[Hawks x Endeavor] avec un léger [Hawks x Dabi]

1019 mots.

Spoils jusqu'au chapitre 266.

***

Les flammes crépitaient. La valse erratique des escarbilles donnait au ciel une couleur de cendre. C'était magique, presque irréel. L'enfant aux ailes écarlates fixait l'incendie. Les braises vermeilles se reflétaient dans ses iris subjugués. Il ne prenait pas garde à l'agitation autour de lui, aux cris des passants, à l'empressement des héros. L'odeur brûlée, mélangée aux flagrances de la chair consumée, était aussi rebutante qu'attirante.

Keigo Takami ne voyait qu'un tourbillon garance, et le brasier secouait en lui quelque chose d'innommable. La chose dansait avec les cendres qui brûlaient les passants. Leur chaleur, au lieu de le faire reculer, lui donna envie de s'aventurer plus loin. De ressentir encore plus cette tendre ardeur qui pouvait le brûler.

La chose avait presque été satisfaite, lorsqu'il avait reçu la peluche du héros enflammé : Endeavor. L'homme au visage austère avait tout du feu : l'aura à la fois rassurante et terriblement effrayante, l'implacabilité, son caractère imprévisible. L'enfant voulait, lui aussi, jouer avec le feu comme il semblait si bien le faire.

Alors il avait renié l'endroit sale qui l'avait vu grandir. Il avait oublié les fantômes qui ricanaient dans son placard, et avait suivi ces hommes qui disaient qu'il devait être un héros. Le petit Keigo avait appris. Son alter n'était plus une parure rougeoyante qui s'agitait aléatoirement sous sa volonté hésitante. Au bout d'une pléthore de maux de crâne et de nez sanguinolents, il pouvait manipuler chaque plume. S'envoler dans sa cage dorée. Couper les flammes qui crépitaient dans la cheminée.

Hawks avait appris. Et si, plus rapidement que quiconque, il avait monté son agence et s'était érigé dans le top 3 des héros, ce n'était toujours pas suffisant. Rien n'était suffisant. Le héros ailé voulait davantage, exigeait davantage. Il souhaitait tout.

Sa collaboration avec son idole éternelle n'avait pas arrangé sa passion pour les flammes. Parfois, il fixait celles qui caressaient le visage austère de Todoroki avec une curiosité bien trop plantureuse. Puis, ses yeux glissaient sur les prunelles céruléennes qui l'observaient avec la même intensité, et le contraste lui paraissait aussi saisissant qu'inconfortable.

Le blond ne savait pas quoi penser de ces iris azurin. Était-ce le paradoxe cruel de cet homme enflammé au caractère glacial ? Ou la preuve qu'à l'intérieur, le feu qui le tiraillait était encore plus puissant ? Hawks voulait savoir. Sa curiosité morbide nourrissait la chose qui hurlait dans son ventre. Alors il provoquait, s'amusait, ricanait lorsqu'Enji montrait les crocs. Lorsqu'il le saisissait par le col, et qu'il lui riait au nez. Lorsque sa chaleur l'excitait davantage qu'il ne l'effrayait.

Il avait joué avec Endeavor comme avec une flamme indomptable. Le numéro 2 s'était brûlé, mais les avertissements du brasier virulent n'avaient pas refréné ses tendances pyromanes. Les cloques rouges qui parsemaient sa peau diaphane n'étaient qu'une excuse de plus pour user de sarcasme. Pour le pousser à bout. Il arrivait, parfois, à dresser cette flamme lorsque l'alcool se mélangeait à son odeur de soufre.

Alors, les mains ardentes caressaient sans douceur les blessures d'amusement. La langue chaude dansait, traçait des tranchées de salive brûlante sur sa peau. Les dents mordaient ses plumes écarlates, pendant que leurs corps s'entrechoquaient, encore et encore et encore. Enji était torride, quand ses muscles n'étaient plus dissimulés par sa virulente fournaise.

La chose n'était toujours pas satisfaite. Même lorsque le numéro 1 gardait, pendant quelques secondes, ses bras autour de lui. Même lorsque ses lèvres cueillaient les siennes, sans aucune lubricité ni désir derrière. Le feu qui le brûlait n'éclairait que trop peu son chemin.

Il avait besoin de plus de lumière. Toujours plus de lumière.

« Fais attention, Hawks. À force de jouer avec le feu, tu vas te brûler les ailes.

- Elle est bonne, celle-là ! Comme si tu n'aimais pas ça. »

Il aimait beaucoup l'observer en intervention. Tout était rouge dans leur sillage. Il éloignait les civils pour que ses flammes puissent se déchaîner. La chaleur tordait l'air et le courbait. Son éruption bariolée était une œuvre d'art à elle seule. Son partenaire virevoltait à côté des colonnes de flammes, tranchait la chair dans son sillage.

Mais ce n'était pas suffisant. Ce n'était toujours pas suffisant.

Ses activités nocturnes, lorsqu'il était hors du lit d'Enji, avaient le luxe de le distraire de cette chose affamée. Faire ami-ami avec les vilains n'était pas simple, mais le défi était plus captivant qu'effrayant. Evidemment, ses angoisses nourrissaient la bête. Elle grandissait dans l'ombre qui le suivait jusqu'au repère du front de libération du paranormal.

Et les iris céruléens de Dabi n'arrangeaient pas le brasier qui le consumait, au sein de sa cage thoracique. Il avait tenté d'ignorer les flammes azurées qui attiraient tant son regard. Ce feu là était bien plus dangereux, instable, brûlant. Hawks avait enfermé toute sa curiosité morbide. Jusqu'à ce jour.

Jour de trahison et du sang de ceux qui l'avaient cru. Jour où ces maudites flammes avaient enfin consumé ses ailes. Il n'avait pas eu le temps d'éliminer Twice. Pourtant, le héros lui avait dit qu'il ne pouvait se permettre d'être sentimental. Qu'il ne devait pas faire d'erreurs. Alors pourquoi avait-il délibérément ignoré les bruits de pas du vilain aux yeux si semblables à ceux d'Enji ?

Hawks ignorait la réponse que Keigo lui chuchotait. Hawks ignorait la sensation exaltante de ces brûlures qui piquaient sa peau. Il trancha la chair de celui qui pensait être son ami, s'envola derrière le seul qui connaissait les vestiges de son passé.

Keigo Takami.

Comment connais-tu mon nom ?

Qui es-tu ?

Il revit l'endroit sale qui l'avait vu grandir. Les vestiges des visages qui l'avaient aimé, malgré tout, malgré rien. Surtout rien. Hawks avait cru, pendant un instant, redevenir cet enfant amoureux du feu. Hawks était redevenu, pendant une fraction de seconde, Keigo Takami ; et les ruines d'une ancienne connaissance recouvrit le visage tendu du vilain aux braises bleues.

Les flammes crépitaient. La valse erratique des escarbilles revint hanter le héros ailé, pendant que les cendres du passé obstruaient sa vue.

La chose consuma le monde sous des flammes céruléennes, et quelques plumes rougeoyantes dansèrent au-dessus des décombres d'une ère déchue.