• Plume n°39 •
Bonjour et bonsoir les amours !
Désolée, je publie tard mais au moins vous serez (peut-être) contentes demain matin au réveil haha !
Je commence d'entrée de jeu avec un petit résumé pour permettre à certaines de se remettre les idées au clair et ainsi comprendre toute la fin de Mutique !
On se voit en bas ❤️
➰
Résumé :
Le jour de ses vingt et un ans, Maxine a eu un accident de voiture. Une personne est morte, la seconde est dans le coma depuis trois ans. Sujette à des troubles de la mémoire, elle ne peut se fier qu'aux dires de ses parents et de sa soeur : après que Dylan ait décidé de rompre avec elle pendant la soirée, elle fuit sa fête en compagnie de Rose et cause ledit accident.
Toutefois, trois ans plus tard, elle apprend que Dylan ne l'a jamais quittée. Il a été payé trente mille euros par les parents de Max en contrepartie de sa disparition.
Désormais convaincue que sa famille lui a menti sur la totalité du déroulement de sa soirée, Maxine s'entête à recoller les bribes d'histoire qu'elle possède.
Par diverses moyens, elle parvient à recontacter l'un des invités : Le cousin d'Eff, Guillaume, qui est actuellement emprisonné pour quantité de motifs.
Ken n'est au courant de rien, si ce n'est que Maxine a certainement découvert ce qu'elle cherchait tant : la vérité. Le 31 décembre au soir, il découvre une Maxine en état de choc et est pris de panique. Il ne sait comment réagir, mais est persuadé que son ex-petite-amie à découvert le fin mot de toute cette sombre histoire.
Nekfeu
➰
J'avais lu quelque part que le deuil se sectionnait en cinq phases bien distinctes : le choc, la colère, la dépression, l'acceptation puis la reconstruction. Personne n'était mort – grâce au ciel – mais Maxine avait perdu quelque chose de fondamental le jour où je l'avais récupérée dans ce taxi parisien. Quoi précisément ? Telle était la foutue question.
Cela dit, la perte de cette dite chose avait plongé ma photographe dans une torpeur sans commune mesure. Les deux premiers jours, elle n'avait pas bougé du lit, alternant entre sommeil profond et état comateux plus qu'inquiétant. Elle ne réagissait pas aux stimuli extérieurs, ne mangeait pas et buvait encore moins. Mais alors que Deen et moi envisagions sérieusement d'appeler un médecin, le troisième jour, nous avions eu du mieux. Comme par magie, elle s'était arrachée aux draps et était partie s'enfermer dans la salle-de-bains pendant deux heures complètes. Après quoi, dans un silence quasi mortuaire, elle était passée par la cuisine, avait avalé une moitié de pomme et une bouteille d'eau, puis s'était installée sur le petit rebord de la fenêtre pour le restant de l'après-midi.
Neuf, c'était le nombre de cigarettes qu'elle avait consumées avant de repartir se coucher, sans un mot ou un regard pour nous. Elle était là sans être là, un pied dans son univers si rassurant pour elle, un autre dans notre monde si cruel avec elle.
Le matin du quatrième jour, tels deux abrutis finis, nous avions été réveillés en sursaut par le son d'une porte qui claque. Paniqué à l'idée qu'elle ait fui une nouvelle fois, j'avais bondi pour aller l'intercepter dans la cage d'escaliers ... Mais avais à peine eu à faire un pas pour la retrouver : elle n'avait pas fugué, elle revenait. Et cette matinée fut la première depuis une éternité me semblait-il où j'avais enfin eu l'impression d'exister. Elle m'avait regardé dans le blanc des yeux puis m'avait impassiblement tendu son téléphone portable. Je l'avais saisi, encore un peu ahuri par cette situation inédite, puis elle était partie s'installer dans le salon auprès de Deen qui réagissait avec nettement plus d'entrain que moi.
« Je vais récupérer mes affaires à l'hôtel, je reviens » avais-je lu sur l'écran.
J'avais vérifié mon propre portable et avais constaté qu'en effet, elle m'avait envoyé ce message à six heure quinze du matin.
Il était dix heures passées.
La sombre conviction que nous avions passé le cap du choc m'avait alarmé. Car, fatalement, cela insinuait que nous étions rentrés dans la phase que je redoutais comme la peste : la colère. Une colère froide, silencieuse et funeste. Malheureusement, je n'avais pas pu rester avec elle puisque je jouais à l'Olympia ce soir-là. Deen s'était discrètement proposé pour rester avec elle, je n'avais pas refusé : je n'avais aucune confiance dans les machinations de Maxine. Or, seule, je craignais franchement ce que son esprit déluré pouvait engendrer.
Le soir-même, je rentrais chez moi vers les cinq heures du matin, épuisé par le concert et dépité par le fait qu'Antoine n'ait toujours aucune nouvelle de Rose.
Je peinai à déverrouiller ma porte d'entrée puis poussai un soupir de soulagement lorsqu'enfin je retrouvai la chaleur de mon appart'. Tout était plongé dans l'obscurité. Un silence de mort planait sur les lieux et si je n'avais pas senti l'odeur pugnace de clopes provenant de ma chambre, je serais simplement allé me coucher sur le foutu matelas une place que j'avais installé dans mon salon. Les sourcils froncés, je rebroussai chemin et manquai de trébucher à maintes reprises avant d'atteindre la porte entrouverte de ma piaule. Le plus discrètement que possible, je l'ouvris davantage et ne fus même pas étonné de voir Maxine sur son ordinateur, une putain de cigarette fumante entre ses doigts délicats, un stylo coincé derrière l'oreille et des feuilles de papiers étalés autour d'elle en arc-de-cercle sur le lit.
Elle ne semblait pas m'avoir remarqué, bien trop concentrée sur son fichu écran pour me voir dans la pénombre. Je m'accotai au chambranle de ma porte et croisai mes bras sous mes pectoraux, profitant de son inattention pour l'observer plus à mon aise. L'un de ses genoux était replié contre sa poitrine et elle y avait déposé son menton. Elle tira sur sa cigarette artisanale, tapa rapidement quelque chose sur son ordinateur puis vérifia son téléphone. Je ne savais pas si elle avait remarqué que, lorsqu'elle réfléchissait, elle avait cette habitude inconsciente de jouer avec les doigts de sa main gauche ; j'avais remarqué ce toc quelques mois plus tôt, dans le Tour Bus.
Le Tour Bus. Bon sang. Le souvenir de la première fois que j'avais vue Max, au studio, me revint en mémoire et étreignit doucement mon myocarde. Une éternité semblait s'être écoulée entre l'instant où nos regards s'étaient croisés pour la première fois et ce soir. Comment nous étions-nous démerdés pour que les choses dérapent en si peu de temps, putain ? Comment et quand avais-je perdu le fil de ma vie ? Quand et pourquoi Maxine était-elle devenue si importante ?
Bordeaux. Sur cette plage abandonnée où elle m'avait trainé comme un boulet à sa cheville. J'étais tombé amoureux d'elle à ce moment-là. Amoureux de ses yeux trop clairs, de sa voix trop grave pour son petit corps, de ses cheveux trop longs et trop sombres, de son nez trop retroussé, de sa bouche qui appelait à la luxure et aux péchés. J'étais tombé amoureux comme un putain d'idiot fragilisé par des années de manque et de souffrance. Mais j'aurais vendu mon rein pour revenir à cette nuit-là. Donné mon foutu poumon noirci par des clopes fumées à la chaine et des années de débauche, pour refaire l'histoire, arrêter ce foutu jeu dans lequel nous nous élancions. J'aurai vendu ma satanée âme au Diable pour que les choses ne s'enveniment pas comme elles l'avaient malheureusement fait contre mon gré.
Mais je ne savais que trop bien que jamais personne n'écoutait nos demandes désespérées. On était seuls ici-bas, seuls face à nos responsabilités, seuls face à nos conneries, seuls face à nos foutus sentiments. Personne ne venait jamais nous aider.
Putain, cette garce de Vie devait bien se bidonner à nous tourmenter ainsi.
Mes tristes pensées s'écrasèrent dans un coin de mon esprit lorsque ma copine aplatit sa cigarette incandescente dans mon cendrier. Je me redressai, le cœur lourd et la bouche pleine de mots que j'aurais aimé hurler au monde entier, et poussai la porte pour qu'elle me remarque ... Cela rata magistralement. Je roulai des yeux et rentrai dans ma chambre.
" Je dérange ? " Chuchotai-je.
Doucement – pas le moins du monde surprise par mon entrée dans sa bulle –, elle releva son regard souligné de cernes noirâtres et m'étudia de haut en bas. Putain, je ne savais pas ce qu'elle voyait chez moi, mais moi, je ne voyais que le pâle reflet d'une foutue meuf que j'aimais. La Maxine qui était installée sur mon lit n'avait plus rien à voir avec celle que j'avais rencontrée des mois plus tôt.
Ses yeux céruléens étaient peuplés de fantômes et démons passés ; habités par des cauchemars que j'aurais aimé détruire à grands coups de rires bancals. Ses lèvres étaient gercées et fendillées, son sourire énigmatique avait disparu de son visage pâle. La lumière bleuâtre de son ordinateur laissait voir des veines bombées le long de cou et je me fis la réflexion débile que cela faisait trop longtemps que je n'avais plus vu ses cheveux longs détachés.
La niaiserie de ma pensée me fit soupirer tandis que je me déplaçais vers le fond de ma chambre. Las, je me laissai tomber dans ma chaise de bureau et me massai les paupières. Putain, j'étais crevé. Blasé et épuisé.
Je rouvris mes paupières quand Max alluma ma petite lampe de chevet. Bien évidemment, le temps que je m'asseye, elle avait éteint son ordinateur, rassemblé ses feuilles volantes, verrouillé son portable, puis fourré le tout dans son immonde besace. Un jour, je lui en achèterai une nouvelle, me promis-je, mais d'abord ...
" On n'a pas réellement eu le temps de parler, toi et moi. "
Marmonnai-je en m'accoudant sur mes genoux. Je passai une main sur ma nuque douloureuse et raclai ma gorge pour chasser la gravité inhabituelle de ma voix. De toute façon, ce n'était pas comme si nous avions pu avoir une discussion réglementaire : pas un foutu son n'était sorti de sa gorge depuis des jours. Du coin de l'œil, je la vis zyeuter vers la porte de sortie ce qui me fit secrètement sourire : certaines choses ne changeraient jamais.
" Ce n'est pas un interrogatoire, bébé. Je ne te retiens pas « prisonnière » ici ... Bon, j'admets avoir déjà essayé mais nous avons tous les deux pu constater que les résultats étaient foutrement ... désastreux. " Grimaçai-je péniblement au souvenir de cette soirée où j'avais découvert qu'elle avait littéralement fugué de chez moi. Elle sembla comprendre l'allusion puisqu'elle riva son regard impassible dans le mien. " J'aimerai simplement comprendre, tu vois ? De toute ma vie, je n'ai jamais autant paniqué qu'en te voyant comme ça. Putain, je me sentais minable, Max, et je ne savais pas comment réagir, et j'sais toujours pas ce que je dois faire pour t'aider à aller mieux. "
A la crispation de ses mâchoires, je devinai avoir touché un point sensible. Et si mon premier réflexe fut de vouloir titiller davantage cette faiblesse pour lui tirer les vers du nez, je m'abstins. Je l'avais suffisamment brisée comme ça.
Bordel, mais qu'est-ce qui ne tournait plus rond chez moi pour que je pense sérieusement à utiliser les faiblesses de ma meuf pour lui faire cracher la vérité ?
La simple putain de vérité était que ce jeu nous avait pourri jusqu'aux os.
Tous les deux.
Pas qu'elle.
Etonnamment, elle fut la première à détourner les yeux. Enième preuve avérée d'à quel point toute cette histoire l'avait bousillée : Maxine Laurens ne baissait jamais son foutu regard.
Prends-toi ça dans la tronche, Nekfeu. Admire donc le résultat de ta glorieuse victoire, ironisa ma raison, hilare, à juste titre.
" Et puis évidemment, il y a nous. " Marmonnai-je en contemplant mes pieds. Dépité, je me mis à arracher les peaux mortes qui cerclaient mes ongles et n'arrêtai que lorsque l'une d'entre elles se mit à saigner. Je grognai une injure et passai une main dans mes cheveux quand il devint évident que je ne pourrai pas passer par quatre chemins pour dire ce que j'avais à dire. " Je regrette, Max. Putain, je regrette tellement de t'avoir ... " Abandonnée, blessée, humiliée, détruite, embrigadée dans mes jeux barbares. " ... Quittée. Je regrette de t'avoir quittée. " Répétai-je en osant enfin affronter son regard. " J'étais dépassé par toutes les merdes qui nous tombaient dessus. Le retour de ton ex, ta sœur, ton accident, tes foutus parents, mes potes, ma carrière, ... Bon sang, tout me dépassait, Max, mais plus que tout, ce que je ressentais pour toi me terrifiait. "
La fatigue me fit bêtement pointer mon crâne et j'écrasai mon doigt sur ma tempe, un rictus amer aux coins de mes lèvres sèches. J'étais ridicule. Je n'avais pas le droit de me plaindre. Et pourtant c'était plus fort que moi. Je voulais justifier toute la souffrance que je lui avais causée, expliquer pourquoi je n'étais que ce que j'étais et pas celui qui lui fallait. Je grimaçai en ramenant ma main sur ma cuisse et tassai mes poings, plantant mes ongles dans la peau tendre de mes paumes.
Je voulais ma Maxine. Celle sans aucune pudeur, aux sourires mystérieux qui me galvanisaient de plaisir, aux rires enfantins et aux déhanchés endiablés. Je voulais la meuf qui était capable de me faire jouir d'un simple regard dégoulinant de désir pour moi, celle qui était venue me prendre dans ses bras après une violente engueulade avec mon paternel.
Je voulais l'unique personne dans ce putain de monde qui parvenait à me faire rire avec un silence.
Je désirais cette Maxine-là. Pas la grande Maxine Laurens, juste Max.
Ma foutue Max que j'avais enterrée vivante un soir où j'avais été plus lâche qu'à la normale.
" Je n'ai aimé qu'une seule meuf dans ma vie, Maxine. Et elle est morte. Je l'ai pleurée pendant des années et me suis persuadé que je ne retrouverai jamais ce que j'avais eu avec elle. À mes yeux, elle était la foutue femme de ma vie, tu vois ? " Je reniflai dédaigneusement lorsque mes jambes se mirent à battre nerveusement le parquet de ma chambre et repris en la pointant rapidement du bout de la main : " Puis tu es arrivée, avec tes silences insupportables, tes bouderies ridicules et ta haine viscérale contre le monde entier. Je n'aimais pas tes yeux trop clairs pour être regardés en face, je détestais et déteste encore ta foutue besace que tu trimbales partout, et méprisais la façon que t'avais de me chauffer pour me remettre à ma place. " Je passai une main sur ma moustache pour cacher le sourire ironique qui faisait trembler mes lèvres et chuchotai juste suffisamment fort pour qu'elle m'entende : " Et pourtant je suis connement tombé amoureux de toi et de tout ce que je détestais chez toi. Je ne sais pas ce qui s'est passé dans mon crâne ce soir-là, Max. J'ai juste eu peur. Foutrement peur de ne pas être à la hauteur. A chaque fois que tu disparais je flippe de ne jamais te voir revenir parce que, merde, j'ai désespérément besoin de toi dans ma vie. Et je sais, putain, je sais que tu m'aimes aussi, Maxine, mais c'est plus fort que moi. Que tu me quittes serait la pire foutue choses qui pourrait m'arriver à l'heure d'aujourd'hui. "
Je secouai mollement la tête en reniflant de dédain. J'avais mal partout. Je souffrais comme un satané clébard et n'étais même pas capable de regarder Max en face : parler au mur de glace qu'elle était devenue par ma faute finirait de m'achever. Mon lâche de cœur battait trop vite, trop fort, il menaçait de s'échapper de ma cage-thoracique à chacune de ses pulsations douloureuses pour mon âme. Cette même foutue âme qui chialait à ma place, trop fier que j'étais pour pleurer devant la meuf que j'aimais.
" Je ne suis qu'un connard dans un monde de connards, Max. " Chuchotai-je tristement en relevant enfin mes prunelles vers ma brune. Elle n'avait pas cillé, toujours aussi stupéfiée par mes sentiments que je lui présentais sur un satané plateau d'argent. " Et les mecs comme moi ne font jamais des merveilles ; ils jouent avec. Elle est là, la foutue nuance, Laurens. "
Enfin elle réagit. Un hoquet de surprise fit brusquement tressauter les muscles de son cou tandis qu'elle battait furieusement des cils. Ses yeux dansèrent fiévreusement sur mon visage une seconde ... puis elle bondit sur ses pieds pour rejoindre la sortie.
Je fermai aussitôt mes paupières, regrettant soudain de lui avoir avouer que je ne la retenais pas prisonnière.
Mon cœur se déchira sous mon pectoral tandis que la porte de ma chambre se fermait derrière elle.
Qu'on me crève, s'il vous plait. Qu'on me crève, maintenant, tout de –
Deux mains capturèrent brusquement mon visage et avant que je ne puisse comprendre ce brusque revirement de situation, deux lèvres se jetèrent voracement sur les miennes. Nos dents se percutèrent de plein fouet mais la surprise fit taire la douleur dans mes gencives. Je fronçai mes sourcils, figé dans le fond de mon siège par l'incertitude. Et Maxine dut saisir mon trouble puisqu'elle se recula aussitôt, essoufflée et cramoisie jusqu'à la racine de ses cheveux.
Médusé, je regardai la porte de ma chambre que j'avais pourtant entendue claquer ... et compris enfin que ma photographe n'était jamais partie : elle l'avait fermée pour nous donner de l'intimité.
Je plongeai mon regard ahuri dans le sien flamboyant de luxure... Avant de ne bondir sur mes pieds pour empoigner son visage entre mes doigts. Je plongeai sur ses lèvres et poussai un grondement de plaisir pur quand elles se comprimèrent de nouveau contre les miennes brûlantes de désir. C'était trop bon. Explosif, jouissif, à la limite du supportable. Une seconde, le plaisir que je tirai de ce baiser inespéré fit trembler le sol sous mes pieds. Je rêvais. Putain, je rêvais. Ses mains dans mon dos, ses ongles plantés dans mes bras, c'était trop bon pour être raisonnable. Ce genre de sensations, d'enivrement total, d'explosion des sens, cela devrait être proscrit par la loi. J'insérai ma langue entre ses dents et crus exploser dans mon froc lorsqu'elle gémit dans ma bouche. C'était irréel, inimaginable. Indescriptiblement bon.
Dans une chorégraphie parfaite que nos deux corps commençaient à connaitre par cœur, ma brune bondit pour enrouler étroitement ses jambes autour de mes hanches tandis que je passais mes mains sous ses fesses pour la porter jusqu'au lit. Je m'appuyai sur mon bras droit pour ne pas m'affaler sur elle de tout mon poids et grondai de bienêtre lorsqu'elle fit savamment rouler ses hanches sur ma verge gorgée de sang.
J'allais. Exploser.
Ses lèvres - ses putains de lèvres - m'avaient inhumainement manqué. Ardentes. Voraces. Entrepreneuses et prometteuses de péchés inimaginables. À moi. Au moins le temps d'une vulgaire nuit en tout cas. Aussi les embrassai-je avec autant d'appétit qu'un affamé, de plaisir qu'un sale type laissé trop longtemps sans sa dose d'héroïne. Qu'un pauvre idiot qui avait trop peur de manqué d'elle, qui voulait tout lui prendre, tout lui voler, pour ensuite tout garder. Egoïstement. Jalousement. Amoureusement.
Alors c'était ça, revivre ? Sentir ses cellules vibrer, sa peau s'enduire de plaisir et son cœur battre comme un dératé dans sa poitrine ? Avoir l'impression de reprendre son souffle après une immersion de deux minutes dans de l'eau glaciale ? Percevoir la façon quasi erratique qu'avait mon organe vital de relancer le mécanisme rouillé qu'était mon corps épuisé ? Flairer l'adrénaline refluer tel un raz-de-marée dans mes artères ?
Si tel était le cas, je voulais mourir tous les putains de jours de ma vie pour renaitre dans les bras de ma photographe. Je le jure.
Car rien, bons sang, rien n'était plus dopant qu'avoir le corps incandescent de Maxine contre le mien. Exigeant, impatient, insatiable : il hurlait à l'agonie et transpirait par tous les pores de sa peau que je m'enfonce en lui. Doucement. Brutalement. Tendrement. Agressivement. Que je le pilonne puis le caresse, l'effleure puis le reprenne après.
Ses petites mains tombèrent sur les pans de mon tee-shirt et je jurai que ses ongles raflant la peau fine de me mes abdominaux aurait pu me faire tourner de l'œil tant c'était bon. A contre cœur, je m'arrachai à sa bouche pour l'aider à me déshabiller et retombai lourdement sur elle lorsque ses pupilles dilatées par le désir tombèrent dans les miennes. Trop de fois depuis trop longtemps j'avais rêvé de ses soupirs à fendre l'âme, de ses gémissements pressants et de ses regards libidineux. Trop de fois j'avais souhaité qu'elle jouisse dans ma bouche, soupire dans mes oreilles et me regarde avec cette lueur brûlante et indécente.
Mon foutu sexe palpitait douloureusement sous mon jean. Je. N'en. Pouvais. Plus. Je voulais Max toute entière, en moi, sous moi, sur moi. Aussitôt que je me reculai d'elle pour la dévêtir à son tour, aussitôt me manqua-t-elle. J'arrachai à moitié son tee-shirt et réservai le même sort à son legging immoralement moulant. Elle n'avait plus que sa culotte en dentelle noire et cet éclat désireux dans le regard – désireux de moi. De moi et de seulement moi. Pas de Dylan. Pas de mes potes. Pas de vengeance. Juste et magnifiquement moi.
Une possessivité malsaine escalada mes veines et détonna brutalement dans mon crâne lorsque je fis glisser son sous-vêtement sur ses petites jambes pour délivrer son sexe dégoulinant de désir. Ça, pensai-je en glissant mes deux mains sur ses cuisses frissonnantes, c'était à moi. Je l'observai se tordre dans les draps de mon lit tandis que je caressais du bout des doigts tout ce dont je m'étais privé depuis si longtemps et atteignis dans une lenteur contrôlée ses seins. J'effleurai ses tétons fièrement tendus vers moi et ne parvins pas à attendre davantage lorsqu'elle étouffa un gémissement derrière sa main : je plongeai instantanément sur sa bouche pour taire le plaisir que je lui procurai – c'était trop bon pour être négligé.
Une main fermement accrochée à sa nuque, une autre dans le creux de ses reins pour la contraindre à frotter son intimité contre la mienne turgescente encore prisonnière de mon jean, je baisai et possédai ses lèvres avec frénésie. Ses petits doigts emmêlés dans ma tignasse étaient un délicieux rappel de la réalité et finirent par glisser sur mon dos, raclant leur ongle sur ma peau couverte de chair de poule. Ils roulèrent sur mes flancs, éraflèrent mon torse et griffèrent mon bas-ventre lorsqu'ils bataillèrent avec la ceinture de mon jean. Je ne fis rien pour l'aider. C'était trop bon de constater que je n'étais pas le seul à lutter avec ses émotions trop virulentes, bien trop rassurant de savoir que je n'étais pas le seul à subir les assauts du désir. Cela dit, lorsqu'elle me mordit méchamment la lèvre, je saisis parfaitement le message : elle s'impatientait.
Dans un grognement mécontent, je me remis debout pour me dessaper tandis que Max se hâtait d'ouvrir le premier tiroir de mon chevet pour saisir une capote. Le temps que j'envoie mon vêtement voler dans un coin de ma chambre, ma brune s'était agenouillée sur le matelas et avait détaché ses cheveux sombres. Et je jure que mon sang s'arrêta une seconde dans mes veines, frappé de plein fouet par la beauté de ma meuf si fièrement exhibée.
Sa tignasse avait considérablement poussé, chutant désormais jusqu'à l'os de ses hanches nettement plus saillant qu'à l'accoutumé. Ses petits seins perçaient cet épais rideau de cheveux bruns et semblaient me faire de l'œil. Mais je jure que c'était son regard qui remit mon système sanguin en marche : enfin, putain, enfin je retrouvais ma Max. Celle qui parlait avec son regard, qui hurlait ses émotions corrosives à grands coups d'œillades affamées et passionnées. Et ce fut la douleur dans ma verge palpitant d'impatience qui me convainquit d'alimenter ce feu ardent qui brûler dans l'océan de ses iris.
En une foulée, je la rejoignis sur le matelas et glissai précautionneusement ma main sur sa gorge lorsque nos corps se rencontrèrent de nouveau. Elle bascula son crâne en arrière tandis que je léchai goulument la peau laiteuse de son cou. Elle était brûlante, presqu'aussi effervescente que la mienne. Mais je voulais plus, tellement plus que de simples baisers incandescents. Aussi attrapai-je ses hanches et la fis rouler par-dessus moi. Je nous hissai un peu plus haut sur le matelas pour que je puisse m'adosser au mur et contemplai ma brune à ma guise. Elle m'embrassa du bout des lèvres tandis que ses petites mains prenaient mon sexe dans leur creux moite. Dans une lenteur torride et insupportable, elle fit glisser le bout de plastique lubrifié sur ma verge tendue entre nos deux corps et glissa sa langue entre mes lèvres lorsqu'un grondement vibra dans ma trachée. Elle captura ma nuque pour m'empêcher de bouger et se rehaussa sur ses genoux pour se laisser glisser sur mon sexe.
Lentement.
Doucement.
Putain. De. Merde.
Je fondis d'un seul coup lorsque la chaleur humide entre ses cuisses coula sur ma queue, lorsque les muscles de son intimité se refermèrent autour de moi, me capturèrent dans ses chairs et refusèrent de me relâcher.
Comment je m'appelle déjà ?
Ses deux mains glissèrent langoureusement sur mes trapèzes puis descendirent jusqu'à mes poignets. Elles les déposèrent sur son fessier rebondi tandis qu'elle entamait une série de va-et-vient indécents. Un frisson me secoua l'échine lorsque les petites boules de chairs qui couronnés ses seins vinrent indécemment se frotter contre mes pectoraux. J'apportai d'instinct mes mains à son cou et me cramponnai doucement aux cheveux de sa nuque. Max n'était pas une grande adepte du sexe violent – et je ne l'étais pas non plus – mais nous avions trouvé notre équilibre. Un peu chaotique comme équilibre, certes, mais il nous convenait : c'était notre manière à nous de nous dire qu'on s'aimait un peu trop pour que cela ne soit pas douloureux.
Ivre d'un plaisir sans commune mesure, je contemplai derrière mes paupières mi-closes ma copine savourer chacun de ses savants coups de reins, chacun de mes judicieux coups de mains.
Maxine était belle à en crever.
Bon sang, ouais, j'aurais pu mourir pour revoir ses lèvres pulpeuses s'entrouvrir dans un soupir de béatitude, ses cheveux suivre chacun de ses mouvements, frôlant délicieusement son nombril et le mien à chaque foutue fois que mon sexe s'enfonçait en elle jusqu'à la garde.
Mes yeux tombèrent sur son cou gracile lorsque j'accélérai le rythme. Je callai mon pouce sur l'artère qui palpitait frénétiquement sous sa peau et m'acharnai à suivre sa cadence, posant ma bouche sur la sienne quand ses soupirs devinrent trop bruyants. Elle se cambra pour que son abdomen frôle le mien et quand la pression annonciatrice de l'orgasme naquit dans le creux de mon ventre, je glissai une main entre nous pour titiller son clitoris. J'eus néanmoins à peine le temps de le frôler que ma Maxine explosa sous mes doigts, mordant férocement ses lèvres pour taire ses soupirs. J'aplatis directement ma main sur le bas de son visage pour taire son hurlement de plaisir et faillis tourner de l'œil lorsque les muscles de son intimité se crispèrent violemment sur la mienne.
Bordel de Dieu.
C'était fascinant et terriblement excitant, d'admirer le fruit de votre plaisir se morfondre dans un océan de bonheur grâce à vous. Particulièrement quand ledit fruit était, en temps normal, aussi secret qu'un inconnu. Or, quand elle jouissait, Maxine perdait le contrôle de ses émotions et se laissait aller dans le creux de mes bras, me confiant son corps bousillé et son âme fracassée. Et c'était méchamment bon, de savoir qu'elle me faisait suffisamment confiance pour se libérer ainsi.
Tellement putain de bon que je me cramponnai à ses hanches et posai mon front moite de sueur contre le sien. Les yeux ouverts pour observer son visage si détendu par l'extase, je me mis à la pilonner plus vite, plus fort.
Je voulais que son corps se souvienne de moi comme je me souvenais de lui.
Je voulais marquer ma meuf comme elle m'avait tatoué l'âme à l'encre colorée.
Je voulais qu'elle m'aime comme je l'aimais.
J'explosai après un ultime coup de reins. La chaleur déflagra dans mon ventre comme une bombe à retardement tandis que je bloquais le corps délicat de ma photographe contre le mien. Je tus mon grognement rauque en mordant dans l'épaule de Max qui me cajolait dans ses bras. Son parfum s'engouffra dans mes narines tandis que les ravages de l'orgasme me secouait l'échine de part en part. C'était trop bon. Trop bon pour être vrai, trop bon pour que ça dure, trop bon que je puisse me relever ensuite.
Et quand le silence retomba lourdement dans la chambre, qu'il ne resta plus que nos respirations décousues et nos deux cœurs collés l'un contre l'autre, je jurai que j'eus envie de pleurer. Follement. Pitoyablement. Honteusement. Parce que c'était fini, qu'il n'y avait plus de suite. Que la Maxine inexpressive, celle que j'avais cassée et délaissée comme un jouet détérioré ne tarderait plus à revenir hanter son visage encore moite de nos ébats.
Qu'il n'y avait tout simplement plus d'encre dans l'encrier et que Max avait cessé d'écrire sur mon âme depuis le soir où je l'avais abandonnée.
J'inhalai profondément son odeur musquée en brossant ses cheveux dans son dos. J'avais fait ça. Si elle n'avait plus parlé, souri et ri depuis des jours, c'était de ma faute. Et la douleur dans ma cage-thoracique balaya les bienfaits de notre partie de jambes en l'air en moins de temps qu'il ne fallait pour éteindre une bougie. Ma hantise de la perdre une nouvelle fois se cristallisa autour de mon cœur et m'empêcha de reprendre convenablement mon souffle. Une boule de chagrin se bloqua dans ma gorge tandis que ses mains retombaient le long de son buste, délaissant mon cuir chevelu qu'elle massait jusqu'alors.
Non ! Non, putain, non ! Reviens, Max ! s'égosilla instantanément le gosse que j'étais dans mon for-antérieur.
Le manque me compressa la poitrine dans un étau infernal. J'avais beau être en elle, plongé dans les replis de son sexe encore brûlant, la tenir étroitement dans mes bras comme une poupée disloquée, la Maxine que le monde et moi nous étions amusés à manipuler à tort et à travers avait repris sa place. Et je me sentis si seul que le froid s'enroula autour de ma colonne vertébrale, frigorifiant mes muscles et mes nerfs, glaçant mes os et mes cellules.
Les paupières closes et les sourcils froncés pour cacher la peur qui me brûlait les rétines, je posai mon front sur sa tempe et embrassai fiévreusement sa peau de nouveau fraiche.
Non.
Je refusais que ça se passe ainsi.
Pas une nouvelle fois.
Qu'importait que j'ai à violer le si précieux univers dans lequel elle se réfugiait depuis des jours – pour ne pas dire depuis toujours –, je ramènerai ma Max. Envers et contre tous ... Envers et contre elle-même s'il le fallait.
➰
Le dernier chapitre " calme " de Mutique 😭
À partir de maintenant, il va falloir s'accrocher les amies parce que les vérités ne vont pas tarder à sortir de l'ombre hihihi
Comment je suis pressée d'avoir vos réactions 😱
Je vous fait de gros poutous ❤️❤️ Je vous aime ❤️❤️
-Clem
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