34・Bleu-vert
Rhéa Kei.
— Regarde dans l'armoire et change-toi, on va à Red Mist dans une heure.
Je lève les yeux au ciel sans pouvoir m'en empêcher. Il me kidnappe, me promets que je ne suis pas un oiseau en cage avant de m'attribuer des gardes du corps et de me trimballer ou ça lui chante. C'est ça, sa manière de se venger ?
Sans doute espérait-il retrouver Zayn sur place. Rester dans l'inconnu alors que ces deux mecs se faisaient la guerre commençait à me taper sur les nerfs. Mais je voulais m'en tenir à mon plan : il était bien plus amusant de jouer à les séduire tous les deux pour au final leur montrer que leurs petits jeux se retourneraient contre eux. Ils avaient voulu m'approcher, ils allaient y laisser leurs ailes.
Je regardai le dos robuste d'Eos et ses avants bras tatoués sortir de la pièce. Il avait l'air aux anges. Lian le suivit de près, après avoir ramassé son katana à terre sous mon regard amusé.
Bordel, son arme pesait une tonne ! Je m'étais efforcée de ne pas montrer l'effort sur mon visage, mais il avait fallu que je contracte l'entièreté de mon bras sans rien laisser paraitre. Un autre que moi n'aurait simplement pas pu la soulever.
Je ne savais pas en quels matériaux son katana était fait, mais une chose était sure : Lian n'était pas là pour rigoler. Et la menace d'Eos était très claire, si Dan et Chris ne respectaient pas les règles, ils mourraient des mains de son bras droit.
Un rapide coup d'œil à la pièce me suffit à vérifier qu'il n'avait disposé aucune caméra dans cette chambre. Je me tournai vers mes deux amis, aussi impassibles qu'une pierre.
— Alors comme ça, vous êtes ici pour me protéger, hein ? Ne pus-je me retenir d'une voix malicieuse.
Je me rapprochai de Chris, plantant mes yeux dans les siens. Personne ne m'avait jamais trahie.
— Regarde-moi.
Il s'exécuta en déglutissant. Ses yeux bleus semblaient peiner à ne pas détourner le regard.
Personne ne bougea pendant quelques instants, avant que je ne décide de souffler du nez. Changeant l'atmosphère instantanément.
— Tachez de me protéger sans mourir, finis-je par lâcher. Sinon c'est moi qui vous tuerais.
Ils esquissèrent un faible sourire. Je ne pouvais pas leur en vouloir. Si Dan avait déjà travaillé pour Phoenix auparavant, il connaissait mon monde. Ce qui n'était pas vraiment le cas de Chris, mis à part les fois où j'avais besoin de ses petits services, comme les cigarettes, ma robe de soirée, ou simplement me réfugier dans sa boutique pour m'apaiser.
Et puis, ce serait plutôt à eux de m'en vouloir. C'était de ma faute s'ils étaient forcés de travailler pour Eos. Si je ne l'avais pas laissé... Merde. C'est ce qu'il voulait. Me faire culpabiliser par des gens en qui je tenais. Mais ce que Eos ne savait pas, c'est que ce n'était pas en leur interdisant quoi que ce soit que leur loyauté envers moi se tairait aussi.
— Il vous a interdit de me parler ?
Dan hocha la tête. Comment un homme aussi doux et gentil que lui pouvait se retrouver ici ? Il ne s'était engagé comme garde du corps seulement pour aider son prochain. Et le voilà qui se retrouvait menacé de mort. Comme toutes les personnes présentes dans cette pièce, d'ailleurs.
Eos me connaissait bien. Il venait de me le faire comprendre. Il souhaitait me faire culpabiliser sous toutes les formes.
Cette situation me mettait mal à l'aise. Même si je n'en laissais rien paraitre, car je refusais de montrer à Eos à quel point j'avais peur de lui, des milliards d'émotions s'entrechoquaient en moi.
Dès le soir ou Eos m'avait tiré dessus, dans cette ruelle mal éclairée, j'avais eu peur. Et ce n'était pas arrivé depuis longtemps. Il n'était pas le genre de personne qui terrorisait les gens par la colère, il était bien plus sadique et énigmatique.
Lorsque j'y réfléchissais, Eos n'avait jamais montré d'empathie pour qui que ce soit. C'était ce trait en particulier qui le déshumanisait. Cette peur se mélangeait avec la culpabilité, mais aussi l'excitation.
Je voulais, je désirais connaitre le fond de ses pensées. Je n'avais jamais réussi, même en grandissant avec lui, savoir ce qu'il avait pu penser ou ressentir. Il ne souriait qu'à moi. Le reste du temps, son visage était impassible. Alors le voir aujourd'hui toujours rieur et encore plus imprévisible qu'avant piquait ma curiosité aussi bien que ma peur.
En fait, je ne voulais pas l'admettre, mais il était devenu un défi pour moi à l'instant même où il est devenu la source de ma peur, alias ma faiblesse. Une partie de moi voulait le dompter à tout prix.
L'émotion de la colère se rajoutait aussi au tableau. N'avait-il vraiment rien d'autre à faire que de se venger ? J'étais souvent très occupée, et le voir contrôler ma vie comme si de rien était m'irritait.
Lian entra dans la pièce, me tirant de mes pensées. Ses traits asiatiques et ses cheveux longs, noirs et soyeux, lui donnait vraiment un air de guerrier japonais. Il nous dévisagea un par un, s'arrêtant de nouveau sur moi.
— Tu veux m'aider à me changer ? fit-je d'un ton fourbe tout en souriant.
— Ce n'est pas dans les termes du contrat. Dépêche-toi.
— T'es pas commode, Lian.
— Je ne t'apprécie pas non plus, mais mon travail passe avant tout. Alors si je veux...
En un éclair, sa lame fut pointée sur le torse de Dan, qui, cette fois, ne put rester impassible.
Je souris. Il semblerait que j'avais touché son ego, tout à l'heure.
— Tu devrais peut-être alourdir ton arme. Ça te semble trop facile à manier, le provoquai-je.
Il ne répondit pas pendant quelques instants, se contentant de me regarder de haut, le dos bien droit. Il finit par baisser sa lame comme si elle ne pesait rien.
— Prépare toi, Rhéa Kei. Je te défierai en duel, et tu ne pourras pas refuser.
— Je ne refuserais jamais au grand maitre Lian.
Je lui offrais mon sourire le plus charmeur. Voilà une chose de plus qui allait bien m'amuser. Remettre un autre mec à sa place. Ça allait jouer en la faveur d'Eos, il allait surement vouloir assister à la scène et à comment son bras droit chéri me blesserait à petits feux. Ou pas. Mais même si l'envie m'en prenait, il était évident que ce n'était pas un adversaire à sous-estimer.
Sérieux, pensai-je sans me retenir.
Je me dirigeai vers l'armoire et fouilla afin de trouver ce que je pourrais bien mettre ce soir. D'où ces vêtements féminins sortaient ?
??? : Oh, regardez qui voilà. Réponds sa voix dans ma tête.
Ne te rajoute pas, j'ai déjà beaucoup de problèmes à gérer là.
??? : C'est la même chose pour moi. Viens, on tue tout le monde et on prend un van ?
Sa proposition me fit sourire.
Ne me tente pas.
Mon sourire s'évapora presque aussitôt. Je venais de tomber sur CETTE robe. Je me figeai quelques instants, avant que mon côté audacieux prenne les rênes. Il voulait jouer avec moi ? On allait jouer.
??? : Allez, dis à ton crush télépathe ce qui t'arrives.
Qu'il aille se faire voir, le télépathe. Je n'ai pas besoin de me confier et encore moins d'aide. Figure-toi que le mec qui me soule va en voir de toutes les couleurs, fis-je tout en m'habillant.
Dan et Chris avaient l'habitude que je me change à leurs côtés sans crainte. Ils s'étaient simplement retournés, forçant Lian d'un regard noir à en faire de même.
??? : Ouh, j'aimerais être à sa place.
Je pense à lui couper sa souris dans son sommeil. Tu veux toujours être à sa place ?
??? : Je suis insomniaque.
Je lève les yeux au ciel, là.
??? : J'aimerais bien voir ça.
Je te laisse, j'ai des hommes à gérer.
A ces mots, je remis mon bouclier télépathique en place. Il était hors de question que mon télépathe entende mes pensées à propos de ma vie. Je ne savais ?rien sur lui, mis à part le fait qu'il était narcissique, arrogant et blagueur. Et que je m'étais entrainé avec lui plus jeune. Mais pour l'instant, il était moins dangereux que Eos et Zayn.
Je sortis de la pièce, suivie par mes trois gardes du corps. Lian se mit devant moi pour me montrer la direction à prendre. La maison était tout aussi noire que la chambre dont je sortais, décorée simplement de tableaux ou de plantes. Lorsque Lian se replaça derrière moi, le regard d'Eos, assis sur un tabouret devant sa table de bar, me reluqua.
— Je ne savais pas que tu l'avais gardée.
Mon ton se fit plus triste que provocateur comme je l'avais prévu.
Son regard me dévorait presque des yeux, de haut en bas, avant de s'attarder sur mes gants. Il semblait perdu dans ses pensées, ahuri. Nous savions tous les deux quelle histoire cette robe ramenait au présent.
Cette robe n'était autre que celle qu'il m'avait cousue, pour mon quinzième anniversaire, même s'il n'avait jamais voulu avouer qu'il avait appris à coudre rien que pour moi. Il avait toujours été du genre à montrer son affection à travers ses actions, plutôt que des mots.
Je ricanai intérieurement. Peut-être que sa vengeance en faisait partie.
En tout cas, je ne voulais pas l'admettre, mais son intention m'avait réellement marquée. Il avait pris en compte le fait que la secte me forçait à porter des robes blanches, pour faire tout le contraire. Et ça avait signifié beaucoup. Parce que les robes blanches étaient devenues ma hantise. Pour moi, elles étaient le symbole de la mort, ce qui pouvait paraitre absurde puisque le noir avait déjà ce rôle.
C'était pour cela que la couleur dominante que je portais aujourd'hui était le noir. Parce le blanc sera toujours taché de sang.
Flashback.
— Tu es si jolie.
Maman me regarda en souriant. Elle me tenait les épaules, me mettant face au grand miroir de la chambre.
—Tu ne trouves pas que le blanc te va bien ? Il fait ressortir tes cheveux noirs, fit-elle en me caressant la tête. Les gens sont plus facilement attirés par le blanc, c'est la couleur de la pureté.
Mais je tressaille à son contact. Alors elle me retourne vers elle, et fronce les sourcils.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
Mais je ne peux pas lui dire, je ne peux pas, je ne peux pas.
—Rhéa ? Tu trembles !
Elle est inquiète, et moi aussi. Elle me fait peur. Est- ce qu'elle me mangera, moi aussi ?
— ça va bien se passer, c'est comme d'habitude. Tu vas voir les Messieurs et les Mesdames dans la rue, et tu convaincs de venir voir notre famille. Tu connais ton texte ?
Je hoche la tête. Plus aucun son ne veut sortir. La vieille porte grince en s'ouvrant, laissant entrevoir Eos vêtu de vêtements délavés.
— Maman ? Fit-il, interrogateur lorsqu'il me voit trembler.
Il sait que quelque chose ne va pas. Mais je ne peux plus me contrôler, je ne veux pas y aller.
—Tu tombes bien, accompagnes Rhéa aujourd'hui, tu veux ?
Je n'arrive plus à réfléchir. Mon regard paniqué se pose sur Eos. Il ne sait pas encore. Il ne sait rien. Il ne sait pas ce que nous sommes en train de faire, en réalité. Ni que ces escapades en blanc ne sont pas pour agrandir notre cercle familial, en réalité. Mais pour tuer. C'est là que je m'en rends compte : nous sommes complices, et ce, depuis des années.
Cette fois, c'est à moi de le protéger.
Le retour à a réalité est tellement brutal que j'ai l'impression que je vais faire un malaise.
Je le déteste d'être revenu. Il était ce passé en face duquel je ne voulais plus revenir. Mais il m'y avait forcée.
Finalement, cette robe nous avait tous les deux fait perdre le contrôle. Eos se leva, il n'avait pas semblé se rendre compte que moi aussi, j'étais perturbée. Il m'offrait soudain un sourire terrifiant, qui contrastait avec l'atmosphère.
— Ce n'est pas trop tôt. T'as l'air seulement un tiers sanguinaire, dans cette robe.
Sa remarque me fit tressaillir. Il venait de faire remonter un autre souvenir à la surface, comme si ça ne l'attendait pas.
— T'es un tiers le même qu'avant.
Je refusais d'être la seule à être confrontée au passé aussi férocement. Je savais pourquoi il était en colère, mais je l'étais aussi. J'étais aussi blessée que lui à jamais.
— Allons-y, Zayn va être ravi.
Je le savais.
Je m'empressai de sortir mon rouge à lèvres, et de l'appliquer délicatement sur mes lèvres. Que la partie commence. Cela faisait depuis le jour où on avait joué du piano au lycée que je n'avais pas revu Zayn. Je ne l'avais même pas croisé au bal.
Comment allait-il réagir en me voyant avec son ennemi ?
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L'habituel néon de Red Mist sur sa façade en pierres éclairait l'entrée de rouge, bien que ce n'était que le crépuscule. La faible brise me chatouillait le cou, mais c'était agréable. Chicago en elle-même l'était.
Le souvenir de moi et Zayn sur scène me soutira un sourire. Je ne m'étais jamais sentie aussi bien.
Ça allait être la première fois que je passais par la porte de devant, et non par les loges.
J'entrai sans me préoccuper ni d'Eos, ni de mes gardes du corps, et fut envahie par une chaleur réconfortante. C'était exactement comme dans mes souvenirs, la même scène, les mêmes cerisiers, les fauteuils rouges et les néons jaunes.
Altitude, de Montell Fish, résonnait à travers les hauts parleurs de qualité, faisant vibrer la pièce entière, donnant une ambiance intime, en accord avec les tons rouge et noir. La musique était recréée par un groupe qui s'appropriait la scène à merveille. Les clients bougeaient librement, riant avec des connaissances, sirotant un cocktail au bar ou discutant dans les fauteuils. D'autres étaient plus concentrés sur la scène.
Je me sentais dans mon élément, ici. Ce devait être grâce aux couleurs et à l'ambiance de nuit.
Puis, une affiche sur le mur de pierre gris attira mon attention. On y voyait Eos, en noir et blanc. Enfin, Eos avec sa capuche noire et son tour de cou lui cachant la bouche et le nez. Apparemment, il était recherché pour le meurtre d'un homme nommé Dorian Warren, au niveau de la rue...
Oh. Merde.
Ma rue.
Et puis je me souviens. Je me souviens comment cet homme était mort de mes mains, avec sang-froid. Parce qu'il avait voulu me violer. Mes lèvres rouges formèrent un rictus de dégout, et je me retins autant que je pus. L'image du sang se dégageant de son corps me donnait envie de vomir.
Rapidement, je volais une cigarette à un homme qui passait par là, laissant la nicotine se frayer un passage dans mon corps. Il se retint se me crier dessus en voyant mes gardes du corps.
Je ne regrettais plus d'avoir tué cet homme répugnant. Mais je regrettais de ne pas l'avoir fait d'une manière plus gracieuse, qui m'aurait empêché de repenser aux robes blanches.
Eos était recherché, à ma place, car il m'avait rendue visite juste après. Il y avait dû avoir un témoin qui l'avait aperçu. Voilà un problème en moins.
— Tu sais, si tu veux une photo avec moi, t'as qu'à demander.
Je lève les yeux au ciel face au ton amusé d'Eos derrière moi. Je m'apprêtais à répliquer lorsque l'on cria :
— PHOENIX !
Le cri se relégua de voix en voix, ce qui me soutira un sourire.
— C'est plutôt toi, qui devrais me demander, répondis-je à Eos sans me retourner.
Les têtes se tournèrent dans notre direction, et une table juste devant la scène se libéra rapidement alors que j'avançais vers eux. La plupart n'osaient pas me parler, étant intimidés ou ne sachant quoi dire. Grace à Move, mon bar le plus réputé de la ville, dans tous les bars ou je posais le pied cela se passait comme ça : une alerte Phoenix pour chaque membre, ou une table se dévouait toujours pour nous laisser la place s'il n'y avait pas de table pour nous.
Les regards curieux se posèrent également sur mes trois accompagnateurs, et surtout sur Eos.
Les murmures peu discrets parvenaient à nos oreilles. Evidemment, quiconque m'accompagnait attisait les rumeurs. Alors, avant de m'assoir, je déclarai :
— Il n'est pas un membre de Phoenix. C'est un...
Je croisai le regard d'Eos, qui s'assit nonchalamment en face de moi sans me lâcher du regard.
— Un garde du corps.
Je rendis son sourire amusé à Eos. J'étais dans mon élément, autant en profiter pour montrer à tout le monde que j'avais le pouvoir sur n'importe qui.
— Un garde du corps spécial, ne peut-il s'obliger de rajouter.
Dan et Chris restèrent debout derrière moi tandis que Lian restait derrière Eos, tous les trois dans la même tenue de garde du corps, le dos droit et les épaules en arrière. Ils avaient enfilé des lunettes noires pour sortir.
Je croisai les jambes, fumant ma cigarette lorsqu'un visage familier apparut dans mon champ de vision.
— Mi bella ! S'exclama la voix rauque d'Alejo de son accent espagnol.
Eos me fixait toujours, semblant s'abreuver de tout ce qui franchissait mes lèvres. Il s'était assis à la table avec moi sans rechigner, je ne pouvais prévoir aucune de ses actions.
— Bonsoir, Alejo, souriait-je.
Il gardait toujours son fameux chapeau de cow-boy ainsi que ses tresses en guise de barbe.
— Toujours aussi ravissante, fit-il en me faisant un baise-main. Mi bella nous a manqué.
— Qu'est devenu Dixon ?
— Zayn l'as gardé sous son aile pour l'aider à s'occuper du bar. Et heureusement.
— Comment ça ? fit Eos, soudainement intéressé.
Alejo me lança un regard avant de détailler Eos d'un regard curieux et méfiant.
Il était vrai qu'Eos avait une certaine aura. Une certaine prestance. Je ne pouvais que l'avouer, sa beauté était présente, aussi angélique de par ses yeux translucides, que démoniaque par ses cheveux noirs et ses traits anguleux. Il était détendu dans son fauteuil rouge, les bras croisés et le regard à la fois toujours amusé et défiant.
D'ailleurs, si les hommes dans la salle me regardaient toujours sans indiscrétion, ne parlons pas des filles qui fixaient Eos.
— Zayn voulait faire de Red Mist un bar entièrement dédié à Phoenix. Il a ordonné aux serveurs d'être aux petits soins de Phoenix et de tout leur offrir.
Eos ne put s'empêcher d'éclater de rire.
— Oh, le lèche-bottes, je n'y crois pas. T'es super rentable, Rhéa.
A l'évocation de mon surnom et non de "Rhéane", comme l'aurait dû faire un garde du corps de la célèbre cheffe de Phoenix, la salle s'agita. Mais je les dissuadais rapidement d'ouvrir la bouche d'un simple regard fixe. Qu'ils se mêlent de ce qui les regarde.
Il m'avait toujours appelé comme ça.
Soudain, j'écarquilla les yeux avant d'emmètre un petit rire. Qu'est-ce qu'il venait de me prendre au juste ? Je venais de le défendre parce que... Parce que j'étais nostalgique ?
— Du feu.
A peine mes mots furent prononcés que plusieurs bras tendirent leur briquet sous ma cigarette coincée entre mes lèvres. Dan était habitué à ce traitement de faveur et ne bougea pas d'un poil. Chris, quant à lui, se cala sur la réaction de Dan tout en fixant les gens qui nous entouraient. Même s'il ne laissait rien paraitre, je devinai que Lian était dérouté.
Eos avait un sourire qui s'élargissait de plus en plus. La situation lui plaisait comme il l'avait prédit. Il n'avait pas fait grand-chose pour l'instant, et pourtant il marquait déjà les esprits.
Après que ma cigarette fut allumée, mes trois gardes du corps s'empressèrent de former une nouvelle barrière autour de moi, repoussant tout le monde et les incitant à regagner leurs places.
— Vous voulez boire quelque chose ? s'enquit Alejo.
Je lui demandai du vin pendant qu'Eos prenait du Whisky.
— A quoi tu penses ? finit-je par demander à Eos, alors qu'Alejo retrouva Oli derrière le bar.
J'adressa un sourire à Oli tandis qu'Alejo semblait lui raconter ce qu'il venait de voir avec inquiétude.
— A la manière dont je vais te tuer, fit-il en chuchotant, se penchant vers moi en posant sa joue contre sa paume. Tes fans pourraient vouloir ma peau. Ces vilains.
Je l'imitai en posant également en posant ma joue contre ma paume, nous rapprochant ainsi tous les deux. De l'autre main, je continuai à fumer ma cigarette.
— Tu ne pourras pas, répliquai-je.
Il fallait que je fasse attention à ne pas me laisser emporter par ses yeux.
— Oh que si. Et je vais te faire très, très mal.
Il insista sur chaque mot. Dans ces moments là, j'avais juste l'impression d'avoir un sadique fou en face de moi.
— Tu ne l'as toujours pas fait, et tu en seras bientôt incapable.
Son sourire s'étira.
— N'en sois pas si sûre. Je t'ai retrouvée assez facilement, tu sais.
— Peut-être, mais tu ne devrais pas en être si fier.
— Eclaire-moi.
— Tu es dans mon piège, Eos.
A ces mots, il me retira ma cigarette et la fuma à son tour, posant ses lèvres là où j'avais posé les miennes.
La musique du bar changea pour laisser place à Cherry de Lana Del Rey.
Dans un mouvement aussi dramatique que sensuel, je passai mes doigts sur mes lèvres tandis qu'il regardait ma bouche. Mais soudain, un mouvement en dessous de la table me tendit.
Il souffla du nez, la cigarette coincée entre son index et son majeur. Il venait de coller un pistolet sur ma cuisse, le contact froid me révélant sa présence, histoire de jouer avec moi.
Nos regards restèrent accrochés, défiants.
— Ne joue pas avec moi, tu vas pleurer dans mes bras, me mit-il en garde, confiant.
— Tu sais très bien que dans ce jeu il n'y a pas qu'un joueur.
Lorsque la musique prit fin juste à côté de nous, les musiciens et la chanteuse repartirent vers les loges tandis qu'Alejo nous apportait nos verres en s'assurant que nous n'avions besoin de rien d'autre. Il se dépêcha néanmoins de prendre la fuite face à toute la tension qui se dégageai de notre table.
Nos regards dirigés sur scène se posèrent en même temps sur lui. Ses yeux verts s'illuminèrent lorsqu'il me vit, mais pas pour longtemps quand il croisa celui d'Eos.
Le bleu, et le vert.
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Heyy, j'espère que vous allez bien !
J'ai beaucoup aimé écrire les interactions entre Eos et Rhéa, on sens qu'ils sont joueurs eheh.
Comme d'habitude n'hésitez pas à me dire ce que vous avez pensé du chapitre ! J'aime trop la vibe perso hihi.
Kiss. 💋
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