48・Liens De Sang
⚠️ Ce chapitre est assez trash, et j'ai fait de mon mieux pour bien décrire la scène et les émotions, donc faites attention à vous.
Eos Hunt.
Mon sang ne fit qu'un tour.
La vue abominable qui s'offrait à moi me terrifiait. C'était une sensation que je n'avais connue qu'une seule fois : lorsque j'avais appris que toutes les personnes que qui m'entouraient étaient cannibales.
Connor s'était surpassé. Sur la route, nous avions bien dû frôler une dizaine de voitures et reçus des centaines de klaxons et d'insultes. Et ça nous avait menés jusqu'ici.
Les pieds bien ancrés dans le sol, j'étais sorti de la voiture en manquant de tomber à genoux. Désormais pétrifié, je la suivis du regard.
Léo se démenait pour la sortir de cette horreur, et l'éloigner le plus vite possible de la Mercedes. Il était dans son dos, la trainant difficilement en la prenant sous les bras.
Le véhicule était complétement renversé sur le dos, cabossé de part en part, de la fumée s'échappant de sous le capot.
Une masse de personnes sortit du château à quelques mètres de la voiture, attirés par le raffut qu'avait provoqué l'accident.
Au début, j'avais cru avoir affaire à des inconnus, mais ce n'était que les Wood. Je les reconnaissais, comme si je ne les avais jamais quittés. Peut-être bien que cette peur de me retrouver de nouveau dans ce manoir, avec eux, serait insurmontable à tout jamais.
Mon regard se reporta sur son visage à elle. En sang. Les yeux clos, la bouche semi-ouverte, la vie semblait avoir quitté son corps.
Et je n'avais pas été présent. Parce que je lui avais fait confiance, plus encore que cette fois-là ou je lui avais interdit d'apprendre à faire du vélo sans moi.
Et pourtant, exactement comme ce jour-là, elle avait voulu se débrouiller seule, et elle avait fini blessée. Pile lorsque j'étais absent.
Tout mon corps sembla se réveiller d'un coup lorsque je vis les Wood, habillés de façon chic, se rapprocher rapidement de la scène. Leur verre à la main, on dirait bien que ces salauds attendaient l'arrivée de Rhéa en prenant l'apéro, comme s'ils ne détruisaient pas sa vie.
Mes sens semblèrent se rappeler à moi, et je fus de nouveau en capacité d'user de mes membres. Hors de question qu'ils la touchent de leurs mains sales. Il était évident qu'ils voulaient la récupérer.
Ne voyant qu'elle, se faisant trainer avec difficulté par Léo dans la plaine fleurie a quelques pas de la voiture, j'en avais oublié que je n'étais pas le seul à vouloir la sauver.
Mes yeux s'écarquillèrent, et ce sentiment d'impuissante influa en moi tel un désespoir immense.
En quelques secondes à peine, Lian s'était retrouvé derrière Léo, maintenant ses bras dans son dos d'une main, menaçant sa gorge de son katana de l'autre. Lian ne connaissait pas Léo, il ne savait pas qu'il était de notre côté.
Mais avant que je ne puisse le prévenir, Zayn était apparu.
Titubant sur ses appuis et restant difficilement debout, sa volonté liée à son regard déterminé lui avait permis de brandir un pistolet.
Pointé sur Rhéa.
Celle-ci était désormais relâchée de force dans l'herbe, toujours inconsciente.
Les Wood s'arrêtèrent net, leurs mouvements en suspens. Ils devaient être une quinzaine seulement, à observer Rhéa comme la prunelle de leurs yeux. Ils ne voulaient en aucun cas perdre leur successeur. Pathétique, d'avoir autant besoin d'un chef à ce point. Et dans leur cas, répugnant, surtout.
Absolument tout le monde retint son souffle. Phoenix se tenait prêt, juste derrière moi. Liam et Joseph étaient restés dans la voiture, bien trop affaiblis par le poison pour être autorisés à risquer leur vie.
La voix de Zayn, puissante malgré sa violente toux, surgit au-delà du bruit de fumée qui s'échappait de la voiture. Il se tenait la cote, gardant une grimace douloureuse sur le visage. Il semblait au bord de l'évanouissement, le nez cassé par l'airbag et les cheveux en pagaille.
— Personne ne bouge !
Il toussa violemment, crachant du sang sur le gravier, sans jamais baisser son arme de sa cible. Son bras était bien la seule partie de son corps qu'il semblait pouvoir contracter, comme s'il pouvait concentrer sa force que dans une action à la fois.
S'il n'avait pas été aussi blessé, il aurait probablement déjà entré dans une colère noire et bestiale.
— Lâchez Léo, revendiqua-t-il, le souffle court.
Lian croisa mon regard. Mais là, tout de suite, j'étais incapable de prendre une décision. Tout ce à quoi je pensais, c'était l'état dans lequel elle était. Si elle était encore vivante par miracle, nous perdions de précieuses secondes à chaque instant.
Ivy me dépassa, ce qui fit réagir Zayn au quart de tour. Il avait tiré à quelques centimètres de Rhéa, la balle se logeant dans la terre.
Les réflexes de Lian étaient si réactifs, que désormais, Léo avait une entaille au cou. A la vue du sang qui dégoulina le long de la gorge de son meilleur ami, Zayn écarquilla les yeux.
Ivy contre toute attente, parla d'une voix ferme et puissante, ignorant son visage baigné de larmes.
La famille Wood chuchotait, ce qui leur valut des regards méfiants de la part de Zayn. Même lui ne leur faisait plus confiance, lorsqu'il était question de son frère et de Rhéa.
— Zayn. Laisse-moi vérifier le pouls de Rhéa, fit Ivy d'une voix douce et patiente.
— Personne ne l'aideras tant que Léo ne sera pas relâché, c'est tout ce que je demande.
— Ce n'est pas comme ça que ça marche.
Jake s'était positionné aux côtés d'Ivy, tous deux à ma droite. Les bras croisés et le visage aussi dur que de la pierre. Ses mèches blondes ondulaient sur son front, d'où scintillait une file pellicule de sueur, dû à l'anxiété.
— Si tu ne nous laisses pas vérifier si elle est vivante ou non, Léo va y passer.
Cette lueur infaillible dans son regard ne laissait personne douter de ses intentions.
Grâce à mes recherches, je savais ou Rhéa avait déniché chacun de ses membres. Et pour Jake, Rhéane Kei était sa première véritable famille. Autrement dit, il n'allait personne laisser la lui prendre. Pour lui, Rhéa était la priorité. Alors même si Lian se méprenais au sujet de Léo, il préférait tourner la situation à notre avantage.
En résumé, nous avions tous la même mentalité. Rien qu'en nous voyant, le regard fixé sur son visage éteint, nous pouvions facilement voir qu'elle était celle qui nous reliait les uns aux autres. Parce qu'elle était celle qui nous avait tous sauvés.
Elle semblait être une offrande à la nature. Son corps paraissait englouti par l'herbe, et les fleurs l'entouraient. Même dans cet état, elle était belle.
— Ne jouez pas avec ma patience ! Fit Zayn en haussant le ton, faisant sursauter la rouquine.
Il perdait le contrôle de lui-même, et il savait qu'il avait la main sur la situation grâce à son arme pointée sur Rhéa. Mais sans elle, il était trop faible pour nous faire face, aux Wood et à nous. Il reprit en criant sur Lian :
— RELÂCHE MON FRÈRE OU JE TIRE.
Son quoi ?
Le puzzle s'assembla instantanément. Alec, Zayn et Léo Caslte.
Lors de mes recherches, j'avais réussi à dégotter le véritable nom de Zayn, en jouant de mes relations. Zayn Castle.
Je n'avais pas pu faire le lien dès le début, simplement parce que Léo et Alec avaient pris le nom de leur famille adoptive. Celle de Cassandra. L'amie de lycée de Rhéane.
Le regard de Léo changea, comme s'il n'était plus seulement préoccupé par la lame menaçant sa gorge. Zayn serra la mâchoire lorsqu'ils échangèrent un regard.
Sa colère lui avait ôté les mots de la bouche, et il commençait déjà à le regretter. Les mèches lisses de Léo lui tombaient sur le front. Il cherchait un signe venant de Zayn, n'importe lequel, pour confirmer leur lien de sang.
Pour lui, ce devait être comme le Truman Show. Tout ce temps passé aux côtés de Zayn en ayant la conviction de n'être que de simples meilleurs amis.
Lentement, Léo baissa les yeux. C'est à ce moment précis qu'en une fraction de seconde, Zayn se retrouva derrière Lian, changeant de cible.
A présent, le bout de son gun était pointé à l'arrière du crâne de Lian.
Lian n'était pas aussi rapide que Rhéa. Elle nous en avait fait la démonstration lors de leur affrontement.
Est-ce que Zayn concurrençait Kei en matière de vitesse ?
Phoenix ne bougea pas d'un poil, faisant preuve d'un professionnalisme exceptionnel. Même s'ils ne connaissaient pas Lian, celui-ci était resté monter la garde auprès de leurs deux blessés.
Ce n'était pas rien pour eux.
Avant que je ne puisse prendre la parole, trouvant la situation aussi ridicule que cliché, Jake s'écria un chouilla trop tard :
— RECULEZ. LA VOITURE VA...
Une explosion me coupa dans mon élan, me projetant en arrière sans crier gare.
Je me rattrapai les mains contre le gravier. J'étais sonné, mes oreilles me faisaient un mal de chien, la déflagration avait provoqué une otite qui dura quelques secondes.
Des projectiles volaient dans les airs. Lorsque je me redressai, la voiture était en feu. Mais elle n'était pas la seule.
L'explosion avait provoqué un effet de souffle, propageant les flammes autour d'elle.
Ses hurlements de douleur mélangés à la panique me firent frissonner. C'était tout simplement un tableau horrifique qui se jouait juste sous mes yeux.
Zayn hurla, attrapant au vol une veste qu'un des Wood lui avait jeté à la volée. Il tenta d'arrêter le feu qui était en train de brûler Léo à vif. Les flammes s'attaquaient autant à ses vêtements qu'à son visage, dévorant ce qu'elles pouvaient.
Lors de l'explosion, il avait été le seul touché, et celui qui était le plus proche de la voiture. Lian se tenait le bras, sa bouche formant un rictus de douleur.
En menaçant Léo de sa lame, seul son avant-bras avait été touché. Ainsi, le trou dans la manche de son t-shirt laissait apercevoir sa peau calcinée.
Barbara s'était lancée à son tour, malgré sa bouche grande ouverte de terreur. Elle entreprit de retirer sa veste et d'imiter Zayn désespérément.
Ça la dépassait, comme nous tous. Mais plus encore, la vue des flammes et de leur éclat combatif la mettait au plus bas.
Zayn ne sembla pas se soucier du fait que Barbara était à quelques centimètres de lui. Son visage était déformé par la douleur, ses lèvres ne formant qu'un seul mot : Léo.
C'en était ahurissant. Mis à part la veste donnée, les Wood restaient en retraits. Exécrables et égoïstes qu'ils étaient. Tant que leur successeur n'était pas touchée, ni un membre de leur secte de merde, ils restaient en dehors des problèmes.
Ce qui me répugnait le plus, c'était que je savais exactement à quoi ils pensaient, se demandant quel goût avait la chair et le cœur brûlés à vif.
Je fermai les yeux un moment. Mais les flammes dévoreuses crépitaient, les cris de Léo semblaient provenir des enfers, et la simple présence des Wood m'écœurait à m'en donner la gerbe.
Et c'est ce que je fis.
Je vomissais littéralement mes tripes sur le gravier, à quatre pattes, dos à l'horreur. Heureusement, personne ne faisait attention à moi.
D'habitude, je me serais mutilé jusqu'au sang. Mais je n'avais ni la lame, ni le temps.
A genoux au sol, je me retournai, mais n'eus pas le temps de reprendre mes esprits. Mon regard était attiré par lui, même si mon cerveau me criait de détourner le regard.
Léo était allongé à terre. Mais si je n'avais pas su que c'était lui, je ne l'aurais pas reconnu.
Barbara et Zayn avaient réussi à éteindre le feu avant que tous ses habits y passent, si bien qu'il n'était plus recouvert par grand-chose.
Son visage entier était carbonisé. Littéralement. Tout autant que son corps entier. Et il hurlait toujours autant à la mort.
La chair était brûlée à vif, rouge et exposée.
Zayn, qui s'était mis à genoux, pleurant de désespoir aux côtés de son frère, se redressa à côté d'une Barbara immobile et impartiale. Elle fixait Léo, serrant la veste dans sa main.
Bientôt, Joseph la rejoignit, l'attirant a elle pour l'écarter. Telle un pantin, elle se laissa guider.
Elle venait de voir le frère de son petit ami défunt, se faire consumer vivant.
Ivy avait les deux mains plaquées sur sa bouche, statique, ses genoux ayant cédé sous son poids, comme moi.
Le visage de Connor était baigné de larmes, mais il s'efforçait de continuer à rassurer Ivy, lui disant que ça allait. Il tentait de se réconforter lui-même avant tout, en réalité.
Jake avait décroisé les bras et accourut auprès de Liam, qui tentait de sortir de la voiture pour voir ce qu'il se déroulait à quelques mètres de lui.
Après que mes yeux aient finit d'observer la scène en globalité, ils captèrent un nouveau mouvement.
Zayn avait le corps tourné vers Lian, et la main tendue. Je ne compris pas tout de suite, mais lorsque Zayn referma une main tremblante sur le katana de Lian, je déglutis.
Désormais armé d'un katana, il s'agenouilla auprès d'un Léo brûlé et hurlant sa souffrance à pleins poumons.
Zayn avait vidé son regard, mais la larme coulant le long de sa joue semblait contraster avec son visage.
Alors qu'il levait le katana, le tenant à deux mains au-dessus du cœur de son frère, il s'arrêta.
De là où j'étais, les mots étaient difficiles à percevoir à cause des flammes et de la distance. Mais je les devinai.
— Jusqu'au... Bout... J'naurais rien...
Zayn retint son souffle, fixant le visage de son frère des yeux, se demandant sûrement si celui-ci le voyait, une dernière fois.
— ... Capté...
La lame transperça son cœur.
Léo poussa un soupir. Un soupir de soulagement.
Et il s'éteignit.
Lorsqu'il releva la tête après de longues minutes, l'éclat des yeux verts de Zayn avait disparu. Il venait d'abréger les souffrances de Léo. Il venait de perdre ses deux frères.
Ce n'était plus de l'émeraude. Mais de la malachite.
Il fixait les Wood avec une impassibilité terrifiante.
Je secouais la tête. Je n'allais pas rester à genoux toute la soirée.
Je me relevai doucement, me dirigeant vers Rhéa en gardant un œil sur Zayn. Au moment où nos regards se croisèrent, il hocha la tête.
Je m'en doutais. Il l'aimait.
Il était tombé amoureux de sa mission.
Avec précaution, je soulevai le corps frêle et en sang de Rhéane. À première vue, son bras droit avait l'air d'être fracturé. Un coup d'œil dans la voiture suffit à me donner des explications.
Si l'airbag de Zayn avait fonctionné, celui de Rhéa avait fait mouche. De ce fait, elle avait une entaille au coin de la lèvre, mais également de sa tempe droite jusqu'à sa pommette.
Après avoir fixé son état inquiétant pendant de longues secondes, mon regard meurtrier s'attarda sur Zayn. Celui-ci comprit qu'il n'allait pas s'en sortir comme ça après avoir touché Kei. Seulement, son regard était si vide qu'il semblait d'ores et déjà accepter son destin.
Ivy courut vers Rhéa tandis que je marchais dans leur direction. Les membres de Phoenix suivirent le mouvement, leur cœur au bord des lèvres. Sauf Jake, qui leur ordonna de monter dans les voitures sans perdre de temps.
A l'entente de son ordre, les Wood réagirent, me voyant porter Rhéa vers la voiture de Jake.
Contre toute attente, Zayn s'élança aussitôt, le katana ensanglanté dans ses mains. Il n'était dicté que par la rage, et je reconnus sa façon bestiale de se battre.
Il trancha d'une traite le premier cou à sa portée. La tête retomba au sol sans bruit. Un des Wood s'écria :
— ZAYN, QU'EST CE QU'IL TE PRE...
Sa tête tomba au sol à son tour.
Avec une douceur extrême, dans la peur de lui casser un autre membre, j'allongeai Rhéa à l'arrière, croisant le regard de Liam.
— Va à l'avant, fis-je simplement.
Il s'exécutai sans pouvoir détourner ses yeux horrifiés de sa cheffe. Jake s'assit en face du volant en catimini, jetant un dernier coup d'œil à Rhéa avant de faire rugir le moteur.
Lian.
Je me retournai. Devant mes yeux se jouait un véritable bain de sang. Lian se battait désormais aux côtés de Zayn. Il tenait à ses valeurs, et en aucun cas il n'aurait pu laisser passer toute cette souffrance infligée par les Wood, bien qu'ils n'étaient pas au complet.
Voir les visages familiers accueillir la mort sous mes yeux me rendit stoïque. Mon bras droit me fit signe de partir entre deux coups de poings bien placés. Zayn lui lança bientôt le katana dans les airs, lui rendant ce qui lui appartenait. C'était un réel duo improbable.
Zayn se battait avec la force de ses poings d'une manière brute et bestiale, et Lian les terminait en coupant d'une manière plus nette et plus rapide que Zayn juste avant.
Alors je fis confiance à Lian, et monta à l'arrière, posant délicatement la tête de Rhéa sur mes genoux. Si ces gens étaient membres de la secte, ils avaient forcément dû apprendre les bases du combat.
Seulement, Lian était un professionnel, et Zayn avait été davantage entraîné pour pouvoir accepter la mission de Rhéa.
Jake n'attendit pas le feu vert pour démarrer, suivant la voiture de Connor de près, qui était déjà partie quelques secondes plus tôt.
Je tentai de m'immiscer dans l'esprit de Rhéa, mais ce vide me stressait d'autant plus, alors je laissais tomber. Je remis une de ses mèches derrière ses oreilles, les mains tremblantes.
Être silencieux ne me ressemblait pas, et pourtant, tout le monde dans cette voiture l'était.
Je vis que j'avais manqué un appel de Marlon, et prit compte des messages qu'il m'avait envoyés.
Marlon : Gars, on a trouvé tes deux mastodontes. Ils vont bien. Un peu amoché mais c'est des gros gars, ils s'en remettront.
Quant à Joe, tu peux être tranquille, c'est fini.
OK. Dépose-les chez moi. Et toi et ton gang pouvez dormir chez moi si vous voulez. Je ne compte pas rentrer de la nuit.
Marlon : Tu régales Hunt.
Sans m'en rendre compte, mon bras s'était posé sur le buste de Rhéa dans un geste protecteur.
Je soupirais.
Elle respirait. Faiblement. Mais elle respirait.
Tu ne me ménages jamais, hein, Rhéane ?
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Cela faisait bien deux heures que nous étions tous ici, à patienter comme des guignols sur des chaises inconfortables, qui plus est.
Je me levai d'un bond le premier, lorsque le médecin sortit de la pièce où était reposée Rhéa. Il ajusta ses lunettes sur son nez en s'approchant de nous.
— Elle va bien, elle est forte, elle va s'en remettre vite.
Sa déclaration nous soulagea instantanément. Telle une vague de chaleur.
— Cependant, elle va sûrement garder sa cicatrice au coin de la bouche, et celle sur sa tempe, il faudra en prendre soin avec les crèmes que je vais vous prescrire...Son bras est cassé. À cause du dysfonctionnement de l'airbag, elle a subi un violent choc au niveau du cou. Mais par miracle elle n'a rien de plus.
— Merci docteur, lâcha Liam dans un souffle.
— On peut la voir ? S'enquit un Connor rempli d'espoir.
— Oui, mais elle n'est pas encore réveillée. Ça peut prendre du temps, tout dépend d'elle. On lui fera une imagerie pour vérifier son état cérébral.
Il nous souhaita une bonne journée, avant de nous tourner le dos, sa feuille de notes pressée contre lui.
J'échangeai un regard avec les membres de Phoenix, mais ils me devancèrent. Ivy prit mes mains dans les siennes avec une chaleur réconfortante.
— Merci, Eos. On a tous vu à quel point tu tenais à elle. Moi je te fais confiance.
Je la gratifiais d'un sourire sincère qui ne me ressemblait pas. Ivy apaisait le cœur des gens telle une véritable nymphe.
Joseph me tapa sur l'épaule avec un clin d'œil, tandis que Connor et Liam souriaient.
— Allez-y sans moi, j'irai après.
Ils hochèrent la tête, ouvrant la porte de chambre de Rhéa. Barbara s'arrêta devant moi, me scrutant de ses yeux bruns, ses cheveux rouges légèrement décoiffés. Elle hésita, et finit par lâcher rapidement avant de suivre les autres :
— Enfoiré.
Je souris en la suivant du regard.
— Enfoirée.
Refusant de m'asseoir à nouveau sur cette chaise de merde, je me mis à me balader dans l'hôpital, les mains dans les poches. Lorsque je trouvai un spot avec personne aux alentours, je me positionnai devant la grande fenêtre de l'étage qui donnait sur le jardin de l'hôpital.
L'idée que Lian soit là-bas avec les Wood, avec mon ancienne famille de barge ne me disait rien qui vaille. Et ce, malgré le fait qu'il était là seule personne en qui j'avais une confiance aveugle. Oui, parce que faire confiance à un serpent, c'était comme offrir son cou au venin.
Je tentais de l'appeler à de nombreuses reprises mais tomba sur son répondeur à chaque fois.
Impossible que le combat ait duré aussi longtemps. Et si Darrel et Mélia avaient envoyé des renforts ? Et si Zayn avait décidé d'en profiter pour éliminer Lian ?
Et si ce n'était qu'un piège de Zayn, pour ensuite capturer Lian ?
Ridicule. Depuis quand je pensais comme Rhéane, à me prendre la tête pour rien ?
On parlait de Lian Huang, un asiat' au chignon et aux pectoraux secs comme la pierre. Je lui faisais confiance.
Quelque chose me toucha l'épaule. Mes réflexes entraînés à vif, je me retournai et plaqua l'inconnu contre le mur d'en face, mon avant-bras pressé contre son cou.
— Ce n'est pas moi qui ai volé le whisky chef, toussota Connor.
Je levai les yeux au ciel, ma tension retomba autant que mon bras contracté. Connor se craqua le cou d'une main sur sa nuque. Il secoua la tête pour remettre ses cheveux blonds en place.
— Qu'est-ce que tu fais là ? Demandai-je.
Je remis mes mains dans les poches nonchalamment.
— Je ne supporte pas.
— Sois plus clair blondinet.
— Je ne supporte pas de la voir comme ça.
Son regard fuyait le mien. A cet instant, c'était un enfant qui avait l'air de se tenir face à moi. Il reprit :
— Ils l'ont lavée, elle n'a plus de sang sur le visage, mais elle va garder ces cicatrices à cause de Zayn.
— Je lui en ferais aussi.
— Des cicatrices ?
Il étudia mon visage avec intérêt. Apparemment, il venait d'avoir la réponse à ses questions, parce qu'il se mit à pouffer.
— C'est qu'il est piqué...
— Tu m'ennuies, Connor.
Je lui tournai le dos pour refaire face à la grande fenêtre, mais il se mit à mes côtés le visage rayonnant.
— Tu sais, Rhéa ne nous as jamais parlé de son enfance.
Je le regardai, intrigué.
— Ouais, ouais, c'est vrai, appuya-t-il en voyant mon visage surpris. Et personne ne lui demande, on a peur de comprendre à quel point elle est brisée.
Il fit une courte pause, fixant le jardin.
— Mais je ne suis pas con, ça se voit que tu fais partit de son passé. Ça se voit à son regard nostalgique qu'elle pose sur toi. Tu crois qu'on ne voit pas tous ces sentiments chelous qui planent autour de vous ?
Il sourit en me donnant un coup de coude, ce qui me fit de nouveau lever les yeux au ciel.
— C'était qui, ces gens qui sortaient du château ?
— Des méchants pas beaux ?
— Je veux savoir, insista-t-il le regard sérieux.
— Des gens de notre passé. Des gens qui ne doivent plus jamais la toucher.
Silence.
— Et toi aussi.
Je lui lançais un regard interrogateur.
— Tu ne dois pas te faire toucher. Tu dois participer à une soirée de Phoenix avant de mourir. Je vois le potentiel en toi, et je suis certain qu'avec toi ce sera encore plus la merde.
— Et on aime la merde ?
— On aime la merde.
Nous nous sourîmes.
Je me fichais complètement de ce que Phoenix pensait de moi. Je me fichais qu'ils me détestent ou me prennent pour une personne que je n'étais pas.
Mais comme d'habitude, Rhéane avait réussi son coup.
Ces gens-là étaient loin d'avoir été choisis au hasard. Malgré tout ce qui leur arrivait, malgré leur vie chaotique, c'était des gens bien. Des gens qui renaissaient sans arrêt de leurs cendres.
— Putain, j'ai mis mon t-shirt à l'envers, rouspéta Connor en regardant l'étiquette de son col.
Des gens cons aussi.
Alors que Connor entrepris d'enlever son t-shirt, Phoenix apparut derrière lui.
— Mais qu'est-ce que tu fous gros ? S'enquit Joseph en se foutant de sa gueule.
Connor n'arrivait pas à passer son t-shirt au-dessus de sa tête. Il était littéralement coincé, un bras tendu et un autre plié au-dessus de son crâne.
— Mais aidez-moiii, gémit-il.
— T'es un assisté tu le sais ça ? Trancha Barbara.
— Shhhhhh Barbara dis pas ça dans un hôpital, la reprit Jake en croisant les bras. Eos, tu peux y aller.
Je hochai la tête, amusé.
— Tu dors où ce soir ? Demanda la voix fluette d'Ivy.
Je leur tournais déjà le dos lorsque je lançais :
— T'occupes.
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Je fixai ma main sur la poignée argentée. J'inspirai une grande bouffée d'air avant de l'abaisser, entrant en fermant la porte derrière moi.
Elle était là. Allongée sur ce lit d'hôpital.
Effectivement, son visage était propre, bien que ses deux cicatrices récentes étaient rougies par le sang.
Et pourtant, ces nouvelles marques lui rajoutaient du charme.
Je ramenai doucement le tabouret près du lit, et m'assis juste à côté d'elle.
Son bras droit était dans un plâtre. Le gypse était déjà parsemé de mots laissés par Phoenix. Quelles bandes de gamin.
"Prout." "Hé, la belle au bois dormant." « Je peux pas j'ai plâtre."
Je m'emparai du feutre noir posé sur la table de chevet, me penchant au-dessus d'elle pour y ajouter ma phrase à moi.
"Alerte asiat venimeuse."
Je souris tout seul comme un con, imaginant sa réaction lorsqu'elle se rendrait compte qu'elle était entourée de débiles.
Je fixai le plâtre. Je me penchai de nouveau, appuyant la pointe du feutre sur la surface solide.
"J'aime les yeux bridés."
Je parcourus son visage des yeux. Ses yeux clos, ses cils fins. Sa poitrine se soulevant doucement au rythme de sa respiration.
Elle était là, la différence accablante qui me séparait de Rhéa. Malgré ses erreurs, ses faux pas et sa tête haute parfois superficielle, elle était l'héroïne de cette histoire.
Parce que les gens savaient, eux aussi. Et étaient prêts à rendre faveur sur faveur envers celle qui les avait aidés en puisant dans sa bonté d'âme.
Elle était dotée de cette capacité qui m'était inconnue, tellement je la trouvais ridicule et sans intérêt : son empathie sans limites.
Et moi, qu'avais-je fait pour les autres ? Rien. Si ce n'était que m'amuser avec leur existence. Et j'allais faire la même chose avec Zayn, pour le voir ramper en sang devant moi.
Les héros reçoivent reconnaissance et alliés prêts à tout pour leur bonté. Les méchants, eux, ne reçoivent que haine et désir de les voir empalé sur des pics.
Et c'était bien pour cette raison, que pour moi aussi.
Rhéa était ma seule héroïne.
C'est avec cette pensée que je m'endormis sur son lit d'hôpital. Le sourire aux lèvres.
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Heyyy, ça va vous ? Alors, ce chapitre ? Je vous ai pas trauma j'espère mdrrr
J'espère que vous avez aimé malgré tout ! Je suis contente d'avoir pu mettre les perso de Phoenix un peu plus en avant !
Si vous avez des questions n'hésitez pas et n'oubliez pas de voter merciii
Kiss. 💋
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