissait sur le point de céder: pleurer ou crier, Wolfgang n'était pas certain quel choix serait fait.

"Nope, jamais."
Fox tourna la tête vers lui, les sourcils hauts.
"Vraiment? Qu'est-ce que t'attends?"

"Ça date de...je sais même plus combien de temps, des années et des années. Peu importe, je m'en fiche maintenant."

"Si on s'en prenait à moi parce-que je ne suis pas de la même couleur que la personne, c'est mort, je laisserai pas passer ça. Jamais."

"Tu ne peux pas trop avoir ce problème, Fox: tu es blanc. Un peu trop d'ailleurs: tu sors de ton sous-sol parfois?"

"Parfois on s'en prend à moi parce-que je suis roux, Wolf donc... Tu peux pas les laisser faire. Qui que ce soit. Ce serait leur donner le droit de croire que c'est bien et normal et qu'ils peuvent le faire aux autres. Et ça c'est pas possible."

"T'as déjà participé à une Gay Pride, hein?"
Il s'éloignait juste un peu du sujet de base.

"Oui, bien sûr. Mais pourquoi cette question?"

"Je sais pas trop... Donc c'était un mec. Celui qui t'a brisé le cœur. Parle-moi en. Il était comment?"
Magnifique, sublime... Il te ressemblait mais j'essaye d'oublier ce détail... Fox aurait pu se confier un minimum mais pour quelle raison?
Il ne le souhaitait vraiment pas. Il n'était pas prêt et ne le serai probablement jamais, donc inutile d'insister.

"Où elle habite? Cette fille qui t'a rejeté parce-que t'es noir? Tu peux me donner l'adresse?"

"Tu veux faire quoi? Aller la voir et exiger des excuses pour une phrase dite y a des années? C'est vraiment ridicule."

"Ne pas réclamer justice, c'est ça le plus ridicule dans cette histoire. Wolfgang, allons-y: tu m'accompagnes et j'y vais seul si tu préfères."
Il n'accepterait pas de refus: c'était clair.

"On y va ensemble et tu me promets de rester calme."
Fox lui montra un beau sourire, presque sympathique comme démonstration.
"Il est comment celui-ci?"

"Flippant. C'était le but, rassure-moi?"

"Allez, bouge ton joli cul, on y va!"
Wolfgang ne put s'empêcher de sourire comme un abruti.

*

"Bon, j'aimerai que tu me dises d'abord ce que tu vas lui sortir. Je veux être sûr que ça n'aille pas trop loin, okay?"

"Ah, mais je compte pas lui parler, relax."

"Relax? Tu vas faire quoi alors?"
Ils s'arrêtèrent finalement devant une immense maison blanche. Trop blanche, pensa Fox et il le dit tout haut.
"Une maison ne peut pas être "trop" blanche, c'est stupide, Fox."

"Ah si, je te le confirme: trop blanche; mais ça changera bien vite, ça."
Il eut un sourire carnassier et recommença à marcher, Wolfgang se dépêchant de rattraper son retard.

"Non, non, non, tu vas pas faire ça quand même! Non, je refuse de te lasser faire!"

"L'humain est libre de ses propres choix, Wolfie, tu crois pas? Alors laisse-moi exercer ma liberté comme je l'entends."

"Tu as pris des cours de psycho en avance, toi? (Se reportant au sujet important) Hors de question que j'te laisse... Attends, tu crois avoir le temps de repeindre toute leur maison?"
Il hésitait à en rigoler mais le sérieux et l'impassibilité de son nouvel ami le figèrent.

"Non. Tu me vois avec des pots de peinture d'ailleurs?"

"Nope?"
Fox se stoppa de nouveau et détacha son sac de ses épaules, l'ouvrant rapidement et en sortit une bombe de peinture. Wolfgang remarqua qu'il n'y en avait pas qu'une à l'intérieur. Il releva des yeux ronds.
"C'est quoi ça?"

"Arsenal anti pourriture. Et ça marche à tous les coups, crois-moi."

"T'as déjà...déjà bombé la maison de quelqu'un avant?"

"Non, pas forcément la maison. Ça peut être d'autres choses...j'aime bien varier. Et je manque pas d'imagination quand je le veux. (Se tournant vers lui) Tu me suis toujours?"

"Mais donc ça t'arrive souvent? De venir te venger de quelqu'un?"

"Pas souvent souvent mais ce serait du gâchis de laisser des occasions s'échapper, non?"
De nouveau, il afficha ce sourire presque...gentil? Wolfgang en était de moins en moins certain.

"Tu trouves pas ça un peu extrême?"
Fox y réfléchit un instant et, droit dans les yeux, lui répondit calmement:
"C'est pourtant mieux qu'étouffer quelqu'un avec ses propres cheveux, non?"

Wolfgang n'eut même pas le temps de trouver une réponse adéquate que Fox avait filé en direction de la porte d'entrée. Sonnant et se dépêchant d'aller commencer son boulot.
L'autre adolescent resta planté comme un piquet pendant au moins 1min avant de se rendre compte de la situation. Il se précipita à la suite de Fox, celui-ci taggant des lettres comme si sa vie en dépendait.
Le métis tentait vainement de le faire arrêter, mais Fox le repoussait toujours, continuant son message.
Et au moment où la porte s'ouvrit, il avait fini et il courut, attrapant la main de Wolfgang du même coup.

La femme ne vit même pas le message, ne voyant personne devant la porte, elle la referma juste. Et cachés dans les buissons juste devant la propriété, Fox admira son œuvre.
Wolfgang n'en revenait pas, lui...
"Tu as vraiment écrit...ça sur une maison?"

"Bah quoi? Un message doit rester dans la tête donc ça doit être assez fort, non? Parfait, n'est-ce pas?"
L'autre le regarda et hésitait entre plusieurs alternatives: le laisser derrière, l'embrasser ou juste le pousser dans leur buisson.

"CE PAYS MÉRITE PLUS DE NOIRS MÉRITANTS QUE DE PÉTASSES BLANCHES! ALLEZ SAUVER L'AFRIQUE!"
Simple et concis mais concret et très parlant, n'est-ce pas? En tout cas, le rouquin était très fier de lui.

"Tu n'aurais pas dû... C'est..."

"Irrespectueux? Certes, un peu mais bon... les gens réagissent plus aux insultes qu'à la subtilité, non? Le monde le prouve de plus en plus chaque jour. Renseigne-toi. (Se tournant finalement vers lui, un petit sourire malin sur le visage) Bon, ce rencard était plus sympa que ce que j'avais imaginé, donc...merci. Je rentre maintenant."
Il se releva et fit route vers leur chemin emprunté précédemment.

"Quoi? (Semblant enfin réaliser ses mots) C'était pas ça! C'était pas notre rencard, ça! Foxie, reviens!"

"Arrête de m'appeler comme ça! Merde! (Il interrompit sa marche et se retourna) Arrête ça! Je déteste ce stupide surnom!"

"Calme-toi... S'il te plaît, reste avec moi et je ne t'appelerai plus jamais de cette manière, promis."

"Tu veux faire quoi? Pourquoi tu veux à ce point ce stupide rencard? Toi et moi, ça marcherai jamais!"

"Et pourquoi? On ne se connaît même pas encore, tu n'arrêtes pas de dire ça alors c'est vrai, non? Comment tu peux savoir qu'on n'est pas faits l'un pour l'autre?"
Il y eut un tel silence...Wolfgang crut que Fox avait fait une attaque silencieuse: au moins, ce serait une bonne excuse pour éviter la conversation.

"Parce-que je ne suis fait pour personne, tout simplement? Tu regrettera vite ton intérêt pour moi, tu verra..."
C'était le genre de promesse pas faite en l'air mais Wolfgang s'en foutait totalement.

"N'importe quoi! Qu'est-ce que ça veut dire ça? Tu me plais, c'est comme ça et...je ne renoncerai pas aussi vite, crois-moi."
Fox ne le regardait plus: ses yeux rivés sur ses pauvres chaussures salies et trouées...
"Tu devrai vraiment. Je dis pas ça pour te faire chier ou faire le connard: tu trouvera quelqu'un de cool et bien. Moi, je hais les gens, donc qu'est-ce que tu pourrai faire avec moi?"

Ne laissant même pas à Wolfgang le loisir de répondre, il courut. Courir l'avait toujours aidé à ne pas réfléchir, à ne pas trop penser...mais là, ça ne fonctionnait même pas.
Encore 10min et ce sera passé... Cours encore une demie-heure... 3 kilomètres? Tu peux le faire, c'est facile, vas-y, gros con...cours, cours, cours... Laisse tout ça s'envoler... Ta culpabilité... Envole-toi...
Mais il ne s'envola pas: il finit par terre, tombé comme une merde. Une merde, c'est tout ce qu'il était, il en était convaincu.

*

Une pilule ne faisait aucun effet. 2 non plus.
Fox soupira et en avala trois autres, sans eau. Ça ferait peut-être plus effet sans. Il l'espérait en tout cas.
Dors, petit fils de connard... Allez, dors... Tu ira mieux après. Tout ira bien. Dors et ne te réveille pas.
Fais-leur promettre de te réveiller seulement s'il est de retour. La seule condition... Ne me réveillez pas...il m'attend et je serai là, faisant croire que je ne lui en veux pas.
Tout va bien, tout ira bien... Nous irons bien.

Fox se réveilla en sursaut. Cela ne lui arrivait presque jamais, vu qu'il ne dormait jamais. Une semaine puis deux pouvaient passer sans qu'il ne pose sa tête sur un oreiller.
Il détestait dormir et d'un côté, il aurait voulu en être capable. Tout serait plus simple. Oui, il en était convaincu.
Sa mère toqua mais il ne répondit pas; elle n'insista donc pas plus, pensant qu'il s'était tranquillement rendormi. Il avait dû crié... C'était forcément pour cette raison qu'elle était descendue.
Et heureusement qu'il n'avait pas répondu... Parler dans ces moments-là c'était toujours difficile et abominable.
Il en voulait à la terre entière, sachant que ce n'était que de sa faute à lui que tout était arrivé.

Tu ne sers à rien. Tu es inutile et tu ne vaux rien. Personne ne te veut. Tout le monde sait que tu es bizarre...tout le monde sait que tu es un monstre. Un véritable monstre. Tu ne fais pas semblant de détester les gens, tu ne feins pas la méchanceté: tu es mauvais.
Le pire d'entre tous. LE PIRE D'ENTRE NOUS: NE L'OUBLIE PAS.

Il envoya valser sa couette, son oreiller sur sa toile inachevée. Une peinture qu'il ne finirait probablement jamais... Il devait juste se donner un peu de temps pour la continuer et quelques mois plus tard, elle était toujours là, l'attendant. Et une fois de plus, il était déçu par lui-même. Il ne méritait rien de bien. Et ses propres constats le rendaient encore plus égoïste et con qu'avant: il en avait au moins conscience.
Il reprit l'album photo et l'ouvrit sur une jolie photo, sûrement sa favorite: celle de deux jeunes garçons, l'un roux, l'autre beau métis souriant jusqu'aux yeux... Ils se tenaient la main, comme deux amoureux que rien ne pourrait briser...

*

Wolfgang détestait le silence. Il avait toujours détesté cela. Et ça ne s'arrangeait pas depuis sa rencontre avec Fox. Il était de nouveau porté disparu et Wolfgang faisait tout pour s'éviter de retourner chez lui, se doutant qu'il aggraverait juste la situation.
Alors il attendit. Lundi matin, fait incroyable: il vit Fox aux côtés de quelqu'un.
Une fille à qui il semblait parler avec joie, oui c'était presque de la joie... Son cœur se pinça face à cette vision.
Il souriait sans lui à ses côtés...c'était quasiment inconcevable. Et inacceptable. Comprenez bien que Wolfgang n'était pas du genre jaloux (non bien sûr que non, on te croit) mais c'était trop. Lui qui croyait que Fox n'avait personne à qui parler. Et voilà une amie sortie de nulle part.

"Hey."
Il paraissait froid et distant, pile ce qu'il voulait mais la réaction de Fox...
"Oui? On peut t'aider?"

"Vous vous connaissez?", la fille était clairement au courant de l'identité de Wolfgang. Elle avait un agréable sourire et le pincement serra encore plus la poitrine de Wolfgang.

"Oui, pourquoi? Tu le connais?"

"Wolfgang James est le meilleur joueur de soccer ici, Fox!", tentant de murmurer sa confidence et d'étouffer son admiration. Le rouquin n'avait pas du tout l'air impressionné. Pas un fan de sport donc? Wolfgang s'en doutait déjà.

"Oui, c'est bien moi. Enchanté de faire la connaissance d'une gentille jeune fille par ici."
Il fit une légère révérence et prit la main de la petite brune pour lui baiser la main.
"Il est adorable...Ooohh mon dieu...", chantonnait-elle presque et le sourire de Wolfgang devint plus réel. Il allait bien l'aimer finalement. Si elle n'était pas intéressé par Fox bien entendu...

"Et tu es?"

"Sur le point de partir. J'te rejoins plus tard, okay? Va chercher tes affaires."
Il la poussa gentiment et se tourna entièrement vers Wolfgang.

"Wow...t'es vraiment malpoli comme gars."

"Non, je protège juste les gens que j'aime."

"Je croyais que tu détestais tout le monde?"

"Pas elle. Tu voulais quelque chose en particulier?", c'était évident qu'il aurait préféré partir en courant, mais il essayait de rester civilisé parfois.

"C'est qui pour toi?"
Yeux levant au ciel et Wolfgang pourrait presque s'y habituer.
"Une amie. Comme ma sœur même donc...pas touche."

"Tu es jaloux, on dirait..."

"Wolfgang..."

"Accepterai-tu de me donner satisfaction et de m'accorder un vrai rendez-vous cette fois?"

"Qui parle comme ça à nos âges sérieusement?"
Mais Fox avait de nouveau un adorable sourire en coin, Wolfgang se félicitant.

"Un mec qui veut juste une chance avec quelqu'un de bien."

"Wolfgang..."

"J'ai bien aimé quand tu m'as appelé Wolfie l'autre jour... Tu pourrai le refaire?"

"Je ne peux pas accepter, je l'ai déjà dit et je déteste me répéter. Je vais y aller, mon amie m'attend. A+."

"TU NE POURRA PAS DÉFINITIVEMENT M'ÉCHAPPER, FOX HILL!"

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