CHAPITRE TROIS: Une tentative désespérée
Sous le soleil brillant, par un bel après-midi de Juillet, une jeune femme s'affairait dans son jardin. Celui-ci comptait une panoplie de fleurs de différentes tailles, couleurs et odeurs. Leur éclat se reflétait dans les grands yeux argentés de la jeune jardinière.
Fatiguée d'avoir passé des heures sous le soleil brûlant, cette dernière se leva, enleva ses gants et rentra à l'intérieur. Sa longue chevelure sombre était tressée en de longues nattes africaines. Elle passa la porte d'entrée et regarda brièvement autour d'elle. Le salon comportait des murs jaunes soleil baignés de lumière ainsi que deux grandes portes vitrées en guise d'entrée. Un divan capitonné blanc trônait dans un coin de la pièce, près de l'énorme baie vitrée donnant sur le jardin derrière la maison. Des meubles en bois pâle avaient été disposés un peu partout pour combler le vide puisque la pièce était très vaste. Cependant, la bibliothèque à étagères était ce que la jeune fille préférait: ses livres de cuisine, de jardinerie mais aussi ses romans favoris y étaient soigneusement rangés.
La grande brune marcha alors le long du couloir jusqu'à la salle de bain. La pièce était exactement comme celle-ci l'avait laissée ce matin avant d'aller faire son jardinage. C'est-à-dire très propre, car elle avait fait son ménage habituel du samedi matin.
La jeune femme s'avança devant l'évier et croisa son reflet dans la glace au passage. Un joli visage arborant une peau d'ébène et des lèvres charnues se dessina devant elle. Cependant, cette dernière rencontra des yeux d'argent. Plutôt rare, pour une personne à la peau aussi sombre, mais à travers toutes les réincarnations, l'individu garde toujours des yeux identiques.
Élisabeth Aube, dans ses multiples retours, arborait toujours ses yeux argentés.
Mais cette fois, l'étincelle de détermination s'était éteinte dans son regard de lune: elle avait décidé d'abandonner.
Après toutes ces années de peur, de douleur et d'incertitude, elle en avait assez et avait opté pour une tentative de vie normale parmi les Amnésiques. Elle essayait tant bien que mal de vivre en tant que Samirah Talik, une jeune africaine déménagée au Canada avec sa famille à l'âge de deux ans.
Samirah se dévêtit et entra dans la douche. Elle laissa l'eau couler doucement dans son dos et se perdit dans ses pensées.
Tout ce qu'elle souhaitait, c'était ne plus revenir sur cette Terre et enfin recevoir le repos qu'elle méritait après toutes ces années. Durant son périple, elle avait réalisé que les Amnésiques étaient bien trop nombreux et bien trop bornés pour l'écouter. Alors elle avait cessé de vouloir les aider, car c'était sans espoir. Elle n'avait qu'à vivre durant une centaine d'années et elle ne reviendrait plus jamais! Plus jamais elle n'ouvrirait les yeux, ou peut-être que si, mais dans un autre monde, qui sait? Peut-être cet autre monde sera-t-il meilleur, ou alors peut-être encore pire...
Cette dernière soupira.
'' Tous ceux qui ont réussi à vivre assez longtemps pour ne plus se réincarner sont partis on ne sait où puisqu'ils n'en sont jamais revenus.
Pensa-t-elle. J'aimerais tant disparaître de cet univers une bonne fois pour toute, je n'ai plus rien à faire ici... ''
Samirah sortit de la douche, se sécha et enfila des vêtements propres afin d'aller au marché pour faire quelques courses.
Avant de passer le seuil de la porte, son sac à main coincé fermement sous le bras, elle prit son chapeau pour se protéger du soleil toujours aussi brûlant et aveuglant ainsi que ses clés puis, sortit de la maison en verrouillant la porte derrière elle.
Tout en déambulant dans la rue, elle s'attarda pour observer ce qu'il y avait à vendre au marché de fruits et légumes. Les marchés étaient assez rapprochés les uns des autres, mais il y avait toujours un espace vide entre eux puisqu'il y avait tout de même des bâtiments à l'arrière des stands. Ces espaces étaient sombres puisqu'ils étaient dans l'ombre par rapport au soleil. D'autant plus que la lumière éblouissante d'aujourd'hui contrastait particulièrement avec ces petits coins ce qui pouvait même nous amener à penser qu'ils étaient plongés dans la noirceur.
Samirah grimaça, dégoutée par ce qu'elle venait de voir entre le stand de bijoux et de vêtements.
Disons que certains s'en donnaient plutôt à coeur joie concernant ces petits coins privés...
Celle-ci leva les yeux au ciel et continua son chemin.
Puis, elle s'avança devant un petit kiosque plutôt modeste orné de guirlandes vendant des breloques, des figurines et toutes sortes de choses sans utilité particulière mais qui vous force tout de même à arrêter pour y jeter un coup d'oeil.
Il n'y avait personne qui surveillait le stand, ce que la jeune femme trouva bien triste puisque ces babioles pouvaient tout aussi bien être volées en un claquement de doigts. Elle le contourna pour vérifier qu'il n'y avait personne. Ce qui fut le cas.
'' J'imagine que la personne qui s'en occupe va se pointer d'une minute à l'autre... '' Se dit Samirah.
Cependant, contre toute attente, personne ne vint, pas même un client. Assise sur le petit tabouret de bois vernis qui devait appartenir au propriétaire du kiosque, elle soupira, décontenancée. Celle-ci décida de se lever pour partir quand quelque chose attira son regard. Une petite lumière brillait dans un coin. Samirah s'en approcha et vit qu'il s'agissait tout simplement d'un petit miroir reflétant les rayons du soleil. Il avait été laissé dans l'un des espaces vides et sombres entre les stands. Mais elle était persuadée qu'il appartenait au propriétaire du kiosque qu'elle surveillait depuis maintenant bien plus d'un quart d'heure en espérant que quelqu'un arriverait. Elle le prit délicatement entre ses doigts et l'observa, la mine ébahie par sa beauté. Étonnament, il n'était ni poussiéreux, ni sale. Il scintillait de mille feux par son contour en or orné de joyaux rouges, verts et violets. La glace était parfaitement propre et claire comme de l'eau de roche. La jeune femme leva le miroir au niveau de son visage afin d'observer son reflet.
Mais elle n'y vit pas que le sien dans la glace.
Surprise, elle tenta de se retourner pour voir de qui il s'agissait, mais des bras forts lui enserrèrent les épaules et la gorge. Une main se plaqua sur sa bouche lorsqu'elle essaya vainement d'appeler au secours. Dans cette main, un petit carré de tissus à l'odeur immonde lui boucha les narines.
Samirah sentit ses forces l'abandonner, son corps s'assoupir et sa vision s'assombrir.
Tout n'était plus que noir et le silence régnait.
~*~
Des bruits d'objets s'entrechoquant lui pavinrent de loin.
Sa vision était brouillée, sa tête souffrait et ses muscles étaient douloureux. La jeune femme n'était aucunement en état de penser à la situation dans laquelle elle se trouvait en ce moment. De ce fait, lorsqu'elle parvint à ouvrir les yeux et à voir plus clair, elle ne comprit pas tout de suite où elle était. Couchée à même le sol, le ciment froid et humide à la fois la faisait frisonner. Perdue, elle tenta en vain de se relever, croyant être chez elle après une forte gueule de bois. Cependant, elle ne se souvenait pas avoir bu d'alchool...
Ses membres enchaînés la tirèrent vers le bas, lui permettant tout juste de lever la tête et le torse. Son visage se crispa de douleur lorsque celle-ci sentit le métal des chaînes se frotter contre sa peau meurtrie. Un épais morceau de ruban adhésif lui couvrait la bouche.
'' Que se passe-t-il? Où suis-je? '' Se demanda-t-elle.
Pourquoi l'aurait-on attachée de la sorte?
Une vague de souvenirs la submergea.
Les courses à faire, le stand sans surveillance, les babioles... L'attente du propriétaire qui n'est jamais venu, le miroir reflétant quelqu'un d'autre... Les bras, l'étranglant, l'odeur l'empêchant de respirer... Puis, la noirceur et le silence...
'' Non, impossible! '' Se dit Samirah en se débattant.
Elle avait été kidnappée.
Sa générosité avait eu raison d'elle...
La jeune femme regarda désespérément autour d'elle, à la recherche d'une issue. Il n'y avait aucune maudite fenêtre par laquelle elle aurait pu s'échapper.
Les murs étaient pleins d'étagères en désordre total, le plafond semblait avoir été entamé pour une rénovation datant d'il y a très longtemps qui n'a jamais été terminée et la pièce dont elle se trouvait prisonnière ne semblait même pas avoir connu de meilleurs jours... Au centre de celle-ci, trônait une grande table entourée d'outils rouillés recouverte d'un drap à la couleur inconnue tellement il était souillé, crasseux et... taché de sang.
La respiration de la jeune femme s'accéléra et son coeur sembla exploser dans sa poitrine. Dans toutes ses vies, jamais Élisabeth Aube n'avait vécu cela auparavant.
« - Oh, ne fais pas attention au bazar, très chère, je n'ai guère eu le temps de faire le ménage avant ta visite! » Gloussa une voix masculine.
Son coeur rata un battement et, retenant son souffle, elle leva un regard méfiant vers son agresseur: un homme plutôt grand à la carrure imposante qui affichait un drôle de rictus. Celui-ci s'avança et s'accroupit juste en face d'elle. La jeune femme à la peau d'ébène recula promptement et son dos se heurta au mur de ciment derrière elle. Mais celle-ci ne parût même pas le remarquer, tant elle était terrifiée.
« - Chut, chut, chut... Tout doux, ma jolie. Je vais juste t'enlever ça. »
Le grand blond arracha violemment le morceau de ruban adhésif qu'elle avait sur la bouche. Samirah lâcha un petit cri lorsqu'elle sentit ses lèvres endolories qui ne cessaient de brûler.
Il recula, se redressa puis la contempla, l'air fier de lui.
« - Eh bien, je te souhaite la bienvenue en mon humble sanctuaire... »
La jeune femme ne put empêcher les tremblements qui secouaient son corps lorsqu'elle remarqua que quelque chose ne tournait pas rond chez cette homme et qu'il ne voulait certainement pas l'aider. D'autant plus que les mots qu'il employait étaient loin d'être rassurants...
L'homme se pencha plus près de son visage et porta alors sur elle un regard qu'elle jugea de possessif lorsqu'il déclara.
« - Tu verras, on va bien s'amuser ma p'tite revenante... »
NA: Salut salut mes chers lecteurs! Je suis vraiment désolée que l'écriture de ce troisième chapitre ait pris autant de temps! J'étais juste beaucoup trop débordée avec l'école, le gardiennage et le travail... J'ai aussi eu un léger manque d'inspiration. Mais j'ai tout de même noté toutes mes idées durant ces dernières semaines et je suis déjà en pleine écriture du quatrième chapitre! Sur ce, j'espère que vous l'avez apprécié et n'hésitez pas à me faire part de vos impressions dans les commentaires. :)
CHAPITRE PUBLIÉ POUR LA PREMIÈRE FOIS LE 22 MAI 2017.
xxx L'AnonymeRose
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