CAPÍTULO CINCO (fin)
« EN TOUTE HONNÊTETÉ on a tous été heureux de t'avoir eu comme professeur (même Chigga) et on ne sera jamais assez reconnaissant pour tout ce que tu nous as appris et pour toujours avoir cru en nous, même si au début notre relation a été plus que laborieuse.
Aujourd'hui, c'est moi qui t'écris. Je ne sais même pas si tu vas recevoir cette lettre, je me rappellerai toujours de cette histoire que tu nous avais raconté, ce type qui vit dans ta résidence et qui s'amuse à piquer le courrier des autres pour aller recycler le papier et gagner quelques centimes... pathétique.
C'est pour ça que je vais m'ouvrir à toi, tant pis si tu ne lis jamais ces mots. Déjà, j'aimerais te balancer le vrai prénom de Chigga, il s'appelle Bryan. Prénom de mec à... bah à finir en prison en fait.
Ensuite, je me suis grâce à toi rendu compte à quel point l'art était quelque chose de signifiant, au début je pensais vraiment que c'était une affaire de "talent": avoir le matériel, bien savoir dessiner et voilà. Que tout était une question de beauté. Mais en réalité, tout ne repose jamais seulement sur de la beauté.
Tout est une question d'intention, de sentiments, de passion. Je me contentais de te rendre des calligraphie, des portraits parce qu'en vrai j'avais peur, peur que tu lises en moi alors qu'on ne se connait pas. Je te donnais des choses banales, jolies pour que tu me foutes la paix mais la beauté est quelque chose qui ne t'a jamais réellement attiré, n'est-ce pas ?
C'est quelque chose que j'ai pu constaté quand tu nous as montré une photo de ton ex, une horreur.
L'oeuvre que je viens de t'envoyer reflète tout ce que je ressens depuis que je suis enfermé derrière ces putains de barreaux, à la fin j'ai trouvé ça tellement ridicule que j'ai failli tout jeter. Tout ce que j'essaie de ne pas montrer aux autres est ridicule, mon cœur est ridicule, mes pensées sont ridicules. Je suis ridicule.
Puis... un sentiment d'impudeur m'a envahit. Le simple fait que je t'imagine là, maintenant, entrain de regarder ce que je t'ai peint me dégoûte, je me suis dis "qu'est-ce qu'elle va penser ?" et bizarrement, ce n'était pas "qu'est-ce qu'elle va penser de mon oeuvre ?" mais plutôt "qu'est-ce qu'elle va penser de moi ?" Je veux dire... mon histoire vaut-elle vraiment la peine d'être raconté ?
Tu trouveras ça sûrement beau que je me confie à toi à travers une peinture car tu aimes l'art mais est-ce que tu m'aimes moi ? Enfin... tu aimes bien me parler, rire avec moi et c'est réciproque ! Mais ce que je t'ai envoyé est le vrai moi, mes vrais peurs, songes, ma propre vision du monde, ce sont des choses que ma propre mère ne connaît pas. Que personne ne connaît sauf toi et moi.
Ceci est le "réel" moi. Si tu aimes ce que j'ai fait, ça veut dire que tu m'aimes vraiment. Cette peinture c'est moi, je comprends maintenant ce que tu voulais dire quand tu disais que l'art est important, qu'il fait parti de nos vies.
T'as vu... Je suis pas très fort pour m'exprimer avec des mots mais je ne me voyais pas te dire directement, en te regardant dans les yeux tout ce que j'avais sur le cœur depuis que je suis ici donc comme un lâche j'ai préféré te le dessiner. Et le pire c'est que le tableau ne représente même pas moi, Lee Hoseok, entrain de pleurer dans une cellule.
Non, j'ai préféré faire quelque chose de plus subtile parce que j'avais trop honte de montrer mes vraies couleurs. J'ai pris un personnage, lui ai transmis ce que je ressentais puis j'ai dessiné tout son univers en feintant que ses sentiments sont fictifs parce que je ne suis qu'un lâche.
J'utilise ma bouche pour charmer, manipuler et me moquer, par pour parler de moi. Alors qu'on est d'accord, si on a la capacité de parler c'est pour dire ce que l'on pense mais... Bon ça devient trop compliquer. Cette lettre devient trop complexe et personnel, je n'aime pas ça.
Ce que j'ai à l'intérieur de moi c'est du grand charabia, je pensais me connaître mais pas du tout, c'est tout ce que t'as à retenir de cette lettre.
Peindre semble m'aider à recoller des morceaux, à rendre tout moins confus en moi donc... merci pour ton aide, ton temps et ton investissement. Merci pour tout.
Je vais bientôt être libéré pour bonne conduite, prend soin de toi Linda. »
— Il est complètement allumé ce mec, de toute manière pour parler à Linda faut être carrément bizarre. Enfin bref, j'espère que les tableaux se recyclent aussi, commenta un jeune homme en chiffonnant la lettre et en rangeant grossièrement l'oeuvre de Wonho dans son sac.
fin de myūzu ! 31 août 2018.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top