32・ Encore Et Encore

Rhéa Kei.

À vrai dire, j'avais des doutes. Oui, ma vie était chargée, bourrée de souvenirs, aussi tristes que joyeux qui s'entremêlaient. Mais je ne connaissais, et je n'avais connu qu'un seul Eos au cours de ma vie. La première fois que j'ai commencé à assembler les pièces du puzzle, c'était quand sa carapace s'était fissurée, quand il était venu chez moi pour me mettre en garde contre Zayn.

C'est là que j'ai compris que je lui avais fait quelque chose, c'était sûr. Et qu'il m'en voulait pour ça. C'est aussi à ce moment-là que je me suis mise à me perdre dans ses yeux d'un bleu glacial, comme si on me ramenait brusquement en arrière.

En alliant toutes les pièces du puzzle, j'avais été prise d'une violente crise d'angoisse, où même mes cigarettes avaient échoué à me sortir du gouffre.

Je le déteste pour ça, je le déteste de me ramener là où j'ai fui. Mais en même temps je n'ai pas le droit, j'en suis bien consciente. Après tout, je l'ai abandonné entre les mains de cette secte.

Le fait que son choix se soit porté sur le katana voulait tout dire : c'était lui.
Jamais Eos n'aurait pris le gun. C'est son amour pour le danger, et son côté audacieux qu'il m'a transmis, toutes ces années.

"Tu vérifies. Toujours."

Je savais que le Eos que je connaissais prendrait le katana. C'était la seule chose dont la nature n'était pas exacte pour lui, ses sens et son instinct. Et parmi les nombreuses phrases moralisatrices qu'il me balançait, il disait qu'il me tuerait lui-même si je n'étais pas la plus vigilante possible. Il savait très bien qu'en grandissant là-bas, j'en aurais besoin un jour ou l'autre.

Et il avait raison.

L'ambiance avait changé. Si mon petit manège de course poursuite avait d'abord pour but de le mettre à ma merci, maintenant, nous étions à la merci de l'un de l'autre.

Mes émotions s'entrechoquaient tellement que mon énergie en était drainée, m'empêchant de bouger, toujours dans la même robe noire.

Dès lors, il savait que je savais. Son regard se fit impassible, mais sa manière dont il bougeait un incontrôlable trahissait sa profonde réflexion. Ou, comme moi, il ne savait comment réagir.

La pièce blanche ne faisait ressortir que nous et les armes, dont le katana qu'il tenait toujours à la main. Même avec un simple manche, Eos était dangereux. Mais j'étais trop secouée pour me méfier pleinement. Le silence pesant nous entourait, nous serrant l'un contre l'autre.

Il finit par balayer cette expression impassible de son visage, d'un faible rire amusé et sceptique à la fois, et sa voix théâtrale et amusée se répercuta sur les murs.

— Bonsoir, Rhéa. J'aurais pensé que nos retrouvailles seraient plus amusantes. Tu sais ? Du genre, tu me sautes dessus, une larme d'affection à l'œil en disant : "Oh, Eos !"

Il avait raison. C'était comme si on se rencontrait pour la seconde fois, que je savais clairement maintenant qui était le tueur à mes trousses. Il n'avait plus besoin de se cacher derrière un masque ni de se fondre dans l'obscurité.

Mais qu'allait-il se passer maintenant ? Je le connaissais, très bien. Il était sans aucun doute renseigné de très près sur Phoenix. C'était bien la seule chose qu'il faisait de façon prévisible : prendre des dispositions avant tout.

— Si je te saute dessus, ce sera pour te trancher la gorge. Fis-je d'une voix neutre, n'ayant aucune idée de quelle attitude prendre.

— Toujours aussi sauvage ! S'exclama-t-il l'air faussement atteint. Je m'inquiète pour toi, tu devrais consulter.

— Ne cherche pas à fuir le sujet.

— Ça, c'est culotté de ta part.

Je serre la mâchoire. Tout mon être tente de rejeter cette culpabilité qui va me rendre faible, mais il ne m'aide pas. Il veut m'enfoncer. Et je sais qu'il a raison. Mais aujourd'hui j'ai de plus grandes responsabilités que de m'occuper de son cas. Alors je ne peux pas faiblir.

— Qu'est-ce que tu comptes faire au juste ? Demandai-je, de plus en plus sur mes gardes en le voyant tourner le manche du katana dans sa main.

— Mhhh, laisse-moi réfléchir une seconde, fit-il, pensif, se passant la main dans la nuque. Je ne te l'ai pas dit ? Je vais te prendre avec moi, de force, bien sûr, et te mettre là où je veux.

— Oh non... Non, tu...

—T'as pas compris ? C'est une devinette ? Dis-le, Rhéane.

Il me fixa, le fait qu'il ait gardé ses lentilles marrons me déstabilisait, comme si j'étais la seule à être à nue devant lui.

— Si tu me...

Il claqua sa langue trois fois contre son palais en secouant la tête de gauche à droite, s'avançant lentement vers moi alors que je reculais.

— Mauvaise réponse.

Je le défiai du regard, lui jetant toute la haine qu'il m'inspirait, me sentant prise au piège, tandis qu'il avançait calmement. Un calme qui me faisait paniquer. Il me faisait déstabilisait, et je commençais à m'en vouloir pour ça.

— Tu veux me kidnapper.

— T'es longue à la détente. Un séjour avec moi ne te feras pas de mal.

— Cours toujours, crachai-je presque, me rendant compte qu'il faisait ressortir ma partie la plus mauvaise. Si tu crois que tu peux m'être bénéfique, tu te trompes.

— Rhéane, je pense qu'à ce stade-là de notre relation, aucun de nous n'est bénéfique pour l'autre. Sauf si tu ouvres les yeux.

— Je n'ai pas besoin de les ouvrir pour te voir, continuai-je de cracher sans baisser les yeux.

Ce que je venais de dire était sorti de mes lèvres à moitié malgré moi. Je venais de lui confier une infime partie de ce que je ressentais, mais je voulais aussi ne pas être la seule à être impactée dans cette situation. Son attitude nonchalante semblait être un mur de pierre qui venait de se dresser au moment où j'avais prononcé son prénom en entrant dans la pièce.

Je m'arrêtais de reculer, attendant qu'il vienne, voulant éviter de me retrouver plaquée contre le mur comme une imbécile. Une fois, pas deux.

— Et bien, maintenant je ferais en sorte de ne te laisser aucun répit. Aucun, finit-il en chuchotant, un sourire espiègle aux lèvres.

Il fut maintenant qu'à quelques centimètres de moi. Son regard était insistant, rieur, et imposant. Le fait qu'il ait de larges épaules n'aidait pas, et le costume qui accentuait ce trait non plus. Notre proximité me permit même de voir mon propre reflet dans ses fausses pupilles, qui ne cessaient de me fixer.

J'avais essayé de draguer mon tueur, alias Eos ? Cette révélation me fit légèrement froncer les sourcils. Maintenant qu'il avait fait ressortir mon côté le plus mauvais, cette idée me révulsait.

Sa manière de plaisanter dans une telle situation me mettait mal à l'aise : son comportement familier me revenait comme une grande claque en pleine face, me rappelant qu'il avait toujours agit ainsi.

Un comportement qui lui valait soit des ennemis, soit des bons spectateurs qui riaient avec lui, l'admirant pour sa capacité à s'en foutre de tout ce qui l'entourait, comme si rien n'avait de réelle importance.

— Ce n'est pas toi qui gagneras.

— Tu as des faiblesses, Rhéane. Tu veux m'obliger à les citer ? Je les connais par cœur. Rien que pour le plaisir de pouvoir te les enlever, un-par-un.

Il parlait d'une voix calme, que j'aurais pu trouver apaisante si ce n'était pas là des menaces bien articulées et tranchantes.

— Je te connais, par cœur. Je sais comment tu fonctionnes, me défendait-je en enfonçant mon index dans son torse. Ose, et tu verras.

— Mais Rhéa, j'ai déjà osé.

À ces mots, il plaqua sa main sur la porte, de sorte à la tenir fermée, et sortit quelque chose de blanc de sa poche. Une seringue.

Son mouvement m'avait forcée à reculer un peu plus, par peur, et j'étais désormais collée à la porte, son bras juste à côté de mon oreille gauche.

— Alors, fit-il en examinant la seringue avec intérêt. Le but du jeu, c'est que tu t'enfuis, tu es douée pour ça, jusqu'à ce que je te rattrape. Je te rattraperai toujours.

Il venait clairement de faire le rapprochement avec ce qu'il s'était passé, mais aussi le fait qu'il m'avait rattrapé. Je voulais lui faire comprendre qu'il avait tort, que si je le voulais, il ne m'aurait pas attrapée aujourd'hui. Je m'étais jetée dans la gueule du loup de moi-même.

Mais quelque chose avait changé. Maintenant que je savais qui il était, et qu'il avait réussi à me retrouver, ma confiance en moi baissait peu à peu, me menant à une impasse à laquelle je ne m'y attendais pas.

Mon souffle s'accélérait, et je n'avais absolument aucun contrôle dessus. C'était ce qu'il voulait. Il voulait me laisser la possibilité de fuir, pour que je me rende compte qu'il me rattrapera sans arrêt.

Il voulait voir sa proie tenter désespérément de lui échapper.

Je pris une grande inspiration sous son regard fixe et observateur, avant de m'écarter de la porte, sur mes gardes. Mes yeux fixaient son visage, tentant de prédire le moindre de ses mouvements.

Mais il se contenta de se retourner afin de s'appuyer contre la porte et de croiser les pieds nonchalamment. Il plia son bras et se mit à jouer avec la seringue dans les airs.

— Un..., commença-t-il doucement en me fixant.

Il avait l'air de se délecter de cet instant.

Je reculais tout en le fixant, refusant de lui tourner le dos. Mais je ne m'enfuis pas en courant non plus.

— Deux...

Je m'arrêtai à environ cinq mètres de lui. Si j'avais voulu, j'aurais pu enclencher la pédale et récupérer le gun. Au moins pour lui faire peur. Parce que je ne l'avais pas chargé. Mais quelque chose me disait qu'il s'en serait rendu compte.

— Trois.

A ce dernier chiffre, il me regarda en souriant, et ouvrit la porte. Il sortit comme si de rien était, avant de la refermer, me laissant seule, déconcertée.

Encore un de ses tours imprévisibles. Le fait qu'il n'était plus dans mon champ de vision ne me rassurait pas le moins du monde.

La pièce comptait une fenêtre. Petite, mais il était possible que j'arrive à passer. Après m'y être engouffrée, je n'aurais qu'à monter sur le toit pour le ravoir dans mon champ de vision.

En même temps, peut-être qu'il avait laissé la porte ouverte. Mais ce serait me jeter dans la gueule du loup. En temps normal, ça aurait été ma première option sans hésitation, mais je me devais d'être vigilante face à lui.

Pour cette fois, je laissais la Rhéane intrépide, sans peur et avide de danger de côté, pour me concentrer, et prendre la décision la plus sage.

Je sortis mon téléphone de mon soutif, avant d'avoir un blocage. J'hésitais.

J'étais assurément en danger, il avait clairement dit qu'il allait me kidnapper. Mais si je mêlais Phoenix à ça, ils passeraient leur temps à me chercher et mettraient de côté nos busines. Nos produits, nos hôtels ou nos bars n'avaient pas besoin de ça.

Après tout, ce n'était qu'un malheureux kidnapping. Je m'en sortirai d'une manière ou d'une autre en un jour, pas plus. Il est vrai que je ne savais ni où il allait m'emmener, ni ce qu'il allait faire de moi. Mais plus proche je serais de mon ennemi, plus il sera facile de le mettre à terre.

En tout cas, il était plus fort que moi. Que je me sorte de cette situation me paraissait impossible.

J'envoya un message dans le groupe, et me sentie désolée de ne pas avoir le temps de lire les messages de Barbara. Elle avait sans doute des nouvelles quant à ses parents.

Moi : Je vais être absente un moment, vous ne me verrez plus mais je reviendrai vite. Je vais rencontrer de nouveaux clients prometteurs. Continuez à bien bosser sur l'industrie, et j'aurais une faveur à vous demander. Faites-moi un descriptif complet de ce que vous trouverez sur Eos Hunt. Tout, même les moindres détails. Et ce qu'il a fait jusqu'ici.
Si je prends du temps pour revenir, prévenez Cassy et Hannah plz.

Ils répondirent tous presque aussitôt. À vrai dire, la soirée s'était terminée sur l'arrivée de la police, et je ne leur avais rien dit jusqu'ici. Rien sur toute la soirée, et comment avait fini Joe. Ils devaient être sur le qui-vive.

Ivy : Tu vas bien ?

Moi : Je n'ai rien, c'est à Joe qu'il faut demander ça.

Barbara : Alors il s'appelait Joe, un prénom de psychopathe. Tu lui as réglé son compte ?

Moi : Avec brio.

Jake : Promet-le.

Moi : Quoi ?

Joseph : Promet que tu reviendras cheffe.

Lorsque je m'absentais, ils me forçaient à leur promettre de revenir. Je ne sais pas si c'est juste par habitude, ou si cette fois ils savaient que c'était bien plus que de rencontrer des potentiels clients.

Moi : Promis.

Connor : Heureusement que tu ne viens pas ce soir, Liam a essayé de me faire faire des sushis. Comment te dire...

Mon sourire s'élargit. Il avait envoyé une photo de sushis qui semblaient écrasés et qui partaient en diagonale. Ils avaient encore voulu faire un de mes plats préférés.

Je devais revenir. Pour eux.

Moi : Disons que tu cuisines mieux dans les jeux vidéo.

Joseph : Pour pécho aussi.

Pas bon. Ils commençaient à me faire oublier ou j'étais avec leurs conneries. Je rangeai mon téléphone à contre cœur avant de me tourner vers la fenêtre, récupérant le gun au passage.

J'espérais que dans la nuit noire, il ne verrait pas qu'il est déchargé.

Je marchai lentement, avant d'ouvrir la fenêtre en faisant le moins de bruit possible. Elle grinçait quand même un peu, et le moindre bruit se répercuta entre les murs de la pièce, ce qui me fit me mordre la lèvre.

Me collant au mur à gauche de la fenêtre après l'avoir totalement ouverte, je pointai le gun vers l'extérieur, les bras aussi tendus que tout mon corps.

R-A-S.

Je changeai furtivement de côté, faisant la même chose. Toujours rien.

Je tendais l'oreille, mais seule la faible brise de la nuit me parvenait.

Alors je me lançai. Avec toute ma délicatesse, le serpent se faufila dehors sans faire le moindre bruit.

Les deux pieds bien ancrés au sol et le gun serré contre ma poitrine, je m'immobilisa, reprenant mon souffle que j'avais coupé sans m'en rendre compte.

Un mouvement à ma droite attira mon attention, et je bondis d'un pas en arrière, pointant le gun vers lui.
Mais c'était trop tard.

La dernière chose que je vis fut Eos, en position de gainage sur le toit, ou ses jambes le maintenaient sur les tuiles, et le haut de son corps pendait, parallèlement au mur. Il avait toujours le manche de son katana, mais plus la seringue.

C'est là que je la sentis. Dans mon cou.

— Encore, murmura-t-il l'air déçu.

L'obscurité m'enveloppait en une fraction de secondes alors que je murmurais l'air résignée :

— Encore.

· · ─────── ·𓆙· ─────── · ·

Je pris connaissance de mon corps peu à peu. Les draps caressaient ma peau chaudement. Et je gardai les yeux fermés, savourant la sensation d'apaisement que mon lit me procurait.

Mais soudain, des yeux bleus glacial firent irruption dans ma tête, et les miens s'ouvrirent immédiatement sur un plafond noir. Je me redressai. Mon masque du bal était posé sur la table de chevet noir à ma gauche.

Ce n'était pas mes draps.

On m'a encore piégée et contrôlée contre mon gré. Comme quand nous étions enfants. Merci, Eos.

Cette pensée me rendait plus triste qu'autre chose, ce qui m'empêchait d'avoir peur ou de paniquer.

Ne prenant pas le temps de contempler la pièce, je me levai en titubant vers la porte de bois, le tissu de ma robe noire me collant à la peau.

Fermée.

Je résistai à l'envie de me laisser glisser le long de la porte, et de m'asseoir sans bouger pendant une éternité.

La pièce était dans un silence pesant. Et en plus du silence, il n'y avait quasiment que du noir. Le parquet d'un aspect de bois brûlé était noir. Le lit défait capitonné en velours également. Autant que les murs élégants et le fauteuil sixtine en velours. Seule la porte fenêtre avec croisillons laissait entrer une lumière vive mais sans soleil, blanche et neutre.

Les quelques lumières jaunes accrochées au mur des deux côtés du lit et les led incrustées dans le plafond donnaient à la pièce une dimension noire et dorée. Chic, moderne, sobre et menaçant.

Aucune décoration, mis à part un tableau noir abstrait, qui semblait coûter un bras, au-dessus de la grande tête de lit, et un miroir rectangulaire à côté de la porte.

Je reculais, celle-ci venait d'émettre le son d'une clé dans la serrure.

C'est alors que la porte s'ouvrit sur lui. Et la première chose qui s'accrocha à mon regard fut ses yeux. Il n'avait plus son masque du bal, ni de capuche, ou de maquillage d'halloween.

Je pus enfin voir pour la première fois depuis des années son visage. Ses yeux, que j'avais déjà vus lorsqu'il s'amusait à me faire peur, étaient toujours d'un bleu glacial, presque transparents. Ils étaient d'une couleur si claire que tout ce qui me venait à l'esprit était les banquises blanches accompagnées de l'eau claire.

Ses sourcils noirs contrastaient avec la couleur de ses iris à la fois douce et ferme. Il portait au sourcil droit un piercing sur l'arcade, deux points argentés. Le fait que ses yeux soient des hunter eyes accentuait le côté anguleux de son visage.

Sa mâchoire était carrée, définie et imberbe. Ses lèvres n'étaient ni trop pulpeuses ni trop fines, et son nez était assez féminin, ce qui lui rajoutait un côté angélique. Ses cheveux étaient tout aussi noirs de jais que ses sourcils, coiffés en une raie au milieu qui laissait ses cheveux descendre élégamment sur ses tempes. Ses taches de rousseur répondaient toujours présentes.

Il avait toujours été plus âgé que moi de trois ans, mais la différence était frappante. Il était devenu un homme, ce n'était plus cet adolescent boudeur que j'avais connu.

Il semblait que je n'avais pas été la seule à profiter de cet instant pour dévisager l'autre.

— Salut, coloc', lança-t-il amusé par la situation.

Il n'avait plus la même tenue qu'hier, contrairement à moi. Mais il gardait un ensemble chic et noir, un pantalon et une simple chemise légèrement ouverte, dévoilant ses tatouages. Il portait des bagues argentées qu'il s'amusait à faire tourner autour de ses doigts.

Mais mon regard était désormais porté vers l'espace que la porte me laissait entrevoir.

— Je te ferais visiter, sans moi, tu risques de te perdre.

— T'es sûr que tu t'es pas perdu toi-même ?

Il m'étudia un moment, avant de coincer une cigarette entre ses lèvres.

— Non.

Sa réponse avait retiré toute trace de sourire sur son visage, une réponse concise qui laissait entendre que ma question l'avait impacté d'une manière ou d'une autre.

— Pourquoi m'avoir amenée ici ?

Pendant qu'il soufflait un nuage de fumée, je me rassis sur le lit pour lui montrer à quel point j'arrivais à me détendre peu à peu. Il ne m'avait ni menottée ni enchaînée. Il semblait si détendu que c'en était louche. En fait, il l'était tellement tout le temps que l'on ne pouvait jamais savoir ce qu'il pensait.

Peut-être avait-il fait en sorte par je ne sais quel moyen qu'il m'était impossible de quitter cette maison.

Il ne répondit pas tout de suite. Il semblait perdu dans ses pensées. Alors je me levai et me dirigea vers la baie vitrée. À ma grande surprise, elle s'ouvrit sur un grand espace de verdure et de buissons parfaitement taillés.

Je me retournai vers lui, il me fixait déjà.

— Je te l'ai dit. T'es ma colocataire, pas ma prisonnière.

Et la porte imbécile ?

Je jetai un coup d'œil dehors. Si je le voulais, je pourrais partir à toutes jambes maintenant. Il ne semblait pas disposé à me rattraper, la main dans la poche et l'autre munie de sa cigarette.

Mais comme à chaque fois que je me retrouvais avec lui, quelque chose me poussait à rester. Un désir de réponses, une forme d'excitation qui continuait d'accroître sans que je ne puisse l'arrêter. Je voulais voir ce qu'il me réservait. Je voulais qu'il me dévoile son imprévisibilité. Tout autant que ses sentiments.

Peut-être qu'il me réservait un sort pire que la mort, et que j'étais en train de prendre mes aises. Mais son cœur n'était pas aussi noirci qu'il n'y paraissait. Le problème était là : je devais me méfier, parce que nous nous connaissions mutuellement quasiment sur le bout des doigts.

Mais je voulais qu'il me dévoile vraiment pourquoi il agissait ainsi. Pourquoi avoir pris tout ce temps pour me retrouver, en quête de vengeance ? Ne serait-ce pas là de la perte de temps de s'attarder sur son passé ?

Il avait toujours été du genre à ne rien oublier, ne rien pardonner. Il trouvait le moyen de faire payer. Je le savais déjà. Et puis, il était vrai qu'en le laissant là-bas, je ne savais pas ce qu'ils lui avaient fait. Peut-être faisait-il semblant de ne pas avoir changé tant que ça ?

Moi, je préférais ne pas oublier, mais pardonner.

Les questions affluaient en masse. Et la seule solution pour moi de mettre fin à tout ça était de rester ici, avec lui.

— Quand est-ce que tu te décideras à me tuer ?

Son sourire revient, lentement, et il baissa légèrement la tête tout en me fixant.

— Tu es ici pour ça. Tout le monde mérite de gagner, comme tout le monde mérite de perdre, Rhéa.

~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Les choses commencent à devenir alléchantes hihi.
Leur relation est très spéciale, ils ont chacun leurs propres caractères, mais se ressemblent plus qu'ils n'y croient.

Que pensez-vous de ce chapitre ? De la tournure que va prendre les choses ? Que pensez-vous de leur caractère ? Je suis curieuse jpp.

En tout cas, j'espère que ce chapitre vous a plu !

À bientôt pour la suite...

Kiss. 💋

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top