.oO- Coup de Théâtre (3)-Oo.

«Tu n'es pas une incapable, Juleka.

-Nathanaël... C'est très gentil de ta part, commencé-je, mais-

-Non, Rose a raison, m'interrompt le jeune homme. Ne te dénigre pas. Et ne laisse pas les paroles de Chloé te monter à la tête. »

Sa réponse me surprend beaucoup. On n'est pas vraiment proche, juste camarade, alors pourquoi me dire des paroles si réconfortantes ? Cependant, d'un autre côté, il n'avait pas tort : Chloé enfonce tout le monde avec ses remarques de reine à deux balles qui font très mal, et l'erreur à ne pas commettre est d'y prêter attention. J'en ai déjà été victime une fois, ça m'a largement suffit !

« Tu vois, même Nathan te le dis, ajoute Rose tout en posant sa main réconfortante sur mon épaule. Tu n'es pas une moins que rien. Tu vaux bien plus que ça, Juju... »

Je reste un instant bouche bée, sans savoir quoi dire, jusqu'à ce qu'un sourire vienne naître sur mes lèvres, un tout petit sourire disant merci. Rose et mon camarade échangent un regard entendu, puis mon amie me gratifie d'une chaleureuse étreinte. Je redresse ma tête vers Nathanaël, pour lui murmurer doucement :

« Merci Nathan...

-De rien, Juleka, pas de quoi » me répond-t-il sur le même ton, avec une expression de soulagement sur le visage.

Le bruit de foulées rapides résonnant sur le linoléum du couloir nous apprend que notre professeur de mathématiques, M. Viète, arrivait avec un tas de feuilles dans les bras. Il déverrouille la salle et met fin à notre moment de réconfort à tous les trois.

Pendant le contrôle, nous ne pouvons pas nous empêcher de nous lancer quelques regards de soutient ; Rose et Moi, mais nous incluons aussi notre camarade à la chevelure de feu. Celui-ci nous répond d'ailleurs d'un sourire éloquent, juste avant de replonger dans sa copie ; ce même sourire toujours scotché sur son visage.

La sonnerie libératrice retentis dans le collège, annonçant la fin de notre épreuve. Je me suis débrouillée comme j'ai pu, en essayant de me dépêtrer tant bien que mal avec les chiffres et les lettres. Je verrais bien aux résultats. Je salue Rose dans la cour pour prendre le chemin de la sortie afin de rentrer chez moi pour manger. Elle prenait son déjeuner à la cantine avec Marinette et Alya en général, mais le salaire un peu précaire de mon père ne me permettait pas de faire de même. Et comme son appartement n'était pas loin du collège, il pensait avoir trouvé la solution idéale. On ne peut pas tout avoir dans la vie...

Ainsi donc, sur les coups d'une heure, nous nous retrouvons près du muret à l'entrée du collège afin de se rendre en cours ensemble. Nous allons enfin lever le voile sur cette fameuse pièce de théâtre qui nous intriguait tant.

Nous rentrons dans la salle et nous installons à nos places. Nathan rentrer lui aussi pour poser ses affaires de cours. Rose l'interpelle :

« Hé Nath' ! Tu peux venir discuter avec nous, si tu veux.

-C'est que je ne veux pas vous déranger... commence le jeune rouquin, ses joues prenant une délicate et subtile couleur garance.

-Si on te le propose, c'est que tu ne nous dérange pas, voyons ! Allez, viens, ne soit pas timide ! »

Rose peux vraiment être convaincante par moment, et Nathanaël, le pas hésitant, vient toute de même s'assoir avec nous, à côté de la petite blondinette. C'était elle qui mena la conversation, mais nous passions tout de même un petit moment calme et sympa. Nathanaël semblait heureux d'avoir été intégré dans notre discussion, et je me surpris même à rire en cœur avec mes amis. Jusqu'à ce que notre professeure arrive, nous discutions de la pièce, tout comme la majeure partie de la classe. Décidément, Mlle Bustier savait comment mettre du suspens et nous tenir en haleine, car nous ne savions absolument pas ce qu'elle avait en tête à ce moment précis.

Une fois Mlle Bustier dans la salle, les rumeurs de conversations s'éteignirent petit à petit, et c'est dans un silence de cathédrale que notre professeure commença son cours :

« Hé bien, vous voilà bien silencieux tout d'un coup, constate-t-elle en remettant en place une de ses mèches rousse derrière son oreille. Ça en serait presque effrayant... »

Tous les élèves étant pendus à ses lèvres, Mlle Bustier ne fit pas prier davantage et entama son discours :

« Alors, comme annoncé ce matin, nous allons faire une pièce de théâtre. Ce sera vous qui créerez les dialogues, les costumes, les décors, toutes les didascalies : en bref la pièce en elle-même.

-Les dadas quoi madame ?, demanda Kim d'une voix forte.

-les Didascalies, Kim. C'est d'ailleurs ce que vous allez voir cet après-midi.

-Tout cet après-midi ?, réagit Sabrina, l'ai paniqué. Mais, et nos autres cours ?

-Justement, presque tous vos professeurs se grefferont à ce projet et aideront à sa réalisation. Étant donné le fiasco de votre dernière représentation, je me suis arrangée pour que chacun fasse quelque chose, et que le projet soit très bien ficelé. Vous vous amuserez tout en étant encadrés.

-Mais madame, l'interrompit Nino, alors ça veut dire que tous nos après-midi on fera ce projet ?

-Oui. M. Damoclès et les autres professeurs ont donné leur accord à un emploi du temps aménagé que je vous distribuerai à la fin de l'heure. Vous aurez vos matières principales le matin, à savoir les maths, la physiques, les sciences et les langues le matin, et après le déjeuner nous nous consacreront à la pièce.

-Mais pourquoi faire ce projet Madame ?, souleva Max. Pourquoi chambouler tout notre emploi du temps pour une simple pièce de théâtre ? »

Max posait là la question qui brûlait les lèvres de toute la classe : en effet, pourquoi se donner tant de mal pour une petite pièce de rien du tout ?

Mlle Bustier souri, puis répondit patiemment à la question :

« Nous avons été sélectionné pour un concours de talent organisé pour le ministre de l'éducation nationale. Il faut réinventer un conte classique français en une œuvre originale. Et j'ai décidé que ce serai vous qui ferez ce projet, car vous êtes une bonne classe. C'est donc un défi à relever. En serez-vous capable ?

-Oui madame ! s'exclama Alya tout en se levant de son banc.

-Vous pouvez compter sur nous ! ajouta Kim en se redressant lui aussi, une lueur de défi dans les yeux. On ne vous décevra pas ! »

Toute la classe acquiesça d'un commun accord, même Chloé. C'était dire à quel point le projet plaisait à la classe des quatrième trois. Tous voulaient gagner ce fameux concours, et j'avoue avoir été contaminé par l'ambiance compétitive et communicative de mes camarades

« Parfait ! Alors, maintenant que vous sommes tous sur la même longueur d'onde, nous allons pouvoir commencer ! Je vais vous distribuer le texte du conte que j'ai sélectionné exprès pour vous. Attendez que tout le monde ait la feuille pour la retourner », ajoute-t-elle en souriant.

"Peine perdue ", songeait-je tout en soupirant, amusée, car Alya dévorait déjà la photocopie des yeux puis s'exclamant avec joie :

« Ouais, trop cool ! J'adore ce conte ! »

Chloé et Sabrina semblaient ravies elles aussi, tout comme Adrien et Nino. Marinette souriait béatement en contemplant le texte. Alix et Mylène échangèrent un regard interloqué, du genre « Qu'est-ce qu'on va faire avec ça », et on pouvait observer la même réaction chez Max et Kim. Mlle Bustier arrive dans le fond de la salle, et nous pouvons enfin en lire le titre.

« Oh mon Dieu, pincez-moi ! Juleka pince-moi, je n'y crois pas- Aie ! Ça fait mal !

-Tu m'as bien demandé de te pincer non ?, blagué-je tout en riant sous cape.

-C'était simplement rhétorique !, s'indigne-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine d'un geste boudeur.

-Allez, tu ne vas pas en mourir, non ? »

J'avoue que j'y suis allée un peu fort, mais c'est de bonne guerre. Je vois Nathanaël étouffer un fou rire, ayant sûrement entendu nos chuchotis pas vraiment discret. Rose, remise de ses émotions, ignore ma dernière remarque pour s'exclamer beaucoup plus fort :

« Nous allons revisiter Cendrillon !

-Hum, oui Rose intervient Mlle Bustier en levant les yeux au ciel. Écoute, je sais que le projet te plaît beaucoup, mais ce n'est pas la peine de hurler en pleine classe... ajoute-t-elle en provoquant des ricanements provenant du premier rang. Un peu de retenue, je te prie.

- Oui, excusez-moi, Madame, répond Rose en se rasseyant à mes côtés. On va faire Cendrillon ! ajoute-t-elle plus bas à mon intention.

Je lève les yeux au ciel à mon tour tout en lui répliquant sur le même ton :

« Je sais, j'ai entendu tu sais.

-C'est un rêve...

-Non, nous allons jouer Cendrillon. Et tu feras une formidable princesse.

-Merci Juju. Tu sais à quel point je t'aime ?

-Je n'en doute pas, Rosie. Mais... Et si nous écoutions la prof ? On en saura peut-être davantage.

-Oui !

-... Donc, comme dit, nous allons fonctionner par groupe. Il faut voir comment vous allez présenter l'histoire, ce que vous conservez comme personnages, ceux que vous ajoutez... En bref, l'histoire en entier. Chaque groupe présentera son histoire la semaine prochaine, et nous choisiront la meilleure histoire !

-C'est vous qui choisissez les groupes ?, demande Ivan, soudainement intéressé par le cours.

-Oui, en effet Ivan. Alors justement, dit la professeure en prenant une feuille sur son bureau. Ivan, tu seras en groupe avec... Mylène, Kim, Sabrina, Marinette, Rose et Adrien. »

Le grand gaillard semble soulagé, tandis que Marinette paraît, quant à elle, être au comble de la joie. Les élèves cités par la prof se mettent déjà en place, et mon amie me regarde d'un air inquiet :

« Mince, on ne sera pas ensemble, me murmure Rose d'un ton triste.

-Allez, tu te débrouilleras comme une chef, Rosie, lui lancé-je tout en lui envoyant un clin d'œil. Ne t'en fais pas pour moi va... »

Oui après tout, ce n'est pas comme si ils avaient la peste nationale dans leurs rangs... Ça ne va pas être facile de travailler dans de telles conditions, songé-je tout en contemplant le reste de ma classe : Max et Alix étaient en plein conciliabule au sujet de l'impulsif Kim, tandis que Chloé provoquait déjà un scandale lorsqu'elle réalisait qu'elle était séparée de Sabrina. Alya et Nino discutaient déjà de leurs idées, à fond dans leur bulle. Quant à moi, je lançais un regard vers Nathanaël, qui m'offrit un regard compatissant et un sourire encourageant. Allez Juleka. Courage ma grande. Tu peux le faire. Ça ne peut pas être si horrible que ça en a l'air, n'est-ce pas ?

Non, en effet. C'était pire qu'horrible. Dès que la professeure a séparé la classe selon les deux groupes, les soucis ont commencés. Tout d'abord, une fois que l'ensemble de notre groupe avait posés leur affaires autour de la table, personne ne pris la parole. Alya avait tenté tant bien que mal de commencer les débats en rompant le silence qui s'était installé :

« Bon, alors, quelqu'un a déjà des idées ?

-Ben non, espèce d'andouille, répond instantanément Chloé d'un ton cinglant. Sinon on aurait déjà commencé à se prendre la tête.

-Tu sais ce qu'elle te dit, l'andouille ?, réplique du tac au tac la jeune fille brune, aussi froide que la bise hivernale.

- Stop, on arrête là, lance Nino d'un ton agacé. Premièrement, Chloé, tu vas parler autrement à Alya. Deuxièmement, sois tu donnes tes idées, soit tu vas japper ailleurs. On n'a pas besoin de ça.

-Répète un peu ce que tu viens de dire, Binoclard ?, agresse à nouveau la fille blonde en décroisant ses jambes d'un geste outré.

-Moi un Binoclard ? Tu ne t'es pas regardée, espèce de pimbêche et de fille à papa !

-Ça suffit, ça suffit, intervient Max. On n'est pas obligé de se taper dessus pour discuter. Je suis sûr qu'on peut s'entendre...

-Rêve toujours, Einstein, réplique Alix, affalée sur son banc. Il va y avoir du Fight... Dommage que je n'ai pas de pop-corn...

-Aide-moi un peu, au lieu de rester comme ça ! S'énerve à son tour Max remontant ses lunettes qui avaient glissé de son long nez fin.

- Hé ho, j' suis pas venue ici pour faire la police, dit Alix en mettant ses mains derrière sa nuque et en passant ses doigts à la base de ses courts cheveux roses. J'suis pas Wonder Woman moi ! Et puis raisonner cette meuf, c'est mission impossible mec, laisse tomber !»

Je suis assez d'accord avec Alix. Jamais nous n'obtiendrons la collaboration de Chloé. Le groupe a passé l'après-midi à s'envoyer des répliques plus cinglantes et blessantes les unes que les autres, et Mlle Bustier a dû faire sortir Nino pour calmer les disputes.

« Le but du jeu est que vous travaillez en groupe, nous réprimande-t-elle, indignée. Il faut vous organiser ! Vous êtes sept, quand même, et vous n'êtes plus des bébés, bon sang ! Faites des efforts un peu ! »

Le reste de la séance était un peu plus calme, mais nous n'avions aucune idée constructive à proposer. Personne n'était d'accord sur le peu de proposition que nous avons tant bien que mal réussi à dénicher. Un désastre en perspective.

La sonnerie fait office d'arbitre et arrête les hostilités. Chacun se sépare pour retrouver son binôme de toujours, et je retrouve Rose à notre place pour récupérer nos vestes resté là-haut :

« Ça n'a pas eu l'air de s'être bien passé dans ton groupe...

-Ça, tu peux le dire, Rose, répond-je en soupirant. On n'a rien fait de toute l'aprèm mis à part de se disputer. On est à la ramasse. Et vous ?

-Mouais bof. Kim préférait suivre les clashs chez vous, et encore, lorsqu'il participait, il fallait tout lui réexpliquer depuis le début, jusqu'au vocabulaire. Il ne sait toujours pas ce qu'est une didascalie d'ailleurs. Sabrina, elle, contestait tout ce qui n'était pas son idée et rejetait toutes les autres propositions en cherchant la petite bête partout. Marinette acquiesçait bêtement à chaque parole que disait "Saint Adrien", et Ivan voulait carrément enlever la princesse de l'histoire pour « faire plus original », soupire Rose en mimant les guillemets avec ses doigts. Donc tu vois l'embrouille

-Ouais, je vois le genre... En gros, personne dans la classe n'a avancé sur le projet.

-Non... répond Rose en enfilant rageusement son cartable mauve sur ses épaules. Mais pourtant moi j'ai des idées ! Ça peut rendre vraiment bien en plus !

-Je sais Rosie, je sais, mais... Que veux-tu faire ? Personne n'arrivera à s'entendre avec des groupes comme ça, et le projet n'aboutira jamais...

-Et si on présentait un projet juste nous ?

-Nous, tu veux dire.... N-Nous deux ?

-Pourquoi pas ? Mais on peut inclure Nathan par exemple. Je suppose que vous deux n'avez pas beaucoup parlé ?

-Non, il a griffonné toute l'après-midi sur son carnet. Ça ressemblait à des princesses, mais j'étais trop loin pour voir son travail.

-Je suis sûre qu'il peut nous aider. Il a simplement été stoppé à cause des chamailleries de votre groupe, mais je suis certaine qu'il a de bonnes idées.

-Et Alya et Nino. Je les ai vu discuter ensemble avant, ils ont l'air d'avoir des idées eux, fais-je en repensant aux jeunes métisses inséparables.

-Pas faux... Je pense qu'on a tout le monde alors !

-Et, attend deux minutes Rosie, l'interpellé-je. Comment veut tu qu'on se réunisse d'ici la semaine prochaine ? On va simplement se crêper le chignon à chaque séance, ça ne va pas le faire !

-Je te tiens au courant ce soir. J'ai une idée mais faut que je paramètre les détails...

-Heu... D'accord, c'est toi qui vois alors. »

Rose commence à s'éloigner dans la cours, et je la suis. Nous arrivons sur le parvis de l'école, où tous les élèves attendaient leur bus ou discutaient par petit groupe sous quelques petits flocons qui virevoltaient ici et là. Mais, sans préavis, elle pile net en haut des marches, l'ai catastrophée :

« Oh bon sang ! J'ai totalement zappé cette info ! Excuse-moi Juju, mais je ne peux pas rentrer avec toi ce soir. Je vais chez mon oncle pour la semaine, car mes parents doivent suivre un séminaire je ne sais plus trop où. Je dois prendre le bus toute la semaine. Désolée d'avoir oublié de te prévenir.

-Ne le sois pas, Rose. Allez fonce grande petite sœur, je suis une grande fille...

-Merci petite grande sœur ! A demain ! »

Je secoue une dernière fois la main, la regardant s'éloigner à pas de course vers son arrêt de bus, là où le car l'attendait déjà. Sacrée Rose. Je descends les marches sans me presser, et commence à m'éloigner dans la rue tout en cherchant mes écouteurs dans mon sac violet en bandoulière.

« Juleka ! Attends-moi ! »

Je fais volteface, pour voir Nathanaël courir en ma direction, son sac gris clair barrant son épais manteau noir réglisse. Son écharpe blanche à rayures multicolores semblait voler autour de son cou fin, et ses cheveux roux sont déjà en bataille. Il me rejoint à bout de souffle, les mains sur ses cuisses pour reprendre haleine.

« Heu... Ça va Nathanaël ?, m'inquiétais-je en le voyant aussi mal en point par sa course.

-Non... Han... Non... Ne t'inquiète pas Juleka... Han... Je vais bien, me répond-t-il, haletant. Je voulais juste te parler.

-Me parler ?

-Oui, tu sais, à propos de la pièce.

-Ah... Et euh ... A quel sujet ?

-L'histoire. Avec le groupe. Ça ne s'est pas super bien passé aujourd'hui...

-C'est peu dire, oui...

-Enfin bref. J'ai deux-trois idées, mais jamais je n'arriverai à parler tout seul. Alors, si je t'en fait part, ça te dit que demain, on propose ça... Tous les deux ?

-Oh... Euh... Oui, pas de soucis.

-Cool ! Merci beaucoup Juleka !

-Rose et moi en parlions juste à l'instant. Elle aussi a des idées et a proposé de faire un groupe avec ceux qui veulent travailler sérieusement pour proposer quelque chose de sérieux à la prof la semaine prochaine. Et on a notamment pensé à toi.

-A moi ?, s'étonne-t-il en écarquillant ses yeux, surpris

-Euh... Oui, à toi.

-Un groupe sans Chloé et sans Kim ? Je suis partant !

-Cool...», lui réponds-je, sans rien ajouter de plus.

Un blanc passe dans notre conversation, sans qu'aucun de nous deux ne sache relancer la discussion. Après un moment, le jeune rouquin se décide à lancer un nouveau sujet sur le tapis, tout en se grattant la nuque d'un air emprunté :

« C'est mignon les surnoms que vous vous donnez, toutes les deux...

-Toutes les deux... Tu veux dire Rose et moi ?

-Euh oui. Je trouve ça mignon de vous voir aussi fusionnelles. On dirait deux sœurs.

-C'est un peu la sensation que j'ai quand je suis avec elle. Elle est la petite sœur que je n'ai jamais eue, en quelque sorte. Et toi ? Il y a aussi quelqu'un avec qui tu partages tout ?

-Moi ? Euh... Non, pas vraiment. Je suis plutôt un solitaire.

-Ah, d'accord.

-Je suis proche de mon petit frère, mais à l'école, je n'ai pas réussi à trouver quelqu'un qui me corresponde pour avoir le même genre de relation que Rose et toi. D'ailleurs, tu la remercieras de ma part, car elle m'a gentiment proposé de manger avec elle.

-Oh, euh... Oui, je penserais à lui dire. C'est pour ça qu'elle t'a aussi invité à venir parler avec nous tout à l'heure.

-Sûrement... Ça m'a fait du bien de rire un peu avec vous.

-A moi aussi. C'est cool que tu sois avec nous, confessé-je en lui adressant un petit sourire.

-A-Ah oui ?

-Tu apporte un peu de nouveauté, et tu es plutôt sympa...

-M-Merci, me répond-t-il en rougissant un peu. Je crois que je vais rester plus souvent avec vous deux à l'avenir... Si vous voulez toujours bien de moi, bien sûr !, ajoute-t-il en riant.

-Ça ne me pose pas de problème, le rassuré-je d'un ton amical. Ça va être cool

-Oui... », Ajoute-t-il, un petit sourire greffé sur le visage.

Un coup de vent balaye la rue, me faisant frissonner de plus belle.

« Tu as froid ?

-U-Un peu. Je n'aime pas trop l'hiver.

-Tu n'as pas de cache-nez ?

-Non, je l'ai oublié chez moi ce midi quand je suis rentrée, mais-

-Tiens. »

Il dénoue son écharpe à rayures bigarrées, s'approche de moi et me la passe autour de mon cou d'un seul geste. Je rougis d'un coup, toute gênée par ce geste soudain entre nous. Je tente de l'enlever pour la lui rendre :

« Nathanaël, je... Non, garde-là ça ira, je t'assure...

-Tu en as plus besoin que moi, Juleka. Prend-là, ça ne me dérange pas du tout, m'assure-t-il en secouant ses mains d'un air insignifiant.

-Oh, euh... Merci... C'est très gentil de ta part. »

D'un coup Nathanaël se fige, puis devient aussi rouge qu'une tomate. Il recule d'un pas et bafouille rapidement d'un ton effrayé, comme s'il venait de faire une chose impardonnable :

« Enfin, si tu ne le veux pas, je peux... Enfin, je ne sais pas ce qui m'a prit, je n'aurais peut-être pas dû te la prêter... »

Ses mots s'entrechoquaient les uns contre les autres tant son débit de parole était élevé. Mon sentiment de gêne s'atténua un peu, mais en le voyant aussi mal à l'aise, j'essaye de l'interrompre dans son monologue d'excuse.

« Nathan...

- Si tu n'en veux pas, je veux dire, si tu dis ne pas en avoir besoin... J'ai agis sans réfléchir, ... Je ne vous lais pas te forcer à la mettre, je-

-Nathan.

-Oui ?

-Merci. Tu n'as pas à t'excuser. C'était très sympa de ta part.

-Oh euh... Ben de rien. »

Un nouveau silence passe dans notre échange. Nous ne savons vraiment pas quoi nous dire de plus, chacun un peu nerveux à cause de cette fameuse écharpe. Le jeune homme regarde la fine couche de neige grisée par le sel et racle son pied dans la gadoue glissante tandis que je détourne mon regard vers le trafic se faisant de plus en plus bruyant autour de nous. C'est ce qui me fait atterrir de nouveau sur Terre. D'un coup d'œil rapide à ma montre, j'annonce tout à trac que je dois y aller.

« Oh, oui, bien sûr, je te retiens, excuse-moi.

- Aucun souci, Nathanaël.

-Bon... A demain alors...

-A demain. Et merci encore.»

Après ce dialogue plus que rudimentaire, je le salue de la main, puis commence à marcher sur le trottoir pour continuer mon chemin vers chez moi. Après quelques foulées, je sens un regard sur moi, qui semble m'observer. Pourtant, en me retournant, je ne vois que Nathanaël marcher dans la direction opposée, ses cheveux flottant dans le vent glacial de décembre. Peut-être avais-je imaginé cette sensation ?, songé-je tout en reprenant ma route, déconcertée. Oui, ça doit être ça. Alors pourquoi ai-je l'impression que mes joues sont brûlantes ? Tout en serrant la douce écharpe de mon ami dans ma main, je soupire au souvenir de cette journée plus que mouvementée. Je lève ensuite les yeux vers le ciel tout gris, songeant aux prochains mois qui ne vont sûrement pas être de tout repos...

Hello ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez ! Je tiens à dire que, oui, j'ai fait une petite bourde dans le sénario : Adrien n'était pas avec eux en quatrième si on se réfère à la série. Je viens de m'en rendre compte, et je m'en excuse auprès des fans invétérés du dessin animé. Cependant, j'espère que ce petit détail ne vous dérangera pas de trop, car l'essentiel de l'histoire de déroulera entre, je pense que vous l'aviez deviné, entre Juleka et Nathanaël. Je tenais à vous le préciser, et à encore m'excuser platement.

J'espère tout de même que cette histoire vous plaît, car on entame une partie intéressante (du moins à mon goût) de ce récit.

P-S : Si vous voyez des fautes d'orthographe, n'ayez pas peur de me les faire remarquer. Elles se font un malin plaisir de se cacher lorsque que je me relis pour réapparaître lorsque je publie. Sacrées petites créatures, n'est-ce pas ?

Bye Bye, petits papillons !

SweetDormeuse159, alias LadyButterFly

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