• Plume n°35 •


Bonjour bonjour mes amours !
Oh lala après cette journée, ma foi, de meeeeeerde, je suis trop contente de vous retrouver ! Raison pour laquelle ... nan je vous l'annoncerai à la fin 😘

Allez, pour celles qui aiment Dydy (moi je suis un love mdr) voici un petit chapitre que j'ai adoré écrire !

J'espère qu'il vous plaira, on se voit en vas ! ❤️








Maxine





" Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée ... " Murmurai-je avant de ne glisser nerveusement mes mains dans la poche centrale de mon sweatshirt.

" Y'a peu de chances pour que ça foire, princesse. " Me rassura-t-il en m'adressant un clin d'œil malicieux. Il ria et je sentis mon cœur se gonfler de satisfaction ; il ne le saura très certainement jamais, mais son rire était un plaisir pour mes tympans. J'étais ridicule. Ridiculement amoureuse d'un type qui se contrefichait de moi. " Allez, arrête de bouder, j't'aurais pas emmenée dans ce bordel si je n'étais pas certain que tout se passerait bien. " Tenta-t-il de nouveau en me donnant un coup d'épaule complice.

" Antoine et Raphaël m'ont dit le contraire. " Râlai-je en écartant ses bras qui tentaient de m'étreindre.

" Mes potes sont des cons. Tu le comprendras bien assez tôt. " M'expliqua-t-il calmement, mais je ne pus m'empêcher de penser qu'il n'y avait que de très peu de chances pour que je le comprenne par moi-même. Je ne connaissais ces types que depuis quelques semaines et si ma mère apprenait ce que je trafiquais avec eux, elle me couperait ma ligne téléphonique et m'enfermerait à double-tour dans ma chambre. Cette pensée me fit soupirer. Vivement que je me casse de ce trou à rats familial, pensai-je.

" Sûrement. " Marmonnai-je avant de ne voir débarquer les deux amis de Dylan.





Raphaël était le plus jeune. Du haut de ses quatorze ans, il ne payait pas de mine avec son appareil dentaire, son acné et ses vêtements bien trop larges pour son corps longiligne, mais il était très certainement le plus sympathique de ce petit groupe. Il était d'ailleurs celui qui était venu m'aborder dans la cour de l'école, quatre semaines au préalable, alors que j'étais assise sur un banc, écouteurs enfoncés dans le conduit auditif pour ne plus entendre les cris hystériques de Clémentine, une brunasse sulfureuse qui était dans la même classe que Dylan et Antoine. Avec son allure provocatrice, ses yeux de biches et ses vêtements de marque, elle était la parfaite tête à claques sur qui je m'étais défoulée il y a quelques mois. Après une remarque acerbe sur mes tenues « bien trop masculines pour une fille de ma classe sociale », mon poing avait volé jusqu'à sa joue en à peine une seconde.

Antoine, lui, était le grand frère de Raphaël. D'un an mon ainé, il arborait un look punk qui plaisait à une grosse majorité de la gente féminine de notre école et qui collait parfaitement à ses cheveux charbonneux et ses yeux noirs. Je ne connaissais rien de lui, si ce n'est qu'il était l'acolyte inséparable de Dylan, aussi appelé « l'homme qu'il ne fallait pas approcher ». Dylan était incontestablement le garçon le plus attirant de notre prison dorée. Mat de peau et âgé de dix-sept ans, je ne pouvais m'empêcher de penser en voyant les quelques tatouages sur ses bras, que ses parents ne devaient pas être très présents dans son éducation. Quelques rumeurs circulaient sur lui, notamment que sa mère avait accouché sous X et que son père avait refuser de la reconnaitre, mais jamais personne n'avait eu la confirmation.





" À quoi tu penses, princesse ? " Me demanda-t-il justement et je dus me mordre la langue pour ne pas répondre aussi bêtement : « À toi. Comme depuis quatre semaines, comme depuis l'instant où tu m'as proposée de me prendre sous ton aile. ».

" À rien. " Mentis-je en observant les deux frères trottiner jusqu'à nous.

" Tu mens. " Me contredit-il, un soupçon de fierté dans la voix. Oh mon Dieu, avait-il compris que je pensais à lui ?

" Tu peux parler ! "

" Princesse, mentir, c'est sauver son cul. " M'expliqua-t-il très sérieusement.

" Et de quoi tu te sauves, toi ? " Je demandai dans la foulée, consciente d'être un peu trop intrusive.

" D'à peu près tout. "





Je braquai mon regard dans sa direction, alertée par la gravité de sa voix. Mes sourcils se froncèrent lorsque je le surpris en train de me dévisager et j'eus toutes les peines du monde à soutenir son regard. Dylan était affreusement intimidant : il était l'incarnation du badboy cliché décrit dans mes bouquins, et même si jamais ce type d'hommes ne m'avait intéressée, désormais, j'étais intolérablement attirée par lui. L'envie sauvage et brutale de savoir ce qu'il se cachait sous le monticule de ragots à son sujet était bien plus forte que ma raison. Ce qui, en d'autres termes, me reléguait au rôle pitoyable de la gentille-fifille-innocente que je n'étais pas.

Lamentable.

Je n'étais pas la désespérée accro au contrôle qui tombait amoureuse du méchant garçon. J'étais bien plus forte que ça.





" Vous êtes prêts ? " Intervint Antoine, brisant l'étrange bulle qui nous entourait. Je me reconnectai avec le monde réel et repris crument conscience de la raison de notre présence ici. Une montée d'adrénaline ébouillanta mon sang et recouvrit mon dos de chair de poule. Mon Dieu, mais qu'est-ce que je faisais là ? Mes parents allaient me tuer. Puis donner mon cadavre à Rose qui se fera une joie de me planter ses talons aiguilles dans les orbites.

" Ouais. " Marmonna Dylan à ma droite. " T'es sûr que Raguel sera là ? "

" Attendez, Raguel, Raguel ... On parle du même Bill Raguel là ?! " M'insurgeai-je et tous arborèrent un sourire taquin.

" Si tu parles de celui qui s'est fait virer la semaine dernière, oui, c'est bien lui. " Me répondit malicieusement Antoine. " La boutique appartient à son oncle. "

" Et vous pensez sérieusement que ce connard va nous aider ?! Votre plan est bidon ! " Certes, c'était la panique qui me faisait parler ... Mais tout de même, cet abruti écervelé était capable d'appeler les flics pour le simple plaisir de nous faire chier !

" T'en fais pas, princesse, tout va bien se passer. " Tenta de me réconforter Dylan, mais je repoussai sa tentative d'un haussement de sourcils.

" Vous savez quoi ? Je reste là. Je fais le guet, mais je ne vous accompagne pas. Je serai un véritable boulet et je ne veux pas vous ralentir. "





Les trois garçons se concertèrent du regard avant de ne rapporter leur attention sur moi. J'étais gaminement adossée à la voiture d'Antoine – voiture qu'il n'avait en aucun cas le droit de conduire compte tenu de sa minorité –, les bras croisés sous mes seins inexistants. J'essayai de paraitre flegmatique, mais la vérité était tout autre. Il y a une semaine, ces trois idiots s'étaient dit que « cambrioler un magasin de jeux vidéo » serait un parfait moyen de « fêter » mon entrée dans leur groupe cent pour cent masculin.

Bêtement, j'avais accepté, misérablement influencée par la confiance de Dylan et ses douces paroles réconfortantes. Quelle idiote ! Mes parents allaient me poignarder et Rose se fera un plaisir de m'enterrer.




" Ok. Tu m'appelles si y'a un souci, d'accord ? Normalement, Raguel a défait le système d'alarme, on devrait revenir en dix minutes max'. "

" Max ... Maximum ... Maxine ... " Se badina soudainement Raphaël qui, jusqu'à présent, n'avait pas dit un mot. " Vous saisissez le jeu de mots ou pas ? " Il gloussa de nouveau, ce qui fit rouler des yeux ses deux amis.

" Putain, parfois, j'ai honte de t'avoir comme frère. " Soupira Antoine avant de ne frotter sa barbe naissante. Moi, je souris, bêtement. Son innocence était adorable.

" Vous savez, l'humour c'est subjectif. " Répliquai-je pour tenter de consoler le plus jeune qui me sourit immédiatement. " Chacun à sa propre vision de la dérision et je – "

" Bordel, c'est dingue ce que tu causes pour ne rien dire. " M'interrompit moqueusement son frère ainé et je me mordis la langue pour m'empêcher de parler de nouveau. Ma sœur aurait été là, elle l'aurait embrassé de gratitude. Quoique ... Cette vision me donna la nausée.

" Nan. " Intervint Dylan avant de ne glisser un bras sur mes épaules. La gamine que j'étais fit un saut de deux mètres dans ma poitrine. Venait-il sérieusement de prendre ma défense ? " J'trouve pas moi. En tout cas, c'est toujours plus intéressant que t'entendre parler de ton foot, mec. Donc, à l'avenir, laisse-la parler, ça comblera ton incapacité à aligner deux phrases sans faire une faute de français. "





Mes yeux s'écarquillèrent et j'oubliai presque où j'étais. Se rendait-il compte de l'effet qu'avaient ses paroles sur moi ?

Depuis ma plus tendre enfance on me reprochait mon inaptitude à ne pas fermer ma gueule quand il le fallait, et voilà que le garçon présumé être le plus « inapprochable » du lycée me secourait contre la réplique pourtant inoffensive de son meilleur ami. En plus d'être beau et sexy en diable, ce type était mon putain de sauveur, bon sang !

Lorsqu'il dût se rendre compte de l'insistance de mon regard, ses deux billes vertes roulèrent jusqu'à moi et brillèrent de malice dans la seconde. Un sourire taquin fendit son visage et creusa une fossette sur sa joue gauche. Mon cœur s'échauffa et je me surpris à apprécier son bras enroulé autour de mon cou. La sensation lénifiante d'être protégée du monde était aussi cliché qu'agréable. J'étais risible, mais satisfaite. Scindée entre mon irrépressible besoin de lui hurler un gigantesque « merci », mon désir de me lover contre son torse, et celle de l'envoyer bouler.

Je secouai doucement ma tête, consciente de mon ridicule et de l'échauffement de mes joues, avant de ne feindre mon détachement sur la situation. Je croisai mes bras sous ma poitrine et roulai astucieusement des épaules pour lui faire comprendre de me libérer. Il abdiqua en ricanant, et finit par avancer de quelque pas pour arriver à la même hauteur que ses amis.





" Regardez-la, princesse Laurens rougit. L'insociable du bahut aurait-elle un faible pour les badboys non fréquentables ? " Se marra Antoine et je le mitraillai du regard dans la foulée : que lui et ses hypothèses à la con aillent se faire paitre.

" L'insociable va te foutre son poing dans la figure. " Marmonnai-je, causant l'hilarité de son frère cadet contre mon gré, mais pas de son acolyte.

" Si vous avez fini de glousser comme des cons, on a un magasin à vider. " Sa réplique eut l'effet escompté : instantanément, Raphaël et Antoine se turent et se rembrunirent. Dylan venait de sortir son téléphone de la poche de sa veste en jean et reprit après un court instant de lecture : " On y va. Raguel a enlevé l'alarme. " Une décharge d'électricité secoua mes synapses : allais-je très sérieusement me porter complice de vol ? Oh mon Dieu, où étais-je en train de mettre les pieds ? Dans la merde, me souffla ma raison et je ne pus qu'acquiescer. " Maxine, tu restes là et tu ne bouges pas ? Tu m'appelles immédiatement si quelqu'un débarque. "





J'opinai d'un nerveux secouement de tête et pris les deux sacs qu'il me tendait. Maladroitement, je les posai entre mes pieds et me redressai pour soutenir son regard empli de sournoiserie. Ne stressait-il jamais ? Connaissait-il la culpabilité ? Le regret ? Mon ventre se noua. De quoi me plaignais-je ? De quel droit me lamentais-je sur ma vie ? Dylan était – toujours selon les rumeurs – dépourvu de toute famille et parvenait encore à sourire à sa vie dantesque.

Surprise par ma soudaine empathie pour lui, je ne parvins pas à le dévisager plus longtemps. Mes yeux s'accrochèrent à un petit caillou qui trainait sur le goudron et mes mains se nouèrent. Nerveusement, j'arrachai quelques-unes de mes peaux mortes et soupirai faiblement. Le nœud d'angoisse dans mon ventre était en train de remonter dans mon œsophage sous forme liquide : de la bile. Âcre, amère, répugnante.




" Tu as peur. "




Ce n'était pas une question. Et je n'étais même pas certaine de pouvoir le contredire. Dylan était sûr de lui, peut-être était-il aussi sûr de lui, que moi, de mon état de stress. Je secouai ma tête pour approuver, profitant de mes cheveux détachés pour cacher mes joues rouges.




" Ça se pourrait bien. " Chuchotai-je à contrecœur. Bien entendu – le contraire m'aurait étonnée -, il gloussa dans sa barbe avant de ne glisser précautionneusement son pouce sous mon menton. Il me contraignit à redresser la tête et je roulai des yeux quand je vis sa mine hilare. Ça m'apprendra à être honnête.

" T'es mignonne, Laurens. " Se badina-t-il en caressant la peau de ma joue rebondie.

" La ferme. " Ronchonnai-je en claquant sa main. Il la releva en signe de réédition, mais sourit de plus belle.

" Comme tu voudras, princesse. " Conclut-il en s'écartant. Entendre ses rangers s'éloigner me fit réagir et avant qu'il n'ait pu totalement se retourner, j'empoignai son bras et rangeai ma fierté lorsque nos deux regards se mêlèrent.

" Fais attention. " Commençai-je gauchement avant de ne toussoter. " Enfin, faites attention quoi ... " Me corrigeai-je lorsqu'il se rapprocha considérablement de mon corps bouillonnant. Ses doigts capturèrent soudainement mes joues et je dus retenir mon souffle quand ses lèvres embrassèrent ma tempe. Une bouffée de chaleur me fit suffoquer tandis qu'une sensation étrangère naissait dans le creux de mon bas-ventre. Du désir.

" Rassurée ? " Susurra-t-il avant de ne s'écarter.

" Non. O-Oui. Je ne sais pas. Je suppose. " Cafouillai-je, encore troublée par notre baiser enfantin. " Enfin, je ne suis pas certaine de comprendre comment cela était supposé me rassurer, mais je crois que ... " Nouveau raclement de gorge. " Mais je crois, je crois que ça va un peu mieux. "

" Tant mieux. " Ria-t-il doucement en remettant l'une de mes mèches de cheveux derrière mon oreille. " Parce que je garderai toujours un œil sur toi. "




Nouveau clin d'œil. Nouvelle défaillance de mon organe vital. Nouveau rougissement. Nouvelle caresse. Tentatrice. Délicieuse. Rassurante. Cruellement addictive. Je fermai mes paupières, savourant cette inédite sensation dans mon intimité. Le contraste entre ma peau et celle calleuse de son pouce était un délice autant qu'un supplice.

Parce j'étais piteusement tombée amoureuse du mauvais garçon.




***




" Je déteste te voir pleurer. " Me chuchota mon petit-ami en embrassant le creux de mon cou. Je me lovai un peu plus confortablement contre lui et attrapai fébrilement les pans de sa veste en cuir. Tout en reniflant, je haussai mes épaules et répondis plus froidement que prévu :

" Alors ne me regarde pas. " Sous ma joue, sa poitrine vibra d'un rire grave, cynique. Je le sentis secouer sa tête avant que ses lèvres ne viennent s'étaler sur le haut de mon crâne. Sa présence était enivrante ; sa chaleur : spectaculairement rassurante. Prise d'un besoin quasi irrépressible de réconfort, je me callai entre ses deux jambes et encerclai sa taille à l'aide de mes bras.

" Tu sais pertinemment ce que je voulais dire. " Reprit-il plus sérieusement. " Je ne sais jamais comment réagir. J'ai l'impression d'être un mioche face à un oiseau mort. "

" Suis-je supposée être l'oiseau mort ? M Ricanai-je malgré moi en relevant ma tête pour l'admirer à mon aise. Ses doigts jouèrent dans mes cheveux roses tandis qu'un sourire amusé menaçait de faire son apparition sur son visage.

" Mes comparaisons à chier ont au moins le mérite de te faire sourire, poupée. "




Assis sur le capot de sa voiture, moi entre ses jambes, Dylan me regardait avec compassion et précaution. Je haïssais presqu'autant que je vénérais sa touchante pitié à mon égard. Mais, Dieu qu'il était adorable ainsi.

Tard dans la nuit, nous avions quitté la région parisienne pour venir nous réfugier ici, sur cette plage isolée de Bordeaux. Toto et Raphaël étaient restés sur Panam, coincés chez leurs parents qui les avaient enfermés à clefs dans leur chambre respective, privés de téléphone et d'ordinateur.

Privés de nous, en quelques sortes.

Et pour cause, notre quatuor avait été exclu du lycée pour quatre semaines. Je pouvais admettre sans une once de difficulté que nous méritions la sanction ... Mais c'était la façon dont la punition était tombée qui m'enrageait.

Antoine, Raphaël, Dylan et moi-même vendions les copies des examens à venir à la plupart des étudiants de notre école. Le « marché » était florissant puisqu'en un mois, nous récoltions en moyenne quatre-cents euros chacun. Antoine s'occupait d'hacker les ordinateurs publics du lycée, Raphaël faisait le guet, Dylan appâtait – intimidait – les élèves, je battais innocemment des cils pour faire flamber les prix.

Ça marchait du feu de Dieu : en plus de l'argent sale que les garçons récoltaient en travaillant pour le dealeur du coin – j'avais été néanmoins catégorique à ce sujet : je ne voulais pas en faire partie et étais contre cette idée de travailler avec ce fameux " Marc " qui ne m'inspirait rien plus que de la crainte –, à nous quatre, notre fortune s'élevait à presque sept-mille huit-cents euros.

Il y a trois mois, Antoine, Raphaël et moi, nous nous étions cotisés pour payer le permis à Dylan ; le mois suivant, mon petit-ami se payait sa première voiture d'occasion. Raphaël s'était inscrit à ces fameux cours de boxe dont il nous avait bassiné l'année dernière, je m'étais achetée un appareil-photo grand angle, Antoine dépensait son fric à tout va dans ses clubs de strip-tease qu'il chérissait tant ... Nous roulions sur l'or. Comble du bonheur, nos notes étaient si ridiculement bonnes que mes foutus parents n'osaient même plus interférer dans ma vie sociale.

Nous étions tout en haut de la hiérarchie : le quatuor que tout le monde connaissait mais que personne n'osait approcher de trop près. Ça sonnait presque trop beau pour être vrai.

C'était d'ailleurs pour cette unique raison qu'il fallait que la roue tourne : la vie n'allait jamais bien trop longtemps. Sait-on jamais que l'on s'habitue à ce connard de bonheur.

Clémentine, jalouse à en crever de nos vies scandaleusement « parfaites », avait trouvé fort judicieux de nous balancer à la direction de l'école après que je lui ai refusé la vente du prochain contrôle de mathématiques. Pourquoi ? Simple petit plaisir personnel. Cette garce tournait autour de mon homme et laissait ses mains impeccablement manucurées flâner un peu trop près de l'entre-jambe de Dylan qui s'évertuait à la remettre à sa place.

En moins d'une heure, nous étions tombés de notre si prisé piédestal : renvoi temporaire pour nous quatre, doublé d'une interdiction d'examen pendant cinq ans pour Antoine et Dylan – et seulement Antoine et Dylan pour une raison que nous ignorions tous. Et mon petit-ami avait beau  me répéter maintes et maintes fois qu'il se fichait comme d'une guigne de son avenir, je refusais d'y croire. Dylan méritait de briller. Je voulais qu'il brille parce que, nom d'un chien, il le méritait plus que personne dans ce monde. Or, nous n'étions assurément pas les seuls à fréquenter l'illégal de trop près : Clémentine aussi avait ses petits secrets.

Ce fut d'ailleurs pour cet unique motif que je fis une promesse à Dylan, les yeux fixement plantés dans les siens après que je lui ai coincé le visage entre mes petits doigts :





" Je te promets qu'elle ne s'en sortira pas comme ça. " Lui chuchotai-je lorsqu'il essuya l'une de mes larmes de rage. Un sourire mutin étira ses lèvres pulpeuses tandis qu'il replaçait mes cheveux derrière mes oreilles.

" Et puis-je savoir ce que tu vas faire ? " Un rictus sinistre barra mon visage et je lui susurrai langoureusement dans l'oreille ma réponse.

" Ce que je sais faire le mieux. "




***



" Mademoiselle Laurens, mon cours ne vous intéresse pas, peut-être ? "




Ce ne fut pas tant la réplique de Madame Masini qui me sortit de mes pensées, mais plutôt le douloureux coup de coude que me donna mon voisin de droite, Antoine. Je crispai mes mâchoires, ravalant le couinement de douleur qui était remonté jusqu'à mes lèvres et le fusillai du regard. Cet idiot me sourit à pleines dents, profitant que l'on soit au dernier rang pour me taquiner.




" Ecoutez, Maxine, si mon cours vous est si inutile, je vous invite à sortir de ma classe. " S'agaça notre professeur de français. " Nous n'avons pas besoin de vous pour avancer, rassurez-vous. " Ne pas rouler des yeux, ne pas rouler des yeux ...

" Excusez-moi, madame. " Marmonnai-je avant de ne discrètement frapper Antoine sous la table.

" Salope. " Grogna-t-il lorsque la douleur éclata dans cuisse.

" Connard. " Répliquai-je méchamment avant de ne me concentrer sur ma feuille vierge.




Voilà trois jours que les garçons et moi avions été réintégrés aux cours. Trois satanées journées que je regrettais amèrement de ne pas m'être faite virer. En plus des foudres de mes parents et des moqueries incessantes de ma sœur, Raphaël, Antoine, Dylan et moi-même formions la nouvelle cible à abattre dans les couloirs du lycée : pas un seul de nos profs ne nous avaient pas sciemment humilier pendant son cours.

C'est dire, la veille, nous avions retrouvé Raphaël recroquevillé dans les toilettes des troisièmes, en larmes. J'avais mis une grosse heure à le sortir de la cabine et une demi-heure supplémentaire à le faire cesser de pleurer. Les autres appelaient ça une punition, j'appelais ça de l'acharnement. Si Dylan, Toto et moi pouvions endurer pas mal de choses – notamment les centaines de réflexions acerbes que nos enseignants s'amusaient à nous envoyer dans la tronche depuis notre retour –, Raphaël, lui, en était tout bonnement incapable. Et je détestais ça, vomissais par tous les trous le harcèlement qu'il subissait sans broncher parce qu'il n'osait pas agir sans nous.

Toutefois, quelqu'un de très intelligent avait un jour dit que la vengeance était un plat qui se mangeait froid.

Car, devinez qui était la première des garces à fanfaronner telle une chatte en chaleur dans les couloirs ? Clémentine elle-même.

Je n'avais appris qu'une semaine après les évènements, qu'elle était allée jusqu'à faire une requête auprès de notre cher et adulé directeur : cette pute invétérée avait demandé à ce que nous soyons tous définitivement renvoyés et que mon nom soit supprimé du système scolaire. Bien que refusée, sa demande avait dangereusement enfoncé le couteau dans la plaie : j'avais brûlé de rage et de frustration pendant des jours entiers.

Mais la torture s'arrêtait aujourd'hui et cette garce allait se prendre le revers de la médaille de la plus belle des manières.

J'en souris presque d'avance.




" Mademoiselle Laurens, vous rêvassez encore ! " S'exclama Madame Masini. " Bon sang, vous êtes incroyable ! Je – "




Le système d'alarme l'interrompit. Nous eûmes à peine le temps de comprendre d'où provenait ce bruit strident que les arroseurs automatiques vissés au plafond déversèrent des trombes d'eau sur nos têtes. Les filles crièrent tandis que les garçons se marraient comme des idiots, heureux de voir leur cours prendre l'eau – Antoine le premier.

Un sourire discret sur le coin droit de ma bouche, j'admirai ma chère enseignante de français friser et rassembler ses feuilles. Toto m'agrippa le bras pour que nous sortions ensemble et je me laissai gentiment faire, heureuse de constater que personne dans les couloirs ne respectait le protocole de sécurité : à la place de se rassembler en rang et de quitter le bâtiment, la plupart jouer tels des enfants avec l'eau tandis que d'autres récupéraient leurs affaires dans leur casier.




" Je reviens ! " Criai-je à Antoine par-dessus les hurlements des autres.

" Attends, Max ! Dylan va me tuer si je te laisse seule ! "




Je l'ignorai et me faufilai discrètement entre mes camarades qui s'amusaient à glisser dans les flaques. Préparant le coup, je sortis discrètement de mon sac à dos le mégot de mon joint et la pochette en plastique que j'avais sagement préparée la veille, puis rejoignis le couloir des terminales. Un sourire inconvenant barra mon visage lorsque je pus constater que le niveau était ravagé : des surveillant criaient, des élèves étaient torse nu et je crus même voir un concours de tee-shirt mouillé dans l'une des classes.

Je n'étais visiblement pas la seule à m'amuser de la situation, songeai-je en arrivant vers le casier que je cherchais. Je m'arrêtai devant et me mis dos à lui, faisant mine d'attendre quelqu'un dans la classe d'en face. Je glissai la pochette et le joint dans la fente avec ma main gauche et ne bougeai pas pendant quelques secondes.




" Tout le monde dehors ! " Hurla-t-on soudainement sur ma gauche.




Le surveillant qui avait crié passa en flèche devant moi, m'ignorant magistralement. Il trainait derrière lui deux filles en soutien-gorge. A vrai dire, je ne fus même pas étonnée de voir Clémentine ainsi que sa meilleure chienne. Elles étaient complètement défoncées : leurs yeux rougis et leurs paupières gonflées étaient des preuves irréfutables.




" Maxine ! " M'héla-t-on et je souris malicieusement à Aaron qui sortait de sa classe, renfrogné et boudeur. Le pauvre. Il me rendit violemment mon briquet et chuchota : " Je ne te dois plus rien, c'est clair ? On est quitte, donc toi et ton petit-ami de mes deux, vous m'oubliez. "

" Bien évidemment. " Chuchotai-je en le voyant courir vers ses amis qui marchaient vers l'issue de secours.




Je ne tardai pas à faire la même chose. Je repassai par mon casier pour récupérer mon téléphone et sortis tranquillement. Je retrouvai facilement mon petit-ami dans la foule et allai l'aborder en douceur, sachant pertinemment qu'il détestait me perdre des yeux dans des moments pareils.




" Bonjour, toi. "





Je fis glisser ma main sur son dos puis sur ses pectoraux lorsque je passai devant lui et me dépêchai de l'embrasser quand ses yeux brillèrent de colère. Je mordillai sa lèvre gentiment quand un grognement mécontent roula dans sa gorge et souris innocemment en m'écartant de lui, les mains liées derrière sa nuque.




" On t'a déjà dit que t'étais carrément excitant comme mec ? " Roucoulai-je en battant des cils. Après tout, qui n'aimerait pas voir le torse de son copain saillir sous un tee-shirt trempé ? Il roula des yeux puis arqua un sourcil accusateur.

" Qu'est-ce que t'as fait, Laurens ? " Marmonna-t-il en glissant ses doigts sur mon postérieur. J'éclatai de rire et l'embrassai de nouveau lorsqu'il devint trop curieux.

" Patience. Tu vas aimer. " Lui promis-je avec le sourire.




Quelques jours plus tard, nous fûmes tous extrêmement étonnés lorsqu'on apprit que Clémentine avait été virée du lycée. Un joint de marijuana aurait été retrouvé dans son casier, près d'une pochette en plastique contenant plusieurs photocopies des contrôles à venir. Ledit mégot serait le responsable du déclenchement du système d'alarme et aurait pu créer un incendie si, par malheur, les arroseurs ne s'étaient pas déclenchés. La jolie lycéenne, mise sous le fait accompli, aurait aussi avoué nous avoir acheté plusieurs copies ... Ceci étant dit, il semblerait qu'elle ait catégoriquement refusé d'être la seule à sombrer puisqu'elle dénonça une dizaine de nos anciens « clients réguliers ».




" Tu dois être contente de ton coup, pas vrai ? " Rigola Dylan dans mes oreilles, le soir de cette merveilleuse nouvelle. Je souris contre sa peau brûlante et me lovai un peu plus confortablement contre lui, enfouissant mon nez dans le creux de son cou.

" Je n'ai jamais dit être la responsable de tout ça. " Le contrai-je malicieusement.

" Mais je te connais suffisamment pour savoir que c'est le cas, Max. Clémentine est débile mais pas à ce point. Et puis très honnêtement, sans vouloir être blessant, tu es de loin la personne la plus revancharde que je connaisse ... Tu devrais faire des études de droit après le lycée. Je te vois bien en train défendre la veuve et l'orphelin. " J'éclatai aussitôt de rire et roulai sur le côté, les mains plaquées sur ma bouche pour atténuer le son de mon hilarité - je ne voulais pas que ses parents adoptifs m'entendent. Dylan se pencha au-dessus de moi et me sourit gentiment en jouant avec mes cheveux roses. " J'déconne pas, Max, vraiment. "

" Ça ferait de moi une hypocrite, mon cœur ... " Gloussai-je en attrapant son visage. " Et je suis tout, sauf une hypocrite. " Il m'embrassa le bout du nez en me pinçant le ventre et reprit après m'avoir fait rouler par-dessus lui.

" C'est vrai. " Admit-il lorsque je m'installai sur ses hanches. " Mais je veux savoir comme tu t'y es pris pour Clémentine. "




Je refusai sa requête avec le sourire et changeai habilement de sujet.

Dylan était mon monde. Peu importait nos perpétuelles disputes et regrettables désaccords, je refuserai toujours de le mettre dans une situation délicate ou susceptible de le nuire. Volontairement ou non. Lui, au même titre qu'Antoine et Raphaël. Je les aimais tellement que, parfois, ça me faisait foutrement mal. Un peu peur aussi, parce que j'avais douloureusement conscience que tout était éphémère dans son monde de fous ... Mais je les aimais et ça suffisait. En tout cas pour le moment.

C'est pour ça que jamais ils ne sauront qu'Aaron était celui qui avait activé le système d'alarme à ma demande, en faisant brûler une feuille de papier juste en dessous du détecteur de fumé qui, fort heureusement, se trouvait à quelques mètres seulement du casier de Clémentine ; qu'aucun élève, enseignant ou surveillant ne saura jamais que c'était moi qui avais glissé ce joint et cette pochette dans son casier, pas elle ; que j'avais judicieusement choisi cette journée pour agir car je savais que Clémentine partait s'enfumer les neurones dans les WC des hommes juste à côté, tous les vendredis à la même heure ; que j'avais expressément profité du chaos dans les couloirs pour glisser mon précieux colis dans son casier. De cette manière, aucune des deux caméras de surveillance placées à chaque bout du couloir des terminales n'avait pu me filmer.

Non, personne ne le saura jamais. Parce qu'à la différence de Clémentine, si quelque chose tournait mal dans mes combines - et Dieu savait qu'elles étaient nombreuses - , je préférerai toujours sombrer seule plutôt qu'accompagnée.










Et voilàaaaaaa !

Alors ? Qu'en pensez-vous ?

Je sais que certaines n'aiment pas du tout Dylan haha et que d'autres trouveront ce chapitre inutile ... Mais non, il était utile pour la suite 😘

Bien sûr, je sais que vous attendez le retour de Barbie avec impatience ...

Alors sachez qu'il y a de fortes chances pour que je poste un second chapitre dans la soirée ou demain matin !

Pressée de vous retrouver, BISOUS LES AMOURS ❤️❤️

-Clem

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