9・Phoenix Rassemblement

J'aimais beaucoup mon 50m2. Il me suffisait amplement et j'avais pu le décorer à ma guise avec tout l'argent que Phoenix avait.

Mon appart était un grand carré où le salon, la chambre, la cuisine, et la salle de bain étaient de tailles égales. Les pièces étaient remplies de plantes vertes et de fleurs, les premières m'avaient été offertes à chaque occasion par Ivy, cette déesse de la nature disait que ça ajouterait un côté coloré à mon appart, qui restait dans les tons noirs et blancs.

Depuis j'en prends soin, je les nourris et je me sens satisfaite lorsqu'elles sont à leur apogée, et surtout, j'en ai racheté d'autres qui trônent fièrement dans chaque pièce.

Toutefois, au début j'étais loin d'avoir la main verte, mais j'étais admiratrice d'Ivy, et j'ai voulu débloquer une nouvelle compétence. M'occuper d'elles faisait partie de ma routine et me permettait d'avoir un moment de repos et de silence agréable, j'adorais ces moments calmes aussi bien que les moments dangereux de mon quotidien.

Un mur de ma chambre était totalement pris par une grande bibliothèque remplie de livres de tout genre, et habillé d'une guirlande qui illuminait chaque étage. Mon lit se trouvait au milieu de la pièce, entouré d'un grand nombre de plantes et de mes tables de chevet blanches. Au plafond, des lumières suspendues donnaient un aspect désordonné mais cocooning à la pièce, mélangées avec des lianes qui pendaient.

Stop. Je me levai d'un coup de mon lit, sous-estimant ma blessure, et balaya d'un revers de la manche les quelques larmes qui avaient déjà trop coulées sous le regard perçant de mimi.

??? : Hé. Gamine.

Qu'est-ce que tu veux ?

??? : Tu vas bien ?

Il s'inquiétait pour moi ? Lui ?

Ce n'est pas ça qui mettra fin à mes jours tu sais.

??? : Tu m'épates tu sais ? T'es quoi, la super-héroïne du quartier ? Ou est ta cape ?

Dans ton cul.

??? : En fait je dirais plutôt une vilaine gamine maintenant. Comment tu t'en es sortie ?

Apparemment un mec passait par là. Il m'a vue et ma ramenée chez lui.

??? : Chez lui ?... Tu sais qui c'est ?

Qu'est-ce que ça peut te faire ? Je ne suis pas morte c'est le principal, je peux te crier dans la tête si je le veux.

??? : Fais ça, et je te retrouverai pour décapiter ton joli gosier.

Je m'écriai le plus fort possible. Ce n'était pas commun, de se crier dans la tête juste pour énerver la personne avec qui vous parliez mentalement.

??? : Tu es une femme morte.

Je ne pus m'empêcher de rire, satisfaite de l'avoir énervé. Qu'est-ce que j'aimais voir les émotions des gens sous mon emprise.

Peu de temps après, me tirant de mes pensées, on sonna à la porte. Je fus méfiante jusqu'à ce que j'entende la sonnette faire la mélodie de "petit papa Noël". Connor.
Lorsque j'eus le malheur d'ouvrir la porte, je me pris une rafale de bonnes paroles mélangées aux insultes.

– Rhéa, ça va ? T'es sûre ? Demandait Ivy en panique, m'enserrant dans ses bras avant de tenir mes joues entre ses mains telle une mère et son enfant, après m'avoir montré qu'elle m'avait ramené des chocolats.

– Rhéa, t'es vraiment une imbécile t'aurais pu crever, lança Barbara sans aucun tact comme à son habitude, avec un ton neutre, néanmoins chargé de reproches, après que je leur eus tout expliqué.

Oui. J'avais finalement accepté le fait qu'il m'était impossible de leur cacher le fait que leur cheffe s'était prise une balle par un parfait inconnu.

Maintenant, il me suffisait de gérer la situation comme je le pouvais. Autant pour Cassy et Hannah j'avais pris la décision ferme de ne jamais rien leur dire. Mais le gang, c'était différent. Ils appartenaient à mon deuxième univers, le plus dangereux, et je ne pouvais pas totalement fermer les yeux là-dessus. De toute manière, ils ne m'auraient pas laissé tranquille, encore moins que Cassy. Ils me connaissent si bien que je me sens parfois coincée.

– Ça te fait une nouvelle blessure de guerre, s'enquit Joseph avec un clin d'œil.

– Qu'est-ce que je t'avais dit, tu peux compter sur nous, s'indignait Connor qui se sentait coupable de m'avoir laissée repartir seule.

– Calmez-vous, laissez-là respirer, c'est déjà bien qu'elle soit toujours là pour nous donner des indications sur ce mec, fit Jake en croisant les bras, déjà plongé dans ses réflexions.

– Hop, regarde ce que j'ai ramené cheffe, sourit Liam, un Tupperware de sa fameuse tartiflette dans la main, j'espère que tu lui as montré l'étendue de ta force.

– La prochaine fois sera la bonne, arrivais-je enfin à en placer une en soulevant mon t-shirt pour leur montrer ma blessure à présent bandée, bien que le tissu fût légèrement imbibé de sang.

Je ne leur avais pas dit pour la télépathie. A quoi bon ? C'était peut-être ça mon problème. Je ne les avais pas mis au courant non plus que je m'étais réveillée dans un lit qui n'était pas le mien. Ils allaient piquer une crise.

– S'il a dit qu'il te hantait il va sûrement revenir le mec a la capuche, il serait plus sage que tu ne restes pas seule, supposa Jake avec le plus de sérieux au monde, je sais très bien que tu détestes ça mais...

– C'est non, l'interrompit-je, déjà énervée que Zayn m'ait contrôlée aussi facilement.

– Rhéa.

– Non Jake, fis-je en commençant à faire les cent pas devant eux, tous mangeaient assis sur le canapé en se lançant des regards ou en fronçant les sourcils, sauf Jaky qui me tenait tête avec son habituelle expression neutre et sérieuse, et Joseph qui s'amusait à prendre des photos douteuses de mon chat sous les regards de braise d'Ivy.

– Tu as eu de la chance, mais qui sait si la contrepartie ne sera pas la mort la prochaine fois ?

– Elle a le droit de vouloir prendre sa revanche, me défend Liam en comprenant tout à fait ce que je ressentais, vu son côté bagarreur.

– Il n'est pas question de ça, si elle veut, elle le fera, simplement avec un spectateur en plus au cas où.

– Rhéa, pourquoi tu veux prendre ce risque alors qu'on est là nous ? m'interrogea Ivy.

– J'ai dit non, vous avez d'autres choses à faire tout simplement.

– Comme nous inquiéter sans arrêt de savoir si tu es morte sur le béton ou en train de gambader avec ta vie menacée en permanence ? Lâcha Barbara, plantant violemment son regard brun dans le mien.

J'aimais Barbara. Et j'aimais sa façon d'être tact et directe qui pouvait soit m'énerver soit aller droit au but pour trouver plus rapidement une solution, et ses expressions s'avéraient souvent véridiques. Mais actuellement je refusais que ses propos arrivent à me faire culpabiliser.

– Vous agissez comme si ce mec était le démon incarné, on en a affronté des mecs comme lui, des mecs de gang, des politiciens, même des évadés de prison malades mentaux. Redescendez un peu, moi aussi je sais me défendre.

– Je te fais confiance, affirma Joseph sans sourciller en se mettant au garde-à-vous pour me taquiner, suivi de Liam.

Un silence emplit le salon, où transplantaient de vifs regards interrogateurs, mis à part Joseph et Liam qui semblaient sûrs de leur choix, ayant leur côté audacieux qui surplombait tout le reste. Ils étaient face à une réflexion qui opposait le danger que je pouvais courir et ma volonté en tant que cheffe.

– D'accord, moi aussi je te fais confiance, déclara Ivy la première en venant me prendre la main, me faisant part de son regard rassurant. On sait tous de quoi tu es capable, et on te doit tous beaucoup. C'est pour ça qu'on s'inquiète, on veut te rendre la pareille. Mais si on en est arrivés là c'est grâce à toi, à ta détermination et tes capacités. J'ai déjà placé ma foi en toi.

Je ne pus m'empêcher de sourire face au caractère prévisible d'Ivy, mais si pur et bienveillant. Un véritable ange que je ne regrettais pas d'avoir pris sous mon aile noire.

Son discours avait fait son effet, puisque je vis Jake hocher finalement la tête, se pliant à la majorité du groupe, une décision sage comme à son habitude, ne voulant pas en faire tout un plat et diviser le groupe, surtout en me connaissant depuis plus longtemps que les autres.

Connor, ne voulant pas s'attarder sur la même chose trop longtemps, imita Jake.
Barbara restait toutefois récalcitrante, et poussait un soupir devant nos expressions entendues. Elle finit par lâcher sans avoir trop le choix, et avec tout le mépris du monde :

– J'espère que tu vas lui mettre la plus grosse raclée qu'il ait jamais connu à ce type.

Une réflexion survient sans crier gare, et je me mis à plonger dans une transe. Zayn avait bu dans ce verre. Il avait bu le même verre que moi, ce qui voulait dire qu'il avait lui aussi bu le somnifère. La seule explication rationnelle que je pouvais trouver était le fait qu'il n'avait pas avalé, qu'il avait trouvé le moyen de recracher. Mais impossible, il n'avait pas parlé comme s'il avait de l'eau dans la bouche.

Oorh Rhéa, c'est ton jour de repos.

Je clignai plusieurs fois des yeux en mettant fin à ma prise de tête intérieure. Je lui demanderai au lycée.

Ces pots de colle de membres de Phoenix refusaient de quitter mon appart. Ils passèrent l'entièreté de la soirée à mes côtés, comme nous le faisions à chaque fois qu'un des nôtres était gravement blessé. Tous savaient que même s'ils faisaient tout leur possible, je refuserais d'aller à l'hôpital. Autant ressentir la douleur jusqu'au bout, surtout qu'une blessure par balle à l'hôpital entraîne une visite policière.

Phoenix avait sous ses ordres quelques policiers, pour nous faire part d'informations, mais aussi en cas d'urgence ou autre. Mais on ne contrôlait pas les autres, surtout les plus hauts placés qui pouvaient nous mettre des bâtons dans les roues.

La soirée se fit la moins calme et silencieuse possible, attirant hargneusement les voisins que nous ignorions. C'était par exemple là-dessus que nos policiers étaient pratiques. Et puis, ce n'était pas comme si mes voisins ne fricotaient pas tous les soirs dans des gémissements qui me faisaient rire plus qu'autre chose, œil pour œil dent pour dent.

Pendant que Joseph essayait d'apprendre à Minette à donner la patte, celle-ci le regardait d'un air emplit de dédain. A côté, à mon plus grand désarroi, Liam et Connor essayaient mes soutiens gorge par-dessus leurs t-shirt, Connor ayant enfin abandonné l'idée de réviser ses cours parmi tout ce vacarme.

Jake, Ivy, Barbara et moi faisions nos meilleures danses et karaoké sur des chansons allant du Disney que nous aimions tant, à du Michael Jackson, Britney Spears, de la phonk ou du The week-end. En bref, nous passions par diverses danses et mood qui n'avaient rien à voir entre elles, et je me surpris à oublier la douleur, allant jusqu'à danser sur ma table basse, mêlant mes éclats de rire aux leurs. C'était seulement dans ces moments-là que le Jake sérieux et coincé passait au Jake fou furieux.

Néanmoins, pendant que nous dansions sans nous préoccuper de rien, je remarquai une chose qui me surpris dans mon élan de folie quelques secondes. Barbara avait un bleu. Je pouvais le voir lorsqu'elle levait les bras, caché derrière la courte manche de son t-shirt. Mais ce n'était pas un bleu que l'on pouvait se faire en se cognant simplement comme tout le monde.
Ce bleu-là était bien plus gros et très marqué.

Bordel Barbara, qu'est-ce que t'as fait ?

Je fus tiraillée entre le fait de ne rien dire et de lui en parler plus tard afin de ne pas la déranger dans ce moment de joie. Mais ne rien faire, là tout de suite alors qu'elle avait peut-être des problèmes m'inquiétait au plus haut point. Mais je me rappelais combien elle était énervée tout-à-l 'heure du fait que je ne voulais pas qu'on m'escorte sans arrêt. Alors je préférai continuer à danser.

J'ai dû bien attendre 4h du matin pour qu'ils finissent enfin par s'épuiser et vouloir quitter mon antre. Enfin, ce n'est pas eux qui ont voulu, mais moi. Je m'étais déjà programmée dans ma tête le reste de ma soirée, si bien que je les chassais presque, ce qui me valut des "C'est déjà fini ?" et des "fait pas de conneries".

Alors que les autres partaient déjà, Barbara insista quelques temps pour dormir avec moi, sortant avec ironie :

– Si je ne dors pas chez toi, je dormirai au garage.

– Ce n'est pas comme s'il était inconfortable. Barbara, dis-moi plutôt pourquoi tu as des bleus, fis-je d'un air mi sévère mi peiné, allant directement au fait.

Elle me regarda d'abord d'un air ahuri, avant de suivre mon regard qui portait sur le haut de son bras. Après quelques secondes, elle retrouva tout son sang-froid habituel.

– Je me suis entraînée avec Liam, il n'a pas voulu me faire de cadeau, fit-elle en souriant avec assurance.

Mais je ne crus pas une seule seconde ses paroles mensongères. Je savais très bien à quel point Barbara était la plus forte d'entre nous pour cacher ses émotions. Mais de là à dire que Liam lui aurait fait un bleu de cette ampleur, même en étant belliqueux... De plus, j'avais réussi à percevoir cette lueur dans son regard, qui trahissait une histoire derrière cette ecchymose.

Minette semblait rassuréede leur départ, bien qu'elle les connût depuis longtemps, elle était de naturecalme et indépendante, parfois elle sortait quelques jours, et revenait commesi de rien n'était. J'avais eu du mal à m'y habituer.
J'attendis patiemment quelques minutes, le temps d'entendre leurs motoss'éloigner suffisamment, avant de troquer ma jupe noire moulante contre un jeannoir, et sortit en plein milieu de la nuit.

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