Point de vue de Liam :

Quelle horrible semaine.

Là maintenant, je me sens juste vide, vide de l'intérieur. Comme si tous mes sentiments et sensations d'auparavant n'existent plus.

J'ai l'impression de flotter, flotter dans un corps qui n'est pas le mien. Puis lentement avancer, mais avancer dans le mauvais sens. D'avancer à contre courant.

Et malgré tout, sans réussir à comprendre tout ce qu'il se passe autours de moi. En moi, j'arrive à distinguer une colère presque haineuse, qui ne veut pas s'en aller. Je me sens léger avec un coeur pesant une brique de parpaing.

Et aujourd'hui c'est le GRAND jour, voilà qu'en plus de mon mal-être interne, je passe mes examens de fin d'année. Les seuls et uniques. Ceux qui me permettront ou non de rentrer là où je veux.

Rien que ça.

Malgré cette colère omniprésente en moi, je ne me sens pas stressé, bien au contraire. Je me trouve bien trop détendu alors qu'en une journée je vais décider pour ma vie future, et celle-ci est ce jour-même.

Toute cette histoire avec cette fille m'agace énormément d'un côté. Et même si avant je trouvais qu'elle n'avait rien pour elle, je ne peux pas en dire autant maintenant.

Lina commence à avoir une silhouette sportive mais élégante, elle s'habille assez simplement, ce qui lui va vraiment bien. Son manque d'originalité n'est pas pour autant dérangeant : elle est tout le contraire d'Alexandra et pourtant elle me plaît malgré tout.

Mais oui, j'ai une petite amie.

Je ne suis même pas certain de l'aimer encore, si je l'ai aimé un jour d'ailleurs. C'est vrai, bien que je sois avec elle depuis un bon bout de temps, je ne me gêne pas à accepter les propositions de certaines filles complètement folles de moi pour passer la nuit avec elles.

C'est drôle d'ailleurs, je ne voyais pas Lina comme ça, une de ces filles qui se disent amoureuses sans même savoir ce qu'est l'amour, le vrai.

Mais bon, une de plus une de moins, comme John l'a dit ça ne changera rien à ma vie.

Le pire dans cette histoire avec Lina, c'est que j'ai horriblement envie de retrouver ses lèvres, son corps. Et si elle a pu penser qu'elle ne m'attirait pas, c'est absolument faux. Chaque fois que je pense avancer avec elle, on recule.

Alors que c'est l'une des rares filles qui réussit à me faire bander en ne faisant strictement rien. Nombre de fois où je me suis surpris à la regarder trop longtemps, puis où je me suis rendu compte que j'avais envie d'elle, tout comme mon corps la voulait. Chaque fois c'est pareil.

Et pourtant, lorsque je l'embrasse je fuis. Quand je l'ai déshabillé, je l'avais aussi laissé en plan.

Mais je m'en veux.

Je suis énervé, contre elle mais surtout contre moi-même. Bien qu'elle m'ignore, son comportement envers moi est totalement mérité. Je ne fais que la mener en bateau mais je n'y arrive pas autrement, pas avec elle.

Même si je n'oserais jamais lui dire, et pour cause elle est la meilleure amie de ma sœur, je l'apprécie pas mal. C'est probablement pourquoi je m'en veux d'être le pire des salauds avec elle, je sais qu'il faut que ça change. Sauf que je ne cesse de me demander si c'est réellement ce que je veux ?

Après tout je ne la reverrais plus d'ici quelques mois.

J'irais faire mes études dans un autre état, loin d'elle, loin de ma famille dans laquelle tous ne sont que des vénaux. Mais ils veulent surtout la réussite de mes examens afin que j'aille dans l'école la plus cotée des États-Unis. Tout cela pour se vanter de quelque chose qu'ils n'ont même pas accompli, si j'ai appris c'est seulement par moi-même et grâce à ma propre volonté.

Mes parents m'écœurent, et heureusement pour moi mon frère aîné n'a pas suivi le chemin, qui lui a pourtant été exposé depuis toujours par mes parents. Il travaille dans l'immobilier et a ainsi fondé son entreprise, comptant maintenant près de 3 000 salariés dans tout l'état.

J'aimerais être comme lui, indépendant afin de faire mes propres choix. Simplement je n'y arrive pas. Loin d'être le "fils à papa" même si j'y ressemble, je sais.

Lorsque j'étais enfant et bien moins beau, parce que oui j'ai quand même cet atout majeur de mon côté, mes camarades ne cessaient de me répéter que je ne réussirais jamais et que j'étais couvert par mes parents quoi qu'il arrive.

Ce n'était pas faux.

Mais j'ai grandi.

Et je suis en train de gâcher ma vie.

Lorsque je me tourne et que je vois l'heure je me lève d'un bond. Certes je ne suis pas stressé à l'idée de passer ces fichus examens, je ne veux pas pour autant ne pas pouvoir les passer à cause d'un retard.

Je prends un caleçon propre dans mon placard intégré, un t-shirt rouge pris au hasard ainsi qu'un jean des plus basiques. Je file alors à la seule salle de bains de cette maison, qui est libre pour mon plus grand bonheur, puis me tire en direction du lycée.

En à peine 5 minutes le chemin est fait, et grande victoire puisque je ne suis pas en retard.

À la suite de mon arrivée au lycée, j'ai dû aller aux toilettes car mon nez commençait à me chatouiller : ces allergies de saison... Je suis ensuite allé à ma salle puis la matinée est passée à une rapidité folle. Même si sur le moment les questions étaient plus dures les unes que les autres. Lorsque je passais une question, j'avais l'impression que celle sautée était bien plus simple, ce qui m'a permis de réussir à répondre à quasiment toutes les questions en revenant en arrière. Mais j'avoue ne pas être vraiment sûr de moi sur ce coup là.

Quand la sonnerie retentit enfin, je vois tous les élèves poser leurs stylos, contrairement aux miens qui l'étaient déjà depuis plusieurs minutes maintenant. Je range tout ce que j'ai sorti dans mon sac à dos puis dépose ma copie sur le bureau du surveillant avant de sortir de la salle 48.

Quelle merveilleuse journée.

Je croise alors John accompagné de Savannah et d'Aden.

Pour faire une description simple de ceux qui sont considérés comme étant mes amis par les élèves de ce lycée, Savannah se trouve être la meilleure amie d'Alexandra : autant dire que ce sont deux véritables pestes quand elles s'y mettent. Mais Savannah est plus petite que ma copine, et donc par conséquent avec de meilleurs atouts physiques, si vous voyez desquels je parle. Quant-à Aden, c'est un véritable playboy : il vit seul depuis près de deux ans, dans un magnifique loft, et a tout pour plaire.

Alors qu'ils discutent et rigolent tous ensemble, je les suis de près, en étant silencieux et vide. Malheureusement, Alexandra arrive à son tour auprès de nous, et je ne me sens que plus seul.

Que fais-je ici avec eux ?

C'est à ce moment là que j'entends les deux meilleures amies presqu'hurler pour se dire bonjour, ce qui attire tous les regards du couloir sur nous. Avant j'aimais avoir toute cette attention sur moi, et pourtant maintenant je me rends juste compte que tout cela n'est qu'une mascarade.

Dès l'an prochain je serais loin d'eux, alors pourquoi faire encore semblant ?

Après une dizaine de minutes, nous arrivons finalement au lieu dit : le self.

Le pire dans tout ça c'est que notre groupe d'amis possède SA propre table. Aucun des élèves n'a jamais osé y manger, comme si nous étions des dieux...

Quel cauchemar.

***

Hello ! Et voici le tout premier chapitre avec le point de vue de Liam, quand avez-vous pensé ?