Deux semaines. Cela fait deux longues semaines que Lara n'était pas rentrée chez elle. Depuis la dispute avec Lena, l'adolescente avait naturellement trouvé refuge chez sa petite-amie. A maintes reprises, ses deux mamans avaient tenté de la joindre sur son téléphone portable, sans succès. La brune faisait la morte et avait décidé de ne pas donner de signe de vie tant que Lena ne se serait pas excusée auprès d'elle et de Kelsea. La plus vieille avait bien essayé de lui faire entendre raison en lui répétant qu'ignorer ses parents n'était pas la meilleure solution si elle souhaitait que tout rentre dans l'ordre. Mais l'étudiante n'en avait que faire.

La chanteuse observait, impuissante, la relation entre Lara et ses mères se dégrader. Et avec elle, le moral de la jeune fille. Bien que la blonde s'évertue à faire en sorte que la plus jeune soit toujours occupée à faire quelque chose, elle savait bien à quel point il était dur d'être en conflit avec ses parents à tout juste seize ans. Elle en était consciente car elle avait été dans le même cas que la brune, à l'exception près qu'elle n'avait jamais quitté le domicile familial. En effet, les parents de Kelsea avait très mal réagit quand elle leur avait annoncé son homosexualité, et encore plus mal lorsqu'ils avaient apprit que leur fille aînée sortait avec la cadette de la famille Luthor, déjà réputée pour ses crimes abjectes, bien que moins célèbre qu'après le procès de Lex Luthor, le fils aîné de la fratrie et héritier de l'entreprise familiale.

C'est en partie ce qui l'avait poussée à décrocher son téléphone portable ce jour-là. Confortablement installée sur son canapé, Lara blottie contre ses bras, elles étaient en train de visionner l'un de ses téléfilms à l'eau de rose qui passait le dimanche après-midi lorsque son cellulaires'alluma et se mit à sonner. Se dégageant doucement de l'étreinte qu'elles partageaient, Kelsea se pencha sur son téléphone et découvrit, sans grande surprise, le nom de Kara s'affichant,accompagné d'une photo de la journaliste. C'était la première fois en deux semaines que l'une des mères de famille cherchaient à la joindre.

- Ne réponds pas, lui ordonna presque Lara en distinguant la photo de sa mère sur l'écran. S'il te plaît.

- Lara... soupira alors Kelsea, résignée. On ne vas pas pouvoir les ignorer indéfiniment. Et ça n'arrange pas notre cas de faire les morts.

La brune allait protester. Mais il était trop tard. La chanteuse venait d'accepter l'appel. Peu importe ce qu'elle aurait pu dire, l'adolescente était persuadée que la blonde aurait quand même décrocher. Elle savait très bien quel'artiste refusait catégoriquement de s'immiscer entre elle et ses mères. Déjà que Lena l'avait dans le collimateur, Kelsea ne voulait pas risquer d'avoir une plainte sur le dos ou, encore pire,d'être victime d'une tentative d'assassinat. La blonde tenait un peu trop à la vie pour chercher à faire obstruction entre les membres de la famille Luthor.

- Salut Kara, s'exprima Kelsea aussitôt après avoir accepter l'appel.

- Kelsea, dieu merci j'ai cru que je n'arriverai jamais à vous joindre toi et Lara, soupira la journaliste avec soulagement. Dis-moi qu'elle va bien, je t'en prie.

La chanteuse avait mis le haut-parleur afin que l'adolescente puisse parler à sa mère si elle en ressentait l'envie, ou le besoin. Mais la brune restait effrontément silencieuse, se contentant d'effectuer des signes de têtes pour que Kelsea puisse répondre à sa place.

- Tout va bien, je veille sur elle, ne t'inquiète pas.

- Je sais bien Kelsea, j'ai bien remarqué qu'elle allait toujours en cours donc, c'est que tu y es pour quelque chose, annonça Kara avec désinvolture, ce qui arracha un sourire à la chanteuse. La journaliste ne semblait pas lui en vouloir contrairement à sa femme. Écoutes, est-ce que ça te dérangerait si je passe cette après-midi ? J'ai pris ma journée et j'aimerai que ma fille rentre à la maison.

La blonde jeta un coup d'œil à sa petite-amie. Sans surprise celle-ci secouait sa tête avec force,dans de grandes signes de négation équivoque. Et pourtant l'artiste n'en avait que faire. Elle adorait avoir Lara chez elle. Elle ne s'était jamais sentie aussi bien que depuis qu'elle vivait avec l'adolescente et que celle-ci partageait son lit la nuit. Pourtant,aux yeux de Kelsea, cette situation ne pouvait plus durée. Il fallait qu'elle cesse pour le bien de la santé mentale de tout le monde.

- Tu es la bienvenue Kara, avoua la chanteuse avec sincérité. Je ne me mettrait jamais entre Lara, Lena et toi.

- Merci. C'est honorable de ta part.

- C'est normal. A toute à l'heure ?

- A toute à l'heure, confirma la journaliste avant de raccrocher.

Le regard que lui lançait Lara lorsque l'artiste se retourna était vide et triste. Elles se réinstallèrent néanmoins sans un mot, l'une contre l'autre et terminèrent le film qu'elles avaient commencé. Il devait être aux alentours de quinze heures lorsque l'on tapa enfin à la porte de la villa. Kelsea était allée ouvrir sans attendre et elle avait accueilli Kara avec chaleur. Même si les deux mamans semblaient ouvertement opposées à la relation qui unissait la chanteuse et l'adolescente, la plus vieille ne leur en voulait pas le moins du monde. Elle comprenait bien plus leur point de vue qu'elle ne l'aurait voulu.

Et c'est dans le même silence de plomb que les deux adultes avaient rejoins le salon, dans lequel se trouvait Lara, cette-fois assise dans le canapé, les genoux repliés contre son torse et, une tasse de chocolat chaud dans les mains. Au dessus d'elle, se trouvait un plaid qui cachait en grande partie sa tenue. L'adolescente portait un t-shirt blanc beaucoup trop grand pour elle, Kara devinait donc qu'il devait appartenir à la chanteuse. Sous le plaid, la brune n'était pas très vêtue. A vrai dire, elle ne portait qu'une culotte de dentelles et c'est la raison pour laquelle elle ne se leva pas pour saluer sa mère. Il valait mieux pour elle qu'elle ne constate pas à quel point elle n'était pas très couverte.

- Si tu es venue pour nous faire la morale, tu peux rentrer à la maison, lança Lara en guise de salutation. Je ne rentrerais pas à la maison.

- Je ne suis pas venue pour ça, annonça alors Kara, le regard triste. J'ai bien compris que vous étiez vraiment attachées l'une à l'autre. Tu serais déjà rentrée sinon.

- Alors pourquoi tu es là ? Demanda l'adolescente en fronçant les sourcils pour signifier son incompréhension.

- Je suis venue vous dire que j'ai parlé avec Lena. Ce fut long et compliqué mais, elle ne s'opposera pas à votre couple. A condition qu'il reste le plus discret et le plus privé possible.

Le visage de Lara s'illumina de soulagement. Et oubliant sa condition, elle se leva et pris sa mère dans ses bras. Gênée, Kelsea détourna son regard, qui s'enflammait à la vue des fesses rebondies de son amante. Elle passa une main sur son visage en espérant qu'elle parviendrait à paraître détachée.En vain. Kara, remarquant la quasi-nudité de sa fille, se figea.Elle la serra contre elle après quelques secondes puis, la repoussa gentiment, les mains sur ses épaules, pour détailler sa tenue. Les joues de Lara s'empourprèrent alors et le regard de la journaliste se durcit légèrement.

- Ne me dit pas que... commença-t-elle à l'intention de sa fille, le ton de voix menaçant.

- Non, s'empressa de répondre l'adolescente avec crainte. Il ne s'est rien passé, reprit-elle anxieusement, de manière bien trop bancale pour ne pas éveiller de suspicion. Enfin, elle ne m'a pas touchée, rectifia-t-elle finalement en rougissant davantage.

- Lara... murmura Kelsea avec indignation.

La chanteuse aurait aimé pouvoir rapetisser et se cacher dans un trou de souris tant la gêne lui prenait les tripes. Lara n'était pas entièrement honnête avec sa mère. Bien sûr qu'au bout de deux semaines dans le même lit, leurs mains avaient eu tendance à traîner... Mais jamais, elles n'avaient eu de rapport sexuel à proprement parlé. Kelsea souhaitait attendre même si la brune s'était avérée audacieuse et lui avait demander,à maintes reprises, de lui procurer du plaisir. La chanteuse avait trop de respect vis à vis de Lara pour céder à ses pulsions aussitôt dans leur relation. Elle voulait attendre d'être sûre que tout allait bien entre elles pour passer à l'acte. D'autant plus qu'elle n'oubliait pas que si Lena venait à avoir des doutes quant à la virginité de sa fille, elle risquait d'être poursuivie en justice pour détournement de mineur.

- En fait, je préfère ne rien savoir, concéda finalement Kara en lançant un regard chargé de mise en garder à l'intention de l'artiste.

Et le message était parfaitement reçu.