43・Move
Eos Hunt.
— Merde.
Du sang avait coulé sur mes draps, le tâchant de cette couleur rouge écarlate.
Je grimaçai en posant le cutter ensanglanté sur ma table de chevet, et renversa la tête en arrière, appuyé sur les coudes.
Malgré la porte fermée de ma chambre à double tour, je pouvais entendre les éclats de rire de Rhéa. C’était son anniversaire, après tout.
Quelque part, j’étais soulagé qu’elle puisse rire autant. Et ce, malgré ce qui s’était passé hier soir.
Je l’avais clairement vu : elle culpabilisais, elle se faisait dévorer par ce passé aux dents acérées. J’avais réussi cet objectif de lui faire mordre dans les remords et les regrets.
Alors pourquoi la voir pleurer, voir mon objectif se concrétiser, ne me satisfaisait pas ?
Je l’avais blessée, j’avais remué le couteau dans la plaie. Et pourtant, ces éclats de rire qui parvenaient à moi me donnait envie d’aller rire avec elle. De tout lâcher, et de la rejoindre.
Seulement, je m’étais confié, hier. En lui avouant qu’elle me blessait, je lui avait partage mes sentiments. Mais je n’avais jamais été très doué pour ça.
Et justement, elle le savait. Et ça ne l’avait pas empêché de balayer mes aveux avec ce simple mot : « grandis ».
Comme si je n’étais pas à sa hauteur.
Comme si j’étais toujours l’enfant du manoir.
Comment pouvait-on détester et aimer autant une personne ?
Je repris mon cutter en main, traçant une nouvelle ligne discontinue sur ma cuisse. C’était justement pour ça, que je me mutilais. Pour ne pas penser.
Je n'avais jamais été du genre à me prendre la tête. Pourtant, elle, semblait former un engrenage complexe entre nous.
Seul un coup à la porte, puis un autre, interrompit la ligne rougie que je traçais les yeux dans le vide.
— Eos. Dan et Christopher ont du nouveau. Concernant Joe, s’élevait la voix de Lian.
Il savait. Au ton de sa voix ferme mais triste à la fois, il savait ce que j’étais en train de faire. Et je savais que ça le démangeait.
Mais malgré tout, il se retenait. Il m'avait déjà sermonné une fois. Mais comme il était à cheval sur les valeurs, il estimait que c'était mon propre combat. Que je devais en sortir seul. Il respectait cela.
— Ok…j’arrive.
Je fixa le cutter sur la table de chevet. Et mes yeux se colorèrent de nouveau. Je remonta mon jogging gris, cachant mes troubles.
Arrivé dans le salon, j’aperçois le gâteau au citron sur le bar, à moitié fini. Minette le reniflait de son petit museau noir, avant de s’asseoir pour regarder devant elle.
Elle regardait Rhéa. En sous vêtements rouges satin. En train de faire la vaisselle.
Le rouge lui allait si bien. Une couleur voyante, provocante et gracieuse. Dans son dos, je vis plusieurs cicatrices qui m’interpelèrent.
Et, inconsciemment, je pria pour qu’elle ne l’es ai pas reçues en ma présence.
Mes yeux se plissèrent, et en observant les visages des trois gardes du corps, seul Lian refusait de la regarder. Les autres paraissaient… Habitués ?
— Tu fais la vaisselle, toi, maintenant ? Lança-je en m’appuyant sur le bar, défiant Minette du regard.
— Fais pas genre, je suis une gentille fille, réplique-t-elle sans se retourner. C’est pour te remercier.
— Me remercier ?
— Cet anniversaire.
Un sourire en coin manque d’étirer mes lèvres, alors je me mord l’intérieur des joues.
— En petite tenue ?
— C’est pour la pôle dance. Évite d’en profiter.
Décidément, elle n’avait aucune pudeur, cette fille.
Alors qu’elle se retourna pour enfin croiser mon regard, je fus pris la main dans le sac, et releva les yeux vers son visage, après avoir passé par son ventre. La cicatrice de la balle était bien présente, sur le côté droit.
— Oups.
Mais ses yeux descendirent à son tour sur mon torse nu, révélant mes tatouages.
— Hé, baves pas trop, tu vas encore devoir faire le ménage sinon, la narguai-je.
— Je préfère toucher.
Ma bouche s’entrouvrit légèrement. Jusqu’où allaient ses limites ? En avait-elle ?
Dans son regard, je vis cette confiance inébranlable qui m’avait percuté lorsque je l’avais revue la première fois.
Mais Rhéa. Ce n'etait pas tombé dans l’oreille d’un sourd.
Elle se fichait éperdument que ses gardes du corps l’entendent et la voient aussi dévêtue et sans gêne.
— Tu vois, on peut pas blaguer avec toi, le petit oiseau va sortir, lâchai-je.
— Range-le, on a des choses à faire.
La sonnette retentit, et mon regard ne pus s’empêcher de suivre le mouvement de son corps ondulant. Comme hypnotisé, je la regarda disparaître dans le couloir avant de reprendre mes esprits.
Elle allait ouvrir la porte dans cette tenue ?
Je tenta de me changer les idées, mon esprit divaguais. Je me servis un verre de whisky tandis que Dan et Chris m’informèrent que Zayn et Joe s’étaient donné rendez-vous à Move. Le bar de Phoenix.
Apparemment, c’était Zayn qui souhaitait lui proposer une alliance. Pour ce qui était de Finn, Marlon et Ander, ils étaient désormais de notre côté pour écraser Joe et sa clique.
Apparemment, ils avaient été réticents car, je cite « Bosser avec Rhéa et Eos ? Promettez nous qu’ils ne nous toucherons pas, même après. Ils sont tarés."
Je ne pourrais désormais rien leur faire, au risque qu’ils brisent le pacte et s’en prennent à Phoenix.
La voix de Rhéa parvient à mes oreilles, elle disait être occupée. L’instant d’après, je l’entendis qui referma la porte, avant un bruit sourd.
Sans réfléchir, je me rua vers la porte, et découvrit que le pied du mec en face d’elle empêchait la fermeture de la porte. C’était un homme âgé d’une trentaine d’années, des piercings aux oreilles et une barbe de trois jours.
En me voyant arriver, son visage blêmit : ma réputation avait évoluée depuis que j’étais recherché par la police pour meurtre, en plus de mon incroyable prestation à la soirée.
Rhéa pencha la tête en arrière afin de croiser mon regard, et le mec en profita pour reluquer sa poitrine.
Mes lèvres s’étirèrent en un sourire mauvais et je pencha la tête sur le côté.
— Je peux t’aider ?
Il porta ses couilles et croisa de nouveau mon regard, répétant calmement sa demande.
— Je voulais savoir s’il était possible que mon fils rejoigne Phoenix, parce que…
— Mais je lui ai dit que ça ne se passait pas comme ça et que j’étais occupée, l’interrompit Rhéa en s’amusant à prendre une pose provocatrice.
Elle m’amusait tout en m’énervant. Vu sa célébrité, ce mec pourrait divulguer des rumeurs facilement sur elle et son corps s’il le voulait. Et s’il ne tenait pas à sa vie ni à ses yeux.
Pourtant, ce n'était pas elle qui me surprenait le plus, pour une fois. Un père de famille souhaitais réellement remettre son fils entre les mains d'un gang illégal ? Comme ça ? Sans équivoque ?
— Oh, un éléphant rose, fis-je en pointant du doigt derrière l’homme, le sourire aux lèvres.
Il jeta un œil derrière lui, ses sens en alerte, tandis que je lui claquait la porte au nez.
— Un éléphant rose, vraiment ? Me juge-t-elle du regard tandis qu’elle était obligée de lever la tête pour me regarder.
— Quoi ? T’aurais préféré bleu ? Habille-toi, on va voir comment se porte le bar le plus réputé de la ville.
Ses yeux s’illuminèrent et elle parut étinceler à cet instant. Comme une enfant à Noël.
Sans doute était-ce le fait que je la sur estimait. Même si elle ne laissait rien paraître, elle avait besoin de puiser son énergie quelque part : dans des lieux et avec des personnes qui lui étaient familières.
J’aurais pu m’inquiéter du fait que dans son propre bar, elle pouvait à tout moment me dénoncer à la police, ou autre chose. Mais la vérité était qu’à l’instant ou nous posâmes le pied à l’intérieur du bar, nous savions elle comme moi qu’elle me tenait en laisse.
Seulement, elle ne ferait rien. D’une part parce que j’étais recherché à sa place. De l’autre parce qu’elle n’allait pas gâcher son anniversaire, et qu’elle respectait le fait que je me plonge sans peur dans son territoire.
Vêtus tels des serveurs infiltrés, Dan Chris et Lian nous attendaient dehors. Rhéa avait eu la merveilleuse idée d’espionner dans son propre bar Zayn et Joe. Et étant donné que c’était son bar, il avait été facile de revêtir l’uniforme d’ici.
Contre toute attente, le rouge n’était pas là couleur prédominante comme à Red Mist. Il semblait que le bar portait la trace de chaque membre de Phoenix.
L’intérieur était gigantesque, tous les murs, les tabourets luisants et les tables étaient noires. Les Led jaunes étaient disposées de sorte à ce que le bar rende un effet luxueux et imposant.
De nombreuses plantes vertes parsemaient le bar entier. Que ce soit autour de poutres, pendant au plafond ou à même le sol, elles créaient une dimension vintage à l’ensemble.
Dans la salle immense, à gauche, le bar. Les boissons étaient rangés dans le mur, incrustées dans des carrés lumineux, jusqu’au plafond immense qui faisait bien plus de 10 mètres de haut. À droite, tout le mur était parsemé de guitares de différentes tailles et de différentes couleurs.
Absolument toutes les boissons étaient fluorescentes. Quelles soient roses, rouges ou bleues.
La salle était pleine à craquer, mais la plupart se trouvaient sur la piste de dance au fond de la salle, en face d’un dj à fond dans son métier, qui jouait Mont Everest de Labirinth. Les flash lumineux rendaient l’ambiance hors du temps, les danseurs semblaient dans une autre dimension.
Personne ne semblait dérangé par les flash incessants, au rythme de la musique.
A gauche de la scène, une barre de pôle dance, seul coin de la salle avec des Led non pas jaunes mais rouges. Et personne ne montait dessus, si bien que je compris rapidement : La barre de Rhéane, et Rhéane seule.
Alors comme ça, il lui arrivait aussi de donner des prestations...
Il y avait de tous les âges, pour tous les goûts. Mais aucun signe de drogue, de cigarettes, de bizutage en vue. Les classes sociales se mélangeant parfaitement.
Move était beaucoup plus animé, festif et bruyant que Red Mist. Ils étaient tous aussi bien habillés et très sexy, avec des vêtements près du corps qui les mettaient en valeur.
Ici, tout le monde semblait se foutre de tout le monde. Ils n’étaient pas ici pour retrouver leurs amis, mais bien pour s’amuser et perdre la tête ce soir, oubliant leurs problèmes. Comme si leur vie s’arrêtait ici, qu’ils étaient en totale osmose avec eux-mêmes, libres.
Leur aura me frappait de plein fouet. Et je me sentis à l’aise rapidement.
Évidemment, les uniformes n’étaient pas blancs, mais bien aussi noirs que le sol. Rhéa et moi avions tous deux opté pour un maquillage de squelette. Elle avait divulgué l’information comme quoi elle désirait que tous les serveurs portent le même maquillage ce soir.
Je la suivit jusqu’au bar tandis que nous chargeons nos plateaux de nouveaux cocktails pailletés et fluorescents. Une porte s’ouvrit derrière le bar, donnant sur les cuisines. De là en sortit une fille aux cheveux rouges, une sucette dans la bouche et des vêtements en cuir trop larges pour elle.
Derrière elle, un jeune brun, d'une barbe de trois jours, en tenue de cuisinier noire qui semblait trop serrée pour ses biceps.
Barbara et Liam. En pleine conversation sur le plat du jour-une Tartiflette maison- avant qu'ils ne nous déviseagent.
Au début, ils eurent du mal à nous reconnaître. Ce fut Rhéa qui les y aida.
— Arielle, c’est à quelles tables ces verres là ? Dit-elle en direction de Barbara.
Celle-ci sourit en secouant la tête, m’ignorant de plein gré tandis que Liam me reluquait.
Au vu de leur réaction et du sourire presque paternel de Liam envers Rhéa, elle leur avait fait la surprise de sa venue.
Ils durent presque crier pour se faire entendre par-dessus la musique qui faisait vibrer les murs.
— On se croirait à Halloween, avec ta nouvelle règle, fit Liam en mettant ses mains dans les poches.
— Dommage que tu sois pas serveur, j’aurais moins vu ta face, lança Barbara la plus sérieuse au monde.
— Toi, je vais empoisonner tes plats ce soir.
— Attention tu vas te faire virer la cheffe est là, ricana Barbara.
— Si jamais ça arrive, ça voudrait dire que j'ai mal choisit mes membres, répliqua Rhéa l'air vexée.
— Ouais bah, il est jamais trop tard pour Liam...
— Je suis outré jeune fille, fit Liam en regardant Barbara de haut.
— Parce que tu crois que tu me fais peur parce que t'arrives enfin à avoir une barbe ?
Mon regard se posa sur Rhéa. Elle arborait un sourire jusqu’aux oreilles. Et je dû détourner le regard pour ne pas continuer de sourire comme un psychopathe. Malheureusement, mon regard croisa celui de Liam tout de suite après.
Zut.
Même si Liam se faisait plus discret que les autres membres, mon instinct me disait qu'il était le plus mâture. Il dégageait quelque chose de plus sombre autour de lui. Il semblait être du genre à parler avec ses poings.
Et vu comment il empêcha de justesse un serveur de bousculer Barbara, je devinais qu'il avait été habitué à s'occuper de son entourage, ou d'une personne en particulier. Je le surpris même à remettre la fermeture du collier de Barbara derrière son cou.
Celle-ci semblait habituée puisque qu'elle ne fit pas le moindre mouvement ni la moindre remarque.
M'enfin, ce n'était pas pour autant que j'avais peur de lui. Même si, là, tout de suite, son regard semblait scotché à mon visage.
— Bilan ? S’enquit Rhéa.
— Beaucoup d’habitués maintenant, commença Barbara en parcourant la salle du regard. Plus de la moitié mangent ici, car ils restent jusqu’au petit matin.
— Mais tranquille, je gère, fit Liam. Pour eux, t’es un fantôme où une déesse toute puissante. On entends beaucoup parler de toi, ici. Tu devrais venir plus souvent.
— On ne m’avait pas prévenu que les fantômes étaient aussi envahissants, répliquai-je un sourire en coin.
Rhéa me jeta un regard noir.
— Oh, y’a le duo de chieurs qui sont là, lâcha Barbara en regardant l’entrée.
Effectivement, Joe et Zayn venaient d’apparaître, se dirigeant vers le bar.
Joe s’agrippait au bras de Zayn comme un couple de jeune mariés. Sa commotion cérébrale me permettait de ressentir sa faiblesse d’ici.
Mais c'est qu'ils se sont faits beaux nos petits mâles.
Le sourire de Rhéa suite à ma pensée ne manqua pas de me faire sourire de plus belle.
— Allez, ciao les enfants, je retourne cuisiner, nous informa Liam en retournant dans la pièce d’où il venait.
Rhéa m’attira auprès d’elle, et nous nous assîmes au bar, faisant mine d’avoir notre pause.
Barbara nous servit des verres violets fluorescents, et Rhéa manqua de rire en voyant ma mine déconfite quant à la couleur de ce verre.
— Au moins, on peut dire que je suis VIP, chuchotai-je. Boire gratuitement parce que la toute puissance est avec moi. Mes jambes en tremblent.
— La prochaine fois tu devras me supplier le genou à terre pour boire ici, répliqua-t-elle d’un air de défi. Ça devrais atténuer tes tremblements.
Joe s’installa juste à côté de Rhéa le long du bar, et Zayn avec. Elle se tint la tête sur le bar, de sorte à ce qu’ils ne puissent voir son visage, plongeant ses iris bruns dans les miens.
— Il faut que je sache à qui je parle, commença Zayn avant de croiser le regard de Barbara. Le cocktail du jour, s’il te plaît.
— La même chose, s’enquit Joe. Zayn, t’es sûr que c’est intelligent de venir dans son bar ?
Barbara s’amusait a les fixer du regard en les servant, tandis que Joe semblait sur la défensive.
— Oui, la plupart des gens qui viennent ici oublient tout le lendemain. Leurs cocktails sont puissants, expliqua Zayn. On ira à une table après, histoire d’éviter que Barbara n’entende tout, dit-il en souriant à celle-ci.
Je pris une gorgée de mon verre, et putain ce que c’était fort. Bon, mais fort. Fruité et facile à avaler, un véritable plaisir dangereux.
Rhéa fit de même tout en se moquant de ma réaction. Elle se redressa, avant de lentement défaire les filets liés à ses escarpins qui entouraient sa cheville.
Elle descendit du tabouret et m’intima du regard d’en faire de même.
Elle : Fais mes lacets.
Je ne savais pas que la télépathie était une forme d’esclavagisme.
Elle : Allez.
Je m’exécuta. Je m’accroupit en face d’elle, lentement, tout en la regardant. Lorsque je posa son pied sur mon genou et entreprit de refaire son lacet, elle me tendit discrètement quelque chose.
Elle : Colle ça doucement sur la cheville de Joe.
Je m’en emparai tout en faisant mine de continuer à faire ses lacets. C’était un petit disque noir, très fin, avec de nombreux points sur sa surface.
En étant accroupi, je m’étais retrouvé de profil comparé à Joe. Je colla doucement le disque au niveau de sa cheville, là où l’espace entre son pantalon et sa chaussure me le permettait. Il ne parut rien sentir.
Qu’est ce que c’est ?
Elle : L’œuvre la plus récente de Jake, répondit-elle en me regardant faire ses lacets. Ce petit disque est capable de se connecter au corps de la cible, il capte les vibrations sous forme d’ondulation des cordes vocales de la cible.
Et donc, ce machin est un micro qui enregistre à même le corps de la cible ?
Elle : C’est ça, fit-elle en me suivant des yeux tandis que je me redressa. Ici, la musique est tellement qualitative qu’en plus de faire vibrer les murs, le champ sonore est tridimensionnel. On aurait rien entendu sans Jake.
Je hochai la tête avant de rire intérieurement.
T’es au courant qu’on est en train de se parler par télépathie, mais vu de l’extérieur on se regarde dans les yeux sans bouger ?
Elle souri d’un air amusé avant de prendre une nouvelle gorgée de son verre.
— Plus qu’à attendre, et on aura pas besoin de le récupérer. J’ai le deuxième disque qui est connecté à l’autre. Ils vont se transférer tout seul les données.
Je haussait les sourcils, admiratif. Depuis quand la technologie était aussi évoluée ? La plupart des gens ne devraient sans doute simplement pas être au courant. Si tout le monde avait ce genre de gadgets en leur possession, il y aurait bien plus de guerres.
Cela dit, en tant qu'espion, j'avais pu être approvisionné, moi aussi. Seulement, je préférais faire tout moi même. Ça ajoutait du peps et de l'excitation à mes missions, plutôt que de les finir rapidement.
Leurs verres servis, Joe et Zayn se dirigèrent vers les tables à l’étage. Sans doute pour avoir un endroit plus calme.
— Et qu’est ce qu’on fait, maintenant, cheffe ? On se bourre la gueule jusqu’au lendemain ?
— Eos, on est au sein même de Move. Qu’est ce que tu veux faire d’autre ?
Soudain, un déclic. Move. Non, impossible. S’était-elle inspiré de notre mot à nous ?
Cette simple idée me rendait particulièrement heureux. Elle avait gardé quelque chose de moi, au final. Tout comme j’avais gardé le dix-huit.
Une vague de chaleur s’empara de tout mon corps.
— Bon, si tu insistes. Mais ne me poignardes pas dans le dos ou je mettrais un mauvais avis sur Google, lâchai-je.
Je déboutonna davantage le haut de ma chemise noire, cognant mes bagues argentées entre elles. De son côté, avec ses nombreux bracelets dorés et son collier doré, elle me faisait penser à une égyptienne.
Elle libéra ses cheveux de son chignon, qui lui tombèrent en cascade sur sa poitrine, attirant mon regard sur le décolleté de sa chemise. On pouvait clairement voir qu’en dessous, elle portait la lingerie rouge de tout à l’heure.
Changement de musique. Désormais, c'était les bases de THE REPLACEMENT de Kae, qui faisaient frémir tout mon corps.
Elle ôta son blazer et le lança entre les mains de Barbara, qui le rangea sous le bar. Alors je l’imitai dans un regard chargé de défi.
Elle avait tout prévu pour passer le plus de temps ici. Mais bizarrement, je ne me sentais pas le moins du monde pris au piège.
Eos Hunt, refuser une soirée ? Connais pas.
Je la suivit du regard tandis qu’elle disparu sur la piste de dance, parmi la foule assailli par un brouillard artificiel. Elle recula lentement, se floutant dans le brouillard tout en me fixant des yeux.
Je souffla du nez. À mon tour, je me glissa dans le brouillard. Rapidement, je me retrouva à danser avec des filles de chaque côté. Je me rapprocha peu à peu de Rhéa, apparemment en train de se faire draguer.
Elle dansait collé serré avec un homme d’environ le même âge qu’elle. Elle semblait ailleurs, prise dans cette aura qu’était Move.
L’homme s’approcha pour lui déposer un baiser dans le cou, mais Rhéa s’arrêta de danser, plantant ses yeux dédaigneux dans les siens, avant d’articuler purement et simplement :
— Ose.
J’étouffais a rire face à l’hésitation qui planait dans le regard de l’homme, mais il finit par s’écarter et danser comme si de rien était.
Vraiment, vraiment pas tactile.
En harmonie avec les filles qui dansaient avec moi, j’aperçus l’homme revenir à la charge, son ego blessé.
Je n’entendais pas ce qu’il sortait à Rhéa, mais sans doute des insultes. Je lisais sur ses lèvres.
Je poussait gentiment une fille blonde sur le côté, mes mains sur ses hanches tout en me rapprochant de Rhéa.
— Tu crois pouvoir lui parler comme ça ? Demandai-je a l’homme.
Il me détailla de la tête aux pieds avant d’afficher une grimace de dégoût.
— Retourne dans ton agence de mannequinât, pauvre type, lança-t-il.
— Ah parce que tu crois pouvoir lui parler comme ça ? Fit Rhéa en reprenant ma phrase.
En quelques secondes, sa main se retrouva sur l’entre jambe du mec. Et elle semblait savoir ce qu’elle fait, car il ne lui suffit que d’un mouvement pour que sa victime lâche un râle de douleur.
Rhéa affichait ce sourire. Celui que je lui connaissais lorsqu’elle n’en avait rien à faire des autres. Ce sourire qui dévoilait cette facette confiante et cheffe qu’elle était.
Et instantanément, c'est comme si il avait suffit qu’elle reprenne cette aura confiante, pour que sa cible fronce les sourcils.
Il venait de la reconnaître par son charisme et non son visage.
La panique traversa ses iris et il se morfondis en excuses mélangées à ses râles de douleur.
Lorsque Rhéa le lâcha, elle ne prit pas la peine de voir où il déguerpissait. Elle se contenta de continuer à danser comme si de rien n'était.
Ses mèches se collèrent bientôt sur son front tandis qu’elle se mouvait au rythme de la musique, fermant les yeux pour se laisser transporter dans un autre monde.
Elle est folle.
Elle : Non merci, je ne veux pas te ressembler, réplique-t-elle en souriant.
Je reviens, évite de rendre tous les hommes stériles.
Je me fraya un passage hors de la foule, décevant quelques filles qui firent la moue.
M’emparant de mon téléphone, j’informai les trois gardes du corps de la situation, leur demandant d’être patients et de m’informer s’il se passait quoi que ce soit.
On me donna un coup de coude. Je baissa les yeux vers un homme d’une vingtaine d’années comme moi, assis sur une banquette.
— Hé, t’as vachement de chance. Elle a l’air bonne à baiser ta meuf.
Un sourire fourbe étira mes lèvres alors que je suivit son regard. Rhéa était elle aussi sortie de la piste de danse, et portait un nouveau verre à ses lèvres. Jaune fluorescent cette fois-ci.
Rhéa, viens. Viens par ici, gamine.
Elle tourna la tête dans ma direction, et plaqua sa main sur le visage d’un mec en approche en le poussant loin d’elle. Cette vision me fit sourire d’autant plus.
— Oh, elle nous regarde ! S’exclama l’homme a mes côtés d’une voix perverse.
— Pauvre chou, fis-je, excité de ce qui allait se passer. Si naïf.
Rhéa se dirigea dans notre direction après avoir posé son verre. Elle avait déjà bien bu, mais elle ne m’avait jamais semblé aussi vive d’esprit. Énergétique et intouchable.
A chaque pas qu'elle faisait, les flash lumineux continuaient, si bien que cette vision d'elle, au milieu des tables, avec un bout de soutif rouge qui dépassait et de la fumée derrière elle, rendait l'atmosphère atemporelle.
Arrivée en face de nous, le type la dévorait des yeux.
— T’es serveuse ici ? Demanda-t-il tout naturellement.
Mon regard restait fixé sur Rhéane. Mon excitation attendait d’être abreuvée.
Elle haussa un sourcil, se demandant pourquoi je l’avais appelée, avant d’observer le type se lever en face d’elle.
— Viens, on va danser, propose-t-il.
Il a dit que tu étais bonne à baiser.
— Oh, tu as dit ça ? Parla enfin Rhéa.
— Dit quoi ? Fit le type, perdu.
— Non rien, on va danser ?
Rhéa lui tendit gracieusement sa main et il l’a pris tel un gentleman. Elle commença à l’entraîner vers la piste, avant de brusquement se retourner, et de lui coller violemment son poing en plein visage.
Face au choc et à la surprise, il fut renvoyé la ou il était initialement : avachi sur sa banquette.
J’explosa de rire. Hilare de la scène qui se jouait sous mes yeux.
Quel cancre.
En plein dans le mille.
Elle : Toujours.
Ouais. Moi aussi, j'étais touché par son venin.
Je me pencha vers l’homme qui se tenait le nez avec un gémissement de douleur. Et, dans un rire excentrique, lui lança :
— Au fait, je ne dirais pas qu’elle est bonne à baiser. Mais bonne à t’enculer…
Je me sentais euphorique. J’adorais cette facette d’elle. Elle semblait me ressembler dans ces moments là. Ce n’était pas la Rhéane enfant qui aurait été capable d’une telle chose.
Elle n'aurait jamais dû être destinée à devenir aussi violente. Elle aurait dû être préservée.
Mais je commençais à accepter ce qu’elle était devenue. Et à l’aimer ainsi.
Le reste de la soirée semblait défiler sous mes yeux tel un film. Des lumières fluorescentes, des filles à mes pieds, un verre que je renversais volontairement sur mon torse, et des flash lumineux.
Par moments, mes yeux rencontraient les siens parmis la foule et les projecteurs. Et alors que j'étais essoufflé à force d'avoir dansé, le souffle court et le corps chaud, elle semblait en pleine forme, me regardant comme pour dire : "Alors, sympa, Move ?"
Et puis, elle disparaissait.
Sans oublier le Dj gay avec lequel je m’étais lié d’amitié comme si nous nous connaissions depuis la nuit des temps. Il lâchait des drops auxquels je réagissait positivement, ce qui le faisait rire.
— Faudra que tu me partages ton secret. Comment tu fais avec les filles ? S’enquit-il alors que je le rejoignit sur scène.
— Sois fou, déclarait-je alors que je le regardait mixer, intrigué. Ça doit marcher pour les mecs aussi.
— Tu dois être vachement endurant pour ne pas avoir peur de traîner avec Rhéa.
Je croisai son regard avant qu’il ne se reconcentre sur sa table de mixage lumineuse.
— Évidemment que même maquillée je la reconnais. Je suis son Dj préféré, après tout, réplique-t-il en haussant les épaules.
Je haussa les épaules à mon tour avant de lâcher :
— J’ai appris à vivre au milieu des serpents.
Il commença a s’enjailler sur la musique, faisant lever les bras de tout le monde en rythme. Il arrivait à ne laisser personne se reposer.
Je l'aimais bien, ce Ian. Il semblait ne vivre que par la musique, du genre à se dépenser par elle, et à se foutre du reste. Il était semblait du genre à être toujours partant pour les plans foireux.
Elle : Ils sortent.
Vraiment pratique, cette télépathie, au final.
Je salua Ian d’une tape sur l’épaule, lui souhaitant bonne chance pour continuer à mixer jusqu’au matin et pour sa malchance avec les mecs.
Une fois dehors, il faisait tellement nuit noire que je ne vis Rhéa nulle part. Elle était peut être encore restée à l’intérieur. En revanche, je vis Lian adossé au mur et le rejoignit.
— Où sont Dan et Chris ?
— Ils voulaient voir à quoi ressemblait le célèbre Move.
Nous restâmes ainsi, adossés contre le mur, silencieux.
— T’es en pleine crise existentielle ? Parle-moi, délivre toi de tes démons...
— Non. Je profitais du silence jusqu’à ce que t’arrives, trancha-t-il.
— Mais c’est ce que t’es vilain toi. Tu mériterais la fessée.
— Essaie un peu, me provoque-t-il.
— Je le ferais quand tu t’y attendras pas, ce sera plus fun.
Du mouvement dans la ruelle attira mon attention. La pénombre m’empêchait de discerner les visages, mais une femme se tenait devant deux hommes beaucoup plus robustes qu’elle, et finit par se jeter sur eux avec agilité.
— Hé, t’as vu. Y’a une petite qui essaie de se battre contre deux mecs super balèzes.
Lian plissa les yeux en suivant mon regard avant de faire son fameux sourire vers le bas.
— Oui c’est ta petite protégée.
— Ma… Merde.
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Heyyy, ça va vous ?
J'aimerais savoir, est ce que vous vous êtes vraiment attachés aux personnages ou pas trop pour l'instant ?
Nous voilà enfin à la découverte de Move ! Je l'ai vraiment imaginé tout en noir, avec des touches de chaque membre de Phoenix, donc à vous de l'imaginer ! Il peut se montrer luxueux mais propose des prix abordables pour toucher le plus de clients !
J'espère que ce chapitre vous a plus autant qu'à moi, parce que perso j'ai adoré l'ambiance !
Kiss. 💋
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