3・Attaque
JJe sentais déjà que ce bourbier allait être une prise de tête.
Pourquoi diable un truc pareil existait ? De la télépathie ? et puis quoi encore.
Mais même si j'essayais de me concentrer sur autre chose, sa voix ne cessait de me hanter, et je ne pouvais pas m'empêcher de répondre, je sentais que même si je ne lui répondais pas, c'était définitif : mon peu de concentration dû à la fatigue avait saisi l'occasion pour prendre ses jambes à son cou.
Il me parlait inlassablement, pendant que je fixais le tableau numérique de la classe, espérant induire le prof en erreur quant à ma capacité de concentration.
T'es au courant que je suis censée travailler, et que t'es en train de gâcher mon premier jour de cours ?
??? : Si tu es aussi studieuse que tu le prétends, tu n'es pas censée avoir de difficulté à m'écouter tout en suivant le cours. A moins que je ne sois trop intéressant.
Faire de la télépathie avec un inconnu est tout sauf normal.
??? : Alors tu n'es pas quelqu'un d'ouvert d'esprit ?
Tu sais que t'es vraiment lourd ?
??? : Je me trompe ou tu t'énerves vite ? content de faire connaissance ma rageuse.
C'est ça, moi aussi.
??? : Je crois que j'ai trouvé comment bloquer la connexion de nos pensées, je sais que tu es angoissée à l'idée de rater ton premier jour de cours.
Qu'est-ce que tu racontes ?
??? : Ferme les yeux et visualise ta définition du vide, par exemple quelque chose comme l'espace ou un espace blanc et infini.
Oui, et ensuite ?
Un mal de tête survint sans crier gare, je me pris la tête entre les mains, fixant mon cahier pendant environ deux minutes, avant que la douleur ne passe.
— Rhéa ? ça va ? ne meurs pas, tenta de plaisanter Cassy.
— Pour qui tu me prends, je suis un serpent tout de même, ironisai-je.
On tenta de camoufler un rire étouffé. Moi, je riais d'angoisse.
Je contrôlais toujours tout, mais les imprévus étaient ma plus grande peur. C'était juste censé être la rentrée.
Je sentis une main se poser sur ma cuisse, me forçant à arrêter mes tremblements, que je n'avais moi-même pas remarqué. Maudite soit la télépathie. Je croisai le regard de Léo, avant de pousser sa main d'un geste vif, il avait avancé sa chaise vers moi sans que je l'aperçoive.
Je devais penser aux rumeurs, la moitié de la classe ne m'aimait déjà sûrement pas, comme l'année dernière. Et je lui avais déjà dit de ne plus faire cela.
Malheureusement, il semblerait qu'il ait pris l'habitude.
Il se remit à dormir sur sa table, non sans me lancer son fameux clin d'œil. Je ne pouvais qu'admettre que c'était attentionné de sa part, mais cela m'angoissait encore plus lorsque je pensais au fait que mon anxiété se trahissait par ce mini tic, alors que j'arrivais toujours à garder ma couverture impassible.
Je passai le reste du cours à parler avec Cassy, une vraie thérapie.
On était capables de compléter les phrases de l'autre, ce qui nous faisait rire de plus belle, et qui avait pour effet de nous faire prendre plusieurs remarques de la part du prof.
Elle avait la capacité de me mettre dans un état bourré, et à ces moments-là, je me fichais complètement des autres et de leurs rumeurs à la con.
Le problème, c'est que quand j'étais seule, ce n'était pas la même chose. J'aime être seule. Mais pas seule sans Hannah et Cassy, seule sans personne aux alentours. Je ne lui avais jamais dit, mais Hannah habite à deux pas de chez moi, et j'ai pour habitude de monter sur son toit, en m'allongeant avec un livre à la main.
Mon toit à moi était impossible d'accès, étant donné que je vivais en appartement.
Je me rendis compte que j'étais en train d'exacerber mon envie de lire, lorsque la sonnerie de fin de cours retentit.
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— Sérieux ?
— Mais si je te le dis.
— Hein ? de quoi vous parlez ? demandai-je, sortant de ma rêverie à propos de la télépathie.
Le vacarme de la cantine n'avait pas changé. En un sens, cela ne me déplaisait pas, je retrouvais ce bon vieux lycée à l'organisation miteuse. Ne parlons pas des repas. Nous étions assises à côté des fenêtres, comme à notre habitude.
— Rhéa, mon frère te kiffe, s'enquit Cassy.
— Ah, zut, ce n'est pas réciproque.
— T'es trop violente, me répondit-elle en riant, tu sais que lui qui est si égoïste, chaque fois que tu viens manger à la maison c'est lui qui demande à préparer à manger.
— Quoi ? Tu ne me l'as jamais dit ça, c'est un exploit.
— Meuf pécho le, dit Hannah en souriant de toutes ses dents, IL SAIT CUISINER.
— Je cuisine très bien toute seule.
— Des nouilles instantanées, se moqua Cassy.
— Et alors ?
Elles se mirent à rire. Ce qu'elles ne savaient pas, c'est que je ne mangeais pas le soir. Il y a tellement de choses que je ne leur dis pas, mais je ne culpabilise absolument pas, à quoi cela servirait-il de les mettre au courant de ce qui ne les concerne pas ? Enfin, cela ne changeait en rien le fait que je n'étais pas intéressée par les hommes.
Mon téléphone se mit à vibrer. Il m'indiqua plusieurs messages venant de Phoenix :
Jake : Feu.
Liam : j'arrive.
Ivy : combien ?
Joseph : min 5.
Connor : Rhéa est encore au lycée.
Barbara : je viens te chercher cheffe.
Moi : OK rdv poteau bleu.
— Vive la rentrée, soufflai-je en rangeant hâtivement mon téléphone.
— Rhéa ? Questionna Hannah en scrutant avec attention mon visage.
— Je suis vraiment désolée mes femmes, mais je dois y aller.
— Tu recommences déjà ? Me reprocha Cassy.
— Faites-moi confiance d'accord, on en a déjà parlé, je file, dis-je rapidement, commençant à paniquer sur le fait que peut-être quelqu'un était déjà blessé.
Je m'empressais de débarrasser mon plateau, heurtant des personnes au passage, mais je m'en fichais éperdument, même en sentant leurs regards mauvais me transpercer. J'avais connu pire là-dessus.
Je pourrais mettre ma main à couper qu'ils ne voient pas la chance qu'ils ont, celle de ne pas frôler la mort aussi souvent que Phoenix.
Enfin bon, c'est bien pour ça que je me sens plus vivante que n'importe qui.
Arrivée à ce fameux poteau bleu tout rouillé, Barbara s'y trouvait déjà avec une BMW qui sortait de nul part. Quelle beauté.
Je m'installai en vitesse, Barbara démarra au quart de tour sans que je ne sois encore attachée. On voyait bien ici les deux habituées de la vitesse, causée par le danger.
Les cheveux rouges de la conductrice scintillait sous le soleil qui traversait le pare-brise, on l'appelait notre "Arielle".
— Salut ma cheffe adorée, me lança Barbara, laisse-moi parler je t'explique. Pour commencer, tu dois te demander d'où viens la voiture...
— Joseph.
— ... Bien vu, il l'a volée hier soir, et heureusement, on en avait bien besoin. La dernière a fini criblée de balles. Difficile de passer inaperçus -rit-elle malgré la situation- on n'a pas encore identifié nos jambons, ils portent des cagoules comme de vulgaires voyous.
Pour information, les jambons étaient le nom de nos méchants ennemis. Une idée fabuleuse de notre cher Connor.
Pendant que moi, j'étais paniquée à l'idée que quelqu'un soit blessé, juste parce que je voulais faire ma rentrée comme tout le monde, Barbara trouvait le moyen de sourire. Mais je ne lui en voulais pas, elle permettait de d'apaiser l'atmosphère et on savait tous à quel point c'était la meilleure pour couvrir ses émotions, d'une multitude de solides couches. Et ça m'inquiétait souvent.
Oh eh puis merde beaucoup de choses m'inquiétait.
Mais qui étaient ces types ? Des vengeurs sûrement, comme d'habitude. Enfin, pas de conclusions hâtives.
— Merci Barbara, comment étaient les autres quand t'es partie ?
— Une balle a frôlé Liam, heureusement pour cet imbécile, Jake le sauveur l'a plaqué au sol juste avant. La natation ça lui sert vraiment, vive les muscles. A part ça, on s'en sortait vraiment, il faudrait que ces jambons se mettent au sport eux aussi.
Je hochais la tête, me sentant apaisé d'un mince poids, mais pas assez pour compenser le reste. La preuve, je trifouillais nerveusement ma manche de manteau.
??? : Oulah c'est le fouillis dans ta tête là, calme toi petite chose.
Pourquoi t'apparais comme ça toi ?
??? : Tu me rends anxieux à penser à autant de choses en même temps, ton esprit est un labyrinthe digne d'une toile abstraite.
Waw merci pour ton côté poétique mais ça ne m'aide pas et tu ne peux pas m'aider à part te taire. Comment t'as fait pour... Enfin, je croyais qu'avec le vide...
??? : Tu croyais t'être débarrassée de moi ? Il faut croire que non, tu sais si tu as une faille dans ton esprit qui me permet de m'y introduire, imaginer le vide ne sert à rien.
Et ça tu ne pouvais pas me le dire évidemment.
??? : On commence tous quelque part, et actuellement je suis, en quelque sorte ton majestueux professeur de télépathie.
Je suis ravie.
??? : Je m'en doutais.
Le bruyant crissement depneus me tira violemment de mes pensées, et je me sentis projetée en avant, laceinture de sécurité s'enfonçant sans pitié dans mon buste.
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