🎻53🎻
Sommeil...
J'avais sommeil.
3 heures 44.
... tic tac, tic tac, tic tac...
Les bruits de cette foutue horloge résonnaient dans mon crâne.
J'inspirai profondément.
Satch s'était endormi contre Izou qui caressait ses cheveux roux tendrement.
Je jetai un œil au vieux barman.
Il fixait la fenêtre, le visage impassible.
Pourtant, je sentais qu'il était tout autant inquiet que nous.
Ses mains tremblaient.
Cela faisait à peu près quatre heures et quart qu'il était la dedans.
C'était terriblement long, angoissant.
Ma peau frissonnait, j'avais le souffle coupé, et cette fichue horloge qui claquait beaucoup trop fort éliminait tout ce qu'il se passait autour de moi. Je ne voyais plus que ce cadran. Mon cœur palpitait au rythme de ses "tic...tac... tic...tac...".
Seconde par seconde, mon temps se consumait. Je priai pour que celui de Marco s'étende.
Ils pouvaient prendre le mien, si ils le voulaient, mais il était impossible qu'on puisse toucher à son temps.
Tic.
Tac.
Tic.
Tac.
Je sentis une goutte de sueur glisser dans mon cou.
Tic.
Tac.
Tic.
Tac.
Ce son était si fort...
Tic.
Tac.
Tic.
Tac.
Et si tout cela ne s'était en fait passé que dans ma tête ?
Tic.
Tac.
Tic.
Tac.
Oui, qui pouvait m'aimer, moi ?
Tic.
Tac.
Tic.
Tac.
Qui pouvait me rendre pleinement heureux ?
Tic.
Tac.
Tic.
Tac.
Tout ne pouvais être que mensonge.
Tic.
Tac.
Tic.
Tac.
M'aimait il vraiment ?
Tic, tic, tic, tic, tic...
Soudain, les secondes s'accélérèrent.
Moi, je l'aimais vraiment.
Et puis, ces yeux...
Oui, c'était bien de l'amour, pas de doute.
Pourquoi fallait il que ça arrive, alors ?
Aucun doute, non.
J'étais maudit.
Ma vie était vouée à être funeste.
Et j'avais porté malheur à celui que j'aimais.
Tout était de ma faute.
Marco souffrait à cause de moi.
Je sentis une main lourde se poser sur mon épaule.
"Du clame, petit."
Je levai les yeux vers Edward.
Il me sourit.
"Merci pour ce que tu as fait pour lui."
Je soupirai.
"J'ai pas fait assez. Tout est de ma faute."
Le vieil homme pencha la tête.
"Pourquoi quoi que ce soit serait de ta faute ?
_Et bien..."
J'attrapai mon bras gauche de ma main droite, la tête basse, cherchant mes mots.
"Son opération... Elle aurait dû avoir eu lieu cette semaine. Mais... À cause de moi, de mon fichu concours inutile, il a voulu décaler. Si ça avait eu lieu plus tôt, il aurait pû se préparer mieux, il n'aurait pas fait cette grosse crise, cette apnée qui avait l'air hyper douloureuse... Puis, peut-être aurait-il eu moins... Peur...?"
Edward souffla du nez.
"Aujourd'hui ou hier... Le résultat aurait été le même. Et ce n'est pas de ta faute. Aucunement."
Je pleurais.
"Ça va aller p'tit gars."
Soudain, alors que je passai mon bras sur mes yeux pour les essuyer, je sentis le barman me serrer dans ses bras.
Tic...
Tic...
Tic...
Tac.
Je soufflai longuement.
C'était rassurant.
Comme un réconfort paternel.
Je me détendit.
Edward me lâcha après un petit moment.
Je fermai les yeux.
J'étais épuisé.
Newgate s'approcha d'Izou pour discuter calmement avec lui, après m'avoir adressé un léger sourire de compassion.
Je serrai le carnet rouge de Marco entre mes mains.
«Au cas où», m'avait-il dit.
Journal maladif...
Il me paraissait plus lourd que d'habitude, plus épais.
Je l'ouvrit.
Des morceaux de papier glissèrent.
Je fronçai les sourcils.
Non, pas des morceaux de papier, des enveloppes.
À l'encre noire, d'une écriture douce et raffinée :
«Satch», «Izou», «Kiku», «Mes frères du Café White beard», «Père», «Crevette», «Sabo»...
...
«Ace»
Je serrai les dents.
Je savais ce qu'étaient ces lettres.
Des mots d'adieux.
Je sentais mon cœur palpiter.
Je replaçai les enveloppes dans le journal, gardant la mienne entre les mains.
Je la fixait plusieurs minutes.
Devrais-je...?
Je fis un signe à Edward et Izou :
"Je vais aux toilettes."
Ils acquiescèrent.
Je m'installai au sol dans une des cabine.
J'inspirai profondément, hésitant.
«Ace»
Écriture noire, douce, raffinée, sobre, formelle.
Je décollait délicatement le haut de l'enveloppe.
Je tirai un peu sur le papier à l'intérieur.
Puis, je m'arrêtai.
Devrais-je vraiment lire ça maintenant ?
Je savais déjà ce qu'allait dire ce courrier : "adieu, pardon, je t'aime", en bref.
Je ne voulais pas de ça.
Il n'allait pas mourir, alors pourquoi la lire ?
Pourtant, l'envie de lire ces mots me brûlait le bout des doigts, faisait bondir mon cœur et me tordait l'estomac.
Je sortis la lettre, la dépliai.
“À Ace, mon amour.”
Non, je ne voulais pas lire ça.
Je pleurais.
Tout ça était si difficile.
Je ne voulais pas voir la suite de ce message.
Enfin, si, j'en brûlait d'envie, seulement, j'avais peur.
J'étais terrifié à l'idée que ça puisse mal se passer.
Je soufflai, puis essuyai quelques unes de mes larmes rapidement.
Je devais être fort, pour lui.
Si je ne pouvais pas l'être, il ne pouvait pas l'être non plus.
Et il devait trouver la force de se battre, comme je devais trouver la force d'accepter cette pression immense, d'accepter le fait que je pouvais ne plus jamais le revoir, d'accepter le fait que si je ne lisais pas les mots de Marco à cet instant, jamais je ne pouvais trouver le courage de le faire.
Comment cela se passait, dans la salle d'opération ? Comment Marco allait ?
Que disait cette fichue lettre ?
Je sentais l'angoisse monter.
Les crampes dans le ventre, le souffle court, les pensées qui se mélangeaient, l'impression de mourir.
L'impression de mourir...?
Pourtant, ce n'était pas moi, sur cette table d'opération. Ce n'était pas moi qui me battait pour survivre.
Il fallait que je sois courageux, parce que lui l'était dix milles fois plus que moi.
Lui risquait vraiment de mourir.
Moi, je ne risquais rien. Non, ce n'était qu'une impression. Je n'allais pas mourir.
Si, bien-sûr que je risquais quelque chose. Je risquais de perdre la seule personne ayant réussi à me redonner le sourire, la seule personne qui avait été là pour m'aider, la seule personne que j'avais jamais aimé sincèrement de cette façon.
Mon âme sœur.
Quelle connerie, ce truc d'âme sœur. Je l'avais toujours pensé.
Pourtant, je le ressentais vraiment.
C'était ma moitié, celui avec qui je pouvais enfin être entier, être moi.
C'était vraiment mon âme sœur.
Je repris le message.
“À Ace, mon amour.”
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