Chapitre 8
Tobio serra les dents face à ma remarque. Ces poings étaient tellement serrés que ces phalanges en étaient blanches. Je me sentis coupable d'avoir pu dire une chose pareille à mon ancien meilleur ami.
- Tu pleurs et après tu m'envoies chier ? Cria-t-il.
Les bruits des ballons frappés au sol, des chaussures grinçant sur le paquet, tout ça s'arrêta et un silence assourdissant envahi le gymnase.
Le rouquin était clairement mal à l'aise devant notre échange électrique. Aucuns des garçons présents ne semblaient assez téméraires pour calmer la tension qui nous séparait.
- Hm ? C'est ça ? Demanda une seconde fois Tobio.
Je n'avais strictement rien à dire face à ces mots. Je n'avais aucunes excuses.
- Maintenant, lâche-moi tu veux ? Cracha-t-il.
C'était plutôt une question réthorique, et Tobio passa devant moi sans même me frôler. Un courant froid et mauvais me caressa le dos. Je tremblai légèrement, puis des larmes glissèrent de mes yeux, s'écrasant sur le parquet du gymnase.
Shōyō sembla se raidir et ne plus savoir quoi dire. Je me tourna dos à lui, puis décidai de partir d'ici.
J'avais pensé à quoi pour pouvoir venir ici ? Qu'est-ce qui m'avait pris ??
- Merde ! Criais-je en m'asseyant près des distributeurs.
Mes larmes ne cessaient de couler et mon souffle était court. J'essayais en vain de me calmer, plongeant ma tête dans mes bras croisés, recroquevillée sur moi-même.
- Hé ? Minako ??
Non, laisse moi.
- Les gars m'ont envoyé te chercher... Soupira-t-il.
Tu m'ordonnes de te lâcher puis tu viens me chercher ?
Il claqua sa langue, signe qu'il ne supportait pas mon comportement. Cela nourrit de nouveau mon cœur d'une certaine haine.
- Fais comme tu veux. Je m'en fou de toutes façons... Lâcha-t-il en partant.
- Attends...
Ma voix était douce et surtout à peine audible mais Tobio s'arrêta. Il semblait m'attendre alors je me levai et le rejoignis.
- T'as pas changé. Dit-il sans m'adresser un regard.
- C'est pas ton cas. Lâchais-je durement.
- Je rêve ou tu m'en veux ? Demanda Tobio en s'arrêtant.
Je n'avais même pas la force de lui répondre, ni même de le regarder. Il me prit le bras et me plaqua doucement contre le mur du gymnase.
- Écoute... Tu ne sais rien. Absolument rien. Dit-il en regardant le sol, sa main tenant mon épaule.
- Mai-
- Moi je ne t'en veux pas. C'est juste ce que tu dois savoir. Me coupa-t-il.
- Pourquoi ? Demandais-je.
- Je sais que Tooru t'as menti. Je sais que tu ne sais rien... Dit-il en plongeant son regard bleu azur dans le mien.
- Tooru ne m'as pas menti... Il t'as enregistré pendant ton discours. Dis-je doucement, la tête toujours baissée.
- Mon discours ?
Tobio me lâcha la manche en disant ces mots. Il semblait tout d'un coup dans ces pensées, le regard vide. Je m'approchai doucement de lui, mais il fit un pas en arrière et me regarda apeuré. Ces yeux étaient remplis de larmes et cela brisa mon cœur.
- Tooru t'as menti. Dit-il en retenant ces larmes.
- Tobio-chan ?
- Tooru t'as manipuler, du début à la fin ! Dit-il en colère.
- Je. Non. Bégayais-je doucement.
- Tu ne sais rien ! Cria-t-il.
- Expliques-moi... Alors ? Supposais-je.
- Viens chez moi après l'entraînement. Dit-il avec nonchalance.
J'acquiesçai en hochant la tête. Allez chez lui. Lui.
Pendant l'entraînement, Yū me lançait quelques regards interrogateurs. Tobio, lui, semblait être une autre personne. Il était posé et calme. Il était imperturbable.
- Vous avez bien travaillés ! Allez vous changez ! Cria Daichi en claquant des mains.
Shōyō et Tobio allèrent se changer en courant, ce qui retient mon attention.
- C'est une sorte de rivalité fraternelle. Ria Kōshi en me faisant sortir de mes pensées.
- Oh je vois...
Shōyō devait sûrement être un bon ami et surtout une bonne personne pour Tobio. Je n'étais pas jalouse de la relation du roux avec Kageyama, mais une sensation me pinça le cœur en le voyant sourire grâce à une autre personne que moi.
- Mina-chan ! S'exclama Yū.
- Nishi. Souriais-je.
- Je voulais m'excuser... Je ne pensais pas que ça allait envenimer quoique ce soit entre Kageyama et toi... Dit-il honteux.
- Ne t'inquiètes pas pour moi. Souriais-je en le rassurant.
- J'espère que ça va aller... Dit-il en se grattant l'arrière du crâne.
- Maintenant je sais que Tobio est ici. C'est grâce à toi que je l'ai sus... Merci Nishi-kun. Souriais-je gentiment.
Yū rougit à l'entente du surnom que je lui avais donné. Il me fit un clin d'œil et partit se changer avec Tanaka et les autres premières à ces trousses.
- Tu viens Minako ? M'interpella Kōshi.
- Oui. Souriais-je au grisonné.
Je suivis Kōshi qui ferma le gymnase dernière moi. Daichi et Asahi attendaient leur ami avant de monter se changer dans leur vestiaires.
Je saluai les garçons en voyant Tobio qui m'attendait déjà aux pieds de l'escalier.
- À demain Minako ! Sourit Kōshi.
- Tu viens ? Me demanda Tobio.
- Hm hm.
Le trajet était silencieux. Je regardai l'heure sur mon téléphone. 16H53.
- Vous terminez toujours aussi tôt ? Demandais-je pour briser la glace.
- Non. Seulement le mercredi. Répondit simplement Tobio.
- Oh. D'accord.
- T'as prévenue ta mère que tu venais chez moi ?
- Non, je vais le faire Tobio-chan !
Je l'avais appeler ainsi sans vraiment réfléchir, et le brun rougit un peu à l'entente de son ancien surnom. Je m'excusai pour le malaise et envoya un message à ma mère.
- Elle viendra me chercher avant le dîner. Informais-je Tobio.
- Ok.
Le silence revient entre nous, comme une situation assez gênante entre deux personnes qui ne se connaissent pas. Pourtant, Tobio et moi n'avions aucuns secrets l'un pour l'autre, avant.
Nous arrivions chez ses parents une demi-heure après. Tobio me prévient qu'il n'y avait personne pour le moment, et nous nous installons au salon.
- Ça n'a pas changé... Dis-je en regardant autour de moi.
- Non...
- Tobio ?
- Hm ?
- Tu devais me parler de Tooru. Dis-je doucement.
- Je sais...
Il semblait chercher ses mots.
- L'enregistrement que tu as écouté était un chantage. Tooru ma forcé à dire tout ce que tu as entendu... Dit-il en baissant la tête.
- Comment je peux te croire ? Demandais-je.
- Demanda à Hajime-senpai. Dit-il en me regardant droit dans les yeux.
- Hajime ? Pourquoi lui ?
- Il était là.
- Mais quand ? Et où ? Criais-je presque.
- Je peux pas te dire ça... Tu ne me croiras jamais. Dit-il en haussant les épaules.
- Peut-être que si.
Point de vue de Tobio :
Elle n'avait pas changé. Elle était toujours plus petite que moi, mignonne et entière. Elle était toujours aussi belle.
- Tobio tu m'écoutes ? Demanda-t-elle.
- Oui... Dis-je en levant les yeux aux ciels.
- Alors racontes moi. Je veux bien essayer de te croire, Tobio... Dit-elle en souriant gentiment.
Mes épaules se raidirent. Comment je pouvais lui dire que son frère m'avait frapper à sang jusqu'à ce que Hajime l'arrête. Comment je pouvais lui dire que c'est son frère qui l'a détruite et pas moi ??
- Je n'arrive pas... Désolé Mina je ne peux pas. Dis-je soufflant par le nez.
- Est-ce que si je devine, tu me le dis ? Demanda-t-elle doucement.
- Hm...
- Tooru t'as menacé ? Demanda-t-elle timidement.
J'hochais la tête.
- Tooru t'as menacé verbalement ? Physiquement ? Demanda-t-elle de moins en moins sûre d'elle.
Elle semblait se retenir de déglutir lorsque je lui montrai mon œil droit. Elle avait comprit.
Flash Back :
Je venais de sortir des urgences avec ma mère. Elle me criait dessus et tous les regards se portaient sur nous. Je la rassurai du mieux que je le pouvais, mais elle continuait de crier.
- Tu es en dernière année de collège et tu te bats encore ? S'exclama ma mère.
- Maman...
- Avec le fils des Oikawa en plus ! J'aurais tout vu ! Cria-t-elle sur moi.
Le lendemain, Minako m'avait vu pendant l'entraînement du soir. Elle avait déglutie en voyant mon œil droit qui était couvert d'un bleu violet, et ma lèvre inférieure qui était encore un peu ouverte.
Le surlendemain, Minako n'était pas venue me voir à l'entraînement du soir. Tout le monde l'avait remarqué. Elle n'avait jamais raté un seul de mes entraînements. Au début, j'ai pensé lui envoyer un message, puis j'ai réalisé que Tooru m'avait enregistré après m'avoir frappé.
Depuis ce jour, Minako ne m'avait plus jamais donné de nouvelles.
Fin Flash Back.
- Tu as compris ? Lui demandais-je.
- Je. Oui. Désolé... Dit-elle confuse.
Elle resta choquée et tritura ses doigts, la tête baissée. Je me levai de ma place et m'assis près d'elle. Elle sentait toujours aussi bon.
- Je suis désolé... Murmura-t-elle.
Elle leva son regard noisette vers moi, l'air désolé. Je ne pus m'empêcher de la prendre dans mes bras, contre mon torse, comme avant. Elle ne se crispa même pas et resta calme.
- Ce n'est rien. Soufflais-je doucement à son oreille.
Elle serra ses petits bras autour de moi et enfouie sa tête dans mon cou. Mon cœur allait exploser.
- Tu me manquait tellement Tobio-chan...
- Toi aussi Mina-chan.
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