• Plume n°15 •



Wesh les babies ! Comment se passe votre semaine ? En tout cas, voici le chapitre 15, pressée de voir vos réactions ! On se voit en bas 😌






Maxine





                   

Pour une fois que j'arrivais en avance au concert, je me permettais de trainer les pieds, les mains négligemment enfoncées dans la poche centrale de mon sweat oversize et des écouteurs plantés dans mes oreilles. La musique criarde d'ACDC se déversait inlassablement dans mes tympans, assourdissant mes humeurs massacrantes et ma colère permanente, alors que la toxine de mon ter continuait de se répandre délicieusement dans mes artères.

Certains passants, très certainement des gérants de la salle, me lorgnaient suspicieusement, curieux de savoir qui était cette jeune-femme qui se baladait sereinement dans leurs locaux.

J'ignorais ces abrutis en roulant des yeux et continuais ma marche mollassonne jusqu'aux loges de cette salle de concert Marseillaise. A peine fus-je face à la porte d'entrée de la salle que je pus reconnaitre les gloussements complaisants de ma sœur ainée et j'eus immédiatement l'envie de faire demi-tour. J'éteignais ma musique et m'appuyais contre le mur près de la salle, écoutant attentivement les quelques bribes de conversations que j'entendais.

Dès que je ferai un pas dans la salle, ma sœur m'harcèlera, Deen se souciera de mon allure nonchalante, et tout ça m'agacera profondément. C'était dire comme la soirée s'annonçait incroyable.

Mais en fait, étrangement, tout ce que je voulais pour le moment, c'était Barbie. Je voulais qu'il me taquine, me cherche, me caresse, et bon sang aussi invraisemblable puisse être cette idée, j'avais la furieuse envie qu'il m'embrasse. Longuement et brutalement, simplement pour me faire oublier ces deux journées d'Enfer que j'avais délibérément décidé de vivre seule, simplement pour gommer de mes pensées cette irrépressible envie de tout quitter. Après tout qu'est-ce qui me retenait de partir ? Si ce n'est un contrat où ma signature y prônait ?

Rien.

Rien si ce n'est Nekfeu qui, paradoxalement cette à cette insatiable besoin d'être près de lui, me donnait envie de tout foutre en l'air.

Dans un soupir désabusé, quand un ixième rire de ma sœur me fit sortir de mes songeries aberrantes, j'ouvrais la porte et affrontais le silence glaçant qui m'accueillit inopinément. Je plissais mes lèvres dans une tentative de sourire et relevais ma main pour saluer brièvement les garçons. Mais comprenant à leur silence que personne ne me répondrait, je partais me servir un verre d'eau et attrapais une part de la quiche qui trainait non loin de là.



" Ça va ? " Me quémanda ma sœur un peu plus loin, et j'apportais immédiatement mon regard à elle, curieuse de savoir s'il se souciait réellement de la réponse. Dans un sérieux sans pareil, je pris le temps de la détailler, examinant les moindres recoins de son visage. Des cernes proéminents se dessinaient sous l'orée de ses yeux et me donnèrent presque envie de sourire perversement. Je hochais doucement la tête tout en buvant une gorgée de mon verre d'eau et gesticulais sur place, mal à l'aise face à tous ces regards. " Cool. " Murmura-t-elle, elle-même que très peu convaincue par ses mots. " Tu devrais peut-être te doucher un peu, non ? "



Je hochai de nouveau la tête, regardais l'heure et fus soulagée de remarquer qu'il me restait un peu plus d'une heure pour me préparer. Je ne m'étais pas douchée depuis la veille, j'empestais le chien mouillé, mes chaussures et mes cheveux étaient pleins de sables, sans compter mon sweat qui puait le tabac froid et mon maquillage qui avait bavé sous mes paupières. Je finissais mon verre d'eau d'une traite, mangeais ma part de tarte sans réelle appétit et fus satisfaite de voir que l'ambiance c'était un tant soit peu détendue. Fram me fit même l'honneur de me rejoindre dans mon coin.



" Alors, princesse, qu'est-ce que t'as foutu pendant tout ce temps ? " Il ricana tout en me bousculant gentiment l'épaule. Je riais avec lui, soumise aux effets secondaires de mon joint et fis malicieusement danser mes sourcils. " C'est con mais je pensais que t'aurais retrouvé ta langue après l'épisode d'hier, la muette. "



La honte me submergea brusquement et réchauffa considérablement mes joues ; bien sûr que non, cela n'aurait aidé en rien. Au contraire, comme à chaque fois que je subissais mes sautes d'humeur, je me terrais un peu plus dans mon propre mutisme. Mécanisme spontané que mon propre subconscient semblait avoir installé dans ma vie sans mon autorisation ; une sorte d'autopunition que je subissais à chaque nouvelle crise de colère trop brutale. Et en l'occurrence, celle de la veille avait été bien plus que brutale ; je m'étais lâchement laissée aller dans l'emportement de mes sens, les titillements désagréables de ma rage qui mijotait sous mon épiderme et mon tyrannique besoin de ma venger.

Au même moment, machinalement, je me mis à chercher l'élément manquant du décor. Barbie n'était pas là et mon envie titanesque de la voir s'exacerba de ce fait. Le plus discrètement que possible, je le recherchais du regard mais ne le vis nulle part, et je ne sus expliquer d'où provenait ce manque qui enflait dans mes pensées.



" Si tu cherches Nek, il est dans la salle d'à côté ; il téléphone à sa reus'. " Me murmura Fram que j'avais négligé jusqu'à présent, bien trop concentrée dans mes recherches. Je déviais timidement mon regard vers lui, lui demandait tacitement l'autorisation de l'abandonner et un sourire moqueur égaya subitement son visage. " Oh mais tu peux y aller, princesse. Je crois juste que Nek a quelques petits trucs à te dire lui aussi. Après, je dis ça, je dis rien. "



Sa voix taquine me laissa suspicieuse, mais je n'eus pas le temps de solliciter plus d'explications puisque mon ami décida de me quitter au même moment. Je grognais discrètement de frustration, dorénavant désireuse d'en savoir plus, mais cédais tout de même à mon caprice en me faufilant discrètement vers la seconde salle.

Je pris le temps de fermer la porte dans mon dos et tombais nez à nez sur un Nekfeu vêtu que d'un simple jean tombant bas sur ses hanches. Marchant de long en large dans la pièce sans jamais se rendre compte de ma présence, ma chaleur interne grimpa en flèche quand j'eus tout le loisir de lorgner les mouvements larges de ses muscles dorsaux.

Un de ses bras maintenait son téléphone à son oreille, redessinant à merveilles le pourtour de son triceps et faisant saillir son pectoral droit. Ses omoplates roulaient divinement sous sa peau naturellement halée au rythme de ses pas, tandis que des gouttes d'eau ruisselaient le long de son dos. Ses cheveux humides me laissèrent deviner qu'il sortait de la douche et je n'eus que plus envie : y laisser vagabonder mes mains.

Lorsqu'une gouttelette dégringola de ses cheveux, je suivis perversement sa course le long de son épine dorsale. Dévalant sa nuque, puis retraçant le dessin de sa colonne vertébrale, elle disparut fatalement lorsqu'elle atteignit la bordure de son jean brut. Mes yeux dévièrent naturellement vers son fessier et une pensée typiquement masculine m'arracha un sourire en coin : Son cul n'était pas si mal à lui non plus.

Ma libido déjà surexcitée s'enflamma quand il ouvrit la bouche pour répondre à sa sœur et que sa voix gutturale s'engouffra dans mes tympans. Il semblait contrarié et étrangement, son énervement – qui pour une fois ne m'était pas destiné – embrasa mes dernières retenues. Frémissante d'un besoin quasi viscéral d'assouvir une bonne fois pour toutes ma furieuse et démesurée envie de gouter à ses lèvres, je marchais discrètement jusqu'à lui et profitais qu'il soit de dos pour le surprendre.

Poussée par la toxine illicite qui grisait encore mes pensées, je laissais mon index retracer le chemin humide laissé par l'une de ces gouttes d'eau et mordis âprement ma lèvre quand il se retourna brusquement vers moi, rattrapant rapidement mon poignet. D'abord pris au dépourvu, ses sourcils se froncèrent lorsqu'il me dévisagea, puis les traits masculins de son visage se détendirent promptement quand ses yeux tombèrent sur mes lèvres.



" On parlera de ça plus tard, faut que je te lai-  " Je devinais que sa sœur n'était pas prête de raccrocher quand je l'entendis crier à l'autre bout du fil. Profitant de sa situation désavantageuse, je fis sadiquement glisser ma main libre le long de ses abdominaux puis sur la bordure de son boxer, m'amusant perversement à titiller son excitation grandissante. Un sourire satisfait creusa mes fossettes lorsque sa poitrine vibra d'insatisfaction et qu'il grogna à sa sœur : " J'ai pas le temps-là, putain. "



Ni une, ni deux, il raccrocha en vitesse et balança son téléphone sur un canapé un peu plus loin. Plus ou moins brutalement, il emprisonna mon deuxième poignet et me poussa sévèrement contre le rebord d'une table en bois. J'hoquetai autant de douleur que de surprise quand il me contraignit à m'asseoir sur le rebord du meuble et qu'il se faufila entre mes jambes, écrasant son intimité déjà enflée contre la mienne. Je gémissais de plaisir quand il roula charnellement des hanches, titillant mon clitoris qui pulsait d'ores et déjà d'excitation sous mon sous-vêtement et basculais ma tête en arrière quand sa bouche partit effleurer l'orée de mon cou. Ses lèvres charnues s'écrasèrent durement sur mon épiderme et remontèrent jusqu'à mon oreille, là où sa respiration saccadée s'engouffra quand il me mordilla la peau tendre située juste en dessous.

Lésée qu'il ne me rende pas mes mains, j'enroulais au moins mes jambes autours de ses hanches et le forçais à se coller davantage à moi. Dans un grondement de contentement, il captura mes deux poignets dans une seule et même main, et m'obligea à basculer en arrière avec la seconde. Frustrée au summum de ne plus pouvoir le toucher, je gesticulais quand il suréleva mon sweat-shirt juste suffisamment pour découvrir mon soutien-gorge. Sa bouche redescendit délicieusement sur l'arrondit de ma poitrine et aspira la peau tendre de mes seins chétifs.

La succion de ses lèvres brûlantes m'arracha un gémissement silencieux, puis un second quand sa main caressa l'orée de mon jean sans jamais s'y infiltrer. Sa langue dévala mon ventre et embrassa certaines parcelles de mon épiderme qui s'incendiait dangereusement sous son touché hâtif.

Plus avide que jamais de pouvoir lui rendre la pareille, je forçais une ultime fois pour libérer mes mains de son emprise et soupirai de ravissement quand il me les rendit enfin. Je souriais d'aise et me redressais pour être à sa hauteur. J'enfouissais l'une de mes mains dans ses cheveux et tirais instinctivement dessus quand ses doigts se faufilèrent enfin sous le tissu épais de mon jean. Cette fois-ci, je dus me morde méchamment la lèvre pour ne pas gémir bruyamment quand son pouce frôla mon bouton de chair.

Je me sentis vaguement chavirer dans l'extase et la délivrance quand il le titilla plus ardemment, variant la pression qu'il mettait dans ses caresses charnelles et eus le réflexe d'enfouir mon visage contre son torse pour taire mes complaintes de plus en plus retentissantes. Mais alors que lui m'observais perversement fondre sous son touché expert, la chaleur si significative de l'orgasme dévastateur qui grandissait dans mon corps fut brutalement interrompue.

Je rouvrais mes yeux, haletante et surprise qu'il s'arrête à ce moment si fatidique, et fus étonnée de voir un sourire fier se dessiner aux commissures de ses lèvres. Un rictus carnassier qui calma brutalement mes ardeurs et mon insatiable besoin de l'embrasser.



" Alors, poupée ? Frustrée ? " Ricana-t-il et un grand froid m'envahit quand il se recula de moi, laissant mes jambes pendre mollement dans le vide. Je papillonnais des cils à plusieurs reprises, peu certaine de comprendre ce qu'il se passait et rouvrais ma bouche dans la tentative dérisoire de lui demander ce qu'il foutait. Putain, oui, j'étais abominablement frustrée ! " Tant mieux. Tu l'es presqu'autant que moi quand tu disparais aussi longtemps sans donner de nouvelles. "



Cette fois-ci, je fus assaillie par une honte telle que je pus sentir mes joues s'empourprer violemment. J'étais bêtement tétanisée par la frustration suprême qui coulait encore dans mes veines et la chute brutale de mon excitation qui me faisait frissonner d'effroi. Barbie, lui, ne semblait pas le moins du monde désarçonné par les précédents évènements. Au contraire, très naturellement, il enfila son tee-shirt avec aisance et revint près de moi qui étais encore pétrifiée sur cette satanée table.



" Retiens trois choses de ce qui vient d'arriver, bébé. Premièrement, ne disparais plus jamais aussi longtemps. Deuxièmement, le jour où on couchera ensemble, tu ne seras pas défoncée, car là, même un putain d'aveugle verrai que tu l'es. Et troisièmement, tu as une gueule affreuse, c'est abominable. "

" Va te faire foutre, Nek ! " M'étranglais-je tout en bondissant sur mes pieds. " Va te faire foutre, putain ! "

" Mais oui, princesse, ce n'est pas ce que tu disais y'a deux secondes. " Se moqua-t-il et je vis rouge en une seconde, j'outrepassais le dernier mètre qui nous distançait et fus éprise par la furieuse envie de le gifler. Je crispais mes poings le long de mon corps et tapais méchamment sa main quand il tenta de me caresser la joue. " Allez, je te laisse te remettre de tes émotions, mon cœur. On se voit tout à l'heure. "



Il me fit un clin d'œil, attrapa son sweat et son téléphone à la volée et disparut derrière la porte, rejoignant les autres qui ne se doutaient de rien. Et je ne fis rien pour l'arrêter ; j'étais bien trop honteuse pour réagir autrement qu'en me taisant. Quand la porte se referma dans son dos, j'attrapais rageusement un des oreillers du sofa et étouffais un cri de rage dedans avant de ne le balancer à l'autre bout de la pièce.


" Bordel ! "



Criais-je entre mes mâchoires douloureusement crispées. J'eus envie de tout détruire dans cette pièce quand je me rendis compte du ridicule de la situation ; Barbie pute avait lâchement profité de mon état et de mes humeurs pour me donner une foutue leçon ! Mais pour qui se prenait-il ?! Merde à la fin ! Machinalement, j'emmenais mes mains à mes cheveux et tirais impitoyablement dessus tout en scellant étroitement mes paupières.

C'était un cauchemar monumental et je pus dire sans hésitation, qu'à cet instant-ci, je n'avais jamais autant haï Ken de toute ma vie.

***

" Maxine, tu ne crois pas qu'il faudrait qu'on parle ? "



Je ne relevais même pas mon regard de mon ordinateur, bien trop concentrée sur la correction de mes dernières photos pour prêter de l'attention à ma sœur ainée qui se la jouait sœur irréprochable depuis mon retour en début de soirée. Je retenais un soupir blasé lorsque je la sentis s'asseoir à mes côtés et me focalisais tant bien que mal sur cette photo où Nekfeu était particulièrement disgracieux et absolument pas à son avantage.

Puérile ? Vous ne pouvez même pas imaginer à quel point.

Mais lorsque ma sœur referma d'elle-même l'écran de mon ordinateur, j'abandonnais mon idée de l'ignorer et basculais ma tête en arrière tout en soupirant silencieusement. Ces deux dernières journées avaient été incroyablement chiantes, sans compter mes interminables insomnies et mon rhume assommant, alors subir une explication avec Rose était la dernière chose que je désirais pour le moment.

En fait, tout ce que je voulais était assez élémentaire : je voulais rentrer chez moi, m'emmitoufler dans mes draps, oublier Barbie et cette Laëtitia Gravier, et me reconcentrer sur moi, moi, et uniquement moi. Aussi égoïste puisse être ce comportement, j'avais toujours vécu ainsi, à l'orée de la société tout en outrepassant les autres, ceux susceptibles de déranger ma barbante - mais pourtant si rassurante - routine quotidienne.

Cette tournée, vivre en permanence avec des hommes si extravertis, si amicaux pour ne pas aimants, et supporter les aléas de mes humeurs sans jamais réellement pouvoir me laisser aller ... Tout ce foutu merdier me rongeait jusqu'aux os. Péniblement et définitivement. Définitivement, car tout comme l'avait sous-entendu Antoine au début de cette tournée, je me voyais incontestablement changer. Je n'avais jamais autant parler en deux années, pas aussi fréquemment du moins, je n'avais jamais autant ri en compagnie de parfaits inconnus, je ne m'étais jamais laissée aller si bêtement dans les bras d'un homme, et avant toute chose : je n'avais jamais autant méprisé ma sœur ainée.



" Je n'aime pas quand on se fâche, Max, tu le sais. " Me murmura justement cette dernière et je roulais ma tête dans sa direction, l'observant simplement se lamenter. " Tu es ma seule sœur, et même si toi et moi ça n'a jamais ... coulé de source, je t'aime et je n'aime pas quand on s'engueule. J'ai parfaitement conscience d'avoir franchi la limite en quémandant une interview à Mademoiselle Gravier, mais je – " Elle parut perdre ses mots et je ne tiquai pas quand elle saisit subitement ma main, glissant ses doigts féminins entre les miens. " Toi et moi, on est pareils, Max. Tu sais que j'ai fait ça sur un coup de tête ; je n'ai jamais voulu te mettre dans une situation délicate. Enfin, pas intentionnellement, du moins. Alors, je suis désolée, et je t'en prie pardonne-moi car je n'aime pas te voir disparaitre pendant aussi longtemps à cause de moi. "



Disparaitre. C'est un grand mot pour une simple balade. Mais passons, je voyais où elle voulait en venir et je n'avais pas la tête à réfléchir davantage. Nekfeu me prenait trop d'énergie à longueur de temps pour que je me permette d'en gaspiller pour ma sœur. Car elle était là la différence : Rose serait là en permanence, elle. Nekfeu, lui, déguerpirait de ma vie dès que sa tournée s'achèvera, dès que mon simple job de photographe sera accompli et que mon salaire pour ces six mois sera reversé sur mon compte en banque.

Rose était une constante fondamentale à ma survie que j'avais appris à supporter avec les années, à intégrer dans mon quotidien jusqu'à ce qu'elle me devienne essentielle. Sans elle, ma vie se résumerait à être celle d'une photographe sans grand avenir, sans diplôme d'études supérieures, sans amis ni même réelles connaissances. Ma vie serait, autrement dit, affreusement maussades et sans gout.



" Alors ? " Elle réitéra et la lueur de supplication qui régnait sur son visage me fit ravaler ma fierté. Je n'avais pas à me battre ; pas avec elle du moins. J'apportais nos doigts liés à mon visage et collais le dos de sa main à ma joue tout en lui souriant fugacement. Par mimétisme, ou de soulagement, ses lèvres s'étirèrent finement avant qu'elle ne dépose un baiser sur le haut de mon front. " Tu sais que je t'aime, pas vrai, quoi qu'il arrive ? " J'ignorais le ton d'inquiétude qui régnait dans le timbre de sa voix, bien trop épuisée par y faire attention et hochais la tête frugalement. " Bien, je vais me coucher dans ce cas. Et tu devrais faire pareil, Max. "



Mais je ne le fis pas. Je suis restée à ma place, dans ce siège situé dans le fond du bus, collé à la vitre pendant deux bonnes heures, observant simplement la route déserte qui nous mènerait à Toulouse d'ici quelques heures. J'avais contemplé en silence les garçons partir se coucher, certains me saluant d'un furtif geste de la main, d'autres venant m'embrasser affectueusement la joue. Deen, qui était concentré sur la lecture de son manga, fut le dernier de tout le groupe à se relever de sa place.

Mais étonnamment, il ne partit pas se coucher. Au contraire, après avoir négligemment corné sa page et balancé son bouquin dans son siège, il se releva et marcha jusqu'au fauteuil en face du mien. Sans demander mon autorisation, il suréleva mes jambes tendues sur le siège où il voulait s'asseoir et les redéposa délicatement sur ses cuisses après qu'il se soit assis. Du coin de l'œil, je le vis me lorgner curieusement, étudiant mon profil scrupuleusement et sans l'ombre d'une discrétion. J'arquais un sourcil et me replaçais convenablement dans mon siège pour pouvoir lui rendre son regard inquisiteur.

La tête appuyée dans le fond de son siège, il ne cilla pas après plusieurs minutes ce qui me poussa à croire que quelque chose clochait. Je ramenais mes jambes contre ma poitrine et me redressais plus amplement, ramenant mes genoux contre mon buste droit.



" Est-ce que tu ... Tu vas bien ? " Murmurais-je timidement, de peur de le brusquer, mais il ne me répondit pas, toujours aussi mutique et figé en face de moi. Son silence m'enquit profondément et je me crispais davantage sur mon siège qui me parut soudainement inconfortable. " Deen, tu peux le me dire s'il y a un – "

" C'est chiant, pas vrai ? "



Cette fois-ci, je tiquais ostensiblement dans mon siège, surprise par sa bourrue prise de parole. Je battais furieusement des paupières, peu certaine de savoir ce qu'il sous-entendait et me ratatinais un peu plus dans mon siège quand il s'avança dans le sien, ses yeux sombres toujours aussi impitoyablement plantés dans les miens qui devaient refléter ma parfaite incompréhension.



" De pas savoir ce qu'un ami pense ? De pas savoir s'il va bien ou non ? De pas comprendre ses regards, ni même ses sous-entendus ? " Comprenant peu à peu où il voulait en venir, je baissais la tête pour divulguer mon désarroi. " Parce que, toi et moi, Max, on est amis. Je me trompe ou pas ? " Je redressai vivement mes yeux et fronçais mes sourcils outrageusement. Bien sûr que nous étions amis, il était très certainement celui avec qui j'avais noué le plus de liens de ce bus. Pourquoi me demandait-il ça ? " Bien. Alors tu peux comprendre pourquoi est-ce que ça me fait affreusement chier de jamais réellement savoir ce que tu penses ? "



Décidemment, ils avaient tous décidé de me faire chier ce soir. Je crispais les muscles de ma mâchoire et déviais mon regard vers l'extérieur, suivant la trajectoire d'une voiture qui nous doublait par la gauche. Pourquoi, Diable, fallait-il que tous se décident à me faire la moral un même soir ? Je replaçais nerveusement l'une des mèches de cheveux qui trainaient devant mes yeux et plissais mes lèvres pour ne pas déverser toute ma colère sur ce pauvre Deen.



" Tu vois, tu recommences. " Soupira-t-il. " Dès que quelqu'un tente de s'immiscer dans tes pensées, tu te refermes comme une huitre et, putain, c'est incroyablement chiant. Si ta sœur ne nous avait pas expliqué ton histoire avec Dylan – "

" Pardon ?!  " Crachais-je, le cœur subitement en panique dans ma cage-thoracique. Je dépliais mes jambes et m'accrochais à l'un des accoudoirs pour m'empêcher d'aller réveiller ma sœur en hâte.

" Mais, tu vois ! Regarde l'état dans lequel tu te fous, simplement parce que Rose a eu le malheur de nous expliquer ta réaction avec Laetitia hier ! Franchement, de toi à moi, ce n'est rien. Enfin, je veux dire, tu passes tes journées avec des mecs qui ont pour la plupart un casier judiciaire identique au tien. A quoi tu pensais ? Qu'on allait te virer à coups de savates une fois qu'on aurait su ou quoi ? "



Son léger ricanement à la fin de sa phrase m'arracha un sourire crispé. Je me détendis d'un cran, décrispant mes mains et oubliant temporairement d'en toucher un mot à ma grande sœur.



" Max, ce que je veux dire, c'est que tu ne pourras pas continuellement te cacher derrière ta sœur. Tu ne peux déjà pas savoir à quel point ça m'a fait chier d'apprendre ça de sa bouche à elle. " Son hilarité s'était considérablement calmée et sa voix n'inspirait désormais que sévérité et reproches. Qu'attendait-il au juste ? Des excuses ? Il pouvait se mettre un doigt dans l'œil dans ce cas-là ; je ne m'excuserai pas d'être restée fidèle à ce que j'étais. Il dut comprendre ce à quoi je pensais, puisqu'il soupira désabusement dans ses mains, le visage enfoui dans celles-ci. " On ne te changera pas, pas vrai ? "



Non. Ni toi, ni Nekfeu, ni Antoine, ni personne. Enfin pas autant que vous le voudriez.

Mais ça, je ne pouvais pas lui dire, assurément pas. Ravalant mes mots, je l'invitai silencieusement à venir s'asseoir auprès de moi. Il souffla bruyamment et obéit sans rechigner, se laissant nonchalamment retomber dans le fond du siège près du mien. Je lui lançais un dernier coup d'œil, m'assurant qu'il ne risquait pas de partir immédiatement, puis me contorsionnais en avant pour rattraper mes écouteurs qui gisaient au sol.

Dès lors, je pris mon temps pour les brancher à mon téléphone portable et tendis timidement un écouteur à Ahmadeen. Il loucha curieusement dessus, mais l'attrapa sans se plaindre avant de ne l'enfoncer dans son oreille droite. Je fis de même avec l'écouteur restant, puis donnais mon téléphone à mon ami, l'invitant tacitement à parcourir ma bibliothèque musicale.

Pour lui, et surement pour le restant de la population mondiale, peut-être n'était-ce qu'un geste lambda, pour ne pas dire coutumier, mais pour moi, cet acte simple me faisait plus angoisser qu'autre chose. La musique était mon univers, celui où je sombrais une grande majorité de mon temps pour m'isoler de celui où j'avais été prédestiné à vivre ; celui où on voulait que je vive.

Alors implicitement, et peut-être était-ce pour me faire pardonner mon inaptitude à lui offrir ce que lui, ma soeur et le restant du monde semblait vouloir de moi, je lui permettais d'entrer dans mon monde parallèle. Je le laissais s'imprégner de mon univers le temps d'une vulgaire nuit, et surement serait-ce le meilleur que je pourrai lui offrir de moi.



" Choisis. " Susurrais-je et j'admets avoir eu du mal à lui donner le petit boitier. Un sourire ingénu gravita sur son visage que très faiblement éclairé par les lumières extérieures et j'interprétais ce sourire comme un remerciement tacite.



Tout du long de ses recherches, mon cœur crut défaillir à chaque nouvelle fois qu'il parcourait une nouvelle playlist. Quelques fois, des rictus s'ébauchaient sur ses lèvres, et d'autres fois, une certaine surprise non-divulguée se peignait sur son visage masculin. Je feignais l'indifférence à chacune de ses nouvelles découvertes, divulguant mon angoisse derrière un masque d'impassibilité et trouvais même le courage de le laisser vaquer librement dans mon téléphone.

Mais rapidement, n'ayant pas dormi la nuit dernière, le sommeil s'infiltra dans mes songes, écrasant implacablement mon anxiété et mon manque de confiance en moi. Je laissais ma tête choir sur l'épaule de Deen et fermais les paupières lorsque les premières notes de musique de la soirée défilèrent dans nos écouteurs.

Calme et familière, la voix rauque de Johnny Cash chantonnant sa funeste chanson « Hurt » fut la dernière chose que j'entendis de la journée.









Alooooooors ?
Je crois que certaines étaient pressés d'avoir du " cul " mdrr et j'avoue que .. c'était gênant haha ! Particulièrement parce que j'ai l'impression d'être une fanatique de Nekfeu 😂 Mais bon ! J'espère que ça va pour vous haha ?

Sinon plus globalement, je voulais savoir si vous aviez des hypothèses sur le secret des deux sœurs ? Je suis curieuse 😘

Et encore plus généralement, le chapitre vous en pensez quoi ?

Allez bonne soirée les chatons ! On se voit bientôt !

-Clem

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