🎻52🎻

"Satch... Père n'est pas au courant pour ce que j'ai. Tu voudrais bien...

_Bien-sûr, je vais l'appeler.

_Merci... J'ai pas le courage de le faire maintenant... J'avais pas prévu ça comme ça.

_T'inquiètes pas, je vais gérer."

Une infirmière fit rouler le lit sur lequel se trouvait mon amant pour l'emmener à l'anesthésie. Je le suivit.

"Courage, souffla Izou."

Marco lui sourit. Je pris sa main, avançant auprès de lui.

"Ça va aller. J'en suis sûr.

_Mmh, soufflai-je."

On entra dans une pièce blanche.

L'anesthésiste posa une perfusion à mon blond qui grimaça.

"Allez, on y va, sourit le médecin."

Il injecta le produit dans le tube.

"Ace...

_Je suis là, je suis là..."

Je glissai mes doigts dans ses cheveux.

"Tout va bien."

Ses paupières tremblaient, papillonaient.

"J'ai peur."

Je serrai sa main.

"Tout ira bien, je te promets que ça va aller, okay ?

_Mmh...

_T'es pas tout seul, je suis là...

_Je sens plus mes jambes."

Je souris.

"C'est vrai ? Et tes bras, tu sens tes bras ?"

Je caressai tendrement son avant-bras.

Il secoua la tête lourdement, un grand sourire sur les lèvres.

"Mon dieu ! Je crois que sens plus mes cheveux !

_Mince !"

Je ricanai en passant mes doigts dans ses rideaux d'or.

"Et ta joue, tu sens ta joue ?"

Je la pressai du bout de mon index.

"Non ! J'sens plus rien !"

Je soufflai, amusé.

"Et ton nez ?"

Je posai mes lèvres sur le bout de celui-ci.

"Rien du tout."

Je ris, il me demanda :

"Hey, regarde si je sens mes lèvres."

J'essquissai un léger rictus avant de l'embrasser.

"Nan, j'sens plus rien. Mais c'est chaud quand même.

_C'est vrai ?

_Attends...Recommences."

Je m'exécutai.

"Je suis pas sûr. Encore."

J'obéis.

"Je sens rien, mais je crois que j'arrive à imaginer la sensation. J'suis pas cassé.

_Bon... Alors si t'es pas cassé, ça va.

_J'crois que je suis défoncé, ricana-t-il.

_À peine."

Il ferma les yeux.

"J't'aime.

_Moi aussi je t'aime, Marco."

J'embrassai son front, refermant mes doigt sur les siens.

Sa respiration se calma, il s'endormit.

L'anesthésiste s'approcha pour lui poser un masque sur le visage.

"Bon. On va pouvoir y aller."

Je lâchai sa main. Il ne bougeait plus.

Je sentis les larmes me monter aux yeux. Je me retins.

"Vous pouvez attendre dans la salle prévue à l'étage des blocs opératoires, la 143. L'opération risque de durer quelques heures.

_D'accord... Ça va aller, hein ?

_Oui, ne vous en faites pas. Les chirurgiens vont tout faire pour le sortir de là, il sera bien vite sur pieds.

_Merci beaucoup...

_Courage, petit. Ils prendront bien soin de lui.

_Je vous remercie..."

Deux infirmières firent glisser le lit dans le couloir, je jetai un dernier regard au médecin qui rangeait son matériel dans la pièce.

Je fixai une dernière fois Marco avant de me diriger vers la salle d'attente, où je trouvai Satch et Izou.

Je soupirai.

"Tu veux un café, Ace ?"

Je pris le gobelet que me tendait le roux.

"Merci.

_Alors...? Il était comment ?

_Bah... Complètement drogué. C'était plutôt drôle à voir, malgré tout.

_Mmh... Ça va aller, tu crois ?

_J'en sais rien... L'anesthésiste m'a affirmé qu'ils feraient tout pour le remettre sur pieds.

_J'ai vraiment peur, avoua le cuisinier.

_Moi aussi, ajouta l'asiatique.

_Et moi donc..."

Je soufflai.

"Il m'a dit qu'il avait peur, aussi.

_C'est normal, fit Izou en fermant les yeux, c'est pas rien.

_Mmh..."

Je pris une gorgée de café.

"J'ai appelé père, comme il me l'a demandé. Il est en chemin.

_Il va venir ?

_Ouais, il ferme le bar ce soir.

_Edward est vraiment quelqu'un de bien, remarquai-je.

_Il tient énormément à Marco. Il tient à chacun d'entre nous. On est comme ses fils...

_Je comprends.

_Quand je lui ai dit, il n'avait pas l'air si surpris. Je crois qu'il s'en doutait.

_Vraiment ?

_Mmh... Le pire, dans tout ça, c'est que nous, on est sensés vivre avec lui tous les jours depuis longtemps, quand même. On aurait dû le remarquer."

Je posai ma paume sur l'épaule de Satch.

"Vous pouviez pas deviner. Faut pas vous en vouloir. Vraiment.

_Ouais... Mais c'est notre meilleur ami, tu comprends ? Ça fait vraiment un choc..."

Je hochai la tête.

Bien sûr que c'était dur pour eux.

Je soupirai en m'installant sur une des chaises de la salle.

Il n'y avait que nous, ici. Je me demandais si ces salles d'attente étaient prévues pour un groupe, pour chaque bloc. Il y avait une machine à café, des chaises vertes et bleues plutôt confortables, un petit tapis de jeux pour les jeunes enfants avec des blocs de plusieurs couleurs et des livres à images.

C'était une petite pièce. Peut-être était-ce vraiment des salles d'attente individuelles.

Izou se pencha pour attraper un magazine de mode datant de 1992.

Ils ne renouvelaient visiblement pas leur bibliothèque... Des magazines abîmés et vieux de quatre ans... Et cette odeur de produit désinfectant, ce blanc oppressant, la pression de savoir tous ces gens malades, blessés ou mourants...

À peu près tout ce que je détestais dans un hôpital.

"Oh, j'ai trouvé un échantillon de crème hydratante."

L'asiatique le détacha en souriant.

"Ah, il périme bientôt. Quelle chance, il ne sera pas gâché."

Je secouai la tête.

Ma jambe tremblait toute seule. Quel stress.

L'horloge de la salle d'attente indiquait 23 heures 25.

Tic. Tac. Tic. Tac.

L'horloge cliquait, claquait.

Mes mains me piquaient.

J'inspirai profondément.

Les alentours devenaient flous.

Ba-boum Ba-boum Ba-boum...

Mon cœur battait fort dans ma poitrine, je pouvais le sentir palpiter.

Putain d'anxiété.

Je soufflai longuement, essayant de me calmer.

La porte de la salle d'attente claqua.

Edward Newgate.

Je relevai les yeux vers l'horloge :

23 heures 58.

Il s'installa à mes côtés.

"Bonjour mes fils.

_Tu as fait vite, remarqua Satch."

Il hocha la tête.

"Alors ?

_Il y est depuis une demie-heure, à peu près, dis-je.

_Hmm...

_Vous le saviez ? osai-je demander.

_Bien-sûr. J'avais deviné qu'il était malade de quelque chose. Je l'ai vu plusieurs fois le dimanche aux alentours de l'hôpital.

_Ça va ?

_Oui, c'est juste que j'attendais qu'il m'en parle depuis un moment.

_Il avait peur.

_Je sais."

Je fermai les yeux.

"Allez, courage. Il sortira bien vite de là."

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