• Plume n°26 •
Holà holà los cariños ! Me voila enfin de retour (après avoir lamentablement foiré mon exam (enfin je crois mdr)) ! GROS chapitre pour me faire pardonner (plus de 5000 mots et j'ai du le couper en deux 😱 !)
Enfin bref, bonne lecture !
Nekfeu
➰
J'ai toujours eu du mal à envisager les différents aspects de la trahison. Du mensonge. J'ai été éduqué par une famille aimante avec des valeurs et des principes auxquels je me tenais. Pas parce qu'on m'y obligeait, non, mais parce que je les croyais. Je les trouvais justes, alors je les comprenais, les mémorisais, et enfin, les appliquais. Et trahir, ou ne serait-ce mentir à quelqu'un, a toujours été quelque chose que je méprisais. Peut-être bien que je ne devrais pas, peut-être même que j'avais raison, mais finalement, je m'en foutais : je n'étais pas à me plaindre à ce niveau-là.
Moi, non. Elle, oui.
Et bizarrement, ça me prenait aux tripes, ça me donnait envie de dégueuler, puis de la consoler pour quelque chose dont elle n'était même pas au courant. Je voulais la prendre dans mes bras, la serrer si fort qu'elle finirait par se perdre en moi. Et putain, j'aurai aimé pouvoir lui dire que, même si je n'avais aucun rapport avec cette histoire de dingues, moi j'étais là. J'aurai payé pour pouvoir lui susurrer une bonne centaine de fois à l'oreille que j'étais désolé, tellement désolé pour toutes les merdes qu'elle n'avait pas finies de traverser.
Mais je ne le faisais pas : trop lâche, trop con, trop terrorisé pour avoir le courage de le faire sûrement. Mais ce n'était définitivement pas à moi de lui expliquer que l'Enfer, elle allait le vivre et ne pas en sortir.
Je me souviens de cette exécrable impression d'avoir été soudainement mis en cage ; une foutue cage avec des barreaux transparents contre lesquels je me cognais en permanence. Je me rappelle du gout âcre dans ma bouche, du gout acide de la frustration, de la colère et de l'effroi, qui s'était accroché à mes papilles comme pour me rappeler infatigablement que putain, j'étais coincé comme une merde derrière les barrières du mensonge et du secret.
Et puis, y'a eu cette sensation de dépossession, comme si on venait de m'arracher des mains mon foutu libre-arbitre juste après que sa sœur ait fini de marmonner son histoire, trop saoule pour comprendre que ce qu'elle me disait, elle n'était pas supposée me le dire. Alors j'avais bondi sur mes pieds, prêt à aller réveiller ma meuf pour lui expliquer que, putain, son entourage était pourri jusqu'à la moelle. Mais je m'étais ravisé, trop paumé entre les conseils de ma raison, ceux de ma conscience, et ceux de mes satanés sentiments pour elle. Puis j'avais lâchement baissé les bras, au sens figuré comme un littéral. Et ce ne fut seulement après que Rose ait fini la première partie de l'histoire, je lui avais murmurer sans même le savoir :
" Tais-toi, j'veux pas connaitre le reste de ... ça."
Parce que la suite, elle était très certainement pire que ce que je connaissais déjà. Or je n'étais émotionnellement pas assez stable pour connaitre ce genre de détails. Alors, j'étais parti de leur salon, avais oscillé jusqu'à la chambre de Max avec qui, quelques heures au préalable, je prenais mon pied comme jamais. Puis je l'avais regardée, encore, en me demandant inlassablement ce que cette meuf avait bien pu faire pour mériter une déloyauté pareille.
Je l'avais contemplée du seuil de sa porte, adossé au mur comme pour me refuser de la rejoindre. Je m'étais contenté de suivre le dessin de ses courbes sous les draps laiteux de son lit, d'enregistrer la manière qu'avaient ses cils d'effleurer ses cernes ... Je m'étais forcé à la regarder, comme pour me souvenir encore et encore, que derrière ses cris et ses silences, y'avait une foutue femme pour laquelle j'étais prêt à aller à l'encontre de tous mes principes.
Alors, allez savoir pourquoi, je m'étais couché sur elle et avait emprisonné son corps sous le mien, juste pour m'assurer que pour cette fois, elle ne partirait pas. J'avais niché sa tête entre ses seins chétifs, harponné ses bras entre les miens, et m'étais endormi en me répétant que pour une fois, je trahirai quelqu'un : elle, en l'occurrence, en me taisant sur ce que venait de me dévoiler sa sœur. Car comme elles le disaient si bien toutes les deux : Certains silences sont certaines fois préférables aux mots.
Et encore aujourd'hui, accoudé aux murs de mon salon, je me répétais cette phrase tout en me mordant âprement la langue : ça ne sera pas de ma bouche qu'elle apprendra ça.
De toute manière, présentement elle semblait bien trop concentrée sur autre chose. Assisse en tailleur sur mon sofa, une cigarette entre ses doigts, une tasse de café dans l'autre, elle venait de raccrocher avec quelqu'un. Elle ne m'avait pas remarqué ; elle avait simplement balancé son téléphone à l'autre bout de mon canapé, puis elle avait soupiré comme si le poids du monde venait de s'abattre sur ses épaules efflanquées. Je l'avais examinée, surpris de la voir encore chez moi après sa déclaration inattendue – et inespérée, putain ! - de la veille.
" C'était qui ? " Finissais-je par lui demander, décidément trop curieux pour me permettre de ne pas savoir ce qu'elle tramait. Elle sursauta, ne s'attendant certainement pas à me retrouver en face d'elle à cette heure si matinale, puis braqua son regard bleuâtre dans le mien. Ses sourcils se froncèrent mignonnement, surement pour me convaincre de ne pas l'agacer davantage, mais elle ne me répondit pas. Alors je réitérai : " Donc, c'était qui ? "
Cette fois, elle détourna ses yeux, faussement concentrée sur sa - ma - tasse de café d'où un léger nuage de vapeur s'échappait. Ses petits doigts s'afférèrent à redessiner distraitement les dessins graver dans la porcelaine, puis à suivre le pourtour de la tasse. Bref, elle faisait tout pour m'éviter et je ne pus réprimer un sourire, car putain, je savais pourquoi elle était soudainement aussi gênée. Merde, Max, gênée ... Ces deux n'allaient tellement pas ensemble que cela me fit sourire davantage encore.
" Tu sais que ce n'est pas un crime ce que t'as dit hier ? " Et comme prévu, j'eus à peine le temps de finir ma phrase que ses joues s'empourprèrent d'une jolie teinte de rouge qui détonait farouchement avec la pâleur naturelle de sa peau. Un léger rictus plissa ses lèvres vers le bas, et je me décidais à l'enfoncer encore un petit plus, juste pour m'amuser et pour nous sortir du foutu malaise qui régnait entre nous depuis hier. " Après tout, qui aurait cru que la grande Maxine Laurens soit capable de ressentir des sentiments ? T'imagines ? Des sentiments ! Fais gaffe, bientôt les gens te considéreront comme une humaine tout à fait lambda et – "
" Arrête ... " Marmonna-t-elle en cachant son visage entre ses doigts. Sa réaction enfantine me redonna le sourire et je me décidais à la rejoindre pour me permette de jouer un peu plus. Car putain, avec les emmerdes qui allaient arriver d'ici peu, on avait besoin de distractions. Je retirai de sa main droite sa tasse ainsi que sa cigarette qui était coincée entre ses deux doigts et les déposais sur la table basse avant d'éloigner sa main gauche de son minois rougi par la honte. Je m'asseyais à ses côtés et reprenais :
" L'illustre, la fameuse et surcotée Maxine Laurens, qui aime le – attends, comment tu disais déjà ? Ah oui : le sale con, l'idiot de première que je suis. " Lui chuchotais-je malicieusement en la faisant basculer sur mes genoux. Naturellement, ses deux jambes encadrèrent les miennes tandis que je prenais à pleines mains ses fesses pour qu'elle s'installe plus confortablement à califourchon sur le haut de mes cuisses. Le léger sourire aux commissures de ses lèvres me réchauffa le cœur et je saisissais son menton entre mon pouce et mon index pour la contraindre à relever son visage. " Bigo m'a même dit tu m'appelais Barbie pute. "
Cette fois elle gloussa timidement, ses yeux regorgeants d'une hilarité peu commune dans le fond de ses pupilles. A tout bien réfléchir, les rares fois où je l'avais entendue rire franchement pouvaient se compter sur les doigts de la main. Et putain, je jure que ce son aurait été capable de rendre fou n'importe quel type décent sur cette planète de barges. Son rire transparent ressemblait à une injection d'extase en plein dans votre artère aorte : effervescent, délivrant et foutrement bon. Une injection létale et foudroyante, qui passait par votre myocarde, votre thorax, votre abdomen, pour finalement finir sa course dans tout le restant de votre satané corps.
C'était une dose d'amphétamine à l'état pure, une dose d'euphorie qui aurait su soigner tous les mœurs et tous les cœurs. Et aussi éphémères soient ses effets, son rire restait la mélodie la plus grisante de l'univers.
" Franchement, Barbie pute ? T'aurais pas pu trouver mieux comme surnom, la muette ? Je prends un putain de coup dans ma virilité là, t'es au courant ? "
Continuais-je de la taquiner, résolu à éterniser ses secondes de répit dans nos vies. Gentiment, elle me bouscula l'épaule à l'aide de son petit poing et je le rattrapais immédiatement, saisissant ses doigts pour embrasser et mordiller délicatement l'intérieur de son poignet. Surprise, elle releva enfin ses yeux vers les miens qui la détaillaient depuis longtemps, et s'immobilisa.
Fasciné par la teinte translucide de ses iris, je décidais qu'ils devenaient ce que je préférais chez elle. Après tout, en plus de son mutisme, Max n'était pas quelqu'un qui parlait facilement de sa vie. Alors que ses yeux, eux, laissaient tout voir : sa colère explosive, son effroi désarmant, sa peine corrosive, ses larmes inquiétantes ... Ils étaient là pour sous-titrer tout ce qu'elle ne disait pas à voix haute.
" Il faut que ... " Mais elle s'arrêta, haletante après que mes lèvres se soient lascivement posées sur le bout de ses doigts. Je savais ce qu'elle allait m'annoncer, mais je ne voulais pas l'entendre : je tenais trop à ce moment. Depuis combien de temps n'avions-nous pas simplement plaisanter comme nous le faisions actuellement ? Jamais.
" Tu disais ? " Lui susurrais-je après avoir raffermie ma prise sur ses fesses rebondies et l'avoir dangereusement rapprochée de mon sexe déjà enflé sous mon jogging.
Je refoulais difficilement un grognement de satisfaction quand je la sentis frémir sous mes doigts, mais ne pus décemment pas m'empêcher d'enfouir mon visage dans son cou quand elle soupira d'aise. Bon sang, sa peau laiteuse était un putain d'appel à la luxure ; comme un tableau vierge, son épiderme à la pâleur singulière hurlait qu'on le recouvre de baisers incandescents, de suçons noirâtres, et de coups de langues entreprenants. Et puis y'avait son odeur. La suavité de son parfum qui restait suspendue aux cellules inférieures de sa peau comme vous rappeler infiniment que, putain, vous étiez accros. Que vous, vous jouiez le rôle du toxico', et qu'elle était l'ingénue victime de vos besoins primaires et inassouvissables.
Avide de sentir sa chair sous la paume calleuse de mes mains, je les glissais dans son dos pour écrouer ses hanches plus fermement. Dès lors, sa peau s'électrifia et m'étourdit ; enivra mes sens comme à chaque fois que je la sentais se dérider sous mon toucher. Et tandis que sa tête retombait en arrière pour me laisser l'occasion de redécouvrir son cou avec ma langue, je la sentis soudain se crisper : tout son corps venait soudainement de se pétrifier sur mes cuisses.
Curieux de savoir ce qui n'allait pas ou ce que j'avais fait de mal, je reculais mon visage pour mieux la cerner et fus ahuri de la voir concentrée sur toute autre chose : son téléphone. Son putain de téléphone qui vibrait et qui indiquait un appel entrant. J'arquais un sourcil, me demandant bien qui était ce « Raphaël » et lançais un regard en biais à ma photographe qui semblait soudainement en proie à la panique.
" C'est qui ce type ? " Grondais-je, sentant peu à peu le désir léguer cruellement sa place à la colère. Elle ne me répondit pas, tentant inutilement d'éviter mon regard. " Réponds. " Crachais-je en resserrant inconsciemment ma prise sur ses côtes.
" Un client. "
Souffla-t-elle, avant de ne m'échapper. En moins de deux, elle était de nouveau sur ses pieds et quand elle voulut reprendre son téléphone qui avait enfin fini de sonner, je l'interceptais et le rattrapais avant elle. Tout comme elle un peu plus tôt, je me remettais droit sur mes deux pieds et prenais un pas de recul quand elle tenta brusquement de me l'arracher des mains. Les mâchoires crispées tant je sentais la frustration refluer tel un foutu raz-de-marée dans mes pensées, je brandissais mon bras suffisamment haut pour qu'elle ne puisse pas l'atteindre et sifflais sévèrement :
" Je répète, qui est, ce type, Maxine ? Et ne me prends pas pour un idiot : un client sérieusement ? A sept heures du matin ? Un mercredi onze novembre ? Réfléchis avant de me mentir, putain ! " Dépitée, elle croisa ses bras sous ses seins et secoua blasement la tête de gauche à droite. Putain, à croire que c'est moi qui était en train de préparer une connerie ! " Parle, Max ! Toi et moi, on sait que tu sais le faire : alors parle, bordel ! " Hurlais-je quand je la vis décamper en direction de ma chambre, là où la veille elle avait troqué ses vêtements pour un sweat m'appartenant.
Je jurais dans ma barbe, décidé à comprendre ce qu'elle manigançait depuis la veille et tentais inutilement de composer le mot de passe de son téléphone pour voir ses historiques d'appels : en vain. Visiblement, elle ne faisait pas partie des quatre-vingt-dix pour cent de la population qui utilisaient les combinaisons : « 0000 » ou « 1234 ». Alors après quelques autres essais, je partais la rejoindre dans ma chambre, téléphone à la main.
Malheureusement, à peine ai-je eu le temps d'ouvrir la porte que je la découvris en sous-vêtement, en train de ramasser ses habits qui trainaient dans un coin de la pièce. Mon cœur fit un bond spectaculaire dans ma cage-thoracique quand j'eus tout le loisir de lorgner son cul, et je dus battre furieusement des paupières pour me reconcentrer sur mes objectifs :
" Alors quoi ? T'as réellement cru que j'allais te laisser te barrer avant que tu me dises qui est ce putain de Raphaël ?! " Parvins-je enfin à articuler après qu'elle ait rapidement enfilé son jean ample. Mais ma provocation ne sembla pas la désarçonner pour autant : tout naturellement, elle glissa son pull au-dessus de sa tête et sortis ses longs cheveux emmêlés de son vêtement avant de les attacher en une queue de cheval négligée. " Je te parle ! " M'étranglais-je de nouveau après qu'elle m'ait bousculée l'épaule pour atteindre la salle de bain – comment Diable savait-elle où était la salle de bain ?
Comme un bon clébard en colère, je la suivais dans le couloir et la regardais, impuissant, s'asperger le visage d'eau froide, plaquer ses petits cheveux en arrière, et utiliser mon bain de bouche qui trainait sur la petite étagère à côté. Elle recracha le produit dans l'évier, s'essuya la bouche d'un revers de la main et me poussa de nouveau pour atteindre la chambre. Nan, mais dites-moi que je rêve, bordel ! Elle était en train de m'ignorer royalement ! Elle se foutait de mes proclamations enragées, comme elle se foutait de ce qu'elle mangerait le lendemain !
Elle retomba sur mon lit après avoir récupéré ses converses qui trainaient sur le parquet de ma chambre, puis les enfila rapidement. Et moi, pendant tout ce temps, j'étais incapable de l'intercepter dans ses mouvements effrénés : elle semblait avoir tout calculer, à croire qu'elle avait déjà préparer sa putain de fuite pendant la nuit !
De nouveau, elle bascula sur ses deux jambes et évita magistralement ma main qui tenta de la rattraper en vol.
" Maxine, bordel, arrête de te comporter comme une lâche ! " M'insurgeais-je une nouvelle fois, mais rien à faire : elle venait d'enfiler sa veste en cuir et semblait sur le point de partir quand j'eus enfin le moyen de l'arrêter dans sa course : " De toute manière, tu ne peux pas partir : j'ai encore ton putain de téléphone ! " Lui hurlais-je après qu'elle ait rudement ouvert la porte d'entrée de mon appartement.
Et enfin, elle s'immobilisa. Et, putain, j'eus envie de sourire tant j'étais satisfait d'avoir finalement attiré son attention. Je me contentais néanmoins de brandir bravement son appareil sous ses yeux, ce qui la fit soupirer d'agacement. Bien.
Ses lèvres souples se pincèrent entre elles avant de se froisser en un sourire purement sarcastique. Un rire silencieux, amer, fit trembler son buste lorsqu'elle s'avança vers moi, et quand elle ne fut plus qu'à quelques misérables centimètres de moi, elle verrouilla finalement ses yeux dans les miens. Un frisson imperceptible secoua mon échine quand je me rendis compte de l'austérité de son regard, mais je ne flanchais pas, affrontant cet échange comme nous le faisions si souvent : ça faisait partie du jeu.
" Je t'ai dit que je t'aimais, Nek. "
Murmura-t-elle sévèrement, si près de mon visage que les effluves mentholés de son haleine parvinrent jusqu'à mes narines. Mon sang se glaça dans mes veines, au même titre que mon corps tout entier ; je m'engourdissais à vue d'œil, littéralement, surpris d'entendre de nouveau ses mots forts dans sa bouche si pleine d'animosités à mon égard. Tellement, que je ne sentis que très vaguement sa main glisser sur mon bras. J'étais bien trop obnubilé par les pulsations irrégulières de mon organe vital pour me permettre de réagir comme j'aurai dû le faire. Mais quand brusquement, elle me subtilisa son téléphone, je n'eus pas le temps d'esquisser un mouvement qu'elle me coupa net dans mes gestes :
" Je t'ai dit que je t'aimais, pas que je ne détestais pas. Alors pour une fois, mêle-toi de tes affaires, Samaras. "
J'eus un insensible hoquet de surprise, frappé de plein fouet par la fermeté de sa réplique si consciencieusement dite. Mais alors que ses mots continuaient de se percuter à mes sentiments, elle me lança une ultime œillade par-dessus son épaule chétive qui me désarma cruellement : elle était on ne peut plus sérieuse. Et putain, cela me fit foutrement mal.
En moins de deux, la porte d'entrée se claqua dans son dos et bientôt, seul le silence m'accompagna dans mon incrédulité. Elle s'était barrée, cette garce. Qui plus est, avec son putain de téléphone portable.
***
" Dis-moi, t'as l'air ravi d'être là. " Ricana ironiquement Antoine sur ma droite et je plissais mes yeux, lui signifiant ma putain d'opinion sur sa remarque. J'étais d'une humeur de chien, ce n'était décemment pas le moment de me le faire remarquer : je le savais déjà. " Qu'est-ce qui se passe ? " Me demanda-t-il après que j'ai balancé ma veste en jean sur l'un des canapés du studio, tchéqué Jazzy au passage, et je lui soupirai :
" A ton avis ? T'as le même problème que moi avec l'autre tarée de la famille. "
" Pourquoi, il se passe quoi ? "S'enquit Doum's qui était derrière le micro.
" Rien, laisse tomber, mec. " Lui gueula Antoine pour qu'il l'entende et il ne m'en fallut pas plus pour me laisser choir dans le canapé auprès de mon pote qui venait de parler.
Je sortais par automatisme mon matériel de roulage et ignorais l'agitation de mes gars autours de moi. J'avais autre chose à penser. Toute ma foutue tête était retournée, blindée de questions sans réponse qui s'accumulaient. J'avais passé ma journée à ruminer comme un con, retranscrivant des mots sans sens, des phrases sans essence. Des mots couchés sur du papier vierge, juste pour libérer ma tête et concrétiser mes démons. Mais putain, ça ne changeait rien, rien si ce n'est la perception de ma folie grandissante. Je ne tournais plus rond, mes songes non plus. Je déviais de la réalité, hanté par des actes que je n'aurai jamais dû faire, des mots que je n'aurai jamais dû dire.
Et putain, plus je me rapprochais de ce que je voulais à l'origine de toute cette histoire, plus je me disais que j'aurai mieux fait de ne rien faire du tout. Tout ça, tout ce merdier à taille humaine, c'était trop pour moi. Pour un pauvre type de mon genre qui s'était maladivement entiché d'une meuf trop secrète pour lui. Trop secrète, trop nocive, trop tout. Elle était trop pour moi. En bien comme en mal. Et pourtant je ne partais pas, trop étroitement relié à son âme déchue comme une putain de sangsue le serait avec sa proie. C'était regrettable, peut-être même un peu risible.
" Briquet ? " Me proposa Fonky, le bras déjà tendu vers moi.
J'acceptais sans rechigner, saisissais l'objet et allumais ma cigarette d'un geste machinal. Un essai, deux essais, trois essais. Finalement la flamme jaillissait, carbonisant l'embout de ce petit cylindre empoisonné et pourtant si prisé. Perdu dans mes pensées, j'admirai la façon si magnétisante qu'avait le papier de brûler, de se consumer.
" T'es sûr que ça va ? " Insista plus discrètement Antoine, me sortant de ma transe. Rapidement, comme pour prouver mes dires j'apportais la cigarette à mes lèvres éclatées par le froid et inspirais voracement le poison. La gorge nouée par la toxine qui restait bloquée dans ma gorge, j'éludais sa question en dérivant sur un tout autre sujet :
" Et toi, comment va ta meuf ? " Ce fut à son tour de soupirer, à croire que les sœurs Laurens étaient des foutues fardeaux pour des types comme nous.
" C'est pas ma meuf. " Répliqua-t-il, et j'eus une folle envie de lui rire au nez. Putain, on était tous les deux plus ridicules l'un que l'autre.
" Ouais. Je dis pareil pour Max. " Expirais-je en même temps que ma fumée, un sourire ironique aux coins de mes lippes. " Dans quelle merde on s'est foutus, mon gars ? " Lui demandais-je plus sérieusement et il ne me répondit qu'après avoir tiré sur ma clope.
" J'sais aps. Mais j'ai la furieuse impression d'être dépassé par tout ça, tout ce ... " Il chercha ses mots le temps d'une seconde et nous répondîmes en cœur comme deux abrutis finis :
" Tout ce bordel. "
Tels deux idiots se rendant compte de la merde noire dans laquelle ils pataugeaient comme des chiots qui ne sauraient pas nager, nous mîmes à pouffer silencieusement sur notre canapé, les yeux dans le vague tandis que mes pensées dérivaient vers Max qui était très certainement en train d'aggraver son cas en ce moment même. Putain de muette.
" Elle faisait quoi Rose cet aprèm' ? " Je lui demandais, espérant secrètement que cela aurait un lien avec le fameux coup de téléphone de ce matin. Mais mon pote haussa simplement et négligemment ses épaules, l'air de dire qu'il avait cessé d'essayer de comprendre.
" Un truc urgent à régler avec ses parents, il me semble. " J'haussais mes sourcils et hochais pensivement la tête, faussement compatissant devant son air dépassé. Mais à vrai dire, j'étais trop préoccupé par la question qui me brûlait le bout de la langue. Trop tenté de lui poser, trop curieux, trop maladivement entiché pour ne me mêler des affaires de Max.
" Mec, je peux te poser une question ? " Je lui demandais innocemment après un instant de silence.
" Vas-y, fais toi plaisir. " Il marmonna pensivement.
" Rose t'aurait pas parlé d'un type qui s'appellerait Raphaël ? "
Et je compris à l'instant même où il braqua son regard interrogatif dans le mien, qu'il savait et que, putain, je n'aimerai pas sa réponse. Sa main apportant la cigarette à ses lèvres s'arrêta en chemin, tandis que son visage tout entier se froisser considérablement : ses sourcils, ses lèvres, son nez. Pas une parcelle de son visage ne semblait pas soumise à son étonnement.
" Comment tu le connais ? " M'interrogea-t-il, suspicieux.
" Max. Pourquoi ? " Répondis-je sur le même ton, sentant mon cœur s'exalter sous ma peau.
" Je suis étonné qu'elle t'en ait parlé, c'est tout. Enfin, t'inquiète pas hein, c'est rien. Juste, j'pensais pas que Max était le genre de meuf à parler aussi ouvertement de ses années lycées. " Cette fois, je pus nettement sentir ma colère de ce matin refluer dans mes artères, l'agacement aussi. Tellement que je ne pus décemment pas lui demander autrement :
" Réponds à la question initiale : c'est qui ce gars ? " Crachais-je contre mon grès, aveuglé par le voile rouge qui commençait à se rabattre sur mes yeux.
" Tu te souviens quand Rose nous avait parlé des petites aventures de Maxine la rebelle dans le bus après son interview foireuse avec Gravier ? " J'acquiesçais impatiemment et il reprit : " Bah c'était un des types avec qui elle trainait. Avec Dylan et autre type, Antonin il me semb – Attends, tu vas où ?! " S'étonna-t-il après que je me sois relevé du canapé et, trop enragé pour garder mon calme, je lui répondis dans un grondement :
" Passer un coup de fil. "
Et je partais, traversant le couloir peint en un rouge pourpre, envoyant claquer les deux portes menant à l'extérieur voler contre les murs, puis celle de l'entrée du bâtiment en ne manquant bien évidement pas de bousculer une petite vielle qui passait par là. Et quand enfin le vent humide de ce mois de novembre me fouetta le visage, mon téléphone était déjà vissé à mon oreille. Fiévreux, j'agrippais une poignée de mes putains de cheveux avec brutalité et manquais de décoller mes racines tant ma colère m'empêcher de mesurer mes gestes. Les sonneries d'attente n'en finissaient pas, et alors que je commençais furieusement à me décourager de ne pas entendre le son de sa voix, je shootais dans un foutu gravillon qui trainait sur ce putain de trottoir parisien beaucoup trop étroit.
« Le numéro que vous essayez de joindre est indisponible pour - »
" Putain de merde, réponds ! "
Criais-je comme un demeuré dans la rue, et lorsque je vis plusieurs pairs d'yeux indiscrets se poser sur ma foutue personne, je me hâtais de glisser ma capuche par-dessus ma casquette, peu désireux de me faire remarquer davantage. Je soupirai, encore, puis recomposai son numéro de téléphone, plus que résolu à l'entendre et à la persuader de ne pas commettre cette foutue connerie.
" Réponds, réponds ... " Marmonnais-je comme un idiot, les yeux clos et une main sur le front pour calmer le mal de crâne lancinant qui était en train de me foudroyer sur place. " Réponds, bor- "
" Quoi ? " Je respirai, enfin, inhalant une grande goulée de cet air pollué en même temps que sa voix agacée grésillait dans le haut-parleur.
" Fais pas ça. " Chuchotais-je, convaincu qu'il fallait aller droit au but, mais elle ne me répondit pas, je n'entendais que le bruit de sa respiration frénétique et discontinue ; un son malgré cela suffisant à mes oreilles. " Fais pas ça, Max. Ca sert à rien, je te promets que ça ne te rapportera que des emmerdes. Ton ex est ... " J'avais envie de frapper dans un mur tant la frustration de rien pouvoir lui dire était en train de me grignoter les os. J'étais bloqué, coincé une fois encore dans la cage dans laquelle Rose m'avait involontairement placé la nuit dernière. " Putain, ton ex est un connard fini, Maxine, il n'aurait jamais dû te ... larguer, mais fais pas ça : Ne pars pas à la pêche aux infos, s'il te plait. " L'implorais-je, chagriné à l'idée que cela soit déjà fait. " J'ai – J'ai fait une connerie, d'accord ? Et j'en suis désolé. Je n'aurais jamais dû me mêler de vos affaires, mais je t'en prie, Max, oublie cette histoire. "
Le silence accueillit ma réponse, un assourdissant silence que seules nos respirations saccadées parvenaient à entrecouper. Découragé, je posais mon font sur le granit de cet immeuble, les paupières si étroitement closes que des étoiles multicolores parvinrent à se dessiner sous mes yeux. Chaque muscle de mon corps était crispé au summum, opprimé par le même sentiment d'urgence qui comprimait mon organe vital. Putain, je regrettais tellement. Je déplorais le moment où j'avais effrontément décidé ne pas écouter ses menaces, celles qui me disaient explicitement de ne pas fouiller dans ses histoires. Que je finirai par me perdre moi-même dans ses secrets.
Et bon sang, comme elle avait raison : j'avais fini par me perdre moi-même dans mon envie déraisonnable de démêler les différents éléments de cette histoire. Je m'étais égaré en chemin, pommé entre ma curiosité malsaine et mes instants de lucidité. Faute d'avoir trouvé cette photographe de renommée trop énigmatique à mon gout, j'avais fatalement fini par me jeter dans la gueule du loup. Et désormais, j'étais pris au piège, prisonnier de mes mensonges et de mes trahisons, bloqué entre mon envie démente de la protéger du monde, et de l'éloigner de tout le bordel autour d'elle que j'avais créé sans le vouloir.
J'étais foutrement égoïste et à force de jouer avec le feu, je m'étais sévèrement brûlé les ailes. Et me voilà, pieds et mains liés, incapable de désamorcer la grenade que j'avais involontairement balancée sur elle, cette meuf que j'aimais trop férocement pour que cela soit normal.
" Je t'en supplie. " Lui chuchotais-je une énième fois, inapte à entendre une seule seconde de plus le bruit de son silence.
" Au revoir, Nek. "
Puis elle raccrocha, me délaissant là, le cœur en vrac, l'estomac noué, les yeux embués, les poings serrés, et encore une fois, cet affreux gout d'amertume dans la bouche. Putain, j'ai tellement déconné.
➰
Coucou coucou los cariños ! Vous avez aimé ? Ça vous a plu ? ❤️ merci encore pour tous vos gentils commentaires, vous me faites tellement plaisir à chaque fois ! Vous êtes les meilleurs !!❤️ (je suis gnangnan nan ?)
Allez, je vous laisse, on se retrouve mercredi prochain les babies,
Je vous aime putain !
-Clem
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