Je n'aurais définitivement pas dû regarder ça...

Oh non...

J'étais mort de honte... Fouiller dans les affaires des autres, comme ça... qu'est ce qui m'avait pris ?

Il s'approcha de moi.

"Je suis désolé, Marco... Je...

_Ah, ça me gêne pas, si c'est toi. Tu as lu quoi...?

_Quelques passages, seulement... Je l'ai un peu feuilleté. J'aurais pas dû, je suis désolé...

_Non, c'est pas grave... Tu es au courant, donc...

_Oui, mais c'est tes affaires...

_C'est moi, d'habitude je le range toujours à sa place, je l'ai oublié sur le bureau, donc c'est pas grave."

Je rougis.

"Tu parles de moi, dedans...

_O-Oui..."

Il se gratta la nuque.

"C'est parce que tu es important pour moi."

Il s'asseya sur le lit.

"Apporte le moi."

Je m'éxécutai.

Il l'ouvrit à la dernière page. Je m'installai à ses côtés.

Il se pencha pour attraper son stylo plume sur sa table de nuit.

Je lus :

"Liste de choses à faire avant de mourir...?"

Il hocha la tête.

J'observais rapidement quelques mots de la liste :

“Liste de choses à faire avant de mourir :

• M̶a̶n̶g̶e̶r̶ d̶a̶n̶s̶ u̶n̶ b̶o̶n̶ r̶e̶s̶t̶a̶u̶r̶a̶n̶t̶
• Retourner à la plage.
• Partir faire du camping en forêt.
• A̶l̶l̶e̶r̶ a̶u̶ c̶i̶n̶e̶m̶a̶.
• A̶l̶l̶e̶r̶ à̶ l̶'a̶r̶c̶a̶d̶e̶.
• Aller au karaoké.
• Voir un feu d'artifice.
• Voyager pour une semaine.
• Prendre un bébé dans mes bras.
• Visiter un autre pays.
• O̶s̶e̶r̶ d̶o̶n̶n̶e̶r̶ m̶o̶n̶ n̶u̶m̶é̶r̶o̶ à̶ u̶n̶ i̶n̶c̶o̶n̶n̶u̶ s̶é̶d̶u̶i̶s̶a̶n̶t̶.”

J'esquissai un sourire en voyant le dernier. Il tourna la page, avant que je puisse lire la suite, et barra une phrase :

“• R̶e̶n̶c̶o̶n̶t̶r̶e̶r̶ l̶'â̶m̶e̶ s̶o̶e̶u̶r̶ ”

Je souris, attendri, et le pris dans mes bras.

Âme sœur...?

Je sentis les larmes monter.

"Marco... T'es pas possible..."

Il ricana.

"Je t'aime, Ace...

_Je t'aime aussi..."

______

C'était un samedi. Marco ne travaillait pas. Je rentrais chez moi le lundi qui venait, pourtant, je n'en avais aucune envie...

Je me réveillai à ses côtés de nouveau. Je sentais son souffle dans ma nuque, ses mains sur mon torse...

Je me retournai pour le regarder un moment.

Ses cheveux blonds en bataille, sa respiration calme qui soulevait son corps...

Il était vraiment beau...

Je lui embrassai le bout du nez.

"Tu recommences...?"

Un sourire s'étira sur ses lèvres, les yeux clos. De sa voix fatiguée, il ajouta :

"Trop mignon..."

Il ouvrit ses paupières.

"Tu rougis, gamin.

_Arrête de faire ça !"

Je le tapai avec l'oreiller.

Il éclata de rire, et se redressa pour m'attraper par la taille, me tirant contre lui.

"Arrête, ris-je, tu me serres !"

Il commença à me frôler les côtes du bout de ses doigts.

Je pouffai de rire.

"Non ! Ça chatouille, arrête !"

J'étais complètement rouge et à bout de souffle.

Il déposa sa tête dans mon cou, calmant petit à petit ses rires.

Il souffla contre ma peau :

"Ton odeur est un mélange de tabac et d'agrumes..."

Il inspira longuement.

"J'aime ce parfum..."

Il ferma les yeux et se mit fredonner, balançant nos deux corps de gauche à droite, mon dos contre son torse.

Je souris, et décidai de clore mes paupières à mon tour pour profiter de ce moment.

Je sentais son cœur battre contre moi...

"Tu veux sortir, aujourd'hui ?"

Je hochai la tête.

"Et si on allait à la plage, pour compléter un peu ta liste, proposai-je."

Il se recula pour me regarder, je tournai la tête vers lui.

Il fit un doux sourire.

"Ça pourrait être bien, oui..."

Marco me serra un peu plus contre lui.

"T'es vraiment adorable... Merci..."

Il soupira. Il était manifestement ému que je lui avait proposé ça."

"Comment on va y aller ?, demandai-je, en train ?

_Non."

Il me lâcha.

"Tu viens prendre un petit déj' ?"

J'acquiesçai :

"Oui, j'ai faim..."

____

Il était 13 heures. Je suivis Marco jusqu'à l'extérieur de la colocation.

Il ouvrit une porte en fer, celle d'un garage.

"Une... Une Harley Davidson ?!

_Ouaip.

_Tu fais de la moto ? Toi ? E-et tu as une Harley ?!

_Ouaip."

Il rit un instant.

"Hop, monte !"

Il m'envoya un casque.

Je soufflai :

"Trop cool...

_On en a pour une petite heure pour aller à Fécamp, prépare tes fesses."

Je ricanai en posant le casque sur ma tête. Il enfourcha le deux roues et je m'installai derrière lui.

"C'est parti !"

J'attrapai ses hanches fermement, et posai ma tête sur son dos lorsqu'il démarra.

"Woah !"

______

"C'est marrée basse.

_Oui. Il y a des galets, au début...

_Tu viens ?"

Il pris ma main.

Je le suivais, avançant dans les pierres polies par la mer.

Arrivés à la plage de sable, je retirai mes chaussures. Il sourit.

J'avançai vers l'eau, trempant mes pieds.

"Il fait chaud, dis-je.

_Oui, c'est agréable."

Je m'accroupis pour glisser mon doigt dans le sable mouillé, traçant des formes sur la plage en fredonnant.
Je m'approchai à nouveau de l'océan pour jeter de l'eau en l'air, nous éclaboussant le blond et moi.

J'entendis le rire clair de Marco retentir.

"T'es vraiment un enfant..."

Je souris.

Nous marchions le long de la plage, Marco derrière moi. Nous avions chacun nos chaussures à la main, une glace de l'autre.

"Il est déjà tard, dis-je, j'ai pas vu le temps passer.

_Moi non plus..."

Je m'arrêtai pour observer le coucher de soleil qui se reflétait à la surface de l'eau.

"C'est vraiment beau, toutes ces couleurs.

_Oui...

_Je vais le peindre, un de ces jours."

Il sourit, croquant le dernier morceau de son cône de glace.

Il prit ma main.

"Merci, Ace..."

Je posai ma tête contre son épaule.

"Je t'aime, Marco...

_Je t'aime aussi."

La marée commençait à remonter lorsque nous repartîmes pour Rouen.

Honnêtement, je n'aurais jamais imaginé Marco faire de la moto. Cette image de lui me faisait sourire.

Soudain, sur une route de campagne, il se rangea sur le côté, arrêta l'engin et retira son casque.

Il déplia la béquille, et descendit.

"Qu'est ce qu'il y a ?, demandai-je"

Il respirait rapidement.

"Faut... faut que je fasse une pause... J'ai du mal à respirer avec le casque, articula-t-il."

Il s'asseya à même le sol, au bord d'un champs blé.

Je le rejoignit en détachant la sangle de ma protection.

"J'ai ton inhalateur dans mon sac, tu en as besoin ?

_N-Non... C'est pas ça... Tu peux me passer la trousse ?"

J'enlevai le sac à dos et en sortit la pochette.

Il l'ouvrit, fouilla dedans un moment, et sortit une boîte de pillules.

"J'ai oublié de la prendre ce matin, souffla-t-il, c'est un truc pour éviter les problèmes respiratoires...

_Ça va aller ?

_Oui... Oui... Faut juste que je souffle un peu et que je prenne un anti douleur..."

Je sortis la bouteille d'eau de mon sac.

"Merci... Faut pas que je prenne de codéine, sinon on pourra pas rentrer."

Il prit un simple Doliprane, et poussa un long soupir.

"Bon... C'est bon. En route..."

Il faisait nuit.

J'étais inquiet... La réponse pour l'opération de Marco n'étant pas encore arrivée, il devait aller à l'hôpital le lendemain. J'avais décidé de l'accompagner.