10・Connor Walt

Connor

Les cris fusaient, encore. Et je n'avais pas le moindre espoir pour que cela s'arrête un jour à moins d'être à la hauteur, et de me plier à la volonté de mes parents. De dépasser les limites, encore, et de prendre exemple sur les japonais comme le dit souvent ma mère.

– Il faut qu'il ait les meilleures notes d'abord.

– Mais enfin, il doit surtout penser à son avenir au sein de l'entreprise Walt.

Même le soir, alors que tout le monde était censé dormir, je devais travailler.

Travailler chaque heure, chaque minute, chaque seconde.

Ma pire hantise était d'avoir un 19 et non un 20.
Je regardais nerveusement l'heure sur l'horloge posée sur mon bureau, puisque mon téléphone avait été confisqué pour me permettre de me concentrer pleinement. Quelle ironie, c'est eux qui m'empêchaient de me concentrer.

Mais je ne disais rien. C'était normal que les parents désiraient prendre soin de l'avenir de leur enfant, non ?

Mais si l'on interdit des choses à son enfant, il voudra forcément briser des règles et aller au-delà des limites fixées.

Résultat, j'attends tous les jours que mes parents se couchent pour jouer à mes jeux vidéo. Ainsi je me garde du temps pour moi, du temps que je n'ai pas lorsqu'ils sont sans arrêt sur mon dos, je peux enfin respirer même si ça influe beaucoup sur mon temps de sommeil.

Beaucoup sous-estiment les jeux vidéo.

Mes parents savaient que j'étais super actif, ils m'ont alors inscrit à un nombre incalculable de sports après un bon nombre d'engueulades. J'ai finalement réussi en négociant dans une tempête de cris, à passer autant de temps au sport qu'à la maison.

Passer plus de temps à me défouler s'avérait impossible, l'entreprise comptait sur moi selon mon père. Et celui-ci réussissait à me faire culpabiliser et stresser en un laps de temps très court, mes émotions étaient complètement à leur merci.

Lorsque j'étudiais, je n'étais plus Connor, j'étais simplement un robot automatisé qui se devait d'étudier pour atteindre la première place du podium.

Dans ce cocon familial, il n'y avait quasiment jamais d'éclats de rire. Mais plutôt la pression de la réussite, et l'échec était tabou.
Parfois je me demandais quand était-ce la dernière fois que je ne m'étais pas mis la pression, que je riais et était détendu.

Au lycée, j'avais un petit cercle d'amis avec qui je traînais souvent. Mais je les ai déjà entendu parler dans mon dos.

"Il ne parle quasiment jamais c'est relou. "

« Il ne vient jamais en sortie avec nous, on est son bouche trou ? "

"Pourquoi il garde autant la tête dans ses cours et regarde l'heure sans arrêt ?"

Certains m'admiraient, étant loin d'être gênés de me demander de faire leurs devoirs. D'autres me demandaient parfois de les aider à réviser, et souvent, il arrivait que des professeurs me prennent comme exemple à suivre devant les regards hargneux des autres.

Sûrement devaient-ils se dire que je me la pétais, j'aurais voulu leur dire que je ne me sentais supérieur à eux en rien, mais je préférais éviter ces contacts épineux qui risquaient d'aggraver mon cas.

Or, je n'ai jamais reçu aucune remarque, reproches ou insultes, sûrement car mes parents sont tous les deux à la tête de l'entreprise de costards sur mesure Walt. Des costards plus chers les uns que les autres, et que mon père a obtenu à la sueur de son front et de son moral. Il refusait alors que cette société, ce trophée qu'il avait obtenu soit hérité d'une autre famille en raison de mon incapacité à être à la hauteur.
Et tant que je n'avais pas de bonnes notes, c'est-à-dire des vingts, je n'avais pas d'argent de poche.

J'étais littéralement en proie à tout ce qui m'entourait. Le temps c'est de l'argent, n'est-ce pas ?

Mais il m'a suffi d'un jour, et d'une personne pour me permettre de découvrir une autre facette de la vie. Une facette que jamais je ne regretterais d'avoir découverte.

Pendant un an j'ai voulu m'essayer au karaté. Et cela m'a permis de retrouver Liam, un ami d'enfance qui avait été au collège avec moi. Je me souvenais qu'au collège il parlait encore moins que moi, étant un grand solitaire. Mais alors que le cours du mardi s'était terminé, il avait insisté pour me parler.

– Dis, Connor. Demain soir je retrouve des potes à moi pour une soirée pizza. Ça te dit de venir ? En fait honnêtement je ne te laisse pas le choix, tu m'as l'air d'en avoir besoin. Tu vas voir tu vas les aimer.

– Tu me préviens à la dernière minute, j'ai des choses à faire, avais-je répondu, anxieux à l'idée de ne pas respecter le programme de travail que je m'étais fixé.

– Connor, arrête de te cacher. En allant là-bas, tu pourras enfin être celui que tu es vraiment. Tu l'as remarqué, mon changement. Je suis comme ça grâce à eux.

– Je ne pense pas que...

– Allez tais-toi et viens, avait-il mis fin à la discussion avec une tape sur l'épaule, avant de me tourner le dos.

Ce qu'il ne savait pas, c'était que j'avais été obligé de faire le mur pour aller à cette soirée. Je n'en avais pas parlé à mes parents, sûr et certain les connaissant, ils me sortiraient un non catégorique. C'était la première bêtise que j'avais faite, et j'avais culpabilisé en partant :

Pourquoi est-ce que je fais ça ? Tant pis, de toute façon j'aurais joué aux jeux vidéo. Mais ce n'est pas une excuse. Et s'ils rentrent dans ma chambre ? Non normalement ils dorment. Heureusement que je me suis dépêché et fais mes devoirs à l'avance.

Cependant, en arrivant sur place, en les voyant rayonnants, se lancer des piques, rire, m'accueillir comme s'ils me connaissaient depuis des lustres, je fus frappé d'une sensation inconnue.

Être apprécié.

Et être entouré de personnes qui apportent de la bonne humeur, sans que je sois fourré dans mes cahiers.

Ce n'est seulement qu'à ce moment-là, au moment précis où je me mis à rire avec eux, que je me rendis compte à quel point la figure parentale que j'avais n'était pas normale. J'avais été frappé de plein fouet de la bonne humeur que la vie pouvait apporter.

Et il suffisait simplement de trouver les bonnes personnes. Celles sur qui vous pouvez vous reposer, enfin.

Après cette soirée, j'ai refusé de m'interdire de rire à cause du travail et de mes parents. J'ai donc continué à faire le mur plusieurs fois, traînant avec eux en les considérant comme ma deuxième famille, même si mon sommeil était très impacté et qu'il m'arrivait d'avoir des maux de tête à cause de cela. Mais ce n'était pas non plus une douleur passagère qui allait m'empêcher d'être heureux, alors je prenais des dolipranes.

Mais, alors que pour la troisième fois de la semaine je me dirigeais vers l'endroit où j'allais passer encore une soirée pleine de joie de vivre, je me fis frapper au visage. Réagissant au quart de tour grâce à tous les nombreux sports que je pratiquais, je lui décrochai une droite si puissante et parfaite que l'homme qui m'avait attaqué s'écroula en un seul coup. Et quelques instants après, je vis Rhéa courir dans ma direction.

– Connor ! Ça va ? avait-elle sorti en hâte, quel enfoiré celui-là, merci de l'avoir mis K.O, il nous embêtait depuis un moment, soupira-t-elle en tâtant le corps de l'homme de sa basket.

– Comment ça il vous embêtait ? Avais-je demandé, intrigué car l'homme que je venais de frapper qui m'avait attaqué avec une rage folle.

Elle m'avait alors observé un moment, avant de porter son regard sur l'inconnu, puis avait contourné le corps afin de se retrouver en face de moi, plongeant un regard que je n'avais jamais connu chez elle. Emplit de sérieux et de maturité qui n'était pas de son âge.

– Connor, avec Liam on pense que le fait que tu traînes avec nous t'a été bénéfique en tout point. Je suis vraiment heureuse que tu nous aies rejoints, et j'aimerais que tu nous rejoignes définitivement. Je veux te permettre d'être enfin celui que tu veux être, il est facile de voir que tu te retiens de faire ce que tu veux. Quand tu arrives pour nous voir, je vois cette lueur dans ton regard qui change, comme si tu laissais tout ce qui était extérieur à nous en dehors de nos soirées. Alors je ne sais pas ce qui se passe dans ta vie personnelle, mais je suis certaine d'être en mesure de pouvoir t'offrir une autre vie.

C'est à ce moment-là que j'ai pu remarquer à quel point Rhéa était observatrice, et que c'était sa façon de prendre soin des gens qui l'entouraient.

– Où est-ce que tu veux en venir ? Avais-je demandé, l'angoisse étant montée d'un cran sans que je ne puisse la contrôler, comme d'habitude.

– Ça te dit quelque chose des individus toujours en groupe s'appelant Phoenix ?

– Il me semble qu'ils sont passés dans le journal plusieurs fois, et aux infos. Ils ont infiltré des organisations criminelles, des choses dans ce genre, pourquoi ?

– C'est nous, avait-elle simplement déclaré, attendant ma réaction.

– Quoi ?

Je n'avais pas du tout su comment réagir.

Mon cerveau avait comme cessé de marcher, avant que je ne me répète dans ma tête ce qu'elle voulait.
Elle voulait que je les rejoigne.
Si on m'avait dit qu'un jour on me proposerait de rejoindre les Phoenix, d'être mêlé à des affaires dangereuses, je ne l'aurais pas cru. Et voilà qu'elle venait de me le proposer ?

– Ce n'est pas une blague ? Vous l'êtes tous alors ?

Maintenant que j'y pensais, Rhéa n'était donc pas appelée "Cheffe" pour rien. De plus, je n'étais en rien étonné du fait qu'elle dirigeait ce groupe.

Elle s'asseyait, parlait, entrait dans une pièce avec toute la confiance, la grâce qu'elle pouvait avoir. Il suffisait de la voir pour deviner qu'elle savait ce qu'elle faisait. Elle ne laissait personne lui marcher dessus, ne dévoilait jamais ses pensées les plus profondes, et malgré tout, n'était pas le moins du monde arrogante ni superficielle. Elle n'avait pas besoin de l'être ou de se vanter pour que l'on remarque son aura.

– Oui, avait-elle avoué avec un doux sourire qui se voulait apaisant, je ne veux pas te brusquer ni te forcer, mais, on t'aime tous beaucoup Connor. Enfin, il faudra que je leur avoue que je t'ai demandé de nous rejoindre, j'ai pris les choses en main sans leur...

– Je suis partant, m'étais-je entendu dire.

C'était comme si pour une fois, mon cœur avait dominé mon esprit, qu'il s'était enfin dit que c'était le moment pour moi de m'essayer à d'autres choses que la pression et le travail sans arrêt.

Il faut dire que ce groupe iconique était celui qui me faisait rire, aussi bien par message que lorsque je me remémorais chez moi les bêtises qu'ils avaient sorties.

Ce que je désirais au fond de moi se trouvait avec eux. Et mon cœur l'avait compris avant moi.

Je ne savais pas concrètement dans quoi je m'embarquais, après tout, je n'avais pas passé tout mon temps à me former pour faire face à des histoires de gang.

Mais l'imprévu, dans ma routine fatigante et dénuée de sens, était ce qui m'attirait, là, maintenant.

C'est ainsi que je me suis laissé bercer par mes désirs, pour la première fois, et non ceux de mes parents.

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Salut :) J'espère que vous allez bienn.

Ce chapitre est le premier qui retrace l'arrivée de notre concon au sein de Phoenix. J'espère que découvrir plus en détail ce personnage et comment il en est arrivé là vous a plu !

Il y aura le même type de chapitre pour les autres membres du groupe afin que vous puissiez vous mettre à leur place, et comprendre leur point de vue et leur situation.

Merci encore d'être toujours présents, je suis si contente que mon livre avance :))

(N'oubliez pas de voter et de commenter si vous aimez merci <<3 )

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