• Plume n°17 •
Coucou coucou les babies !
Aujourd'hui, un chapitre que j'étais troooooooooop pressée de vous publier ! Vous allez vite le remarquer, il change de l'ordinaire ! On se voit en bas 😘
Maxine
➰
" Bébé, putain, arrête de fuir ! "
Je roulais blasement des yeux et continuais mon chemin, les bras croisés sous ma poitrine alors que l'homme dans mon dos continuait de geindre comme une petite fille en manque d'attention. J'empestais l'humidité et le renfermée, ma peau était moite et mouchetée de tâches noirâtres causées par la poussière qui régnait dans l'endroit insalubre où j'avais passé la nuit, mes cheveux étaient dans un état déplorable ... Ma seule préoccupation pour le moment était d'aller prendre une douche, pas de gérer les lamentations pitoyables du beau brun qui marchait sur mes pas.
" Maxine, s'il te plait, arrête de marcher ! " Réitéra-t-il, bien plus impatient qu'il y a quelques instants. Cette fois-ci, je perdis définitivement mon sang-froid et m'immobilisais abruptement sur le béton. Je tournais les talons, faisant face à mon interlocuteur qui trottinait connement jusqu'à moi et marchais vivement jusqu'à lui, mes yeux plantés dans les siens si incroyablement verts.
" Tu m'as abandonnée ! Tu m'as laissée en plan alors que j'avais besoin de toi ! " Beuglais-je à son encontre tout en enfonçant mon index sur son pectoral. " Vous vous êtes tous barrés en courant alors que j'avais besoin de vous ! "
" Je croyais que tu nous suivais ! " S'agaça-t-il et, pas de chance pour lui, sa réponse me fit définitivement sortir de mes gongs.
" Va te faire foutre ! Allez tous vous faire foutre, toi et tous tes petits copains ! J'en ai ras le cul de vos conneries ! "
Criais-je à son encontre, mais il ne parut pas le moins du monde dérouté par mon hurlement ; c'est dire comme il en avait l'habitude. Au contraire, il ne cilla pas et continua de mon lorgner hargneusement, me rendant fermement mon regard assassin. Quelques passants interloqués par notre esclandre en public nous observaient en silence, nous jetant quelques coups d'œil dubitatifs et étrangement, je ne pouvais que les comprendre : un binôme comme le nôtre ne passait fatalement pas inaperçu.
Vêtue que d'un jean noir et d'un débardeur ample de la même couleur, des bottes pourpres aux pieds et des cheveux plus rouges qu'une foutue cerise mûre, mon allure inaccoutumée n'était rien comparée à celle de mon petit-ami. Dylan, habillé de son traditionnel jean sombre et de son tee-shirt gris, n'étonnait pas tant par sa tenue mais plutôt par sa beauté incommensurable. Mat de peau, ses cheveux coupés courts étaient plus sombres que du charbon et s'accordaient à merveille avec la couleur si singulière de ses yeux. Une fine barbe négligemment taillée redessinait à merveille le galbe de sa mâchoire proéminente et laissait deviner quelques imperfections sous elle, notamment d'anciennes cicatrices d'acnés.
Mais le plus incroyable chez lui, c'était le nombre incalculable de tatouages qui parsemaient sa peau naturellement cuivrée. Je les connaissais tous, aucun d'entre eux ne m'étaient inconnus ; je connaissais leurs origines, leurs symboliques, leurs couleurs et leurs bavures ... Tous m'étaient familiers. Certains d'entre eux, notamment cet étrange petit bonhomme aux allures singulières dessiné près de son poignet droit, avaient été gravés à l'encre noire par mes soins.
Alors certes, ils n'étaient pas tous beaux, la plupart étaient même incroyablement laids, mais je les chérissais, tous, sans exception. Je les aimais presqu'autant que j'aimais Dylan : inconditionnellement et maladivement.
" J'en ai marre, Dylan. J'en peux plus. " Soufflais-je, tout en balayant les quelques mèches de cheveux pourpres qui tombaient devant mes yeux. " J'aurai vingt-et-un ans dans une semaine, et regarde où j'en suis ... " Je pointais nonchalamment du doigt l'affreux bâtiment qui tombait en ruine où j'avais passé la nuit en cellule de dégrisement et continuais tristement : " Je viens de passer une nuit de merde avec des types louches qui empestaient l'urine à trois kilomètres à la ronde, et des flics qui ont tout fait pour me maintenir éveiller alors que je ne voulais qu'une seule chose : dormir. Je pue, j'ai mal au crâne, j'ai faim, je suis fatiguée, j'ai la pâteuse, et je t'aime mais – "
Mais je n'eus pas le temps de finir ma phrase puisque deux lèvres incroyablement charnues vinrent subitement s'écraser contre les miennes. Empressé, ses deux mains vinrent capturer ma nuque pour me maintenir la tête en place et sa langue aventureuse tenta de forcer le passage de mes lippes, glissant sur elles dans une invitation tacite à s'ouvrir. Et quand bien même appréciais-je cette acte purement dominant de la part de mon petit-ami, je n'abdiquais pas, restant difficilement immobile en face de lui, les bras ballants le long de mon corps usé par la fatigue.
Car voilà, après quatre ans de relations, je connaissais suffisamment mon copain pour savoir qu'il ne faisait ça que pour éviter l'affront ; il haïssait nos engueulades tout autant que moi, certes, mais ce qu'il détestait le plus restait les fois où j'avais raison. Et en l'occurrence, ce baiser n'était là que pour me faire taire.
Car, incontestablement, j'avais raison.
" Arrête. " Réussis-je à marmonner entre ses lèvres, mais il continua, désespéré que je ne lui donne pas ce dont il avait cruellement besoin pour le moment : de réconfort. Mon homme n'était qu'une montagne de muscles avec une âme d'enfant en cruel manque d'affection ; et comme depuis des années, j'étais son unique source d'amour. C'était aussi attendrissant qu'affligeant. " Je t'ai dit stop, Dylan, arrête. "
Je le repoussais péniblement et à peine ai-je eu le temps de le toucher qu'il se déroba, subitement en proie à une colère noir si l'on en croyait la brusque sévérité de son visage. Ses lèvres se plissèrent dans une moue rageuse tandis que ses jambes faisaient les cent pas en face de moi. Ses deux mains se lièrent à l'arrière de son crâne et je le regardais impassiblement, partagée entre mon envie de lui hurler dessus et ma pitié pour lui.
" Qu'est-ce qu'il a de différent avec les dernières fois, hein ?! Pourquoi maintenant, pourquoi aujourd'hui ?! " Hurla-t-il tout en pointant sévèrement le commissariat de police. " Qu'est-ce que tu veux de moi, Maxine ? Des excuses ?! Très bien, parfait : Je suis désolé ! Mais putain, ne me quitte pas, pas pour ... ça ! Je n'avais même pas vu que tu ne nous suivais plus, personne ne l'avait vu ! Tu sais pertinemment que je serai retourné te chercher si j'avais vu que les flics te tenaient ! "
" Il n'est pas là le pro- "
" Alors il est où, bordel ?! " M'interrompit-il brusquement. " Il est où le problème, Max, qu'est-ce qui change des autres fois ?! "
" Justement, Dylan, il a trop d'autres fois ! " Criais-je à mon tour et il cessa immédiatement de tourner en rond, ahuri par mon hurlement phénoménal. Je claquais mes mains sur mes cuisses et m'avançais fiévreusement jusqu'à lui, attrapant sa main pour tenter de lui insuffler un peu de calme ; loin de moi l'idée de retourner dans une cellule miteuse alors que j'y avais passé la nuit. " Ça fait quatre ans qu'on est ensemble, bébé. On avait seize ans quand on s'est rencontrés et c'était drôle au début, mais maintenant ... ça ne l'est plu et je ne veux plus de tout ça. " Haletais-je, ma gorge subitement nouée par quelques sanglots que je refusais de laisser sortir. " On est des adultes maintenant, Dylan, et il faut qu'on grandisse. On n'a plus l'âge pour ce genre de choses, et même si je t'aime plus que tout au monde, je te demande de faire un choix : Moi ou toutes ces galères. "
" T'as pas le droit de me faire ça. Putain, t'as pas le droit ! " Cracha-t-il tout en arrachant sa main à la mienne. Son geste de recul m'arracha une larme de pure horreur, une perle salée qui dégringola ma joue à une vitesse folle jusqu'à exploser contre le bitume.
" Si, j'ai le droit, Dylan. J'ai tout à fait le droit de te demander de faire un choix. Et si tu m'aimes comme je t'aime, tu feras le bon. Mais ne reviens plus me voir si ce n'est pas le cas. "
Concluais-je, le cœur si dangereusement en miette que je fus convaincue de ne jamais pouvoir avoir plus qu'à cet instant. Chaque pas que je faisais vers l'arrière était une aiguille chauffée à blanc qui s'enfonçait dans ma poitrine, perçant ma cage-thoracique et chacun de mes organes vitaux si douloureusement que je fus incapable de respirer pendant un temps indéterminé.
Mais quand je me retournais finalement pour reprendre mon chemin et que je n'entendis pas mon copain me suivre, je ne sus retenir un sanglot. Un pitoyable et misérable sanglot qui éclata dans les airs comme un lamentable appel à l'aide que personne ne parut vouloir entendre.
***
" Chérie ... les cheveux rouges étaient-ils réellement nécessaires ? "
S'enquit faussement ma mère à l'autre bout de la table, après s'être dignement essuyée la bouche à l'aide de sa serviette brodée à son nom. J'arquais un sourcil dans sa direction, l'air de lui demander si elle se foutait de ma gueule, mais elle ne broncha pas par autant, le dos toujours aussi droit sur sa chaise en velours hors de prix.
" Je lui ai déjà fait la remarque il y a quelques semaines, maman : Max ne veut pas m'écouter quand je lui dis que c'est incroyablement moche. N'est-ce pas, sœurette ? " Me sourit-elle sarcastiquement et je répondis spontanément :
" Parce que tu penses être mieux, avec ta robe de sainte vierge effarouchée et tes talons de cinq centimètres, sœurette ? " Sifflais-je à son égard, décidemment d'une humeur de chien. Sa bouche peinte en rose s'entrouvrit dans une tentative de réplique, mais mon cher père eut la décence d'enfin ouvrir la sienne.
" Les filles, on se calme, s'il vous plait. " S'exaspéra-t-il avant d'essuyer une goutte de sueur qui perlait sur l'orée de son front. " Pour une fois que ta sœur nous fait l'honneur de dîner avec nous, j'apprécierai que vous ne vous entretuiez pas immédiatement. " Un rictus amer se grava sur mes lèvres quand je vis ma sœur sa tasser dans son siège et je remerciais intimement mon paternel d'avoir pour une fois ouvert sa bouche pour une bonne raison. " Bien, comme te le demandait ta mère, cette couleur de cheveux était-elle réellement nécessaire, Maxine ? " Finalement, non, la bouche fermée, me père était bien plus amusant.
" On a en a déjà parlé, bon sang. " Répliquais-je, agacée que ce sujet soit remis à l'ordre du jour dès que je dinais chez mes géniteurs.
" Encore une superbe idée de ton gentil et brillant petit copain, Maxou ? " Se moqua ma sœur et je vis rouge lorsque ma mère eut le culot de ricaner elle-aussi.
" Et toi, Rosie, tu comptes toujours te marier avec Georges alors qu'il se tape incognito sa secrétaire ? "
" Espèce de – "
" Ça suffit ! "
Hurla mon père et lorsque son poing s'écrasa virulemment sur la table à manger, cela ne manqua de nous faire toutes les trois tressaillir sur nos chaises. Ahuries par cette virulente interruption, ma sœur et moi-même fermâmes nos clapets et regardâmes avec incrédulité notre père qui avait bondi sur ses deux pieds. Ses yeux bleutés nous observaient alternativement, passant de ma sœur à moi-même, alors que son souffle saccadé peinait à se réguler ; faute à son embonpoint qui l'empêchait de respirer convenablement.
" J'en ai plus qu'assez de vos jérémiades ridicules ! Particulièrement de tes tiennes, Maxine ! De quel droit te permets-tu de remettre en question le mariage de ta sœur ?! Elle a au moins le mérite d'avoir trouvé un fiancé digne de ce nom ! " Continua-t-il sur sa lancée et sa réflexion me fit plus de mal que je ne l'admettrai jamais, chose qui me fit lamentablement baisser la tête alors que l'idée de quitter la pièce commençait à peine à germer dans mes pensées. " Il y a encore une semaine, ta mère et moi avons eu le droit à un appel de la police pour nous informer de ta présence en cellule de dégrisement ! C'est la deuxième fois ce mois-ci, Maxine, deuxième fois ! "
Qu'étais-je supposée répondre ? Promettre que je ne le referai plus ? A quoi bon promettre quelque chose alors que j'avais l'intime conviction que je ne pourrai pas tenir mon serment ? La seule différence résidait dans le fait, qu'officieusement je n'étais plus avec Dylan. Mais impossible que je le dise à voix haute : le ravissement de ma famille me ferait trop de peine pour que je puisse retenir mes larmes une seconde fois. C'était trop récent et je croyais encore en l'espoir que Dylan me rappelle.
" Mais ta mère et moi ne t'avons pas invitée pour cette raison. " S'adoucit-il et je relevais mes yeux de mes pieds lorsque je l'entendis sa rasseoir sur sa chaise. Dignement, il réajusta sa cravate haute-couture ainsi que sa veste de costume et reprit avec une pointe d'amertume dans la voix : " Ton vingt-et-unième anniversaire est dans une semaine. Comme chaque année nous avons pris le temps d'organiser une fête en ton honneur, alors nous te prierons de faire acte de présence pour cette fois, Maxine. "
" Merci, mais hors de question. " Répliquais-je, catégorique ; trop de fois mes géniteurs m'avaient fait ce coup là, trop de fois ces soirées s'étaient apparentées à des galas ridiculement luxurieux ayant pour simple but d'exposer la richesse grandiose de mon père.
" Ce n'était pas une proposition, jeune-fille. " Me contredit ma mère, toute aussi ferme que mon patriarche. " Des gens importants seront là, et il est amplement tant de reprendre ta vie en main. Tu n'as aucun diplôme, aucun travail, tu ne vies que grâce à notre argent ... Alors voilà le pacte : Si tu ne viens pas, nous te coupons les vivres, Maxine. Et estime toi heureuse d'avoir le choix, car toi, tu ne nous en laisses aucun. "
" Vous vous foutez de moi, c'est ça ? " Ricanais-je nerveusement, peu sûre d'avoir bien entendu ce que ma mère venait de m'affirmer.
" Malheureusement, ce n'est pas une blague, ma fille. Et ne pense pas que c'est une partie de plaisirs pour nous de te mettre aux pieds du mur. "
Me dit mon père, et je ne sus dire si ce fut son air faussement triste ou sa complaisance évidente qui m'agaça le plus. Ma grande sœur trouva juste de ricaner à ce moment-là alors que le silence retombait dans la salle et je saisissais l'occasion pour m'extraire de table, les muscles si imbibés d'adrénaline que je ne parvins pas à réguler leurs tremblements. Ma chaise grinça bruyamment sur le parquet du salon et ne rata pas de tomber en arrière tant je m'étais reculée brusquement.
Le bruit tonitruant qu'occasionna sa chute me permit d'attirer toute l'attention mais alors qu'un nombre incalculable d'insultes me vint en tête, la seule chose que je fus en mesure de dire fut la suivante :
" Allez-vous faire voir, tous autant que vous êtes. Coupez-moi les vivres si ça vous chante, faites une putain de soirée en mon honneur si ça vous tente, mais je vous garantis que je ne foutrai pas un seul de mes doigts de pieds à cette fête. "
Terminais-je dans un calme alarmant avant de ne rattraper mon sac à dos et ma veste en cuir qui étaient tombés en même temps que ma chaise. Toujours dans un silence olympien, je quittais la table, sans un mot pour mes parents, ni un regard pour ma sœur qui paraissait plus outrée que jamais, et rejoignais la grande porte d'entrée. Mais alors que j'enclenchais la poignée, une dernière pensée me vint en tête. Je revenais sur mes pas en hâte et retrouvais le salon où personne n'avait esquissé un mouvement.
" Une dernière chose, sœurette : Le jour où tu te feras larguer par ton Georges parce qu'il aura trouvé mieux que toi, et crois-moi, ce n'est pas compliqué, ne viens pas me voir : car je te laisserai croupir dans ta merde sans l'ombre d'un scrupule. "
Satisfaite de la voir apporter sa main à sa bouche pour divulguer son effarement, je lui souriais sinistrement et lui fis un ultime clin d'œil avant de ne tourner les talons. Hâtivement, je retrouvais le hall d'entrée et alors que je m'apprêtais à m'engouffrer dans la cage d'escalier, la voix de ma mère raisonna dans mon dos :
" Maxine Laurens, où penses-tu aller comme ça ?! " Cria-t-elle et sans un regard, je me contentais de lui répondre avec un brin d'insolence dans la voix :
" Baiser avec mon copain. "
Et je claquais la porte, téléphone déjà en main pour prévenir Dylan de mon arrivée imminente ; actuellement, il était très certainement le seul en mesure de me calmer et de conforter mon idée d'abandonner ma famille si lâchement. Peu importait son choix, peu importait qu'il soit encore indécis sur la question, j'avais besoin de mon petit-ami et très certainement d'une dose de beuh dans le sang.
Je composais gauchement son numéro de téléphone tout en dévalant les escaliers deux par deux, et soufflais d'aise quand sa voix rauque résonna dans mon tympan.
" Max, ça va ? " S'enquit-il immédiatement et sa prévenance me fit sourire niaisement.
" Oui. Non. Peu importe, j'ai besoin de toi. " Peinais-je à articuler tant la descente de ses marches était en train de m'user physiquement.
" Où est-ce que tu es ? " Je fronçais des sourcils en me rendant compte de l'absurdité de la situation et soufflais malgré tout :
" Chez mes parents. "
" Quoi ?! Mais putain, qu'est-ce que tu fous chez eux ?! " S'égosilla-t-il à l'autre bout du fil et sa réaction m'arracha une grimace.
" Je – "
" Non, laisse tomber, j'veux pas savoir. J'arrive dans dix minutes, tu ne bouges pas, compris ? "
" Ouais. " Mais au moment où j'allais raccrocher, il reprit bien plus calmement :
" Max ? "
" Quoi ? "
" Ça sera toujours toi. "
Me susurra-t-il, et même si cela n'avait pas été explicitement dit, sa promesse tacite me fit doucement sourire, un sourire niais occasionné par la douceur de sa phrase. Mon cœur se gonfla d'un amour irrationnel pour cet homme après qu'il ait raccroché en hâte ; les démonstrations d'amour n'étaient définitivement pas son genre.
Toujours aussi rutilante de niaiseries, j'arrivais enfin en bas de l'immeuble, accueillant le vent frais de la capital lumière comme une claque salvatrice qui sut à merveille me remettre les idées en place.
Je réajustais la capuche de mon sweatshirt sur ma tête et fonçais sur le trottoir d'en face sans faire attention aux nombreuses voitures qui circulaient sur la route. Après quoi, je me réfugiais sous le porche d'une petit commerçant de fruits et légumes en attendant l'arrivée immédiate de mon petit-ami et sortais une cigarette pré-préparée par mes soins de mon paquet prévu à cet effet. Ni une, ni deux, j'inhalais la toxine avec béatitude et guettais l'arrivée de la grosse voiture de Dylan.
Au bout de quelques maigres minutes, un groupe de jeunes attira mon attention sur le trottoir en face du mien ; âgés d'une quinzaine d'années pour la plupart, il s'étaient entassés sur les marches d'un immeuble, se foutant bien du fait qu'ils étaient dans un quartier riche et qu'ils n'avaient certainement rien à faire là. Cette idée me fit sourire et je souris de plus belle quand les paroles de leur chanson arrivèrent jusqu'à moi.
« Et quand j'veux t'oublier, tu reviens me déclarer ta flamme,
Je fais le fier mais je sais que j'ai égaré ma femme,
On s'enlaçait, on s'en lassait pas, on fumait d'la beuh,
On faisait l'amour, on s'embrassait quand on puait d'la gueule. »
Une image de Dylan s'infiltra sous mes paupières à cet instant-là. Un doux souvenir de la partie jambes en l'air que nous avions faite alors que nous étions rentrés complètement ivres après une énième soirée aux fréquentations douteuses. Elle datait de quelques années désormais, quelque chose comme deux ou trois ans, mais elle fut si mémorable que je pense pouvoir m'en souvenir pour le restant de mes foutus jours.
Dylan était très certainement le seul homme qui accepterait à jamais mes différences, notamment la haine viscérale que je ressentais pour la Vie, et mes incalculables défauts, notamment mon côté bavard.
Et même si le penser me rendait copieusement ridicule, il était possiblement l'homme de ma vie. L'aimer était aussi douloureux qu'agréable, aussi dantesque qu'un petit train lancé à pleine vitesse dans une montagne russe sans fin.
Et j'aimais ça, cette impression d'incertain et de dangerosité que je vivais à ses côtés depuis mes années lycées. J'aimais le fait de ne jamais savoir ce qu'il se passerait le lendemain. Et quand bien même étais-je une ratée sans diplôme aux yeux de ma famille, je me savais en sureté à ses côtés ; c'était tout ce qui comptait.
Et étrangement cette chanson au rythme entrainant me remit du baume au cœur ; tant que Dylan était là, tout irait bien.
***
" Qu'est-ce que tu vas faire, du coup ? " Me chuchota doucement mon copain, étroitement collé à mon dos, alors que nous peinions à rentrer à deux dans ce petit lit une place. Ça faisait des mois qu'on parlait d'en acheter un plus grand, mais nous n'avions jamais trouvé le temps de le faire.
" Je sais pas. " Répondis-je distraitement, les yeux plantés dans le vide. " Je comptais sur toi pour m'aider à trouver une solution. "
Etant nue sous les draps, je fus arrachée à mes pensées lorsque sa main vint à l'encontre de mon sein et que ses lèvres suçotèrent délicatement la peau tendre située entre mon cou et mon épaule. Je gémissais dans mon oreiller lorsqu'il fit rouler délicieusement mon téton entre son pouce et mon index, et me pris au jeu en fermant les paupières, me permettant de savourer plus amplement cette énième caresse charnelle.
Du moins, jusqu'à ce qu'une image inopportune de ma satanée grande sœur jaillisse devant mes yeux. Un grand froid m'envahit inopinément, éteignant l'incendie expansif qui grandissait dans mon bas ventre et je retirais immédiatement la main de mon copain.
" C'est pas le moment, Dylan, je suis en train de te parler d'une chose sérieuse là. " Soupirais-je tout en me contorsionnant pour lui faire face. A son tour, frustré, il souffla abusivement et se recoucha sur le dos, son regard errant dans l'obscurité qui régnait dans sa chambre.
" Je sais. Je sais que c'est important, mais je ne porte pas réellement tes parents dans mon cœur, bébé, tu vois ? " Dit-il, un poil de sarcasme mêlé à sa voix enrouée.
" Rassure-toi, c'est réciproque. " La taquinais-je, mais ma blague ne parut pas le moins du monde le détendre.
A la place, il se redressa dans son lit et se pencha en avant pour ramasser le joint que nous avions roulé avant que ça ne dérape en câlin. Il le plaça entre ses deux lèvres écorchées à certains endroits – la faute à sa récente bagarre avec un type ivre, et embrasa l'embout en papier, illuminant faiblement la pièce d'une faible lumière jaunâtre pendant quelques instants. Consciente que ces moments de quiétude étaient rares dans notre couple, je me couchais sur le ventre à ses côtés et observais la façon hypnique qu'avaient ses lèvres de s'enrouler autour de ce cylindre.
Sa tête bascula en arrière lorsque le poison parvint jusqu'à ses poumons et dans une expiration, il le recracha au-dessus de sa tête, créant un épais nuage grisâtre simplement éclairé par la lumière de la Lune ; une vision de lui que j'aimais infiniment. Sa peau halée luisait dans la pénombre, illuminant l'encre noir qui maculait l'ensemble de son torse et de ses bras, tandis que le silence nous englobait paisiblement, nous isolant lui et moi dans nos pensées respectives.
J'acceptais sans un mot lorsqu'il me tendit le cylindre empoisonné et effectuais à multiples reprises les mêmes gestes que les siens, savourant les bienfaits de cette toxine. Peu à peu, ma tête fut embrumée par les vapeurs du produit et je pus sentir chacun de mes muscles à se détendre un à un, se dénouant si incroyablement bien que j'eus du mal à croire qu'il y a une semaine tout juste, j'étais enfermée dans une cellule poisseuse en compagnie de deux ivrognes qui pissaient partout, sauf dans le trou des toilettes mis à notre disposition.
" Tu vas aller à cette soirée. "
Interloquée par sa subite prise de parole, je rouvrais mes paupières et fronçais mes sourcils, peu certaine que cela soit une blague ou non.
" Tu te fous de moi ? "
" Non. " Prestement, ses deux bras vinrent encercler mes hanches et me contraignirent à venir m'asseoir sur le bas de ses hanches. Curieuse, je me laissais faire et écoutais son idée sans l'interrompre. " Tu vas avoir vingt-et-un ans, Max, et même si ça me fait chier de te dire d'y aller, tu vas le faire. T'as la chance d'avoir encore tes parents - et ta sœur, mais ça c'est une autre affaire, peu importe. Je disais t'as la chance d'avoir des parents avec de la tune et je ne veux pas m'interposer dans votre relation, même si eux et moi on peut pas sa sentir. "
Dans un geste prévenant, il replaça l'une de mes mèches de cheveux derrière mon oreille et embrassa mignonnement le bout de mon nez avant de ne continuer.
" Tu vas y aller, tu vas « faire acte de présence » comme le dit si bien ton connard de père, tu vas jouer la comédie comme tu sais si bien le faire, puis tu rentreras à la maison et je te demanderai de m'épouser. "
Je me médusais brusquement après ses dernières paroles. Mon cœur se givra dans ma poitrine alors qu'une chair de poule sans pareille recouvra l'ensemble de mon corps. Je relevais en hâte mes yeux de ses tatouages et verrouillais mon regard au sien, recherchant scrupuleusement une once d'humeur dans le fond de ses pupilles.
Mais je ne vis rien. Rien, si ce n'est un sérieux sans comparaison.
" Dylan, t-t'es pas sérieux là ? " Bégayais-je, interdite devant lui qui semblait étrangement serein.
" Si, si, je le suis. Je te demanderai en mariage comme un parfait idiot, tu m'engueuleras parce que j'aurai pas pris le temps de t'acheter une foutue bague, puis on couchera ensemble deux ou trois fois, et tu crieras un putain de « oui » parce que je baise comme un dieu. "
Nerveusement, je riais aux éclats tout en lui frappant gentiment le torse. Mes yeux étaient en train de s'emplir de larmes intempestives que je tentais vainement d'assécher en battant bêtement des paupières, mais lorsque Dylan me rattrapa la main pour l'embrasser affectueusement, j'abandonnais lâchement ma fierté et me laissais pleurer en paix.
" Le lendemain, on ira à la mairie pour officialiser tout ça, on demandera à Raph et Toto d'être nos témoins, puis ensuite on ira chez tes parents, on leur annoncera la nouvelle et on leur fera enfin fermer leur grande gueule de bourges. Ça te va comme programme, bébé, ou tu souhaites modifier quelques petits trucs ? " Gloussa-t-il doucement avant de mordiller malicieusement le dos de ma main.
" Jure-moi que tu es sérieux, Dylan, que ce n'est pas seulement le ter qui te fait dire ça. Je ne rigole pas avec ce genre de choses, tu le sais. " Pleurnichais-je comme une enfant tandis qu'il essuyait l'humidité de mes joues. Il me sourit tendrement et hocha la tête frugalement, un sourire moqueur sur le coin de ses lèvres.
" Je le jure, Max. Ca faisait un petit moment que j'en parlais aux gars. Et je te promets que je ferai des efforts. Plus de taule toutes les semaines, plus de bagarres tous les soirs, plus de courses poursuite avec les flics ... Juste toi et moi contre le reste du monde, bébé : Bonnie et Clyde à la retraite. "
Dans un rire tonitruant, je fondis sur ses lèvres, mes deux mains sur chaque côté de son visage couvert d'anciennes blessures mal cicatrisées. Je souriais et pleurais tant contre sa bouche que notre baiser ne ressemblait que très peu à baiser, que nos lèvres avaient un étrange gout de salé, et que nos dents s'entrechoquaient douloureusement à certains moments. Mais à ce cet-instant là, le monde aurait pu s'effondrer, se désintégrer en un million de lambeaux, je n'aurai pu être plus heureuse.
Mon corps tout entier fondait sous ses mains possessives et brûlantes qui calcinaient la peau de mes hanches, chacun de mes muscles s'emplissait d'un liquide aussi exquis qu'éphémère, un liquide que j'aurai pu aisément qualifier de bonheur à l'état brut.
Dans notre équilibre précaire et notre vie miteuse, Dylan et moi avions trouvé à ce moment-là, l'accalmie et le courage suffisant pour affronter l'univers. Son âme noircie par la Vie et la mienne encore intacte, s'étaient unies juste le temps d'une ou deux foutues heures, juste suffisamment de temps pour me convaincre que, même si notre amour était malsain et mal vu par un grand nombre de personnes, il serait toujours là. Toujours et envers et contre tous.
Bonnie et Clyde à la retraite. J'aimais bien l'idée.
Mais j'étais bien trop naïve à l'époque pour savoir que rien n'était éternel et qu'aucune promesse n'était faite pour être tenue. Elles étaient là juste pour être brisées et pour briser les gens.
Vous trouvez ça triste ? Ô si vous saviez comme ça l'était.
➰
Tadaaaa les babies !
Alors qu'en pensez vous ? Bonnie et Clyde vous plaisent ou pas du tout ? 😈
Enfin bref, ne vous en faites pas Barbie revient au prochain chapitre haha, allez, je vous souhaite une bonne nuit les petits loups ❤️
Bisous ❤️
Oh et Dylan colle un peu à l'image mise en média 😍
-Clem
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top