8・ Réalitées Parallèles

C'était la deuxième fois que je me retrouvais être la cible de ce regard émeraude, qui se verrouillait sur moi d'une manière déconcertante, mais apaisante, loin du jugement et de la prise de tête. Et surtout cette fois-ci, dans une situation bien plus spéciale que dans le cadre du lycée.

Ses cheveux longs et mouillés, désordonnés, gouttelaient sur son torse musclé, semblable à une statue grecque qui vous semblait souvent si lisse, si parfaite.
Néanmoins, son bras droit était entièrement tatoué, sur lequel je pouvais discerner des écritures de petite police, ainsi qu'un serpent lui entourant le bras, et des éclairs depuis le côté du poignet jusqu'à ses doigts. Il portait un simple jogging noir, se mariant avec ses chaussettes. Sa main immense était posée sur la poignée dorée, et trahissait rien qu'à elle sa musculature présente grâce à ses efforts.

– En chair et en os, j'aurai aimé te revoir dans un autre contexte, enfin bon, comment va ta vilaine blessure ? Commença-t-il après m'avoir observée un moment, semblant se moquer d'apparaître dénudé pour notre deuxième rencontre.

Le voir aussi détendu que s'il prenait une tasse de thé me déstabilisait. Bien que les armes étaient autorisées dans ce pays et que par conséquent beaucoup d'incidents se produisaient, lui ne semblait pas le moins du monde paniqué, sans doute préférait-il éviter de me faire paniquer à mon tour, ou alors il était tout simplement comme cela.

Je repoussai le drap et releva mon t-shirt, toujours tâché, qui cachait ma blessure à présent bandée avec soin, on pouvait y voir un peu de sang. Il m'avait sans doute recousue, je pouvais le sentir.

– On est où ? M'enquis-je, méfiante, tel un animal blessé dans un milieu inconnu, ses sens en alerte.

– Chez moi, je t'ai trouvée alors que j'étais sorti faire une balade en moto, tiens bois ça, fit-il en me tendant un verre d'eau semblant être dilué avec une autre substance.

– T'as mis quoi dans ce verre ?

– Un médicament contre la douleur, se prendre une balle ce n'est pas ton péché mignon je pense.

– Pourquoi pas ? fis-je en soutenant son regard qui s'étira légèrement à cause de son sourire, dévoilant une fossette au côté droit.

– La prochaine fois, appelle quelqu'un, c'est mieux à deux. Je peux peut-être te rajouter du sirop ? Demanda-t-il, entre ironie et sérieux en voyant que je n'avais toujours pas bu.

– Merci, mais la balle ne m'a pas déshydratée.

– Allez, ce n'est pas ça qui va te tuer.

–Justement je ne te connais pas, fis-je, mi amusée mi sérieuse, refusant à l'idée de me sentir en sécurité là où je ne contrôlais rien.

– Bien, fit-il en haussant les sourcils, amusé lui aussi.

Il but dans le verre une gorgée, tout en me fixant de ses yeux verts, avant de me le rendre.

– Oh, attends, commença-t-il en se mettant une main sur le front et en fronçant les sourcils, je crois que...

– C'est bon, l'interrompit-je avant de boire le mélange d'une traite, au revoir.

Il m'interrompit dans mon élan, se retrouvant rapidement à côté du lit où je commençais à me lever, et me poussa simplement et fermement de la main sur mon épaule afin de me faire tomber la tête sur l'oreiller.

– Oh-oh, tu n'es pas assez sage, Rhéa.

– Laisse-moi partir, Zayn, commençais-je en transformant ma panique en énervement, sentant qu'il n'allait pas me laisser tranquille.

– Je vais t'apprendre une chose. Je suis égoïste quand je le veux, alors tu vas me faire le plaisir de rester allongée dans ce lit qui est le mien et que je te prête aimablement.

Il sourit de nouveau face à mon regard énervé et perdu qui fuyait le sien pour m'aider à me contenir.

– Si je veux sortir, je sors. Si je veux te frapper, je te frappe.

– C'est comme ça que tu remercies les gens qui te viennent en aide ?

– Tu me viendras en aide quand tu me laisseras partir.

– Est-ce que tu te rends compte que tu es blessée, et que tu trouves quand même la force de faire ta tête de mule ?

– Je ne suis pas morte, alors si tu avais l'amabilité de me laisser profiter de la vie que l'on m'a laissée la nuit dernière, je t'en serais reconnaissante.

– Non t'es sous ma responsabilité, comme le disent les profs.

– C'est ridicule, fis-je avant de me lever d'un coup, me retrouvant à 2cm de lui, fondant mes yeux bruns dans les siens, rieurs.

– Qu'est-ce que tu fais ? murmura-t-il.

Un silence se fit, durant lequel nous nous observâmes mutuellement, lui qui souriait toujours, et moi qui essayait de contrôler mes émotions. Je refusais d'être dépendante de lui pour une simple blessure.

– Je tente de sortir du kidnapping d'un lycéen en manque d'attention.

– Et moi je tente de garder une blessée paranoïaque parce qu'elle doit se reposer.

Un nouveau silence. Quelques rayons de soleil firent irruption dans la pièce, illuminant encore plus la couleur de ses yeux, les gouttelettes sur ses épaules et son torse scintillaient, ses cheveux bruns avaient commencé à sécher.
Peu à peu, le sommeil s'empara de moi, et malgré moi, je me mis à somnoler.

– C'est quoi... Commençais-je en me frottant les yeux.

– Chhh, chhh, doucement, entendis-je de loin Zayn qui me caressait la tête en même temps, pendant que petit à petit, je me laissais bercer par le réchauffement doux du soleil, ses caresses lentes à l'arrière de ma tête, et l'envie de dormir et de lâcher prise.

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C'était la deuxième fois durant cette journée que je me réveillais en sursaut, ayant refait le même rêve que la dernière fois. Je ne pensais pas que ça m'aurait autant atteinte, mais je dois bien avouer que je ne faisais que me poser des questions rhétoriques vis-à-vis de cet inconnu. Mais celle qui revenait le plus souvent était : Qu'est-ce que je lui avais fait ?

"Te hanter". Ces quelques mots qu'ils m'avaient sortis étaient remplis de sentiments enfouis, ce que je lui avais fait était sûrement bien plus que des histoires de gang. Ça l'avait apparemment percuté au plus profond de son être.
Je ne pouvais pas m'empêcher de me répéter que j'avais fait quelque chose, que c'était ma faute. Ce qui était bien ridicule en étant cheffe de gang.

Je me retrouvais cette fois-ci chez moi. Et je pouvais le confirmer rien qu'aux frottements de la tête de Minette, ma chatte noire, contre la mienne. Ses ronronnements avaient le don de m'apaiser en un instant.

– Salut ma mimi d'amour, fis-je, complètement gaga de cette chatte à la fois mignonne et gracieuse, celle à qui je confiais tout. Je lui caressai la tête, pliant ses petites oreilles, et croisa son regard vert sapin.

– Oh bordel, Zayn.

Cet enfoiré m'avait administré un somnifère avant de me ramener chez moi. Je savais que mes inquiétudes n'étaient pas infondées. C'était ça le repos dont il parlait ? Et aussi la raison pour laquelle il refusait que je sorte. Moi qui cachais mes émotions à tous Phoenix, lui, avait réussi à me faire craquer.
J'aurais aimé qu'il reste le pote de Léo que j'avais vu de loin, et qu'il reste loin.

Enfin, il avait quand même bandé ma blessure et laissé dormir dans son lit de noble. L'inconnu télépathe n'avait sûrement pas voulu venir pour ne pas trahir son identité vis-à-vis de notre marché. Même si cela aurait pu être pour lui une occasion de découvrir mon identité en venant me chercher.

Au vu de toutes les questions qui me taraudaient l'esprit, j'en vins à la conclusion qu'il fallait que je prenne un jour pour moi, seulement un jour. De toute façon, il était déjà 14h et les cours avaient commencé. Cassy allait me passer un savon.
Je cherchais mon téléphone des yeux, et le trouva posé sur le lit non loin. Mon katana était lui, rangé sur son support noir accroché au mur.

Après avoir branché mon téléphone, je me mis tant bien que mal sur le côté, toujours dans le lit, supportant la douleur de la plaie à travers des grimaces. Je soupirai de culpabilité lorsque je vis les nombreux appels et messages de Phoenix que j'avais raté. Puis je vis avec étonnement un nouveau contact qui s'était ajouté, un certain "ton sauveur" :

Ton sauveur : hey hey, bien dormi marmotte ? Excuse-moi pour le somnifère, je ne vais pas te mentir, je ne voulais pas que tu voies où j'habite étant donné que tu m'as l'air liée à des affaires dangereuses. Tu me diras si tu te sens mieux après t'être REPOSÉE.

Décidément, il avait l'air de prendre un malin plaisir à m'embêter.

Moi : C'est quoi ce nom de contact ? C'est d'abord ton pote qui t'a dit où j'étais qui m'a sauvée.

Il répondit quelques minutes après.

Ton sauveur : C'est moi qui ai fait le plus gros.

Moi : Quelqu'un t'a dit où j'habitais.

Ton sauveur : Très bel appart au passage, mais change la serrure, elle est facile à crocheter.

Moi : Pas besoin, je cherche l'action.

Ton sauveur : Tu veux que je joue aux méchants pour te donner ce que tu souhaites ?

Moi : Donc tu sais où j'habite mais moi je ne sais pas où toi tu habites. Facile d'être méchant.

Ton sauveur : La vie est ainsi faite, t'as pu le remarquer avec la balle que tu t'es prise je pense. Plus sérieusement, ça va mieux ? La plaie ne s'est pas rouverte ? Je te trouve vachement courageuse.

Moi : Je vais bien. Merci.

J'ai reçu brusquement un appel. Cassandra. Quand faut y aller.

– Rhéa ?

– Oui.

– Pourquoi tu n'es pas venue hier ? Demanda-t-elle comme si je baissais dans son estime.

– J'ai eu... Un empêchement...

– Ouais, je m'en doutais. Tu sais, tu faisais la même chose les années précédentes. Je n'ai jamais voulu m'avancer parce que Hannah disait que t'avais sûrement une bonne raison, que c'était ta vie, tout ça. Mais ça ne nous a pas empêchées de nous inquiéter. Sans cesse on se demande ce qu'il se passe, si tu vas vraiment bien, même si tu restes fidèle à toi-même au lycée. Mais je crois bien que je ne t'ai jamais vue ou entendue pleurer ou parler des choses qui te rendent triste. Hannah est celle qui s'inquiète le plus, tu sais, mais elle n'ose juste pas insister et poser des questions. Donc maintenant je compte vraiment te harceler pour savoir ce qui se trame depuis 3 ans.

– Je savais que je ne pourrai pas y échapper de toute façon, j'imagine que si je ne vous dis rien vous devez vous sentir aussi trahies. Je te jure que ce n'est pas ce que je veux, je vous aime beaucoup toutes les deux et c'est pour cela que je ne vous dis rien, ce n'est pas de votre monde et je peux vous l'assurer puisque je vous connais. Si je vous disais ce qui se passe réellement, je pense que ça pourrait avoir un réel impact négatif sur vous et votre vie, crois-moi s'il te plaît. Et arrêtez de vous en faire pour moi, je suis là-dedans depuis 3 ans, même plus, et regarde, je m'en sors, je vais très bien. Être avec vous au lycée me suffit amplement, vous m'aidez comme vous êtes.

– On est en terminale maintenant, reprit-elle émue, je pense être capable de comprendre ce que tu ressens, mais est-ce qu'au moins tu as quelqu'un à qui te confier ?

– Je t'ai dit que j'allais très bien, fais-moi confiance, je sais que ça fait 3 ans que je dis ça, mais je te promets ça n'en vaut pas la peine que je te raconte. Je vais bien. Je suis juste malade aujourd'hui.

– Au moins ne nous mens plus, malade, vraiment ?

– Oui.

– D'accord, merci d'avoir répondu sincèrement, je t'aime Rhéa tu peux compter sur moi. Je vais en cours.

Il m'était impossible de ne pas leur mentir, je refusais catégoriquement de les inclure dans ce monde ci. Si parfois moi et Phoenix nous amusions et oublions que ce monde est si dangereux, il suffit d'un geste, d'une action, d'un tir, d'une blessure, pour nous ramener à notre réalité.
Les larmes silencieuses coulaient.

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Hello hello :)

C'est le premier tête-à-tête entre Rhéa et Zayn, où le côté indépendant de Rhéa a fait face au caractère altruiste de Zayn, j'espère que vous apprécierez ces deux personnages ainsi que tous les autres :)

Je tenais à remercier sincèrement les personnes qui sont toujours là, à lire la suite, à patienter, à me soutenir et à aimer mon histoire, ça me fait super plaisir et c'est grâce à vous que cette histoire prend vie.
J'ai qu'une envie, c'est de m'améliorer et de continuer, pour pouvoir vous offrir le meilleur.

N'hésitez pas à me donner des conseils, à commenter, et n'oubliez pas de voter s'il vous plaît ça m'aiderait beaucoup :))

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