Je m'appelle François.


Hey! J'ai fais une bande annonce de la fiction, elle est juste en média😉 dites-moi ce que vous en pensez

Un pli.

Deux plis.

Trois plis.

Plein de plis.

Un origami.

Je suis assise à table, le groupe mange et débattent sur le fait que les pâtes bolognaises sont meilleures que les carbonara.

<<-Arrête un peu tes conneries! Les pâtes bolo ça salit et puis on ne sait jamais d'où provient la viande, si ça se trouve c'est du cheval! S'exclame Mélanie.
-Mais non! Les carbo c'est degeu! On dirait du vomi de chat qui vient de manger des choux-fleurs pourri mélangé à de la mayonnaise... Pourrie... Elle aussi... Réplique Gael.
-Moi je préfère nature... >>Marmonne Lauren.

Les deux autres l'ignorent, ils sont bien trop occupés à se jeter des regards meurtriers. Je secoue la tête et retourne à mon pliage d'origami, Simon regarde attentivement ce que je fais, ce qui me gêne légèrement et me fait rougir.

<<-Moi je parie sur un chat. Dit Xavier à Simon. Et toi?
-Hum... Un bateau?>>

Je souris, Simon est dans sa période positive, il sourit tout le temps, rit tout le temps, et voit tout positivement. À vrai dire je le jalouse à ce moment... Je vois tout en noir, mon verre est à moitié vide. Mais je ne l'ai pas encore vu en période de dépression, j'imagine que ça ne doit pas être aussi amusant, facile et heureux à voir. L'idée de le voir triste et découragé me déprime déjà rien que d'y penser.

Je plie le bout et pose l'origami, maintenant fini, sur la table en saluant mes amis.

<<-On a perdu! C'est un canard! Bredouille Gael.
-Mais non abruti c'est un cygne! Les canards n'ont pas de si grands cou!
-Mais tu fais exprès? Personne n'a jamais gagné à ce jeu. Pourtant on continue à y jouer et à espérer de gagner. D'ailleurs qu'est-ce qu'on gagne si on devine ce que tu nous fais?>> Demande Xavier.

Je hausse les épaules en détournant le regard. C'est vrai que ça pourrait les motiver.

<<-Moi je veux un bisou! Commence Gael, je m'étrangle avec ma salive.
-Non arrête espèce de pervert! Pourquoi tu penses toujours à ça?
-Euu... J'ai dis un bisou, pas coucher.
-Oui mais pour toi les filles ça sert juste à se mettre en couple! Réplique Lauren.
-Quoi ça sert à autre chose?>>

Mélanie pousse un cri et fusille Gael du regard, il va en baver. En temps qu'extrême féministe, Mélanie va lui sortir son monologue habituel, je l'écoute à moitié. À vrai dire je le connais par coeur. Entre le "Je ne vois pas en quoi les filles serviraient moins que les garçons, vous êtes tous des gros macho qui ne pensent qu'à s'allonger sur le canapé à regarder le foot avec votre bouteille de bière à la main..." et le "Qui t'a élevé? Ta mère! C'est grâce à elle que tu es ce... Cet ordure enfin passons. C'est grâce à elle que tu vis, elle t'a enfanté, t'a donné le sein, t'as soigné quand tu étais malade... Blablablaaaa".

Je pose ma tête sur ma main et souffle, ce qui amuse Simon. C'est parti pour un débat de deux heures.

<<-Eden! Viens manger!>>

Viens manger? C'est assez ironique, merci de me rappeler que je suis en grève de faim, merci Gertrude, je ne sais pas comment elle s'appelle donc je l'appellerais Gertrude.

Je me lève en soupirant.

Je ne vous fais pas le plaisir de vous raconter la piqûre, vous savez déjà comment ça se passe, pas besoin de se répéter.

Quand je me r'assied à table, Simon tient entre ses mains le cygne en papier, il le scrute attentivement, il louche presque dessus, je ne peux m'empêcher de sourire et détourne le regard.

<<-Bon appétit Eden.
-Ouais bon appétit.
-Bon app Eden.
-Bon app.>>

Je les remercie en hochant la tête, à vrai dire, je ne sens même plus le liquide entrer dans mon corps, parcourir mes veines et "remplir mon estomac". Je m'y suis habituée... C'est devenu normal, la routine.

Mélanie et Gael se sont encore disputé, mais ça aussi c'est normal. De toute façon, le lendemain ils auront déjà tout oublié.

∆∆∆

Je décide de m'asseoir sur un banc dans le jardin, je ferme les yeux et profite du silence.

Il est vrai que j'aime de plus en plus le bruit, mais pas celui assourdissant, juste le bruit des voix, en particulier celle de Simon. Ça fait bientôt quatre jours qu'il est arrivé, quelque chose de fort s'est installé entre nous, je le sens. Et... Je ne sais pas si j'aime ça... Ça me fait un peu peur...

<<-Bonjour.>>

Je sursaute et découvre un petit vieux, ses cheveux blancs sont presque tous partis, il en reste seulement sur le côté des taches de vieillesse ornent son front et son crâne en majorité, il porte un pull over kaki, ainsi qu'un pantalon beige et des chaussures de vieux.

Je lui sourit faiblement, il s'assied à côté de moi en soupirant, nous restons en silence pendant un moment.

<<-Quel est ton nom gamine? >>Me demande-t-il.

Je prends mon carnet et écris mon nom.

<<-Oh Eden c'est un très joli nom! Je m'appelle François, enchanté.>>

Long silence.

<<-Pourquoi est-tu ici?>>

"Ça fait un an et trois mois que je ne parle plus et ne mange plus."

Il hoche la tête en réfléchissant.

<<-Mais c'est important de manger et de communiquer, pourquoi tu as arrêté ?>>

Je baisse les yeux et écris.

"Je l'ai promis à quelqu'un."

<<-Mais je trouve ça très courageux de ta part, moi personnellement je n'arriverais pas à m'arrêter de manger ou de parler.>>

Je hoche la tête, distraite, tout les gens que j'ai rencontré me disent ça. Personnellement je ne saurais pas rester muette et silencieuse ou Moi perso, j'arriverai pas à faire la grave de la faim, la bouffe c'est toute ma vie.

La bouffe aussi c'était toute ma vie, mais on doit faire des sacrifices pour les gens qu'on aime, c'est ce que j'ai fais. Je l'ai fais pour elle. Cette personne a accompli tellement de chose avec moi, et pour moi, je lui dois au moins ça.

"Et toi pourquoi tu es là ?"

<<-La vieillesse gamine, la vieillesse nous déprime, elle nous détruis. Je suis tombée en dépression et ces trous du cul n'ont pas trouvé mieux que d' enfermer un vieux dépressifs chez les fous...>>

Je pouffe en secouant la tête.

<<-Ne rigoles pas, ils sont tous débiles, si ils crevaient ça ne me poserai aucun problème. Ils ne m'aident pas à aller mieux, non, en fait ils me dépriment encore plus...>>

C'est vrai qu'ils nous dépriment d'une certaine façon... Ils nous rappellent à quel point nous ne sommes pas "normaux". Mais ils sont sympas... Prenez les infirmières, elles sont toutes gentilles, prêtes à vous aider et même souriante, ce qui est quand même dur quand vous êtes entourés de fous à longueur de journée.

<<-Pourquoi tu es toute seule?>>

"J'ai des amis, mais je préfère être seule."

<<-Tu ne devrais pas, les amis et la famille c'est la chose la plus importante au monde, même avant nous. >>

Je baisse la tête, il ne sait pas à quel point il a raison, mais je me sens quand même obligée de préciser:

"Je sais bien, c'est juste qu'entre les repas je préfère être tranquille, surtout qu'avec le nouveau c'est compliqué."

<<-Donc tu préfère le silence au bruit?>>

"Ça dépend lequel, grâce au nouveau, Simon, je me suis améliorée, le bruit des voix devient familier et même presque agréable."

<<-Monsieur François,vous devez rentrer, il commence à faire froid et ce n'est pas conseillé à votre... Commence une infirmière rousse avant qu'il ne l'interrompre.
-La feeeerme...
-Vous voulez que je vous aide à vous lever?
-Je suis vieux, pas handicapé.>>

Je tourne la tête en me mordant la lèvre par respect pour l'infirmière, j'imagine que je n'aimerais pas être à sa place, devant une gamine qui se moque d'elle et un vieux qui la prend pour une débile mentale.

François se lève en grommelant des phrases incompréhensibles, il s'appuie sur sa canne et s'en va après avoir lancé un rapide "Au revoir gamine."

<<-C'était qui? >>Me demande Xavier.

Je hausse les épaules et détourne le regard. Il s'assied à côté de moi et regarde le feuillage de l'arbre s'agiter au gré du vent.

<<-Je voulais venir, mais tu lui parlais, je voulais pas vous déranger.>>

Je lui souris et croise les bras, c'est vrai qu'il commence à faire un peu froid, mais je ne laisse rien paraitre. Je vois Simon s'assoir contre l'arbre avec Lauren, il lui parle en faisant de grands gestes ce qui la fait éclater de rire.

Il porte un sweat bordeaux avec un jean troué, ses converses usées se plantent dans la terre quand il s'arrête pour réfléchir ou pour écouter Lauren parler.

Je ne sais pas pourquoi, ni comment, mais je ressens un petit pincement au coeur devant cette scène.

Quand à elle, elle porte, comme à son habitude, une de ces petites robes à fleurs. Des robes d'enfant.

Mais Lauren est toujours un enfant, son père lui a volé son enfance. Dans sa tête, elle en est encore une, à sa manière de se comporter, de parler.

Mais c'est dur de se dire que c'est aussi la plus mature de nous six...

Je pose ma tête sur l'épaule de Xavier et respire l'air un grand coup, il ricane.

Mais quand je lève les yeux vers l'arbre et croise le regard du brun, je vois le même regard que je faisais à Lauren sans le vouloir.

Et même d'ici...

Je pouvais sentir le même pincement au coeur.

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