Chapitre 21 : SUPERCORP.

Lena était allongée sur son lit d'hôpital, le dossier relevé grâce à la petite télécommande à sa disposition. Elle s'était réveillée il y a quelques minutes. Aussitôt, les médecins avaient débarqués pour vérifier ses constantes qui, heureusement, ne montrait aucun signe anormal. Alors qu'ils quittaient la pièce, elle demanda au docteur qui s'était occupé d'elle, puis de Kelsea, comment allait cette dernière et s'il pouvait appeler Kara pour elle. Enthousiaste, il accepta et elle ne dut pas attendre bien longtemps avant de voir la tignasse blonde de son épouse dans l'embrasure de la porte.

Comment tu te sens ? Demanda la journaliste en s'approchant de son amante, soulagée de la voir vivante.

J'ai connu mieux.

Cherchant à se redresser un peu plus à l'aide de ses mains, une douleur fulgurante s'empara de son bas ventre et lui arracha une grimace, faisant disparaître le sourire sur le visage de la blonde. Elle ne supportait pas de voir Lena souffrir d'une quelconque manière que ce soit. La Kryptonienne déposa un tendre baiser sur le front de sa femme, puis elle prit place sur une chaise à son chevet, glissant sa main dans la sienne.

- Reste tranquille, la réprimanda gentiment Kara. Tu as mal ?

Je suis sous morphine pour la douleur, expliqua la femme d'affaires en pressant la main de son amante, se voulant rassurante. Le médecin a dit que si tout allait bien, je pourrais sortir dans quelques jours.

La journaliste hocha simplement la tête, caressant la main de son épouse avec son pouce.

- Lara est avec Kelsea mais, elle m'a dit qu'elle passerait te voir bientôt, annonça la blonde, ne pouvant s'empêcher d'arborer un air soucieux. Tu devrais te reposer un peu, je reste là.

Ce fût au tour de Lena de hocher la tête dans un signe approbatif. Elle se servit de sa main libre pour faire redescendre le dossier du lit, se retrouvant ainsi confortablement allongée. Pourtant, elle ne pouvait se résoudre à fermer les yeux. La femme d'affaires était très occupée à observer les traits du visage de sa compagne. Chaque jour à ses côtés était une bénédiction. Kara était sa  rédemption, elle était la seule personne qui la faisait se sentir meilleure. Et elle mesurait une fois de plus à quel point elle était chanceuse de l'avoir dans sa vie.

- Tu veux bien te coucher près de moi ? Osa demander la brune avec un sourire penaud et un ton incertain.

Bien sûr, répondit la journaliste après un moment d'étonnement.

Tout en douceur, Kara se glissa sur le lit et prit place aux côtés de sa bien-aimée. Avec précaution,veillant à ne pas se faire mal, Lena vint se blottir contre sa femme, qui l'entoura de ses bras. Les effluves familières de la blonde envahirent les narines de la brune, réveillant les battements de son cœur qui s'accélérèrent. Cette dernière s'autorisa alors à fermer les yeux. Contre toutes ses attentes, la femme d'affaires trouva bien plus rapidement le sommeil qu'elle ne l'aurait cru. Mais la présence de Kara contre elle et des papouilles qu'elle lui faisait dans les cheveux n'y était pas pour rien. La blonde veilla sur le sommeil de la brune pendant des heures. Lara était venue les rejoindre peu de temps après que sa mère se soit endormie mais, la super-héroïne lui avait dit de retourner au chevet de celle qu'elle aimait et qu'elle l'appellerait lorsque Lena se réveillerait. Finalement, Kara sombra elle-aussi dans le sommeil et Dieu seul savait à quel point elle en manquait ces temps-ci.

A vrai dire, c'était la première fois depuis des semaines que les deux mères de famille partageaient le même lit. Lorsque Kara avait appris ce que Lena avait fait pour sauver Lara, elle avait quitté le lit conjugal pour le canapé du salon. Cela faisait donc deux bonnes semaines que la blonde essayait de dormir, sans trop y parvenir, sur le canapé inconfortable qui lui servait de lit. Elle manquait cruellement de sommeil et elle avait même du mal à aligner ses mots dans les articles qu'elle produisait pour Catco Worldwide Media. Chacun de ses récits lui semblaient même incohérent. Néanmoins, cela ne devait pas être si mauvais puisqu'on ne lui avait rien dit à ce propos. Toujours est-il que,aujourd'hui, dans ce lit d'hôpital, sa femme dans les bras, Kara dormait bien pour la première fois depuis ce qui lui avait semblé être une éternité. Dans cette position, elle ne savait même pas comment elle avait fait pour tenir si longtemps loin de la brune.

Des rires d'enfant provenant du couloir réveillèrent les deux mères endormies. Lena sursauta avant de se raidir sous la douleur provoquée par ce soubresaut. L'instant suivant, la porte s'ouvrit sur Alex, qui tenait Lilou dans ses bras.Derrière elle suivait Kyle, Ruby et Sam. Pour la première fois,tous pouvait observer le jeune garçon en grande conversation avec la doctorante. Intimement, la journaliste, comme chaque personne de la famille, se réjouissait qu'ils s'adressent enfin la parole. Personne ne comprenait pourquoi il régnait toujours un silence de plomb entre les deux jeunes gens. Ils n'étaient, certes, pas du même âge mais, Ruby comptait parmi les meilleurs amis de Lara, il n'y avait donc pas de raison apparente pour que Kyle et l'étudiante ne s'entende pas.

Croisant le regard surpris de sa sœur,Alex ne put s'empêcher de réprimer un sourire. Elle-même avait été étonnée par ce soudain rapprochement de leurs deux enfants. Force était de constater que Ruby se remettait à rire face aux blagues nulles et aux taquineries du jeune homme. Elle parvenait même à oublier sa rupture et la raison pour laquelle elle était revenue en ville.

Ouais, nous aussi ça nous a surpris, annonça la policière en haussant les sourcils.

Hum... murmura Kara, voulant signifier son approbation.

C'est pas trop tôt, répliqua Lena, étrangement décontractée.

Toutes les têtes se tournèrent vers la patiente, qui s'attelait à redresser le dossier de son lit, les sourcils froncés. Cette dernière haussa simplement les épaules sans dire un mot de plus. S'ils avaient cru que la différence d'âge entre Kelsea et Lara l'avait dérangée, et devrait donc la gênée vis à vis de Kyle et Ruby, ils étaient bien loin du compte. La femme d'affaires n'avait que faire des années qui les séparaient.Ce qui la faisait défaillir était surtout le fait qu'elle-même soit sortie avec la personne que sa fille avait choisi pour partager sa vie. Par conséquent, elle connaissait parfaitement les déboires de Kelsea, ce qui n'était absolument pas le cas avec Ruby, et elle aurait préféré de rien savoir des penchants de son ex-amante.

- Comment va notre héroïne de la journée ? Demanda alors Sam en changeant délibérément de sujet.

Je tiens le coup, expliqua Lena. Je ne suis pas la plus mal en point de nous deux.

- Est-ce que tu vas avoir une cicatrice ? S'enquit une petite voix fébrile au pied du lit médical.

Alex avait posé Lilou au sol en pénétrant dans la pièce. La petite fille se tenait désormais debout, haute comme trois pommes et le visage soucieux. D'un geste tendre, Kara passa la main dans la chevelure châtain de son enfant,qu'elle tenait de son père, et l'aida à monter sur le lit où elles étaient toujours allongées.

- Oui ma chérie, c'est ce qui arrive quand on est opérée.

- Vas doucement Lilou, lui rappela la maman blonde lorsque sa fille enjamba Lena pour s'asseoir au pieds de celle-ci, regardant vers le ventre de sa maman brune.

Est-ce que je peux voir ?

La curiosité de l'enfant fit sourire la famille Danvers. La petite fille était pleine de vie, joyeuse et toujours très curieuse. Elle était le rayon de soleil de la famille, celle qui remettait du baume au cœur à tout le monde en temps de crise. Son innocence l'emportait toujours sur la dureté de la vie dans laquelle elle évoluait pourtant, encore inconsciente de la méchanceté du monde. D'un hochement de tête, Lena accepta la requête émise par sa fille cadette, qui se redressa alors pour se pencher au dessus du ventre de la femme d'affaires. La brune écarta alors l'élastique de son pantalon d'hôpital, tout en délicatesse,et elle libéra ainsi la plaie joliment suturée.

- Est-ce que tu as mal ? Continua Lilou, très intriguée par la blessure de sa maman.

Un peu.

- Moi aussi j'aimerais bien avoir une cicatrice, continua alors l'enfant avant de baisser la tête d'un air triste. Mais je ne peux pas parce que je suis « spéciale ».

Cette dernière réflexion brisa le cœur de Kara. A cet instant, elle se sentait atrocement coupable.Elle s'en voulait d'avoir transmis à sa petite fille un fardeau dont elle ne voulait pas. Lilou rêvait d'être humaine, plus humaine que la journaliste ne l'avait jamais été, et la blonde se faisait la promesse de tout mettre en œuvre pour que sa fille puisse vivre une vie normale, une vie humaine, comme tous les autres enfants de son âge. Elle n'avait pas à vivre avec des pouvoirs dont elle ne voulait pas.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top