• Plume n°9 •
Nekfeu
➰
" Maxine Laurens, dernière fois : réveil-toi immédiatement ou je te sors de force de ce bus ! "
Malheureusement pour ma gueule, ma voisine de couchette ne fut pas le moins du monde perturbée par la colère évidente de sa sœur qui rugissait depuis l'extérieur du car. Au contraire, en bonne chieuse, je la vis s'emmitoufler un peu plus dans ses draps, s'emmêlant dans sa couette comme un satané vers dans de la terre.
Voilà dix minutes que Rose la hélait, vraisemblablement furieuse contre la muette pour une raison qui m'échappait pour le moment, et ses cris avaient su réveiller tout le monde dans le bus, si ce n'est la première concernée qui dormait profondément. Cela dit, après la mine que cette garce s'était mise la veille, pas étonnant qu'elle pionce autant.
" Maxine Liliana Laurens ! " Beugla une nouvelle fois la blonde, et cette fois-ci ce fut moi qui sortis de mes gongs. Violemment j'attrapais un de mes coussins et le balançais sans douceur contre la brune qui n'avait toujours pas cillé d'un centimètre.
" Réveil-toi, putain ! "
Je criais à mon tour et cela eut directement l'effet escompté. Les yeux plus ronds que des billes, elle se redressa vivement sur ses deux coudes et me foudroya du regard, me tuant mentalement dès le matin. Mais elle n'eut aucune crédibilité à mes yeux quand je vis l'état misérable dans lequel elle était : ses cheveux n'étaient plus qu'un amas de nœuds hirsutes, son maquillage raffiné de la veille avait disparu pour lui donner un air blafard typique de la gueule de bois, et ne parlons pas du tee-shirt large immonde qu'elle s'évertuait à porter pour dormir et qui ne la flattait absolument pas. Je ricanais sinistrement devant sa gueule et lui marmonna avant de ne me laisser retomber contre mon oreiller :
" En fait, non : reste cachée, ça vaut mieux pour tout le monde. "
Raillais-je, mais alors que je m'attendais à recevoir une insulte cinglante, ou ne serait-ce qu'un grognement de sa part, elle ne rappliqua pas, se contentant de se relever de son lit et trainer les pieds jusqu'à la sortie. Mes orbes s'exorbitèrent lorsque je pus voir qu'elle ne portait rien d'autre que son tee-shirt dégueulasse. Ses fesses étaient à peine couvertes pour le vêtement à l'effigie du groupe Gorillaz. Obnubilé par le prodigieux bombement de son charmant fessier, je me surpris à l'imaginer entre mes mains, un air grave et concentré sur la gueule tant j'étais hypnotisé par le délicat tissu en dentelle de son sous-vêtement qui couvrait son cul d'Enfer.
Tout mon sang reflua vigoureusement vers mon intimité lorsqu'elle releva ses bras pour se faire un chignon négligé. Tout son putain de cul était apparent et ne parlons pas des deux satanées fossettes qui se dessinaient dans le creux de ses reins. Mes gencives me firent mal tant le grincement de mes dents entre elles était puissant, et je ne me rendis compte que maintenant que je m'étais inconsciemment redressé sur mon pieux pour pouvoir mieux la lorgner.
Trop médusé par les courbes généreuses de son postérieur, elle m'arracha à mes fantasmes en riant silencieusement, se foutant ouvertement de ma gueule qui se fendit en une moue colérique. Encore brouillé par cette vision enchanteresse de ses fesses, je n'eus pas la force de l'envoyer bouler comme il se devait ; par contre, quand je la vis quitter le bus sans rien d'autre sur le dos, je me dépêchais de gueuler :
" Je t'interdis de sortir du bus comme ça ! "
Je fus moi-même hébété par ma si virulente et spontanée réplique, tellement que, tout comme elle, mes yeux s'écarquillèrent. Mais alors que je mettais ça sur le dos de mon attirance envers elle, je sus que cela était de la possessivité à l'état pur quand elle enfila insolemment le sweatshirt de Deen, un air provocateur sur la gueule. Elle m'adressa un sourire ironique tandis que je restais bêtement déconcerté par la jalousie titanesque qui cheminait dans mes pensées.
" Max ! " Rugissait de nouveau sa sœur ainée.
Ni une, ni deux, après avoir ajusté le vêtement qui tombait jusqu'à ses genoux, elle partit rejoindre Blondie qui l'attendait de pieds fermes sur la petite « terrasse » improvisée qu'Antoine, Deen, Mekra, 2zer et Rose avaient montée après notre arrivée à Angers, tôt dans la matinée.
Curieux, j'ouvrais le rideau de ma couchette qui me permettait de voir l'extérieur et me penchais pour pouvoir mieux suivre l'altercation entre les deux sœurs. La brune, toujours aussi insolemment, n'écouta pas un traitre mot de ce que sa sœur lui disait et partit se réfugier auprès de Deen qui lui souriait complaisamment. Comme toujours, elle ramena ses deux jambes contre sa poitrine et se servit dans un des paquets de cigarettes qui trainaient sur la table en plastique blanc devant elle.
" Je t'avais demandé une seule chose, Max ! Une minuscule petite seule, et tu n'as même pas été capable de m'écouter ! " Brutalement, Rose fit claquer deux magazines sur le meuble et les pointa férocement du doigt. " Une putain de chose, Maxine, et tu n'as même pas été en mesure de m'obéir ! "
Mes sourcils se froncèrent, aussi bien à cause de mon étonnement -c'était le toute première fois que j'entendais Rose jurer à voix haute-, mais aussi à cause de l'étrange mauvais pressentiment qui me tordit virulemment l'organe vital. La brune quant à elle, toujours dans un calme olympien, fit glisser les deux journaux jusqu'à elle et les observa méticuleusement, un air grave sur sa frimousse mal réveillée.
" Est-ce que tu peux m'expliquer pourquoi est-ce que tu as fait ça ?! "
D'ici, je pus sentir la colère titanesque qui gravitait autour de Rosie : dévastatrice, cette colère inexplicable attisa pourtant ma curiosité maladive.
Qu'avait bien pu foutre Maxine pour que cela vire en véritable drama familial ?
Possiblement blasée et encore ankylosée par le sommeil, la brune repoussa négligemment les journaux jusqu'à sa sœur qui s'empressa d'en attraper un. Elle le feuilleta frénétiquement et commença sa lecture :
« Coup de gueule : Quand le silence devient méprisant.
Le dix-neuf octobre au soir, alors que la photographe à renommée internationale exposait en exclusivité dans le centre de Brest sa toute nouvelle série de clichées, j'ai eu le privilège de la rencontrer. Maxine Laurens, connue dans l'univers de l'art comme étant The Photographe du moment, gagnante à l'unanimité du prestigieux concours « World Photography Organisation », lauréate du « Festimages Nature », publiée à de multiples reprises dans les plus grands journaux internationaux, jeune-femme aux millions de followers sur les réseaux sociaux ... N'a pourtant rien à envier.
Alors que je lui réclamais une interview, la jeune-femme n'a rien su répondre. Ivre jusqu'à plus soif et méprisante – "
" Rose, je crois que ça suffit. " Intervint fermement Antoine, comprenant que la blonde allait peut-être trop loin.
" Non ! Cette histoire est entre elle et moi. Alors tu me laisses finir ! " Elle cracha à l'encontre de mon pote qui se renfrogna immédiatement. " Je disais : "
« Ivre jusqu'à plus soif et méprisante, la photographe a catégoriquement refusé de répondre à chacune de mes questions. Elle m'a de nombreuses fois fait comprendre son envie tenace de retourner à ses occupations, jugeant – à tort – que le magazine Elle ne valait pas le « temps perdu » à mes côtés. La jeune-femme ne s'est d'ailleurs pas gênée pour partir en plein milieu de l'interview.
Néanmoins, son manque d'amabilité ainsi que son arrogance ne sont pas nouveau : Maxine Laurens aurait un nombre incalculable de fois refusait des entretiens ainsi que des passages à la radio. D'ailleurs, on se souvient qu'il y a un an, pour des raisons obscures, la jeune-femme avait quitté un plateau télé en plein enregistrement après qu'un débat sur la place des handicapés en France ait été abordé.
La photographe, prise en exemple par un grand nombre d'amateurs, et très secrète quant à sa vie passée, soulève énormément de questionnements, notamment : Est-elle réellement un modèle à prendre pour les plus jeunes générations et celles à venir ? »
" Et encore, je te passe le passage où elle développe ô combien tu pourrais être « nocive » pour toutes les gamines qui te prennent en référence, Maxine ! Putain, mais qu'est ce qui t'as pris ?! "
Le journal claqua bruyamment sur la plastique de la table, faisant sursauter tout le monde, moi compris, si ce n'est Maxine qui n'esquissa pas le moindre mouvement. D'un calme désarmant, ses orbes translucides détaillaient sa sœur ainée qui tremblait littéralement de colère. Sa cigarette se consumait lentement entre ses doigts tandis que Rose semblait attendre impatiemment une réponse, une justification valable.
" Va te faire foutre, Maxine ! " S'étrangla-t-elle de nouveau. " J'ai tout sacrifié pour toi, absolument toute ma vie pour te suivre où que tu ailles et c'est comme ça que tu me remercies ?! En détruisant tout mon travail en un claquement de doigt ?! "
Le silence lui répondit. Un silence lourd de sens qui, possiblement, ne fit qu'envenimer la situation. Je ne sais comment Maxine faisait pour soutenir le regard empli de reproches de Rose, mais elle le faisait, affrontant inflexiblement la violence inouïe de cet échange visuel qui traduisait la rancœur de Rose envers sa petite sœur.
Et incroyablement, ce fut même Blondie qui détourna le regard en premier, désarçonnée par le calme solennel de la brune.
" Tu es incroyable, Maxine, incroyable. " Elle railla sinistrement et son sarcasme me fit froid dans le dos. " Ton petit rôle de femme insensible, sœurette, il ne dupe personne : Personne autour de toi ne croit ne serait-ce qu'une seconde à ton petit jeu. Et tu sais quoi ? Un jour, ça te retombera dessus et crois-moi, je ne ferai aucun effort pour t'aider. Aucun. "
Elle conclut avant de ne reculer, fuyant je ne sais où tout en faisant claquer durement ses talons hauts sur le bitume. Épaté par cette scène digne d'un grand film dramatique français, je suivais du regard Antoine qui se rua dans sa direction, trottinant bêtement jusqu'à elle qui n'avait que faire de ce qui se passait dans son dos.
Et quand je me reconcentrais sur la petite table en contre-bas, là où étaient restés Deen, 2zer, Mekra et la muette, je fus stupéfait de voir qu'aucun des quatre n'avaient bougé, comme pétrifiés sur leurs sièges. Mes potes examinaient prudemment Maxine, s'attendant très certainement à ce qu'elle fonde en larmes, qu'elle éclate bruyamment en sanglots, mais elle étonna tout le monde en écrasant simplement son mégot dans le cendrier.
Toujours aussi impassible, elle recula sa chaise finement et se remit sur ses deux pieds nus, comme si tout ceci était d'une banalité affligeante. Deen parut lui demander quelque chose, mais elle l'esquiva scrupuleusement, repartant en direction de la porte d'entrée du bus.
Animé par une folle envie de la faire réagir, peut-être même un brin de culpabilité, je bondissais de mon lit et partais la rejoindre dans la salle principale où elle venait de pénétrer. Je m'immobilisais à mon tour, l'étudiant enlever sereinement le sweat de Bigo qu'elle plia avant de le ranger là où elle l'avait trouvé.
Et étonnamment, contrairement à il y a peine quelques minutes, sa quasi nudité ne m'effleura même pas l'esprit. Non, j'étais bien trop concentré sur la façon inhumaine qu'elle avait de rester si flegmatique. Pour ma part, j'aurai flanché depuis un bail : tapant sur tout et n'importe quoi, et gueulant contre ce magazine jusqu'à m'en faire vriller les cordes vocales.
" Max ? "
Je lui demandais alors qu'elle partait en direction de la salle de bain, probablement pour se préparer pour son « rendez-vous secret quotidien ».
Elle m'ignora royalement et continua d'avancer, peu soucieuse de ce que je comptais lui dire. Je grognais de frustration tout en la suivant jusqu'aux couchettes et lui attrapais peut-être trop brutalement le bras pour qu'elle s'arrête : chose que curieusement, elle fit immédiatement. Ses iris bleuâtres roulèrent jusqu'aux miens avec tranquillité, et je me surpris à bégayer, non seulement étonné qu'elle coopère si rapidement, mais aussi ahuri que cela soit bien moi qui allait lui demander ça.
" Est-ce ... Enfin, ça va, tu vas bien ? "
Putain que ma gorge me brûlait ; était-ce bien moi qui avait posé cette connerie à cette chieuse de première ? Mal à l'aise, je gesticulais sur place, valsant sur mes deux pieds alors qu'elle restait impassible devant moi. Je relâchais son coude, comme subitement dérangé par sa peau laiteuse.
" Écoute, je suis certain que ça s'arrangera avec ta - "
" T'es satisfait ? " M'interrompit-elle rudement, la voix si enrouée par son précédent mutisme que j'en fus surpris.
Satisfait ? Une part de moi l'était, irrémédiablement et authentiquement. Celle qui rutilait d'inimitié et d'antipathie viscérale envers la brune l'était même bien plus que de raison. Mais l'autre, la seconde part, celle qui était farouchement intoxiquée par les sentiments divers que faisait naitre Maxine en moi, était meurtrie par la simple idée que c'était moi qui avait foutu un tel bordel.
Pourtant je l'avais voulue, cette vengeance, non ? Je l'avais désirée plus que n'importe quoi, au point de baiser avec une parfaite inconnue pour le simple plaisir de la faire souffrir elle.
Alors de quoi me plaignais-je, très sérieusement ?
" De quoi tu parles ? " Me braquais-je, niant en bloc toutes sortes d'accusations ; elle n'était certainement pas en mesure de me reprocher quoique ce soit alors qu'elle jouait similairement avec Deen. Une lueur d'agacement se ralluma dans ses yeux et je sus à l'instant même, qu'une fois encore, nous ne parviendrons pas à rester calme.
" T'es vraiment qu'un sale con, Samaras, y'a pas à dire. " Cracha-t-elle tout me dévisageant avec tant de hargne que j'eus envie de détourner le regard. " Tu joues à l'innocent sur tes interviews, au chouette type devant les caméras, au mec romantique dans tes textes, mais tu n'es qu'un sombre abruti. Tu étais parfaitement conscient d'avec qui tu me laissais hier. Tu savais que cette meuf faisait partie de l'équipe journalistique du Elle, s'était marqué sur son foutu badge, alors ne joue pas à l'innocent avec moi, parce que tu es tout sauf un putain d'innocent, Nekfeu ! Tu es un idiot de première classe qui ne se rend même pas compte de la chance qu'il a, un connard égocentrique qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Et le pire c'est que tu te permets d'être possessif ! Pourquoi ? Car tu penses que tout t'est dû, que le respect : on te le doit. Mais je vais te dire une chose, Barbie, toi non plus tu ne trompes personne. Je connais suffisamment les types dans ton genre pour savoir que tout ça ... " Elle pointa méchamment ma gueule avec une moue dédaigneuse qui me froissa considérablement. " ... ce n'est qu'une putain de façade, un leurre pour faire croire que toute ta misérable vie te convient. "
Haletante, elle s'arrêta dans sa tirade pour reprendre difficilement son souffle, tandis que moi, je peinais à regarder droit. Mon sang frappait dans mes tympans comme une foutue mélodie assourdissante, mon cœur menaçait de choir à mes pieds à chacun de ses mots et je me sentis vaguement flancher, frappé de plein fouet par la violence grandiose qu'elle plaçait dans ses phrases.
Moi qui me plaignais continuellement de la léthargie de ses émotions, j'étais dorénavant en face d'une Maxine plus rutilante de rage que jamais ; une émotion comme une autre, que nous semblions attiser l'un pour l'autre un peu plus à chaque foutue journée qui passait.
A son tour, elle se mouvait en arrière, ébauchant un mouvement vers la porte de la salle de bain qui était dans son dos. Son visage était chiffonné par la frustration, ses yeux belliqueux dorénavant similaires à deux sphères noires tant l'énervement avait fait grandir ses pupilles.
Pour une fois qu'elle s'exprimait, elle était méconnaissable, visiblement assaillie par une profusion d'amertume à mon égard.
Et étrangement, je n'avais aucune foutue idée de si je devais me sentir flatté d'être la cause initiale de sa prise de parole, ou au contraire, attristé d'en être la raison.
" Alors crois-moi quand je te dis que je ne me fais aucun souci pour ma relation avec ma sœur. Par contre, toi, tu devrais t'inquiéter pour la suite. "
Ses lèvres se froissèrent en une grimace typiquement rebutée, tandis que ses yeux coléreux me promettaient tacitement, qu'en effet, elle n'en resterait pas là. Sans réclamer son dû, elle me claqua la porte au nez et me laissa là, tel un abruti connement ébahi par la sale tournure que venait de prendre les évènements.
Surement aurai-je du m'inquiéter de sa menace implicite, certainement même, connaissant un tant soit son humeur vengeresse.
Et pourtant je fus surpris par la curieuse impatience qui grandissait dans mon organisme, une impatiente néfaste qui gonflait jusqu'à étouffer mon ébahissement et mon énervement.
***
Le restant de la journée, la brune disparut de la circulation, partant comme à son habitude vaquer on ne sait où dans Angers pour faire on ne sait quoi. Sa sœur, quant à elle, était revenue au bout d'une petite heure, accompagnée par Antoine qui avait éventuellement su tempérer ses humeurs ravageuses - Je n'avais aucune foutue envie de savoir comment.
Aucun de nous ne sachant réellement gérer ce genre de conflits entre sœurs, n'avait véritablement osé aborder avec elle le sujet tendu qu'était son engueulade avec la muette – plus si muette que ça quand on repensait à la soufflante dantesque qu'elle avait poussée contre moi en début de journée.
A ce sujet, j'eus du mal à admettre que ses reproches m'avaient quelque peu chamboulé. Une grande partie de la journée, même lors de la préparation du concert, mes foutus songes furent accaparés par la violence innée qui avait éclaté entre nous un peu plus tôt. Innée, car voilà à peine deux semaines que nous nous connaissions, une semaine que nous nous détestions mutuellement, quinze jours que nous jouions au jeu dangereux qu'était le jeu du dominant, dominé.
À qui frappera le plus fort, en d'autres termes.
Déjà bandante de nature, mon côté vicieux ne la trouvait que plus bonne en colère et je savais ô combien mon appétence disproportionnée envers cette brunasse pouvait virer à la catastrophe si nous ne nous tempérions pas chacun de notre côté.
Mais, énigmatiquement, ce jeu était bien trop additif pour que je le stoppe volontairement. J'aimais bien trop l'idée que nous partagions quelque chose ; infime et destructrice comme chose, nécessairement, mais quelque chose qui restait pour autant à nous et qui concrétisait cette relation risquée que nous entretenions.
Restait à garder étroitement en laisse mon attirance phénoménale envers elle pour ne pas qu'elle mute en quelque chose de bien plus fort, plus tangible et nettement moins drôle : Cette garce avait tous les atouts nécessaires pour me faire sombrer dans mes plus sombres travers.
En conclusion, tant que je refoulais mes besoins quasi primitifs de la foutre dans mon pieux, tout irait pour le mieux.
D'ailleurs, similairement à il y a quelques jours, cette foutue emmerdeuse n'était toujours pas réapparue malgré l'heure avancée de la soirée. Le concert n'allait pas tarder à commencer et l'agacement montait crescendo dans mes pensées. Si bien, que chacun de mes muscles ne tardèrent pas à s'imbiber d'inquiétude.
Car en tout honnêteté, ses disparitions longue durée m'angoissaient bien plus qu'elles ne devraient. Je n'avais aucune putain d'idée de ce qu'elle foutait pendant tout ce temps et l'horripilante impression de ne plus l'avoir sous la main me foutait six pieds sous terre.
Assis sur une chaise de bureau à moitié usée par les années, je marmonnais dans mes mains une avalanche d'insultes que j'aurai apprécié lui cracher à la gueule et bondissais littéralement sur mes deux pieds lorsque la porte dans mon dos s'ouvrit à la volée, disposé à lui faire part de mon point de vue quant à ses retards incessants.
" Calme, Barbie, calme. Ce n'est que nous. " Se moqua Bigo qui venait de pénétrer dans la pièce, accompagné de tous les gars et Rose qui tirait une gueule de trois kilomètres. " La muette n'est pas encore arrivée ? " Il me demanda distraitement tout en se laissant retomber dans le canapé en cuir usé de la loge.
" Non. " Rechignais-je à avouer ; bizarrement, parler d'elle avec Deen devenait un peu plus intolérable à chaque nouvelle fois. " Non, elle est encore en retard. " Je marmonnais discrètement pour ne pas m'attirer les foudres de la blonde.
" Elle devrait arriver, je ne me fais pas de soucis. " Soupira le brun, concentré sur son téléphone et nous fûmes deux à rouler des yeux : Blondinette et moi-même.
" De toutes manières, où est-ce qu'elle pourrait aller hein ? "
" Oh tu n'as pas idée de tout ce que peut faire Max quand elle est décidée à faire chier son monde, Mekra. "
J'arquais un sourcil, me demandant à quoi Rosie pouvait bien faire référence, mais au même moment, la retardataire fit justement son irruption dans la pièce, la tête plongée vers le bas. Comment Diable faisait-elle pour toujours faire des entrées remarquées ? Ou alors était-ce simplement moi qui délirais complet à ses côtés ? Je penchais pour la première option ; la deuxième n'avait aucun sens.
Elle nous gratifia tous d'un sourire plus que prononcé, et je fus de suite marqué par sa bonne humeur apparente ; elle qui tirait constamment la gueule en ma présence, sa brusque jovialité laissait sous-entendre quelque chose de louche.
" Alors, ton rendez-vous secret était comment ? " Plaisanta Fram' tout en la tchéquant amicalement. La brune fit danser ses sourcils mystérieusement et explosa de rire pour une raison inconnue. Quand je vous disais que cette meuf était barge.
" Ça a l'air d'aller manifestement. " Continua Eff' qui lui ébouriffa gaminement les cheveux en passant devant elle. Elle couina, bien trop réjouie pour que cela soit normal, définitivement. Je lançais un coup d'œil suspicieux à sa sœur qui, tout comme moi, paraissait perplexe.
" Elle a vu le loup, pas vrai, gamine ? "
Se badina comme un bien heureux Doumam's, et une grande majorité d'entre eux ria à sa réflexion douteuse. Une majorité, car la minorité, celle que nous formions avec Rose, elle, ne cilla pas d'un millimètre. Au contraire sa remarque fit considérablement accroitre mon énervement précoce et je décidais inopinément de changer de sujet quand je me rendis compte de l'absurdité de sa plaisanterie.
Elle ne pouvait pas « avoir vu le loup », n'est-ce pas ?
" Hilarant. Bref, tout le monde est chaud, c'est bon, on peut y aller ? "
" Il est chaud bouillant, l'Fennec ! " Continua Doum's tout en me frappant rudement l'épaule. J'esquissais un sourire libidineux en direction de la brune, sachant pertinemment qu'elle comprendrait le double sens de ma réponse.
" T'as pas idée, mon pote : je suis bouillant, littéralement. "
Et étonnement, moi qui pensais la voir rougir farouchement, elle fit tout l'opposé : Tout comme moi, son visage se dérida pour dévoiler un rictus impudique, suggérant implicitement que je n'étais vraisemblablement pas le seul en effervescence. Lascivement, elle bloqua sa lèvre inférieure entre ses dents et je fus dérouté par ce soudain changement d'ambiance dans mes pensées : Comment foutait-elle pour me faire passer de la colère imminente à l'envie démente de baiser ?
Je n'eus néanmoins pas le temps d'y penser puisqu'Antoine nous poussa tous vers la sortie des loges. Je laissais expressément les autres passer devant moi et attendais que la brune soit à mes côtés pour suivre le mouvement.
" A quoi est-ce que tu joues ? " Sifflais-je discrètement dans son dos pour ne pas que l'on nous remarque davantage.
Elle me lança un coup d'œil amusé par-dessus son épaule et je remarquais alors quelque chose que je n'avais jusqu'à présent pas remarquer. Une chose qui pulvérisa mes idées perverses et réanima farouchement ma colère.
Sans délicatesse, après avoir lancé un coup d'œil aux autres, je rattrapais brutalement sa main qui pendait mollement le long de son buste et la trainais avec moi dans un coin isolé des coulisses.
Me foutant ouvertement de ce qu'elle pensait ou voulait, je l'orientais dans l'axe d'une lumière blanchâtre malgré sa réticence et la contraignis à basculer la tête en arrière pour que je puisse mieux voir ses yeux.
" Bordel de merde, mais tu es complètement défoncée ! " Beuglais-je tout en la repoussant rudement de moi. Ma respiration frénétique fit virevolter quelques-unes de ses mèches de cheveux, mais elle ne parut pas le moins du monde décontenancée par mon explosion de colère ; ce qui, bien entendu, m'enragea encore un peu plus. " Pas étonnant que tu sois de bonne humeur, t'es même pas consciente de l'état dans lequel t'es ! Putain, mais t'es – "
La bile qui remonta brutalement et péniblement dans ma bouche me coupa net dans mon élan. Je prenais un pas de recul, les paupières closes tant cette situation était en train d'exciter mes souvenirs d'antan, le souffle rendu court par la rebutante nausée qui me broyait l'estomac.
" Putain, mais comment j'ai fait pour ne pas voir tes yeux sérieusement ? " Me reprochais-je à moi-même, ébahi de ne pas avoir aperçu la rougeur extrême de ses orbes avant cela. Les deux mains accrochées à mes cheveux, le cœur dangereusement proche des lèvres, je rouvrais mes paupières pour la voir soutenir mon regard sans l'ombre d'une hésitation. " Je t'avais dit de ne plus le faire. Je te l'avais dit, non ?! "
Et, miraculeusement, mon rude haussement de ton la fit baisser des yeux, ce qui, partiellement, sut lénifier ma colère frémissante. Sa subite allure inoffensive, presque enfantine, me désarma et j'eus dans un réflexe l'envie de la provoquer un peu plus. Mais je me ravisais immédiatement quand j'entendis Antoine nous héler de l'autre bout du couloir.
Insatisfait, je m'approchais dangereusement d'elle et attrapais ses deux joues entre mon pouce et mon index pour qu'elle cesse de la jouer gamine chagrinée avec moi ; je commençais à trop bien connaitre ses techniques de charmes.
Nécessairement, lorsqu'elle comprit que je ne croyais pas un centième de son manège, elle claqua ma main et l'envoya voler sur le côté sans scrupule, son regard désormais rutilant d'un agacement évident ; bien, nous étions tous les deux en rogne désormais, comme si la situation pouvait être pire que présentement.
" Prie pour que je n'aille pas lâchement te balancer à ta sœur chérie, la muette, car crois-moi, ça, ça ne passera pas avec elle. "
Lui crachais-je rudement au visage avant de ne décamper d'ici en vitesse, peu désireux de l'entendre répliquer quoique ce soit. Plus colérique que tout à l'heure, je rejoignais Antoine qui nous cherchait, lui assurait dans un bredouillement incompréhensible que tout allait putain de bien après qu'il me l'ait demandé, et attrapais le micro qu'il me tendait.
" Mec, t'es sûr que ça va ?! " Beugla-t-il par-dessus la mélodie qui avait commencé à jouer, mais je ne lui répondis pas, grimpant sur scène lorsque le premier couplet de Martin Eden débuta.
Non.
Non cela n'allait pas foutrement bien. Pas depuis que cette foutue muette avait débarqué dans ma vie comme une foutue punition pour tous les ramassis de conneries que j'avais faites dans ma vie.
Bon sang, le karma était un connard invétéré et ma vie une foutue garce, impossible autrement.
➰
Bonsoir à tous les babies ! Comment ça va ?
J'espère que le chapitre vous a plu ? J'aime de plus en plus écrire sur le pdv de Barbie, j'espère que vous aimez vous ?
En tout cas, il est tard, je vais dodo et je vous souhaite une bonne nuit et bonne journée pour demain ! 😘
Bisous ❤️
-Clem
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