🎻27🎻
Je tournai la tête vers la porte, alors que Marco continuait de pleurer au dessus de moi.
Satch, Izou, Kiku.
C'était pas le moment.
Ils ne devaient pas être au courant.
C'était un secret.
Je cherchais une excuse dans la panique. Lorsque Satch ouvrit la bouche pour faire une remarque, je secouai la tête en posant mon index sur mes lèvres.
Le meilleur ami du blond ferma délicatement la porte, sans un bruit. Izou baissa les yeux et prit Kiku par la main pour la tirer dans une autre pièce.
Satch finit par s'assoir sur le canapé, en face de nous.
Les sanglots de Marco me brisaient le cœur. Jamais je ne l'avais vu comme ça. Il n'avait pas remarqué l'arrivée de ses colocataires, et encore moins son meilleur ami, attristé, ne sachant que dire, en face de nous.
Je caressai ses joues délicatement de mon pouce.
Il articula entre deux gémissements :
"Je suis désolé, je suis tellement désolé..."
Je passai ma main à l'arrière de sa tête. Mes doigts glissèrent dans ses cheveux de blé, que j'ébouriffai calmement.
Il bafouilla :
"Je... Je veux pas que tu aies mal à cause de moi..."
J'inspirai longuement par le nez, humant son délicat parfum vanillé.
Je répétai plusieurs fois dans un murmure :
"Tout va bien..."
Il renifla et leva la tête pour me regarder dans les yeux.
Je posai ma main sur son visage déchiré par la pluie salée, par son sang, de la couleur d'une tâche de vin qui avait séché sur un drap neige.
Je n'avais jamais été doué pour réconforter les gens. Mais je voulais vraiment l'aider. Je ne savais que faire.
Ses yeux dérivèrent et se posèrent sur Satch. Je le sentis frissonner.
Marco ne dit pas un mot. Il était perdu.
Comment justifier ça ?
"Si seulement ils pouvaient être au courant..."
Si ils avaient été au courant, tout aurait été plus simple. Je ne savais pas quoi faire.
Je me sentais tellement mal pour ses amis. Mais je ne pouvais pas aller à l'encontre de la volonté de Marco qui était de garder ça secret.
Je comprenais ce qu'il ressentait. Je comprenais comme c'était dur de parler de quelque chose de si grave à des proches.
Je devais intervenir...
"Marco ne vas pas très bien, Satch..."
Celui-ci eu un hoquet de surprise avant de plonger son regard désespéré dans le mien.
Panique dans ses yeux.
Traîtrise.
Bien-sûr que non...
Je ne pouvais pas.
Avant que Marco ne puisse dire quoi que ce soit, je continuai mon mensonge :
"À vrai dire, il est fatigué et se sent mal pour ce qu'il s'est passé hier soir."
Ses yeux s'écarquillèrent, avant de se fermer.
Ça y était. Il avait compris.
Satch demanda alors, inquiet :
"Et c'est quoi ces blessures, là ?"
Je me raclai la gorge.
"Il a fait une petite chute de tension, et il est tombé."
C'était, en soit, partiellement vrai.
"Oh, mince... Bougez pas"
Satch se leva du canapé et marcha vers la cuisine, où Kiku et Izou nous observaient, timidement, appuyés contre l'encadrement de la porte ouverte.
Marco renifla de nouveau et me chuchota, d'une voix tremblante, brisée :
"Merci, Ace..."
Satch revint avec une coupelle de biscuits secs et un verre d'eau.
Il s'accroupit à notre nouveau et lui tendit l'assiette.
"Manges, tu dois manquer de sucre. T'as mangé aujourd'hui ?"
Le blond sourit en essuyant ses larmes, pris ce que lui tendait le roux, puis secoua la tête négativement pour répondre à son ami.
"Tu t'es pas râté mon pauvre, ajouta-t-il."
Entre deux sanglots, Marco ricana.
Ça me faisait tellement mal de le voir comme ça...
"Tu sais, faut pas pleurer pour ça, c'est pas de ta faute, ce qui est arrivé à Ace."
Kiku et Izou se rapprochèrent. Le grand frère hocha la tête pour approuver les mots de son petit ami.
La voix de Satch était tendre, calme. Elle sonnait si différemment par rapport à d'habitude.
Je me sentais mal à l'aise pour lui. J'aurais aimé qu'il soit au courant. Je savais qu'il aurait pû soutenir Marco dans cette épreuve.
Pourtant, il fallait que je respecte les choix de mon amoureux.
Je me sentais impuissant. Seul, je ne savais que faire.
"Bouge pas, je vais chercher de quoi nettoyer tes blessures, dit Kiku."
Izou finit par s'approcher et s'accroupir aux côtés de Satch.
"Ça va aller ? Demanda celui-ci, inquiet."
Marco hocha simplement la tête en souriant légèrement, les joues encore mouillées.
Kikunojo posa une compresse imbibée de désinfectant sur ses genoux, et essuya le sang sous son nez d'un coton mouillé.
Ma tête toujours posée sur ses genoux, je chuchotai :
"Tu veux aller faire une sieste ?"
Sans un mot, il acquiesça.
Il se déplaça lourdement vers la chambre et ouvrit la porte mollement. Je le suivit à la trace.
Marco s'asseya sur le bord du lit, je fis de même.
Un pesant silence régnait dans la pièce. L'air était lourd. Mon cœur aussi.
Pas un mot.
Pas un regard.
Le silence.
Comme une éternité de cris étouffés dans un sceau d'eau.
Comme une cascade gelée.
Comme un violon sous la mer. Un instrument qui veut hurler sa musique en un profond silence.
Soudain, il cassa une corde :
"Merci, pour tout à l'heure...
_Fallait bien trouver quelque chose...
_Non... Je veux dire... Vraiment. Merci. Merci d'être là. Merci de comprendre. Merci de me soutenir. Merci pour tout, Ace."
Premier regard.
Deux étoiles bleues, brillantes et pourtant si ternes.
"Je t'aime, tu sais ?
_Moi aussi je t'aime..."
Son corps tomba lourdement sur le matelas.
"Je vais dormir un peu..."
Je souris.
"Et moi, je reste là, à tes côtés, mon amour..."
Il ferma les yeux. Je vis ses joues rosir.
" «Mon amour»..."
Marco souffla du nez.
"Adorable..."
Puis, comme une encre dans le sable, il s'endormit aussitôt.
Je posai ma main sur ma cheville, douloureuse.
Tout ça allait complétement partir deux semaines plus tard. Le lendemain déjà, je n'allais sûrement plus avoir aussi mal.
Mon regard se porta sur le petit carnet rouge.
"Journal maladif"
....
Je me levai, l'attrapai, commençai à le feuilleter à nouveau....
Tant pis. Je voulais savoir.
Je voulais tout savoir.
______________🎻__
J'ai changé la couverture !
Vous en dites quoi ? Elle est mieux ?
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