Dirty Dirty
Ce n'était pas en ce jour pluvieux que les pensées d'Ivana allaient s'arrêter. Ça empirait, même.
Alors que ses talons aiguilles résonnaient sur le plancher malmené de l'établissement, la grande brune replaça sa crinière. Un peu à gauche... Un peu à droite. Ivana bifurqua dans la salle de bain beaucoup trop chic. Ses yeux bruns perçants rencontrèrent leurs jumeaux à l'aide du tant aimé miroir agrémenté de perles blanches. Elle se mordit la lèvre comme si elle voyait cette autre personne dans le reflet. Elle y croyait dur comme fer jusqu'à ce que sa lèvre inférieure abandonna pour laisser place à cette tache rougeâtre. Ivana toucha ses deux petits seins avec une insatisfaction percutante. Elle eut envie de crier, de déchirer cette salope de robe rouge qui lui collait à l'épiderme. Sa main embrassa sa joue d'une fessée pimentée et la jeune adulte ne fit que se recroqueviller sur le sol.
Je ne serai jamais... Elle. Cette maudite salope.
Elle se releva maladroitement.
Il l'a voulait elle dans son lit.
Sa cheville perdit pied.
Mais elle valait plus qu'elle, pourtant.
Son menton tremblota.
Quel était le problème, dis donc ?
Ses cellules s'arrêtèrent, la transmission d'information de même.
Ivana passa une main sur toutes les parcelles de son corps. Le miroir et ses sens étaient connectés ensemble. Les traits de son visage fraîchement arrivé dans la vingtaine lui firent peur.
Elle était ce qu'il avait besoin.
Peut-être était-elle trop jeune pour comprendre ce bordel mesquin.
Vie indignée.
Était-elle devenue tout ce qu'elle n'avait jamais voulu devenir ?
Visage ignoble.
Encore toute jeune, cette Ivana.
Si jeune et si... Naïve. Elle s'était perdu dans ce qu'il ne fallait pas.
Elle reprit son sein au creux de sa paume, mais elle le relâcha dans la seconde.
Lui dans son lit.
Lui nu.
Lui tout simplement, tous les deux voués à un avenir infini.
Dieu que c'était beau.
Mais Dieu que c'était fou.
Ivana resta penchée par-dessus le lavabo, les pensées vagabondes. Son cerveau rebelle qui lui causait ces pensées sensuelles. Pauvre elle. Il ne lui restait plus qu'à tomber à genoux, comme les autres centaines de fois cette dernière année, pour essayer d'effacer ces images qui lui plaisaient tant. Un plaisir auto-destructeur, cette fois-ci. Mais aujourd'hui, elle s'autorisa. Tu peux pleurer, Ivana. Alors, elle pleura. Elle évacua des litres d'eau pour son visage affreux, sa vie minable et son âge angélique.
Après cette intervention de sentiments, Ivana sortit de la salle de bain. Et elle le vit, lui. Elle releva la tête, les yeux brillants de larmes et de désir, et elle s'autorisa à lui parler.
«Bonjour, patron.»
🎶
CHANSON : Dirty Dirty
ARTISTE : Charlotte Cardin
Merci à plutonstars pour le picspam 😁
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top