47・ Chasse Frénétique
Eos Hunt.
J'entendis la porte se refermer derrière moi, tout en sachant que l'idée d'aller la rattraper en courant ne tenait qu'a un fil.
Un fil très fin.
J'entrepris de chercher Lian dans mes contacts. Hors de question que je cède. Il fallait que je m'occupes. Sinon mes jambes allaient prendre le contrôle.
Il ne décrocha qu'au bout de la deuxième sonnerie. Ce qui eut pour effet de m'inquiéter instantanément.
— Oui. Fis sa voix habituelle, calme et sage.
— T'es toujours avec Liam ?
— Comme tu me l'as demandé.
— Comment ça se présente ?
— On s'est déplacés dans leur base. Ils n'ont pas l'air de prendre de précautions, si jamais on les attaque...
— Ouais, apparemment ils font exprès de ne pas se cacher. Justement pour anéantir tous ceux qui osent. Devine de qui ça vient.
Il souffla du nez à l'autre bout du fil. Rhéane, c'était évident. Qui d'autre adorait autant attirer l'attention pour montrer qui régnait ?
Sûrement pas moi. Je trouvais ça bien plus amusant de chasser dans l'ombre. Les regardant apeurés, à mes pieds.
— Ivy à réussi à lui sortir le couteau avec précaution. Il s'est évanoui, et depuis, la tension plane. Ils refusent de regarder Liam endurer ça jusqu'à demain. Ils ont peur que Joe et Zayn aient menti sur la limite de temps.
— Compréhensif. Joseph ?
— Même si les symptômes arrivent tard chez lui, c'est de pire en pire. Ivy a évoqué la possibilité qu'il puisse justement y succomber dès ce soir ou au matin, vu que le poison est dans son corps depuis plus longtemps. Qu'est-ce que vous allez faire ?
— Eh bien...Elle, je ne sais pas. Moi je compte coudre.
Un court instant de réflexion silencieux, et je pus imaginer les sourcils de Lian se resserrer d'incompréhension.
— Attends. Ou elle est ?
— C'est une très bonne question dis-moi, répondis-je aussi calmement que je le pouvais.
— Tu l'as laissée partir ?
Jamais il n'haussait le ton avec moi. Car il n'en avait pas besoin.
Même avec sa voix calme et posée, je pouvais le décrypter. Et là, tout de suite, il n'était pas serein.
Je me passa une main dans les cheveux. Lian connaissait notre histoire, à elle et moi. Et c'était bien pour cela qu'il l'a détestait...
— Eos, tu es sûr et certain qu'elle va revenir ? Qu'elle ne vas pas te poignarder dans le dos ?
— Fais gaffe, Lianou. Si tu continues de parler d'elle comme ça, les démons japonais qui la protègent risquent de se venger...
Mon avertissement sous forme de murmure ne fit rire que moi.
— C'est pas drôle, Eos.
Je tentai de contenir vainement mon sourire amusé. Quel froussard.
— Je la connais Lian. La moitié de ses amis sont en danger ce soir. Jamais au grand jamais elle s'éloignerait faire la fête ailleurs.
Et c'est bien pour ça que s'ils sont en danger, elle va plonger la tête la première pour l'être aussi...
— Bref, reste avec Phoenix, repris-je. Ils ont deux blessés, c'est le meilleur moment pour les attaquer.
— Et tu...
Je lui raccrochai au nez, relâchant mon bras le long de mon corps.
Pourquoi Lian ressentait-il toujours le besoin de me sermonner ? Je ne pouvais pas faire de mauvais choix sans arrêt. D'accord, il était un peu papa poule sur les bords, même s'il le cachait extrêmement bien. Cependant, il pourrait au moins me faire confiance de temps en temps.
Parfois, j'avais vraiment cette impression qu'il me regardait comme si j'étais un enfant. Quelque part, ça m'arrangeait.
Les gens ne se doutaient pas qu'un enfant puisse tuer en riant.
Je rejetai la tête en arrière en soupirant. Impossible que j'aille coudre sans m'alléger la conscience au maximum.
Je porta de nouveau mon téléphone à mon oreille, me dirigeant vers l'étage, et plus particulièrement ma pièce dédiée à la couture.
— Eos, fit une voix rauque.
— Marlon. J'ai besoin de toi.
J'ouvris la porte qui donnait sur mon antre. Les grandes fenêtres éclairaient les tables et les mannequins d'une couleur vive et réchauffante.
La machine à coudre était prête et n'attendait que moi. Le lustre à chandelles dorées donnait un réel coté vintage et noble à la pièce. Des tissus traînaient un peu partout, n'attendant qu'a être utilisés. Même si avec l'arrivée de Rhéa, cela faisait un bail que je n'en avait pas acheté de nouveaux.
— Enfin. J'avais peur que notre alliance ne serve à rien. Il te faut quoi mon gars ?
Je refermai la porte derrière moi.
Marlon était ce genre d'homme à la peau noire, aux bijoux dorés et aux vêtements oversize.
Il avait l'air d'être tout droit sortit d'un clip de rap à l'ancienne. Nos deux mondes étaient les mêmes, et pourtant lui semblait dans le sien. Sa voix paraissait toujours prête à rapper, intimidante et déterminée.
— Dan et Chris, mes gardes du corps. Ils ont disparus et j'ai besoin que tu les retrouve. Tu dois savoir ou se cache Joe, je me trompe ?
— T'as de la chance, j'suis pas encore en pyjama...Nan je déconne. Je sais ou il est parce qu'on vient justement de le découvrir, avec Ander et Finn. On y arrive dans vingt minutes.
— Vous êtes super efficaces, dites-moi. C'est quoi, cette fois ?
Je m'approchai du tas de tissu jonchant la grande table et choisit un noir après mure réflexion. Il fallait quelque chose de résistant à sa beauté tout en la laissant libre de ses mouvements... Pas n'importe quel noir.
— D'la cocaïne. Fallait bien qu'on soit réveillés pour Joe.
Je laissai échapper un faible rire. On rigolait, personne n'avait pris de cocaïne. Enfin, je crois.
— Dan, grand bonhomme à la peau noire, commençai je la description. Chris c'est facile, il a une grande balafre sur le visage, blond et ressemble à un viking. En gros, si tu vois deux mecs comme le jour et la nuit, avec des gros bibi, c'est nos chéris.
— ça roule. J'te préviens, ça va être un bain de sang. On va en finir ce soir. Pas vrai les mecs ?
Des cris déterminés s'élevèrent en fond. Ils étaient bien plus que trois. Sûrement tous à moto.
Dan et Chris n'avaient pas à s'en faire...s'ils n'étaient pas déjà morts.
Parce que Marlon et sa clique comptaient bien mettre la bande de Joe au tapis, ce soir.
Voilà au moins un problème en moins. Même si j'aurais voulu voir de mes propres yeux mon ex-patron tomber à genoux.
Lui et moi n'avions jamais été proches. Il ne m'aimait pas dès le début. Faut dire qu'entre nous, un fossé nous séparait. Moi, respirant la classe et la beauté, et... Joe.
Cet idiot avait attaqué Phoenix et cru s'en sortir indemne. Donc... Un cas perdu.
— Allez, schuss ma poule, raccrocha Marlon de sa grosse voix.
Sacré personnage. Pourquoi n'avait-je pas été ami avec lui plus tôt ? Quel gâchis.
Je posa rapidement mon téléphone sur une table. Soudain, plus rien ne comptait mis à part la couture. Je réfléchissais tissu, bobines et couleur. Et c'était exactement ce dont j'avais besoin, pour oublier le fait que Rhéa était seule dehors.
Je visualisai la robe. Pour elle, il fallait quelque chose de léger, mais tout aussi voyant et unique. Un mélange de rouge de noir et de doré serait parfait.
Le rouge pour son côté audacieux, intrépide et sensuelle. Le noir pour la Rhéa meurtrière et sans cœur, et le doré pour son élégance et sa bonté d'âme.
Désormais assis sur mon tabouret roulant, je passais d'un coin de la pièce à un autre, sans aucun répit, réunissant le matériel, comparant les couleurs. Je voltigeais dans mon bordel, trouvant le doré parfait, caché sous une pile de tissus noirs.
Pendant une bonne vingtaine de minutes, il n'y avait que moi, éclairé par les rayons du soleil, debout devant ma table et ma machine à coudre, entouré de tissus éparpillés.
Dans mon élément, je me sentais vivant et utile.
Mon téléphone sonna. Lian. J'eteignis la machine à coudre et me rassis sur le tabouret.
— Ouais ? Je te manque déjà ?
— Eos. Qu'est ce que t'as fait ?
Je haussai les sourcils, tournant sur moi-même avec le tabouret. Un sacré gamin.
— J'ai fait quoi encore ? Une belle blonde demande à me voir ? Désolée je suis plus cheveux noirs en ce moment.
— Tais-toi un peu tu m'épuises, fit-il rapidement. Deux mecs en costard sont venus. Avec l'antidote.
— L'antidote ?
— Deux antidotes.
Je fronçai les sourcils, décontenancé. J'arrêtai de tourner sur moi même, me levant pour me mettre face à la fenêtre. Je fixai mes buissons parfaitement taillés du regard, pour avoir un point où canaliser ma concentration.
— C'est quoi ce foutoir, il nous as menti sur le fait qu'il n'en avait qu'un ?
— J'en sais rien, je suis comme toi. Je sais juste que leur substance blanchâtre semble marcher, puisque Joseph et Liam se portent mieux. Attends...
J'entendis une voix grave derrière Lian mais ne pus discerner correctement les mots. Frustré, je m'apprêtais à demander ce que j'avais à voir avec cette histoire, mais il me devança :
— Ils disent qu'ils viennent de la part de Rhéa, m'informa Lian, perdu.
Qu'est ce que...?
Après quelques secondes de silence, mon cerveau a enfin traité l'information. Et sans surprise, un rire incontrôlé s'échappa de mes lèvres.
Sacré Rhéane. Elle a réussi. Encore.
Un nouveau message s'afficha sur mon téléphone, et je l'ouvrit après avoir raccroché encore une fois au nez de Lian.
Le message de Marlon comportait une photo. La photo d'une moto noire. Suivit d'un message.
C'pa la moto de Rhéa ça ?
Si. Bien sûr que si.
Je me mit à faire le tour de la pièce , me passant une main sur la nuque. Je commençais à faire les cents pas comme elle, tiens.
Rhéa, t'es où ?
J'insista, refusant ce vide qui plombait mon esprit.
Ta moto a été retrouvée près d'un parking.
Elle : J'ai des choses à gérer, là.
Même en la connaissant et en sachant pertinemment à quel point elle était une femme indépendante, cette phrase sonnait comme une épée en plein dans le ventre.
Comme si elle ne hantait pas mes pensées depuis qu'elle était partie. Comme si ma peur de l'abandon ne m'empêchait pas de respirer.
T'es avec lui, pas vrai ?
Silence.
Rhéane. Si tu es avec lui, fais ce que je te dis...
Elle : La ferme, Hunt.
Lui : Ce n'est pas le moment de jouer les Lara Croft, Rhéane.
Silence. Encore. Pour mettre autant de temps à répondre, c'est qu'elle devait être en train de parler à quelqu'un au même moment. Zayn, qui plus est.
Comment l'avait-elle trouvé ?
Soit je l'avais sous-estimé, soit elle ne s'arrêtait jamais de me surprendre. Après tout ça, son moment de faiblesse devant Arthur et le fait qu'elle connaisse les intentions de Zayn, je l'aurais crue trop effrayée pour se jeter dans la gueule du loup.
Mais elle ne le faisait pas pour elle. C'était un sacrifice. Car elle venait déjà de sauver Liam et Joseph. Mais qu'elle était la contrepartie ?
Mon pouls s'intensifia de plus belle, comme un espagnol et ses maracaces.
Je suis drôle quand je suis paniqué.
Rhéane, fais gaffe à ton popotin rebondi...
Elle : Si tu continues je te promets que je vais t'arracher les yeux.
Alors toi, attends que je te retrouve.
Alors que je pensais ne jamais avoir de réponse, sa voix fourbe me mit dans tous mes états.
Elle : Oui, fais donc ça. Commence par me retrouver, Hunt.
La chasse est lancée. Elle venait de me donner le top départ.
Mon sourire excité fit bouillir mon corps. Oh que j'allais tous les éventrer et faire une toile abstraite de leur sang. Les Cullen n'auraient qu'à bien se tenir.
Si elle m'avait donné le feu vert, c'est qu'elle jugeait la situation dangereuse. Elle voulait, que je la retrouve.
Regardant ma robe sur la table, à moitié terminée, je me promit de la finaliser après toute cette histoire. Je ne commençais jamais quelque chose sans le terminer.
Il me fallait retrouver le mannequin de la robe.
C'était comme si on interdisait a un enfant de toucher à la boîte à bonbons, au dessus du placard, mais bien visible. Et que finalement, on lui autorisait.
Je me sentais euphorique.
Si Zayn l'a touchée, je promets au nom d'Isamu Masayuki que je serais le dernier visage qu'il verras de sa vie.
Toujours habillé comme un serveur du bar de Move, je me dirigea vers la salle de bain en chantonnant. Pourquoi ne pas m'amuser au maximum ?
Je m'emparrai de mon crayon noir, et redessina sur mon visage le même maquillage de squelette que lorsque j'avais poursuivi Rhéa en moto.
Quel souvenir chaleureux et exaltant !
Quelque part, je ne ressentais pas cette envie de me presser. C'était purement égoïste. Je voulais qu'elle aie ce sentiment de penser à moi venant la sauver, de patienter, et d'enfin, poser ses yeux pleins d'espoir sur moi.
Parce que je voulais qu'elle se rende compte que je l'avais sauvée, en la retrouvant. Parce que la vérité était juste là, bien emmitouflée dans son concon :
Nous avions besoin l'un de l'autre. Nous avions besoin de nous soutenir mutuellement, car nous avions les même traumatismes. Des blessures que d'autres ne pourraient jamais comprendre.
Mon œuvre terminée, je me contempla dans le miroir en desserant ma cravate d'un geste nonchalant.
C'est que t'es beau-gosse, toi...
Il manquait quelque chose d'évident avant que je ne parte en excursion.
Cuisine. Verre. Whisky. C'était aussi simple que ça.
Je portais le verre à mes lèvres, aussi heureux que si elle m'avait demandé en mariage, et pris une gorgée généreuse. Au moment où je reposa mon verre, des coups bourrus à la portes me firent lever les yeux au ciel.
Impossible que ce soit Lian. Alors...
On enfonça la porte, qui s'ouvrit sourdement contre le mur. De là en sortit une petite armée. Les hommes étaient en noirs, cagoulés, tout comme les femmes. Tous armés.
Je les regardait discrètement de l'extérieur, au travers de la baie vitrée. J'avais juste eu le temps de la refermer derrière moi avant que la porte ne se fasse exploser.
Après tout, ils ne s'attaquaient pas à un espion de bas de gamme.
Ils se mirent tous à fouiller la maison, sur le qui-vive, l'arme prête à être utilisée. Joe n'avait pas autant d'hommes depuis la soirée, ses effectifs étaient restreins.
Un des hommes s'approcha du bar dans la cuisine, observant mon verre de whisky à moitié vide avec méfiance.
Peu à peu, en les observant tour à tour, ce détail me cloua sur place : tous, sans exception, avaient des cicatrices à l'arme blanche.
C'était eux. La famille Wood.
Nous étions tous marqués par une cicatrice d'entrée dans la famille, un rituel que j'aurais voulu effacer de mon esprit à tout jamais.
Sans perdre une seconde de plus, je suivit cette voix qui hurlait en moi. Je pris mes jambes à mon cou, traçant dans mon jardin pour sauter au dessus des buissons que j'avais détaillé tout à l'heure.
Cette arrivée imprévue m'avait donné encore plus chaud, et ma chemise me sembla soudain collante. On pouvait pas être plus réveillé que moi, adieu, la sieste.
Sans réfléchir, je courus à en perdre mes mollets. Tout ce que je voulais, c'était mettre le plus de distance entre moi et cette famille de merde.
Soudain, sa voix douce fit irruption dans mon esprit, telle une fleur.
Elle : Eos ? Dan et Chris ?
Je me fichais qu'elle soit paniquée. Le simple fait d'entendre sa voix résonner dans mon esprit suffit à me soulager. J'essquissa même un sourire : elle avait vraiment le sens des priorités, en mettant ses amis en haut de l'échelle.
Le gang de Marlon est sur le coup.
Elle : Et toi, c'est quoi ton coup ?
C'est toi.
Brusquement, mon corps fut percuté à une vitesse affolante, soulevant mon corps. Et puis, plus rien.
La première chose qui me vint en tête fut : Oh putain de merde de fils de...
Mon corps entier me faisait mal. Et ce fut pire lorsque j'eus la merveilleuse idée d'ouvrir les yeux. Ma tête me tourna aussitôt, me soutirant un grognement guruttal.
Ce qui n'arrangeait rien, c'était ce bruit de moteur et cette sensation désagréable d'être en mouvement.
Mon regard s'ouvrit sur un visage parsemé de tâches de rousseur et entouré de cheveux roux.
Elle réagit bien vite, me tendant un sac en plastique pour me laisser vomir. L'instant d'après, elle engueulait le conducteur, lui demandant de rouler moins vite.
Petit à petit, je me rendis compte de mon environnement, et les sons se firent plus nets. Plus réels.
J'étais à l'arrière d'une voiture, en train de vomir au milieu d'Ivy Hogue et de Barbara Brookes. Devant conduisait Connor, Joseph à ses côtés.
Clairement, Barbara était loin d'apprécier cette nouvelle proximité entre nous.
— Désolée, c'est nous qui t'avons percuté, m'expliquait Ivy d'un regard compatissant. Mais à priori, tu es assez endurant. J'ai déjà nettoyé ton visage, mais tu n'as rien de cassé. Ça ira ?
Avant même que je ne puisse gromeller en signe de réponse, Connor me coupa :
— T'as mangé le gravier, heureusement qu'Ivy est là. Pourquoi t'es maquillé au fait ?
— Je suis plus belle maquillée, ironisai-je.
Ma blague fit son effet, puisque le blond se tappa une barre. De tous, il était bien celui qui se fichait de rigoler avec moi, malgré ce que j'avais fait à Rhéa. Ivy aussi.
Ces deux là avaient un cœur sans limites, et avaient une confiance aveugle en leur cheffe.
— Alors, commençai-je en reprenant mes esprit, refermant le sac en plastique. Comme ça, Joseph t'es complètement guéri ?
— J'irais pas jusque là si tu veux tout savoir, et encore moins pour Liam. Mais oui, ça marche vraiment. Je le sens.
— J'espère que Rhéa va bien, elle aussi, souffla Ivy en regardant par la fenêtre.
— Où est ce que vous allez ?
— On allait justement chez toi, de base, fit Joseph d'une voix plus fragile que d'habitude. Mais maintenant, on essaie de s'en aller en étant discrets.
Il fit une pause avant de mettre ses pieds sur le tableau de bord, s'enfonçant dans son siège avec un soupir de soulagement.
— Faut dire que quand quelqu'un se fait percuter, difficile de passer inaperçu hein, termina-t-il.
Je me retiens d'avouer avoir été le seul à parler à Rhéa pour la dernière fois, mis à part Zayn. Puis je me rappela que notre télépathie était notre petit secret à tous les deux.
Rhéa ?
Silence.
Rhéa ?
Silence.
Impossible. Elle se jouait de moi. Elle le fessait exprès.
Seulement, je savais très bien que quelque chose clochait. Son esprit était vide. Aussi vide qu'un couloir blanc infini.
D'habitude, quand on se parlait, on pouvait ressentir la présence de l'autre. Et lorsque je forçait son bouclier pour lui parler, je le ressentais aussi, cette force qui se dressait entre nos esprits.
Mais tout de suite, elle n'était tout simplement pas là. Et son bouclier n'était pas dressé non plus.
— Eos ? Qu'est ce que t'as ? S'enquit Ivy en me deviseageant, n'osant pas me toucher.
Cette fille avait vraiment le don pour ressentir les émotions des autres.
— Il faut vraiment la retrouver. Le plus vite possible.
— Tu me fais peur, lâcha Connor. Qu'est ce qui te prends ?
Joseph se retourna vers moi, intrigué. Alors je tenta de contenir toutes mes émotions, optant pour la fermeté à la Lian.
— Ce n'est pas normal. Quelque chose ne va pas. Il faut retrouver Rhéa. Maintenant.
Tous les trois se regardèrent en silence. Mais le ton de ma voix et mon visage ne leur laissait pas place au doute, surtout quand il était question de leur cheffe : tout avertissement était à prendre en compte.
Ivy passa un coup de fil à Jake, m'expliquant que sa voiture les suivait avec Liam et Lian à l'intérieur. Elle leur fit part de mon réveil et de mes avertissements, avant de mettre le téléphone en haut-parleur.
Lorsque Jake me demanda platoniquement tout ce que je savais, je lui expliquait ce dont j'étais certain : Rhéa était en ce moment même avec Zayn, et quelque chose lui était arrivée. Et ce, après qu'elle ait marchandé avec lui pour obtenir les deux antidotes.
— Sérieux... Soupira faiblement Liam a l'autre bout du fil. Elle n'aurait pas dû.
Lian restait silencieux. Je le connaissais, il n'était pas dans son élément, il ne voulait pas faire ne serait-ce qu'un pas de travers. Autant se taire et observer. De plus, vu comment Liam semblait en piteux état, il devait s'occuper de lui à l'arrière de la voiture.
— Parce qu'elle aurait dû en sauver qu'un seul, tu crois ? Contre-attaqua Barbara rapidement.
La panique et la situation la rendait particulièrement épineuse. C'était la première fois qu'elle parlait, et ce, pour chercher les noises.
— Non, mais tu sais très bien comment elle est. Elle ne se rends plus compte du propre danger autour d'elle tant qu'elle sait qu'elle peut faire quelque chose pour nous.
— Ouais, et bah désolée d'avoir eu peur de perdre une deuxième fois mon petit ami.
— Barbara... Murmura Joseph. J'vais bien.
Je cherchai dans ma mémoire, mais rien n'y fit. Je n'avais pas enqueté sur les ex de Barbara.
En revanche, la tension au sein de l'habitacle semblait être montée d'un cran. Apparemment, son petit ami perdu semblait avoir laissé de violentes blessures au sein de Phoenix.
Je ne me sentais pas à ma place, et ne pas avoir tous les détails croustillants m'ennuyait.
— Stop, surgit la voix posée de Jake à travers le téléphone. Vous me déconcentrez et vous ne m'aidez pas. Il est peut-être déjà arrivé quelque chose à Rhéa.
— Ouais et bah toi t'es vachement positif, c'est cool, retorqua sèchement Barbara.
Je me mis à rire pour éviter de littéralement laisser place à mes autres émotions. Un silence s'ensuivit, durant lequel on me regardait tel une bête de foire.
— Allez, on se calme, c'est la zizanie là, fis-je, amusé. Vous avez du whisky ici ?
— Désolé mec, on se fera ça une prochaine fois, me lança Connor en haussant les épaules, amusé par mon comportement.
— OK, alors sans Whisky, je suis très irritable.
Mon sourire faux s'évanouit sur mes lèvres en une seconde. Tout comme celui de Connor. Joseph se tendit et Barbara me transperça du regard.
— Vous me sortez des choses inutiles depuis tout à l'heure et ça commence à me les briser.
"Tu me brise le cœur Rhéane."
"Tu me les brise à moi aussi."
Je serrai la mâchoire.
Rhéane était avec ce foutu Zayn. Et elle ne répondait plus. En plus de tout ça, ma tête me tournait tellement que regarder le paysage défiler par la vitre était un calvaire.
Un téléphone interrompit ce moment interminable. Barbara décrocha à mes cotés, fixant aussitôt ses yeux dans les miens.
— C'est Léo. Il veut te parler.
Elle me tendit son téléphone, prenant garde à ne pas frôler nos doigts, ce qui me fit sourire.
Léo soupira de soulagement à l'autre bout du combiné.
De son côté, Ivy avait gardé Jake et Liam au téléphone, elle s'occupait de les rassurer. Elle me faisait penser à une hippie parfois.
— J'avais peur de m'être trompé et que tu ne sois pas avec eux.
Eux ? Ah oui c'est vrai. Léo ne savait pas que "eux" formaient Phoenix, un des plus grands gang de Chicago.
— Qu'est ce que je peux faire pour toi ? M'enquis-je, curieux.
— Je sais où se trouve Rhéa. Pose pas de questions et contentez vous de venir, vi...
— Elle va bien ? Le coupai-je, m'étant redressé d'un bond sur mon siège.
— Pour l'instant. Elle est enfermée dans une mercredes noire. Zayn est au téléphone à côté. J'envoie l'adresse par message.
Barbara m'arracha le téléphone des mains au moment où je reçus le message. Elle s'écria a pleins poumons :
— Qu'est ce que tu fous là-bas Léo ? Tu ne sais pas où tu as mis les pieds, tu...
Étant à quelques centimètres, je pus tout de même percevoir la voix énervée de Léo.
— C'est de Rhéa, dont on parle. Écoute, Barbara. Elle m'avait demandé de garder un œil sur Zayn, mon propre meilleur ami. Et c'est ce que j'ai fait figure-toi. Parce que je la connais.
Il parlait aussi rapidement qu'un éclair, sûrement dans la peur de se faire prendre en flagrant délit, ou par colère. Mais de toute évidence, Barbara ne l'aidait pas. Elle n'aidait personne, parce qu'elle semblait avoir besoin de se défouler sur quelqu'un.
— Quand elle m'a parlé de Zayn, elle avait ce regard, quand elle est méfiante et qu'elle ne me dit pas tout. Tu sais ? Lança-t-il sèchement. Comme quand Alec est mort.
Le fameux défunt s'appelait donc Alec.
— Tu n'as pas le droit connard ! S'emporta Barbara. Tu as choisit de ne pas tout savoir. Tout ça parce que tu refuses d'accepter la vérité...c'est...
Ivy posa une main rassurante mais tremblante sur le bras de Barbara en signe de soutien. Toutes les deux commençaient à avoir les yeux rougis. Devant, Joseph avait tous ses muscles tendus, tendis que Connor se crispai sur le volant.
— Barbara ferme-là, fit Léo sèchement. Même si Rhéa a peut être joué un rôle dans sa mort, je vois pas en quoi savoir toute la vérité ramènerait mon frère. Alors je préfère la garder à mes côtés. C'est ce que tu fais, toi aussi non ? Alors arrêtes de faire l'enfant.
Léo et Alec étaient frères. Enfin ! Je commençais à capter.
— Je t'enmerde, va en enfer, cracha Barbara, ses larmes ruisselant sur ses joues.
Je l'avoue, voir la tête brûlée du groupe aussi faible ne me laissait pas indifférent. Sans prévenir, je lui arracha le téléphone des mains sans un regard.
Je dicta rapidement l'adresse à Connor, qui l'a rentra dans le GPS. L'itinéraire s'étant affiché, il bifurqua violemment, changeant de direction avec une concentration extrême.
Je remis le téléphone à mon oreille, jetant un regard noir à Barbara, qui me déconcentrait avec ses pleurs.
— Léo. Dis moi tout ce que tu vois.
— Je suis derrière un buisson. La Mercedes avec Rhéa dedans est garée sur un parking. Il y a bien une dizaine d'autres voitures devant le château. Je vois de la lumière à travers les vitres, mais tout est bien calme...Qu'est ce que...
— Quoi ? Demandai-je aussitôt, piqué au vif.
— Rhéa vient de bouger elle... Elle démarre la voiture, Zayn est surpris et en colère, il...
Silence.
— Léo ? Léo réponds.
La tension était palpable. Ivy tentait de calmer Barbara, mais ce fut le silence de Léo qui fit tout le travail. Joseph s'était retourné vers nous, les traits durs et inquiets.
Connor accéléra de plus belle, et se mit à zigzaguer entre les voitures. Personne ne fit de commentaire, parce que c'était Rhéa, notre objectif a tous. Ivy regarda à l'arrière de la voiture, vérifiant que Jake suivait le rythme.
— On arrive dans pas longtemps, c'est chelou, fit Connor.
— Et dire qu'ils étaient si proches... Lâcha Ivy les yeux dans le vide.
A l'autre bout du fil, un violent crissement de pneus se fit entendre.
Je ressera ma prise autour du téléphone, à deux doigts de le briser à mains nues. La voix incontrôlée de Léo m'en empêcha soudain.
— Non...
— Léo, parle, ordonait-je sèchement.
J'avais l'impression d'avoir un pied au bord d'une falaise.
— Il viennent de faire un tonneau.
Mon souffle se coupa.
L'instant d'après, j'entendis un bruit sourd. Léo avait lâché son téléphone.
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Heyyy, comment ça va vous ?
Jaime trop ce qu'il se passe dans Move, j'espère que vous aussi ! La tension, l'action et tout omg.
Pareil, si vous avez des questions n'hésitez vraiment pas dans les commentaires ou à venir me voir ! N'oubliez pas de voter pour tous les chapitres s'il vous plaiiit.
Kiss. 💋
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