Et voilà, le mois de juillet est entamé depuis plus d'une semaine maintenant. Pourtant, j'ai l'impression qu'il ne s'est presque rien passé durant le mois dernier.

Mais est-ce simplement une impression ?

J'aimerais répondre que non, et pourtant. Mise à part les disputes puis réconciliations avec Lise, ainsi que les quelques aventures avec son frère, si l'on peut les qualifier comme cela, je n'ai pas vécu un mois de folie. Vous l'avez bien compris.

Je me suis contentée de parler avec John.

En effet, j'ai finalement continué de lui parler à mes heures perdues, bien trop présentes à mon goût. Tout en restant sur la même discussion que celle lancée par ma meilleure amie, même si de moi-même je n'aurais jamais parlé ainsi avec un garçon, cela ne me dérange plus vraiment avec John.

Allez savoir pourquoi je l'aime bien. Il est simple, il est beau mais n'en fait pas des caisses comme Liam peut le faire, et c'est une véritable bouffée d'oxygène. Personne ne peut se rendre compte combien Liam est dur à vivre, et je dis cela alors que je ne l'ai côtoyé que peu de temps : imaginez donc lui et moi ensemble.

Inimaginable.

Mais imaginez quand même...

Qu'importe, ce soir c'est soirée pyjama chez Lise. Tout comme John, elle est une bouée de sauvetage pour moi. Loin de ma famille, de mes parents, loin de ma maison, de mes problèmes.

Je suis donc en train de prendre ce qui me vient sous la main, ici un short de pyjama rouge, afin de ranger tout cela dans mon petit sac de sport : je ne l'utilise que pour des soirées pyjamas comme celle-ci, puisque je ne fais plus vraiment de sport. Je récupère à l'occasion mon chargeur puis mon skate dans le garage et c'est parti.

Si, j'ai fait une chose ces derniers jours : je me suis remise en scelle. J'ai donc été au skateparc et j'ai enchaîné des petites figures, la plupart du temps ratées certes, mais tout m'est finalement revenu.

Alors que mon téléphone vibre et que je réponds à John, j'attends sur le banc en face de chez Lise. Personne n'est chez elle a ce que j'ai pu apercevoir : portes et fenêtres fermées, pas de voiture dehors, donc je l'attends.

Je crois bien que le rencard avec son fameux « vrai coup de cœur » est en cours, si je peux parler de cela ainsi. Après tout, il fallait bien qu'un jour ou l'autre ils passent du temps ensemble.

Par contre, je n'ai toujours pas eu le cran de lui redemander qui c'était : la dernière fois je n'écoutais pas, trop occupée à regarder mes notifications venant de John.

Il est clair qu'elle serait mécontente d'apprendre que je ne l'écoute qu'une fois sur trois, voir sur quatre. En même temps, je passe la majorité des heures du compteur à penser à ce foutu Liam.

Oui je sais bien que je devrais juste ne plus y penser, mais je n'y peux rien, c'est plus fort que moi.

J'ai toujours envie de savoir s'il va bien, ce qu'il fait et avec qui, alors qu'il est sorti entièrement de ma vie. Je sais simplement que le couple modèle du lycée a refait surface. Vive les réseaux sociaux. Pas de nouvelle de lui, simplement des vidéos et photos d'Alexandra et lui.

Honnêtement, il me dégoûte.

Et le pire dans tout ça, c'est qu'ils ont été élu reine et roi du bal, le pompon. Il était si bien habillé, avec son costume bleu marine accordé avec sa cravate, et une chemise, elle de couleur basique : blanche. Mais même le basique sur lui est magnifique, il a en tout cas vraiment été gâté par la nature. Le veinard.

Et même si cela me fait mal de l'admettre, la robe rose pâle d'Alexandra était elle aussi juste parfaite, du bustier au bas de celle-ci. On peut donc largement comprendre pourquoi ils ont été nommés roi et reine de cette année : ils ont une classe en eux que personne ne peut égaler.

Bien évidement j'ai cru pouvoir être mieux qu'elle, j'ai réellement pensé qu'on se serait mis ensemble : je me suis bien trompée.

Pourquoi à cause de quelques baisers envieux j'ai tant espéré ? Alors qu'il ne fait que jouer avec mes sentiments. Il faut vraiment que je me ressaisisse. Je vais l'oublier. John est là pour moi, plus que Liam n'a pu l'être. Il est de plus très attachant, et charmant. Certes je ne suis pas autant attirée par John que par Liam, mais l'un est disponible et pas l'autre.

Liam a choisi Alexandra, et si même au bal ils étaient ensemble c'est qu'ils comptent continuer sur le même chemin. Malgré le fait que je ne suis plus au lycée, je n'entends pas d'échos concernant des disputes au sain de leur couple. Peut-être ont-ils décidé de se prendre enfin au sérieux ?

Même si lui n'est pas comme cela, peut-être qu'il a enfin pris conscience qu'elle est bien pour lui. Enfin bien, tout est relatif.

J'aurais aimé être à sa place, elle ne le mérite pas comme il ne me mérite pas. Je sais que je dois me préserver de ce genre de prédateurs. Je le sais.

Je l'aime, mais je sais qu'il n'est pas aussi bon pour moi qu'il en a l'air. Il ne faut pas que j'oublie qui il est et ce qu'il est. C'est vrai quoi, il m'a embrassé à plusieurs reprises alors qu'Alexandra l'imagine comme le copain parfait. Lui dire la vérité aurait pu être une option mais je ne veux pas non plus gâcher sa vie ni son couple. Je ne suis pas comme ça, je n'aime pas les histoires et encore moins les créer.

Je crois bien qu'il ne me veut pas moi, mais juste une fille à mettre dans son lit. Cette idée me brise un peu le coeur, mais je n'arrive pas à le comprendre.

Il m'embrasse puis m'ignore, ensuite m'accuse d'être une erreur pour finalement fuir. S'il ne sait pas ce qu'il veut, ce n'est pas à moi d'en subir les conséquences. Surtout qu'il a l'air de vouloir faire ses études loin d'ici, probablement suivi par Alexandra.

S'il est encore avec elle, c'est sûrement parce qu'il se voit terminer sa vie avec elle et non pas une autre. C'est triste mais c'est la vie, je sais que je dois faire avec.

J'entends après une trentaine de minutes une voiture qui freine puis qui s'arrête à quelques mètres de moi, je vois par la suite Lise descendre sur le trottoir. Elle est habillée d'un sweat vert trop large pour elle, ainsi que d'un jogging gris, lui aussi un peu grand.

C'est alors que je reconnais le 4x4 derrière, c'est celui de Miles. Je repense immédiatement au week-end passé dans l'une de leur maison, où elle lui avait parlé de ma vie sans même me consulter.

Je comprends donc mieux pourquoi, même si cela n'excuse pas ce qu'elle a fait pour autant.

La voiture repart tandis que ma meilleure amie se dirige vers moi en regardant ses pieds, un sourire aux lèvres. Cela me réchauffe immédiatement le coeur : elle est heureuse, et pour une fois son sourire est sincère.

- Désolée de t'avoir fait attendre, on était quelque peu occupés... S'exclame-t-elle embarrassée en me faisant la bise.

Elle ouvre la serrure, la tourne et rentre dans sa maison pendant que je la suis.

- Je... Ça y est, dit-elle soudainement alors que l'on retire nos chaussures.

- Comment ça ça y est ? Rétorquais-je dans l'incompréhension.

- On l'a fait ! S'extasie-t-elle un sourire niais sur son visage. Et en plus je n'ai pas eu mal !

Cette nouvelle me réjouit au plus haut point pour elle, depuis le temps qu'elle attendait de trouver le bon.

***

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