🎻1🎻

Mon cœur battait si fort dans ma poitrine que je crus le perdre. Comme un métronome battant un rythme effréné. Les sueurs froides coulaient sur mon front comme une pluie angoissante, c'était comme si il y avait un cactus dans ma gorge, et mes lèvres sèches et râpeuses comme une langue de chat témoignaient de mon état.

Je laissais les cendres de mon bâton enflammé tomber sur le sol gris et froid.

Les voix autour de moi résonnaient dans mon crâne comme les cris d'un nouveau né.

Désagréable.

Désagréable sensation.

Tous les regards étaient tournés sur moi. Ils me jugeaient. Tous. Ils me détestaient, ils me haïssaient.

La sonnerie marqua la fin de la pause, interruption d'une angoisse annonçant une autre.

Enfermé. Enfermé dans une prison scolaire, seul parmi les autres.

Le professeur qui parlait, sans arrêt, je ne l'entendais pas.

J'étais comme une ancre sur une chaise, lourd.

La sonnerie, la libération, l'air frais sur mon visage parsemé de tâches de rousseur emplissait mon corps de joie.

Un souffle de soulagement.

Je marchais jusqu'à la gare, rentrant chez moi, enfin.

Je n'aimais pas le train, il y avait trop de monde, un regroupement de personnes sales et entassées dans un tube allant à plusieurs kilomètres heure.

C'était là qu'il m'avait bousculé.

"Désolé, dit-il furtivement.

_Pas grave..."

Je retournais sur mon livre, mais il continua de me parler :

"Tu viens du lycée au nord ?

_Oui."

Que me voulait-il ?
Inconnu.
Je ne parlais pas aux Inconnus.
Non...

Soudain, son regard traversa le mien et là, je le ressentis... comme si ses pupilles me transperçaient, comme si un éclair foudroyait tout mon corps.

Le temps semblait s'être arrêté, et mon sang tournant dans mes veines ralentit. Il n'y avait que lui. Que moi. Yeux dans les yeux.

Et je vis dans son regard qu'il ressentis la même chose que moi à cet instant là.

Lorsque ma voix retentit :

"Comment... Tu t'appelles ?"

Le train s'arrêta.

Les gens nous bousculaient, de tous les côtés, et emportés par la foule qui nous traînait et qui nous entraînait, écrasés l'un contre l'autre nous ne formions qu'un seul corps, et le flot sans effort qui nous poussait nous enchaînait l'un à l'autre.

Entraînés par la foule qui s'élançait et qui dansait dans une folle farandole de marches et de bousculades, nos deux mains se frôlèrent.

Mais soudain je poussai un cri parmi les rires. Le son de ma voix s'étouffait dans celles des autres. Je criai de fureur de rage et de douleur, lorsque la foule emporta l'homme que je rencontrai à peine, je fut poussé hors du train, je crispais les poings, furieux contre la foule qui m'eu volé l'homme que je n'aurais jamais pu retrouver...

Quand j'entendis son cri parmi les gens du pays, désespéré, je compris...

"Marco !"

...Son nom crié dans le flot de la brûlante foule élancée.

Je vis la porte se refermer, son visage, ses yeux qui m'observaient et un bout de papier jeté au sol.

Son numéro de téléphone.

Un sourire s'esquissa sur mes lèvres et je répartis chez moi, retrouver mes frères et mon foyer.

__

Couché là, sur mon matelas, seul, avec cette petite voix dans mon crâne qui me parlais, qui m'accablait sans arrêt, qui me chuchotait :

"Appelle le"

Ce bout de papier dans ma main droite, mon angoisse dans mon cœur, j'hésitais.

Un jour, ça ira.
Ça va aller.
Ne t'inquiètes pas pour ça.
Ça va passer.
Tu n'y penseras plus...

On m'a tant répété ces mots...

Pourtant, même après tout ce temps, ce souvenir hantait mon esprit.

Mes nuits étaient blanches, mes idées noires. Et je me servais de mon cerveau disloqué pour oublier.
Mes frères étaient ma seule raison d'être sur cette planète morne, mourante.

Et ce morceau de papier.
Ce morceau de papier me donnait espoir.

Ses yeux m'avait transporté ailleurs.
Je le savais.
Il avait ressentit la même chose.
Il fallait que je lui parles.

"Marco..."

Ces gens ne comprenaient pas.
Ils ne se doutaient pas.

Non, pas Ace, impossible...

Et pourtant...

On m'a déjà dit que j'étais fou.
On m'a déjà dit que j'étais bizarre.
On m'a déjà dit que je mentais...

Je faisais peur aux autres.
De quoi avaient-ils peur ?
De mes angoisses.

Les gens avaient peur de mes peurs.

Stupide.

L'humanité n'a jamais été logique.

Les claquement de l'horloge s'accélèrèrent en même temps que les battements mon cœur meurtri.

Et si il m'avait donné un faux numéro ?

Non... Ces yeux... Je devais le revoir, courage.

Je pris le morceau de papier et le posai contre ma poitrine.

Je sortis de ma chambre.

Mes doigts glissaient les touches du téléphone fixe de l'étage.

Une, deux, trois...dix fois.

Je tremblais.

Sonnerie lente.

"Allo ?"

Je ne parvenais pas à dire un mot.

"Qui est à l'appareil ?

_Euh... Ace, bonjour... En fait, je...

_C'est pour Marco ?

_O-Oui !

_Je te le passe."

Un petit moment silencieux passa.

Cette voix féminine... C'était sa copine ? Je me sentais mal.

"je devrais raccrocher", me suis-je dit.

"Allo ?

_Allo..."

Je me sentais crispé.

"Tu es le garçon du train..., Affirma-t-il

_Oui...

_On... On peut...

_Oui... On...

_Un jour comme...

_Demain...?

_Oui... Et on pourrait... Se rejoindre à... Euh...

_Au café, ou au parc...

_Au café... C'est bien... Celui de la rue commerçante ?

_Oui... Je vois où... Mon petit frère y va, souvent...

_À... 14 heures....?

_O-Oui !

_A-alors à demain, Ace...

_À... À demain !"

C'était sûrement la conversation la plus gênante de ma vie, mais aussi une des meilleures.

"Ace ! T'as pas vu la télécommande ?"

Je descendis rejoindre mon frère.

"Non, répondis-je, où est Sabo ?

_Pas encore rentré.

_Ah...

_T'es trop étrange depuis que t'es rentré, ça va ?

_Oui, t'inquiètes Luffy.

_Tu joues avec moi ?"

Il me tendit la deuxième manette de la NES, je hochai la tête.

Après avoir joué un moment, j'entendis la porte d'entrée s'ouvrir.

Je saluai Sabo, qui passa rapidement devant le canapé blanc, jetant violemment sa sacoche dans l'entrée.

Luffy mit le jeu en pause.

Je lui demandai :

"Qu'est ce qu'il y a, frangin ?

_Je veux pas en parler."

Il monta en vitesse les marche et la porte de sa chambre claqua brutalement.

Mon plus jeune frère pencha la tête.

"C'est super bizarre, d'habitude Sabo est plutôt calme..."

Je haussai doucement les épaules.

J'éteignis la console.

_________

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top