"hum... T'es sûr que tu veux leur dire...?"

Marco posa une main sur mon épaule. Mes frères s'assirent sur la chauffeuse, attendant la révélation de Marco.

"Je vais pas passer par quatre chemins... J'ai une tumeur au poumon."

Luffy ouvrit la bouche, surprit.

Sabo bégaya :

"Que... quoi...? Et... Ça va...? Ça..."

Mon blond hocha simplement la tête.

"Je me fais opérer bientôt.

_Ah ! Tant mieux, souffla Luffy."

Je baissai la tête.

"Et..."

Marco coupa Sabo :

"Si on pouvait éviter de parler de moi maintenant, c'est pas la priorité, pour le moment, je voudrais me concentrer sur votre problème... Et puis, j'ai pas forcément envie de parler plus que ça de ça. C'est un secret que seul Ace connait, normalement... Alors...

_D'a... D'accord, pas de soucis, désolé...

_Ça ne fait rien, vous devez forcément vous poser des questions. Mais j'y répondrai un autre jour, quand vous serez sortis d'affaire. Et puis, j'aurai préféré en parler à mon meilleur ami, Satch, avant... Mais, je vous fais confiance. Après tout, vous êtes aussi importants pour moi, et ça allait bien finir par se savoir."

Luffy hocha la tête.

"De toutes façons, si tu te fais opérer, tout va bien, hein ?"

Je souris tristement à mon frère avant de lui ébouriffer les cheveux.

"Oui, tout va bien, petit frère..."

Il sourit.

Je fermai les yeux.

"Bon... On devrait dormir, on doit être partis tôt, demain, si on veut pas le croiser, vous savez bien..."

Luffy souffla.

"Je déteste me lever à cette heure là. Pourquoi on a besoin de s'en aller à 5 heures, à chaque fois ?"

Sabo ricana.

"Moi aussi, p'tit frère, mais tu sais bien que c'est mieux.

_C'est le vacances ! Ça m'énerve !"

Il se laissa tomber sur la chauffeuse.

"Allez dormir ensemble dans le lit, les frangins. Moi, je vais dormir par terre."

Le plus petit se redressa.

"T'es pas sensé dormir avec Ace ? C'est ton amoureux, quand même."

Marco sourit.

"Vous avez pas de verrou, ça vaut mieux. Je préfère pas créer de problème, si jamais il entre."

Sabo et Luffy me rejoignirent dans mon lit deux places.

"J'ai laissé mes nounours en bas."

Mon cadet commença à se diriger vers la porte. Je le stoppai :

"Je vais y aller. Reste avec Sabo et Marco.

_Mais... Si...

_Justement. C'est pour ça."

Je sortis de la chambre silencieusement.

Il était couché. Ça allait bien se passer.

Quelle épreuve...

Je ramassai le sac de Luffy et commença à remonter l'escalier sur la pointe des pieds.

Mon ventre me faisait mal. Je savais que j'allais avoir des bleus. En plus de ça, mon estomac se tordait. J'avais peur.

Qu'est ce qu'on ferait pas pour son petit frère ?

La porte de la chambre de mon père, au bout du couloir, s'ouvrit.

J'étais proche de ma chambre. Je pouvais entrer. Je pouvais l'éviter.

Son regard me transperçait.

La main sur la clanche, je restais complètement bloqué.

J'avais si peur que je ne pouvais pas bouger. J'étais incapable de faire un seul mouvement.

Il me fixait, les yeux pleins de haine.

Non...

“Bouge. Ne bloque pas, Ace. Allez... Ouvre cette putain de porte.”

Mes pensées secouaient ma pauvre tête.

Il s'avança vers moi.

Je tremblais. Ma respiration s'accélérait. Je fermai les yeux.

Il passa à côté de moi, me bousculant de son épaule.

J'ouvris les paupières.

C'était tout ?

Pas de coup ? Pas de cri ? Pas de reproches ? Pas de remarque ?

Je restai interdit quelques secondes.

Je serrai un peu plus l'anse du sac plastique, et entrai dans la chambre.

"Tiens."

Je tendis ses peluches à Luffy qui s'empressa de les récupérer et de vider le sac sur mon lit pour les câliner.

Il prit la plus grosse peluche :

"Pardon, Don Papaya, je t'ai laissé tout seul sur le sol froid du salon... Ne m'en veux pas !"

Il embrassa plusieurs fois l'ours en peluche.

Je pouffai de rire.

Enfin je retrouvais mon petit frère. Le voir si vide et si passif, changeant tout ce qui faisait sa personnalité si unique me brisait le cœur.

"Allez, c'est l'heure de dormir, souffla Sabo.

_Garde qu'une peluche, Luffy. Déjà qu'on dort à trois dans le lit, si tu prends toute la place avec tes machins, je sens que ça va rapidement m'énerver."

Le petit brun baissa les yeux.

"Je garde le jaune.

_Forcément, fallait que tu choisisses le plus gros.

_C'est mon préféré, d'abord."

Il posa le reste par terre avec une délicatesse presque ridicule, et se glissa sous la couette.

Marco observait la scène en ricanant.

Sabo et moi finîmes par imiter notre cadet.

_____

Le réveil sonna.

4 heures du matin.

Je me redressai, la jambe droite et le bras gauche de Luffy, et la jambe gauche et le bras droit de Sabo sur moi. Quelle idée de se mettre au milieu. J'étais complètement écrasé sous mes frères.

Je frappai le réveil de ma paume de main, avant de pousser gentiment mon jumeau et de passer au dessus de lui pour sortir du lit.

Mes deux frères grognèrent.

Je ricanai.

"Debout, c'est l'heure.

_Noooon... Encore une heure, marmona Luffy.

_Bon, bon... Reste là une demie heure si tu veux. Mais t'auras intérêt à te préparer en vitesse."

J'ouvris légèrement le rideau, laissant la lumière de la lune passer à travers la fenêtre.

Je m'agenouillai au niveau de Marco, qui soupira.

"C'est vraiment trop tôt...

_Mmh. Mais c'est comme ça."

J'embrassai son front.

"Où est-ce qu'on va aller, déjà, à cette heure là ?

_Généralement on fait un tour de vélo. Sabo a réparé le sien et il y a celui de mon père, dans le garage. Ça te dit ?

_Là, ce qui me dit, surtout, c'est de finir ma nuit. Comment tu fais pour péter la forme à cette heure là ?

_J'ai l'habitude."

Sabo posa ses pieds sur le tapis.

"J'suis fatigué..."

Je me levai pour attraper un tee-shirt et commençai à m'habiller.

Au bout d'une demi-heure que j'avais passée à câliner Marco, je réveillai Luffy.

"Prépare toi, on va faire un tour en vélo..."

___

"Je crois que la boulangerie ouvre à 6h... On va devoir attendre un peu.

_J'ai faim !"

Luffy posa sa tête sur mon dos, accroché à mes hanches, à l'arrière de mon vélo bleu.

"J'ai hâte et en même temps peur que papa ouvre notre lettre, souffla-t-il."

Je secouai la tête.

J'arrêtai de pédaler et descendit de la bicyclette pour allumer une cigarette. Marco et Sabo s'arrêtèrent à leur tour. Je soupirai :

"Ce sera bientôt fini, tout ça..."