Les chants du passé

[Hawks x Dabi]

870 mots

Spoils jusqu'au chapitre 300

***

Le bruit diffus de la télévision l'accompagnait dans ses soupirs. Les mains accrochées à ses cheveux, les déchirant, les tirant, arrachant les mèches flavescentes ; Hawks était assis. Les murmures de Dabi se répercutaient dans sa tête, sans s'apaiser, sans l'apaiser. Il hurlait dans cette boîte noire.

Dabi était allé voir sa mère. Dabi l'avait replongé dans les bras absents de son géniteur. Dabi lui avait rappelé le goût du sang de Bubaigawara. Après tout ça... Après tout...

Keigo n'arrivait pas à se relever. Seul dans son petit appartement- enfin seul, blessé. Devant lui, les ruines de son passé dansaient avec le souvenir de sa silhouette macabre. Les mots de son père se mêlaient avec sa voix de corbeau- et avec celle de sa mère, l'élégie de ses erreurs perçaient ses oreilles de mille aiguilles.

Keigo ne voulait pas se relever. Il roula sur le côté, gémissant de douleur. Son corps entier était une plaie ouverte, et il coula, et il coula. Il se souvint de ses regards azurs, avant tout ça, avant ces flammes. Il se souvint de ses sourires, avant tout ça, avant ce sang. La télévision diffusait encore son image. Il le voyait partout. Quand il détournait les yeux, quand il fermait les yeux, quand il ouvrait les yeux. Dabi- non, Touya était partout.

Hawks frappa le sol en criant. Il voulait disparaître. La honte l'étouffait, la haine le rongeait, le désespoir le noyait. Le vilain avait eu une myriade d'occasions de lui faire du mal. Mais secouer l'arbre de son enfance ? Dévoiler ses racines pourries ? Hawks n'avait guère été honnête, mais jamais il ne lui aurait fait ça. À moins que... ?

« Allez petit oiseau, ne me dis pas que tu te penses tout blanc ? Tu as tué mon ami. Tu m'as menti, encore et encore. Même dans mes bras, tu m'as menti. C'est tout ce que tu sais faire.

- Ta gueule... Tu as menti en premier... Ta gueule, ta gueule, ta gueule... »

Il se renferma encore plus sur son corps, ses mains bouchant à présent ses oreilles. Mais la voix était toujours là, claire et vicieuse. Ces mots, tels une vipère, se glissaient contre son corps pour une dernière étreinte mortelle. Le héros ailé toussa, encore et encore, entre deux sanglots.

« Pauvre petit oiseau... Regarde-toi... Le numéro 2, au sol à cause d'un vilain... Pauvre petit cœur brisé...

- La ferme...

- Tu ne vaux rien, Keigo. Tu méritais même pas que je te touche. T'es même pas capable de te relever et d'aller chialer dans ton lit. »

Les murmures tourbillonnaient dans sa tête, et ses pleurs n'étaient jamais assez forts pour les couvrir. Peu importe ses cris, ses supplications ou ses insultes, la voix de Touya était toujours plus forte que la sienne. Un souvenir, légèrement plus bruyant, lui offrit la clémence de l'œil de l'ouragan.

« Tu peux changer, petit oiseau. Tu peux prendre tes affaires et partir loin, avec moi. On peut accomplir mon rêve ensemble. Sèche tes larmes, souris-moi. Je te demande qu'un sourire. Je peux être ton bouclier, ton épée.

- Menteur ! Hurla-t-il à mi-voix vers le vide.

- Il y a un endroit, par-delà les montagnes... Personne ne nous y trouvera... On sera en sécurité, plus personne ne pourra nous blesser... Viens avec moi... »

Hawks se noyait dans ses sanglots. Une litanie de « menteurs » arrivait, parfois, à se faire entendre au milieu des voix numérisées. Les chaînes de télévision commentaient toujours les déclarations de Dabi, mais Hawks n'écoutait que lui. Il écoutait ces promesses qu'il aurait voulu entendre. Il priait pour avoir ce feu à ses côtés, pour toujours, mais il était terrifié à l'idée de se brûler.

Cependant, les flammes dont il avait besoin étaient déjà en lui.

Soudain, les voix disparurent. Keigo releva son visage trempé par ses pleurs, et réussit à éteindre cette maudite boîte noire. Le silence berçait ses dernières larmes.

« Non... Ne me laisse pas comme ça... J'ai besoin de toi... »

Il n'entendait presque pas sa propre voix, déchirée et enrouée. Keigo ne voulait pas se relever. Il ne voulait pas passer cette porte, sauver ce monde en ruines. Il ne voulait pas se lever et aller manger. Keigo voulait juste disparaître.

Mais Hawks devait se relever, car le chaos en dehors de sa cage était bien plus bruyant que le chaos à l'intérieur de lui. Alors il sécha ses larmes. Il combattrait celui qu'il avait combattu auparavant. Il savait que Dabi ne retournerait pas en arrière. Il allait mourir en tuant son père, ou il allait mourir en essayant. Le blond allait essayer de rendre sa mort la moins douloureuse possible.

Un message de Best Jeanist éclaira l'écran de son téléphone. Le monde n'attendrait pas que les héros fassent leurs deuils. Ils étaient condamnés à le sauver, et dans le cas échéant, à être montrés du doigt s'ils échouaient.

Dans la pénombre des ruelles, une silhouette se faufilait dans le noir. Des prunelles azurées cherchaient, dans l'obscurité, la volonté infaillible dont il avait besoin pour accomplir sa destinée.

Car même le plus déterminé des hommes était parfois distrait par le chant d'un oiseau.

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