4・ Phoenix

Ni moi ni Barbara ne prenions en compte cet arrêt brutal.

Sorties en quelques secondes de la voiture, nous nous retrouvâmes simultanément devant le coffre. Elle s'empara de son sniper avant de me lancer entre les mains mon katana que j'aimais tant.

Sa lame en acier bleue reflétait les éclairs blancs dessinés à sa surface, son habaki doré ajoutait une touche de couleur au katana, contrastant avec le noir du tsuka-Ito.

Quelle merveille.

Si je pouvais en collectionner des centaines, je ne me priverais pas, même en vivant dans un 50 mètres carré.

Notre base était un garage abandonné. Très sinistre, au début.

Nous avons alors décoré chacun à notre tour cet endroit, le rendant plus que chaleureux malgré les taches de sang qui venaient parfois tout gâcher.

Des graffitis ornaient fièrement les murs, même si on voyait en un instant qui était artiste et qui ne l'était pas.

Je me demandais d'où venaient certains d'entre eux, dont un Phoenix géant, et quand je les ai questionnés à ce sujet, ils ont trouvé le moyen de rapidement changer de sujet, ce qui m'avait vexée.

Il faudrait que j'en parle en tête à tête avec l'un d'eux, c'est certains qu'ils savaient quelque chose. En tout cas, celui ou celle qui a fait ces mystérieux graffitis a des mains d'or.

On y avait aussi ajouté un nombre incalculable de plantes, Ivy et Joseph ne nous avaient pas laissé le choix. Mais moi aussi, j'aimais beaucoup, cela donnait un côté cosy et chill en plus des doux poufs marrons et du piano qui trônait dans le coin de la pièce. On pouvait retrouver des distributeurs d'eau et de snacks que notre cher Joseph s'était fait une joie de voler.

Ne me demandez pas comment, même moi je ne sais pas.

Il y avait, évidemment, beaucoup de matériel de sport et des machines dans une autre salle.

Mais, je me sentais chez moi, ici, avec les nombreux souvenirs que cet endroit renfermait, enfin, ceux que je n'ai pas eu le malheur ou la chance d'oublier.

On était tous très attachés à cet endroit, on a failli le quitter vu que ce n'était plus une base si secrète que cela, mais impossible de s'y résigner.

Alors on y a installé des caméras et des détecteurs qui sont en mesure de nous prévenir directement sur notre téléphone.

Il faut croire qu'on a plus peur de rien.

Merci la technologie. Et puis, il faut dire qu'on s'est fait une petite réputation. Dans ce monde-là, j'ai aussi comme surnom le "serpent", et très peu osent venir nous voir.

Il faut dire que la dernière fois, Connor s'est amusé à chronométrer combien de temps on mettrait pour mettre K.O. un groupe de six personnes. Les pauvres, ils ont tenu trente secondes justes parce que, je l'avoue j'avais mes règles et j'ai voulu jouer avec eux.

Mais ces intrus d'aujourd'hui avaient gâché ma première journée de rentrée, et ils n'allaient pas s'en tirer les mains dans les poches.

Pendant que Barbara montait sur le toit du garage avec une habituelle agilité, elle se positionna afin d'avoir une fenêtre de tir.

J'entrai dans le garage sans prendre la peine de me cacher.

Ils étaient bien cinq, les trois autres étaient déjà à terre, morts ou vivants, cela dépendait beaucoup de l'humeur de mes coéquipiers.

Liam en combattait deux. Le karaté ça ne pardonne pas.

Connor faisait goûter sa boxe à un d'entre eux, et Jake et Joseph combattaient dos-à-dos les deux derniers à l'aide de couteaux de cuisine, sûrement à cause de la panique.

Je fis un pas en avant, esquissant un sourire d'excitation, et fis glisser d'un mouvement rapide et contrôlé ma lame d'acier de son étui que je laissais tomber sur le sol.

C'est l'heure de ton dîner.

Je levai rapidement un doigt en l'air, et deux secondes après, un fumigène atterrit au milieu de ce foutoir, et engloba d'un épais nuage gris l'espace.

Merci Ivy.

Je me mis à courir, enfin, ce n'était pas le mot exact, je me sentais glisser, je me faufilais, j'ondulais tel un serpent. Je me laissais glisser au sol sur les genoux, et ma lame coupa avec précision le talon d'Achille des deux assaillants de Liam, leur soutirant un cri de douleur.

– Rhéa je m'entrainais là, râla Liam, se passant une main dans ses cheveux châtains mi longs.

– Tu peux toujours continuer, ils ne sont pas morts.

Liam était un drogué du karaté, souvent, il disparaissait en soirée juste pour pouvoir provoquer et se battre. Un sacré crâneur, mais aussi un prof et un daron pour nous.

C'était un beau brun aux cheveux mi -longs, coiffés par une raie au centre, avec des yeux noisette qui paraissaient toujours fatigués, et supplément moustache et barbe de deux jours.

Je m'approchais derrière le prochain, sautant puis enserrant son cou entre mes cuisses, attendant qu'il s'évanouisse. On aurait dit du rodéo.

Oh merde c'est vrai que j'ai une jupe, dépêche-toi de t'évanouir crétin. Vive le fumigène.

Quelques secondes après, je sentis ma proie se relâcher complètement, et je fis un salto arrière afin de le laisser s'écrouler au sol comme une patate.

– Simple, efficace, mesdames et messieurs, Rhéa, lança Connor, un sourire aux lèvres

– A votre service.

Connor, un blondinet à la queue de cheval, yeux verts, mâchoire carrée et lèvres pulpeuses.

C'était un gamer dans l'âme, je crois bien que c'est celui d'entre nous qui a testé le plus d'activités sportives. Aujourd'hui il en a gardé trois : la boxe, le tennis et le volley. C'est un détraqué mental du temps, il regarde tout le temps l'heure, à croire qu'il a un emploi du temps de ministre, avec toutes ses activités et le fait que ce soit le plus studieux du groupe, il dit que le temps est précieux.

Je pense qu'il ne veut juste rien regretter et c'est pour cela que je l'admire notre Concon.

La fumée se dissipa peu à peu et je vis Jake les bras croisés avec un Joseph triomphant, assis sur le corps d'un de leurs adversaires.

Un vrai gamin celui-là, il faisait la paire avec Connor.

Joseph avait les cheveux noirs de jais, en buzz cut. Un visage ovale, un petit nez, et un sourcil fendu. Il était notre voleur, mais aussi un grand ami de la nature.

Jake quant à lui, était blond aux cheveux bouclés, il nous faisait beaucoup penser à un surfeur. Il se coiffait toujours en queue de cheval, ses yeux étaient bleu océan, et il avait un nez légèrement romain. C'était un passionné depuis petit de la mécanique, tous nos gadgets étaient conçus par lui. C'est le plus sérieux du groupe, et aussi celui que je connais le plus, et depuis le plus longtemps. On était en primaire ensemble ainsi qu'au collège.

– Tu doutais de nous cheffe ? m'interrogea Joseph, tout fier.

– Pas le moins du monde, vous êtes sûrs qu'il n'y en a pas d'autres ? Barbara ! Ivy !

Les filles sortirent de leur cachette, Barbara du toit, sûre d'elle et Ivy de l'étage, en trombe.

– Non je n'en ai pas vu d'autres, répondit Barbara avant de bailler, la fête d'hier m'a fatiguée.

– Personne n'est blessé ? Salut Rhéa, s'enquit Ivy, avant d'accourir auprès de Jake qui saignait du bras, mais qui, comme d'habitude affirmait que ce n'était rien.

Ivy était la personne la plus attentionnée du groupe. Elle donnait une vibe très hippie avec sa façon de s'habiller, son amour pour les plantes et le fait qu'elle ne s'énervait jamais. Ses cheveux étaient noirs, bouclés et lui arrivaient aux épaules, une bouche pulpeuse et des yeux en amandes qu'elle habillait d'originaux traits d'eye liner.

Elle fait du volley avec Connor et se bat seulement avec les gadgets que fabrique Jake, c'est aussi notre guérisseuse. Elle pense toujours aux autres avant elle, et je trouvais cela fabuleux d'avoir autant de diversité dans un groupe.

Phoenix est toute ma vie.

Barbara, quant à elle, était une fille directe et qui pouvait se montrer cassante. Ses cheveux rouges reflétaient sa confiance en elle, et sa bouille ronde la rendait mignonne. Le piano dans la pièce est pour elle et moi, nous sommes les seules à jouer de la musique, mais notre Arielle est bien plus forte que moi.

– Répètes ce que tu m'as dit à Rhéa Jo, soupira Jake.

– Hein, de quoi ? Aah... oui. Tu vois la magnifique BM que je nous ai dégotée, je crois bien que ces mecs veulent la récupérer.

– Cette voiture c'est donc la leur ? s'enquit Liam en se rapprochant de nous.

– Bah quoi, arrêtez de me regarder comme ça, fit Joseph, je ferais attention la prochaine fois, Concon aide moi...

– Sans Jo on n'aurait pas de voiture... répondit Connor en s'empêchant de rire.

– De toute façon c'est bon ils ne vont pas vouloir la récupérer on les as rétamés, souleva Barbara comme une évidence.

Je me dirigeai alors vers les deux hommes qui tentaient de s'enfuir, mais sans grands résultats à cause de leur talon d'Achille coupé. J'assomma alors l'un d'une tape rapide dans le cou, avant de traîner le deuxième au milieu du groupe comme un vulgaire sac poubelle.

– Alors, dis-moi... commençais-je en retirant la cagoule d'un homme âgé d'une trentaine d'années, Qu'...

– Ne me faites pas de mal, je... Vous êtes des gamins ?

– Bien, tu vois ça, c'est mon katana, et je me ferais un plaisir de te tailler sur tout le corps jusqu'à ce que tu te vides de ton sang ou que tu gardes ces cicatrices à vie. Alors je serais toi, je ne me couperais plus la parole. Et je n'essaierai pas non plus de me couper la langue, ajouta-je en le voyant essayer et lui plaquant ma lame sous le menton, qui es-tu ?

– Putain, cracha-t-il en tremblant, on veut juste récupérer cette bagnole, elle n'est même pas à nous, on...on doit la livrer.

– Dans quoi tu nous as fourrés Jo, murmura Ivy en finissant de désinfecter la plaie de Jake qui grimaçait de douleur.

– C'est pour une voiture que vous voulez nous tuer ? dit Liam en fronçant les sourcils, vous devez la livrer à qui ?

– Un autre gang..., répondit-il en se tordant de douleur à cause de son talon, laissez-moi partir.

– S'il est capable de nous tuer à cause de cet autre gang, c'est qu'il faut s'en méfier un minimum, releva Jake, comment s'appelle ce gang ?

– Je ne sais pas...ils ne nous font pas assez confiance pour nous le dire.

– Ecoute, j'ai un marché à te proposer, commençais-je en me levant pour lui servir un verre de vin et le poser à côté de lui, toi tu vas continuer de travailler pour cet autre gang, on te rend la voiture aimablement ainsi que tes amis ici présents, bien qu'ils soient un peu cassés. On te rend aussi la voiture, ajoutais-je, et joseph fit la moue, de ton côté tu ne leur parle pas de nous, sous aucun prétexte, compris ?

Voyant qu'il réfléchissait un peu trop longtemps à mon goût, je me fis un malin plaisir à lui entailler le bras afin de lui laisser une future cicatrice de rappel.

– Arrêtez, putain, d'accord d'accord, se soumit-il dans un souffle qui trahissait de sa souffrance.

– Cheffe je peux boire le vin ? firent Joseph et Barbara en même temps, avant de se regarder avec un air de défi.

– Le premier qui me met toutes ces cagoules dehors oui.

Ils échangèrent un regard entendu. Puis, Joseph sortit son téléphone et se mit à photographier les hommes blessés à terre, tandis que Barbara leur levait le pouce en l'air.

– Faites un effort et souriez, leur intima-t-elle.

– C'est dans la boîte pour notre insta, j'écris quoi ? Fit-il sérieusement, l'air investi.

– "Heureux d'être retamés par Phoenix."

– Oh attend, et aussi "merci pour le vin."

Après quoi, ils démarrèrent au quart de tour sous le regard rieur du reste de Phoenix, s'empressant de mettre dehors tous ces hommes inconnus qui servaient de tapis à notre base.

– Tu as un plan c'est ça ? Me demanda Jake, les bras croisés, habitué à leurs conneries.

– Oui, j'ai un plan.

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