Chapitre 11

Point de vue de Tooru :

Nous restions un moment sans vraiment parler. Tobio-kun pleurait et semblait faire face à ses sentiments pour la première fois, tant fis que moi, je restai muet.

Pour être honnête, Tobio-kun me rendait jaloux et possessif. Au volley-ball. Avec ma sœur. Avec Hajime. Rien ne me m'étais plus en colère que cette tête de noiraud.

J'avais eut peur pour moi, et maintenant, j'avais peur pour ma petite sœur. Je me rappelle encore de son caractère à la fois doux et électrique, de ses cheveux à l'odeur de fleurs printanières, de ses joues rosies et chaudes, et de nos soirées à s'endormir l'un contre l'autre.

Une larme coula sur ma joue, mais Hajime ne lâcha pas Tobio de ses bras. À vrai dire, mes larmes coulaient sans même que je ne m'en rende compte depuis qu'elle était partie. Je n'avais pas dormi de la nuit, à trop réfléchir.

- Je voulais vous emmener la voir, mais si vous êtes dans cet eta-
- Non. Emmènes-nous. Dit simplement Tobio à Hajime.

Les deux garçons me regardèrent comme pour me demander mon avis, mais j'évitai tout contacts. J'avais tellement honte de moi-même...

- Tooru ? Se leva Hajime.

Je baissai les yeux et haussai simplement les épaules. Je montai m'habiller d'un simple t-shirt et d'un jean, puis mit mes chaussures à l'entrée. Hajime prépara un sac à dos pour mettre quelques affaires comme de la nourriture, nos portes monnaies et les clés de la maison. Tobio-kun laissa sa sacoche de cours dans ma cuisine et nous partons vers l'arrêt de bus.

Pendant les trajets, rien ne m'ébranlait. Pas même le regard des gens qui fixaient mon visage sans émotions. Toutes les larmes qui s'étaient échappées de mes yeux durant ces dernières heures m'avaient vidé au plus profond de moi-même.

Hajime nous tenait presque par la main pour que nous puissions avoir la force d'avancer vers l'accueil faussement chaleureuse de l'hôpital. J'avais l'impression que tous les regards se portaient sur moi et m'accusaient de «coupable».

- Bonjour. Nous sourit la jeune femme au l'accueil.
- Bonjour. On voudrait se rendre à la chambre de Minako Oikawa. Demanda Hajime.
- Oh, la petite Oikawa arrivée hier soir... Déglutit la jeune femme.
- Hm...
- Elle en chambre 226, au dernier étage. Indiqua-t-elle.
- Merci.
- Excusez-moi ? Demanda-t-elle à Hajime.
- Hm ?
- Je suis désolé pour ce qui lui est arrivé. J'espère que vous avez porté plainte contre son agresseur... Dit-elle en baissant la tête.
- Euh... Buta Hajime.
- C'est moi qui lui ai fait tout ça, ma belle. Dis-je en la regardant droit dans les yeux.
- Je. Euh. Excusez-moi. Dit-elle en abandonnant son bureau.
- T'es malin. Me lança Hajime en levant les yeux aux ciels.
- Fallait que ça sorte. Dis-je avec nonchalance.

L'ambiance autour de moi sembla se détendre, mais ma culpabilité prit maintenant le dessus. Hajime appuya sur le bouton de l'ascenseur et nous montions dedans, tous silencieux.

- Vous avez peur ? Lâchais-je subitement en entendant le "clic" signalant l'arrivée au dernier étage.
- Je me demande... Elle est dans quel état ? Demanda Tobio.
- Comment ça ? Demandais-je étonné.
- El-Elle dort... Bégaya Hajime.
- Elle est dans le coma ?

La voix de Tobio-kun s'était éteinte avant la fin de sa phrase, mais Hajime et moi avions comprit. Mes épaules se tendirent en voyant les yeux larmoyant de Tobio, mais je détournai le regard.

- Non. Une perte de connaissance bénigne, mais il faut quand même attendre jusqu'à 48 heures. Prononça Hajime avec douceur.
- Hm.

Nous nous dirigions vers les dernières chambres. Étonnement, je me sentais plutôt serein pour aller voir ma sœur défigurée par mes coups. À vrai dire, je n'avais pas encore vu son visage d'enfant avec ces rougeurs sorties et ces bleus-violets, ni même Tobio ou Hajime d'ailleurs.

226.

- Prêts ? Elle est seule. Indiqua Hajime en regardant par le hublot.
- Non. Gémit Tobio.

Je me tus. Le premier à entrer était Hajime, puis Tobio et moi-même. Tobio et moi restions là, à se regarder dans le blanc des yeux, effrayés par la vision que nous pouvions imaginer voir. Ma sérénité partie soudainement, et une angoisse me paralysa.

- Putain... Jura Hajime.

Tobio ne put s'empêcher de porter le regard sur Hajime qui retenait ses larmes, puis sur ma sœur. Je vis son visage se décomposer par le dégoût, puis par l'horreur. Ses larmes coulèrent soudainement sur ses joues et il se jeta pratiquement au pied du lit.

- Sois un homme pour le peu de dignité qu'il te reste. Oikawa. M'ordonna durement Hajime, laissant ses larmes couler.

Hajime ? Pleurer ? Ma gorge se noua à l'entente de sa voix cassée et de ses poings crispés.

- SOIS UN PUTAIN D'HOMME ET REGARDES CE QUE TU LUI AS FAIT ! Hurla Hajime.

Des "bips" émit plus fortement par l'électrocardiogramme me fit lever la tête. Tobio pleurait s'en cesse et mon cœur rata un battement à cette vue.

- Tobio-kun... Soufflais-je.

Le brun ne répondit pas à mon appel. Je regardai alors Hajime, les yeux rouges et le visage complètement fermé, puis mon cœur s'émietta. Des larmes noyèrent mes yeux.

- Je n'ai pas le courage... Dis-je doucement.
- Regardes la ou c'est moi qui te la fais regarder. Dit Hajime entre ses dents.
- JE NE PEUX PAS ! Hurlais-je.

Les "bips" sonnèrent une seconde fois plus fortement que d'habitude, me faisant lever la tête à nouveau. Cette fois-ci, je ne pus m'empêcher de braquer mon regard sur ma petite sœur, et mon cœur se brisa en un bruit sourd.

Ma gorge se sert. Mes larmes coulent. Mon angoisse m'envahit. Mon cœur s'arrête. Mon estomac se retourne, puis mon corps lâche.

Je suis réveillé par les claques d'une infirmière, au dessus de moi. Je me relevai et posai le regard sur Hajime, puis sur ma sœur. Mon estomac se retourna une seconde fois et mon dos se courba en avant pour me faire vomir mes tripes.

L'infirmière voulu me sortir mais je secouai mon bras de son emprise. Elle appela à l'aide pour nettoyer mon rejet et Hajime me tendit un verre d'eau.

- T'es pathétique. Cracha-t-il.

Mon ventre se tordu une énième fois et le goût de ma bile brûla ma gorge.

- T'es même pas capable de regarder ce que tu lui as fait. Lâcha-t-il.

Je ne pus m'empêcher de répondre à sa provocation et de regarder ma petite sœur. Je l'approchai doucement, comme un inconnu, et étudiai son visage bandé à l'arrière. Une larme coula sur ma joue et se déposa délicatement sur son bras dénudé.

- Je ne suis pas son frère. Impossible. Pensais-je à voix haute.

Hajime fit claquer sa langue, signe d'agacement. Je me retournai vers lui, puis m'avançai.

- Soutiens-moi Iwa-chan. Je ne te demande plus de m'apprécier, ni même de m'appeler par un quelconque nom affectif. Juste soutiens-moi un moment, s'il te plaît. Pleurais-je.

Soudainement, il me prit dans ses bras et déposa ma tête dans son cou. Mes muscles se détendirent une bonne fois pour toutes, me faisant relâcher toute cette pression et cette angoisse qui me hantaient. J'éclatai en sanglots et ne pus m'empêcher de crier que j'étais désolé. Hajime relâcha sa fierté et pleura silencieusement sur mon épaule, me laissant hurler tout ce que je voulais dans son cou.

- JE SUIS UN MONSTRE ! Hurlais-je.

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