─ 𝐌𝐔𝐓𝐄: 𝟓
𝐇𝐘𝐔𝐍𝐋𝐈𝐗!
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𝐌𝐔𝐓𝐄.
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talk, talk, talk...
tw; mutilation, suicide
(écoutez la musique en média
pour une meilleure expérience)
La pluie.
La pluie tombait drue sur Seoul. Les cheveux trempés, la mine triste, Felix avançait. Pourtant, lorsqu'il était sorti de son logis, le soleil raillonnait au dessus de lui. Le ciel s'était voilé quand il avait pris la direction du banc, et de grosses gouttes d'eau étaient tombées du ciel gris, s'écrasant une par une sur ses multiples tâches de miel, quand il avait découvert l'assise en bois.
Déserte.
Elle était déserte. Et Felix en avait le cœur meurtri.
Il était resté, debout devant ce banc sale et gondolé, trempé. Il n'en avait pas eu grand chose à faire, pour être honnête. Les passants s'étaient mis à l'abri, mais lui, n'avait pas bougé. Il s'était simplement assis sur le banc et avait fixé l'horizon.
Heureusement qu'il avait plu, finalement. Personne n'avait pu distinguer les gouttes de pluie des larmes qui roulaient le long de ses joues.
Enfin, il avait repris le chemin de la maison, le cœur toujours serré et la tête pleine d'idées noires. Arrivé au domicile, il rejoignit la salle de bain sans adresser la parole à ses géniteurs, se déshabilla et fit couler l'eau brûlante sur sa peau laiteuse. Il fondit une nouvelle fois en larmes en observant les cicatrices des coupures sur ses poignets, mais se tut en entendant quelqu'un rejoindre le palier du premier étage.
— Felix, tu fais quoi ?
— Je prends une douche, répondit-il.
— À cette heure-ci ?
— J'ai pris la pluie.
L'homme derrière la porte souffla, et finit par dire d'un ton sec :
— Grouille toi. Utilise pas toute l'eau chaude, t'es pas tout seul dans cette maison.
Felix attendit simplement que son père redescende les escaliers, et coupa l'eau avant de sortir de la baignoire dans laquelle il s'était effondré en entrant dans la salle de bain. Il observa son reflet dans la glace attachée au dessus du lavabo, et passa son doigt sur le contour de son œil.
L'eau avait chassé une partie du maquillage, et Felix pouvait la voir. La meurtrissure.
Il avait mal, rien que de l'effleurer. Oui, son œil noirci le faisait souffrir. Putain, qu'est ce qu'il avait mal.
— Espèce d'enfoiré...
Il grinça des dents et chassa la perle salée qui menaçait de couler sur sa joue, avant de s'emparer de sa trousse à maquillage et de recommencer le travail, une nouvelle fois.
Après avoir caché l'hématome, Felix enfila des habits secs et quitta la pièce. Il entra dans sa chambre, ferma la porte à clé, et s'assit aux pieds de son lit.
La pluie avait continué de tomber. Sa chambre se situant au grenier, les gouttes de pluie tombait sur la fenêtre inclinée, créant un vacarme assourdissant. Il posa son casque sur ses oreilles et lança une playlist au hasard. Le cœur lourd, il attrapa un petit carnet noir posé sur sa table de chevet et l'ouvrit.
Écrire. Laisser son cœur parler. Coucher ses sentiments sur papier, et dormir. C'était tout ce dont il avait besoin, à cet instant.
Felix avait toujours été rayonnant. Un rayon de soleil, comme le lui avait souvent répété sa mère. C'était bien vrai, quand il était plus jeune. Il était une petite boule de joie, le grand cœur de la famille. Sa grande sœur aussi, était pleine d'énergie. Ils s'entendaient à merveille, l'un ne pouvait s'imaginer vivre sans l'autre.
Cette joie avait quitté son corps lorsqu'Olivia avait disparu. Une partie de lui, s'était éteinte avec elle. Il était jeune, pourtant. Dix ans, lorsqu'il avait vu sa sœur pour la dernière fois.
Felix n'avait que dix ans, lorsqu'il l'avait vu quitter le domicile familial, les yeux baignés de larmes. Dix ans, lorsqu'elle fut retrouvée au fond du fleuve, une brique attachée à ses chevilles. Dix ans, lorsqu'on annonça à ses parents le suicide de sa sœur.
Le sujet était délicat. Tout le monde savait, que l'homme de la maison était l'une des causes de la disparition d'Olivia. Felix l'avait toujours su, et la joyeuse flamme qui l'avait longtemps animé s'était transformé en une boule de feu prête à tout brûler sur son passage.
Sept ans qu'il jouait le même rôle. L'enfant sage et discret, toujours affecté par la perte de sa sœur chérie. Il cachait bien son jeu. Sept ans qu'il entretenait secrètement cette boule de rage enflammée, qu'il la faisait grandir et devenir plus brûlante et destructrice encore.
La nuit dernière, son père, complètement ivre, s'en était pris à lui. Une fois de plus, il avait maquillé les plaies et avait retenu ses larmes. Il avait peu dormi, et, après être resté enfermé dans sa chambre tout la matinée, avait quitté le domicile dans l'après-midi pour échapper aux remarques, aux regards insistants de ses géniteurs.
Fuir. À tout prix. Se cacher des griffes du monstre.
Ses cicatrices remontaient à plusieurs semaines. Felix avait abandonné l'idée de s'ôter la vie. Il refusait de satisfaire son père en disparaissant.
Il le faisait pour sa mère. Pour Olivia.
Alors chaque jour, il arborait le même sourire. Il détruisait toujours un peu plus les espoirs de son géniteur. Chaque jour, il se montrait courageux, fort et indémontable. Il y arriverait. Réduire à néant les plans de son père. Rester, venger sa sœur. Il le ferait.
La journée était dure. Il était retourné au banc après quatre jours d'absence, pour regarder les pêcheurs et discuter — entre autres — avec Hyunjin.
Ou même simplement pour le regarder, lui. Son cœur aurait été un peu plus apaisé.
Mais il n'était pas là. Felix était seul. Encore une fois. Son corps était blessé, fatigué. Son cœur et son âme aussi. Si seulement, il avait pu poser sa tête sur l'épaule du brun. Si seulement, il avait pu délier sa langue, hurler à quel point il était rongé par la colère, la tristesse et la fatigue. Montrer sa vraie personne, pas la façade vivante, le sourire joyeux qu'il arborait depuis trop longtemps.
Le temps des mensonges était révolu, il était décidé. Il avait besoin d'aide, il n'allait plus le cacher.
À l'autre bout de la ville, le banc n'était plus désert. Hyunjin regardait les gouttes de pluie s'écraser sur l'étendue d'eau, un pincement au cœur.
Quatre jours. Presque cinq, qu'il était seul sur ce banc. Pourquoi ne revenait-il pas ?
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1047 words.
07.06.2022
cc les cocos
oui ce chapitre est bien triste, désolée :(
au moins vous en savez plus sur le perso de felix, mais vous en faites pas ça sera pas tout le temps triste comme ça !
merci pour vos retours, encore une fois je m'excuse pour mon retard, j'espère que ce chapitre vous aura plu <3
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