Prologue

« Dépêchez vous ! Nous devons évacuer la cité ! »

-Non ! Mon compagnon est toujours coincé dans le temple !

-Nous n'avons pas le temps Amel ! Si tu veux avoir une chance de survivre, viens avec nous !

Le jeune homme observait tout les Muviens qui embarquaient sur leurs bateaux. Au loin, la terre continuait de gronder et on pouvait déjà sentir le souffle d'un tsunami qui se préparait à engloutir ces merveilles. Amel se retourna vers la ville, encore un petit debout, qui n'avait pas été noyée par les vagues ou par les tremblements. Là bas, se trouvait l'amour de sa vie. Il ne pouvait pas se permettre de l'abandonner, pas après tout ce qu'ils avaient vécu. Si il devait mourir avec lui, il le ferait. Il abandonna alors ses camarades et se rua vers les escaliers à moitié détruits pour retourner au sein du temple.
Pendant qu'il traversait l'ancienne cité, il essaya d'ignorer les cadavres écrasés par des morceaux de pierres et les nouveaux orphelins pleurant leurs parents jusqu'à la fin. Les oiseaux dans le ciel s'envolaient en masse, certains s'entrechoquaient et tombaient par terre dans un bruit sourd et terrifiant. Amel ne pouvait pas leur en vouloir, le ciel était d'une noirceur impitoyable, on ne voyait même plus les étoiles de la nuit. Normalement, il était temps pour le soleil de se lever, alors pourquoi n'était il pas là ? Est ce que leurs Dieux les avaient abandonnés ? Qu'avaient ils fait de mal ?
Amel parvint finalement à atteindre le petit temple doré et se dépêcha d'essayer de trouver son possible survivant:

« COEUFI ! »

-A..Amel ?

Ce son fut un soulagement pour le jeune Muvien qui aperçut alors Coeufi, tapi dans un coin totalement terrorisé alors que le sol continuait de se couper en deux sous leurs pieds. Il ne fallait pas perdre une minute, Amel attrapa rapidement la main de Coeufi et le tira vers l'extérieur du temple.

« Il ne faut pas rester là ! Vite, ils embarquent dans les bateaux ! On doit les rejoindre si on veut survivre ! »

-Il y a pleins d'enfants dehors qui essayent de réveiller leurs parents ! Personne ne viendra les chercher maintenant, il faut les emmener avec nous !

-NON ! On ne peut pas !

Coeufi se tendit sous le geste brusque de son amant. Amel l'observait, les larmes qui coulaient tout le long de son visage. Son sourire ensoleillé et éternel avait totalement disparu, il ne restait plus qu'un homme fragile et désorienté. Amel comprenait que c'était la fin, même si ils arrivaient à survivre, ils ne seraient plus jamais les mêmes après ça. Ce n'était pas que l'Empire qui s'effondrait mais aussi toute une Histoire et pleins d'histoires qui sombraient avec.

« On...ils sont trop nombreux et on a pas le temps. Je suis désolé Coeufi...mais on peut pas..je ne peux pas. »

-...Amel, je...

Le jeune homme ne parvint pas à finir sa phrase quand une des pierres qui tenaient encore le temple se délogea et s'écrasa sur Amel, séparant ainsi le couple. Coeufi cria le nom de son amant et il essaya désespérément de soulever la pierre pour le libérer. Amel était encore vivant mais il crachait du sang et n'arrivait plus du tout à bouger, il savait ce que ça voulait dire. Son règne d'éternité s'était stoppé:

« Coeufi...a...arrête. »

-Non ! Je vais te sortir de là et on va partir ensemble ! Tu verras !

-Et Perdie ? Tu y as pensé ?? Comment tu penses qu'elle réagira si elle apprend qu'elle a perdu ses deux amis d'enfance ?!

-Elle n'en perdra aucun, je te le promet !

-Arrête ! Les promesses ne mènent rien, t'es vraiment idiot !

Coeufi sentit les larmes qui coulaient le long de ses joues en entendant l'insulte d'Amel. Les seules fois où il l'avait traité d'idiot, c'était pour rigoler. Là, il était sérieux, Coeufi comprenait qu'il avait raison. Et pourtant, il se refusait de le laisser. Amel réussit à bouger son unique bras libre et arracha de son cou, un collier:

« Tiens. Prends ça, pour que tu te souviennes de moi. »

-Arrête de faire comme si t'allais mourir !

-Je vais mourir Coeufi. Je suis désolé...merci pour tout. Tu seras à tout jamais mon seul et unique amour.

Amel s'arrêta de respirer et il commença à fermer les yeux lentement en laissant échapper un léger sourire. Coeufi, collier en main, eu un moment d'incompréhension avant de se remettre à pleurer et essaya de tirer le corps sans vie d'Amel:

« Non ! Tu peux pas finir comme ça ! T'as pas le droit !

Le jeune Muvien était partagé entre la tristesse, la peur et la colère. Il donna un coup de poing à la pierre qui tenait prisonnier son compagnon en regardant le sol, toujours en sanglotant:

« Ne...ne me laisse pas. »

-...Monsieur ?

Coeufi se retourna en direction d'un petit garçon aux longs cheveux bruns. Son visage était recouvert de cendres, de cicatrices et de larmes. Ses habits étaient à moitié déchirés et il tenait dans sa main un vieux morceau de tissu qui appartenait sûrement à un de ses parents. L'homme se leva faiblement, en tremblant et attrapa les épaules de l'enfant:

« ...Comment t'appelles tu ? »

-...Territe. Aidez moi s'il vous...

-Territe...celui qui est en sécurité. Et pourtant...tu ne l'es pas.

Coeufi regarda autour de lui, passant rapidement ses yeux sous le cadavre écrasé d'Amel. Le tsunami se rapprochait de plus en plus de la cité mais les bateaux n'avaient pas encore quitté le port. Il avait encore une chance de s'enfuir avec cet enfant. Il attrapa Territe dans ses bras et courut avec lui en direction des derniers survivants qui embarquaient.

« On va où ?! »

-On va vers le Nouveau Monde !

-Le...Nouveau Monde ? Il y en a un autre ?

-Oui ! Et...je suis sûr qu'il est fantastique !

Coeufi tomba par terre à cause des tremblements qui persistaient et se tordit la cheville. La douleur était immense mais il ne voulait pas abandonner, il attrapa Territe et continua de marcher malgré la douleur. Ses efforts payèrent quand il arriva vers le bateau avec l'enfant. Il n'en restait qu'un seul, c'était une chance. Coeufi posa le garçon par terre et s'agenouilla en enlevant le collier de son cou. Il le passa ensuite au cou de Territe qui le regardait, perdu:

« Prend ça. Garde le précieusement...c'est un ami qui me l'a offert. »

-Tu vas pas venir ?!

-Non...je dois dire au revoir à quelqu'un. Territe, écoute, peu importe ce que tu feras de ton futur, n'oublie jamais qui tu es. Au nom de ta propre identité et de celle de l'Empire de Mu.

Un vent violent souffla sur un arbre qui se déracina et manqua d'écraser le bateau. Le capitaine commença à paniquer et attrapa le petit garçon brusquement et le mit sur le navire:

« On a pas le temps de discuter ! Embarquez ! »

-Je ne viens pas. Prenez l'enfant mais moi je reste. Territe, si tu vois une fille qui s'appelle Perdie, dit lui qu'Amel et Coeufi veillent sur elle.

Sans attendre la réponse de l'enfant, Coeufi rebroussa chemin en essayant de trottiner malgré sa cheville infirme. Il devait absolument rejoindre le temple, vivant ou mort, il refusait de laisser Amel seul face à ce monstre de la nature.
Les marches étaient longues à monter et elles ne cessaient de bouger sous le choc des tremblements. Mais il arriva presque en haut et aperçut déjà le corps d'Amel, toujours étalé à l'entré et qui n'avait pas bouger. Il lui restait encore quelques marches à gravir pour atteindre le corps de son amoureux mais un bruit assourdissant et une odeur de sel interpella le Muvien. Un gigantesque tsunami, encore plus grand que la plus grande des montagnes se tenait juste devant lui. Les vagues commencèrent à se rabattre sur un Coeufi, désespéré qui observa ses derniers moments, les yeux grands ouverts en direction du corps d'Amel qu'il n'avait pas réussit à atteindre. Avant que le bleu foncé dans ce paysage nocturne engloutisse le jeune homme, il lâcha sa dernière larme.
J'ai failli réussir.

Cette nuit là, le continent légendaire de l'Empire de Mu fut rayé de la carte. Il a été englouti, au même titre que l'Atlantide et personne ne sait ce qui s'est passé ensuite. Pour beaucoup, c'était les Dieux qui les punissaient pour être autant devenus dépendants à leur technologie extrêmement avancée et d'en avoir oublié leurs créateurs. De toute façon, on ne saura jamais la vérité, il n'y a eu aucun survivants.
Enfin, c'est ce qu'on raconte. Mais certaines théories affirment que des habitants de l'Empire de Mu ont réussit à fuir et se sont installé dans un pays voisin.
Peut être même que c'est eux qui ont dévoilé leurs informations à Augustus le Plongeon.
Mais alors...pourquoi sont ils restés aussi absents et coupés du monde après ce désastre ?
Ont ils voulu cacher...des erreurs ?

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Tags: #histoire