Fire and blood
L'enfer se déchaîne.
Tout est noir ici-bas. Le vent fait crier les feuilles des arbres, transporte jusqu'à moi l'odeur si caractéristique de la transpiration. Tout est si calme, ici-bas. Tout est calme, si l'on omet le rire lugubre qui transperce ma gorge. Je caresse du bout des doigts le tronc d'arbre à mes côtés, mes joues me font mal à force de sourire.
L'enfer se propage.
L'arbre n'est plus qu'une allumette bleutée qui se consume dans la nuit si noire. Le feu se diffuse à travers les cimes des arbres, dévore les feuillages, et une odeur de soufre me vient aux narines. Je prends une profonde respiration, me délectant de cette flagrance brûlée, piquante, souffrante. Je suis entouré de flammes, je suis dévoré par les flammes, je ne suis plus qu'une flamme.
L'enfer m'étouffe.
Je ne suis pas qu'une flamme, je suis un brasier qu'on ne peut éteindre, je suis un incendie qui fait suffoquer tous ceux qu'il croise, je suis DABI ! Les corps se transforment en cendres quand je les touche ! Le ciel est éclairé par les lueurs bleues des flammes qui dévorent les feuilles, les branches, les troncs des arbres, jusqu'à leurs racines. C'est ça. Je détruis les racines même du vivant, je suis tordu, tordu, TORDU.
L'enfer devient fou, fou, FOU.
L'odeur des corps brûlés me vient aux narines, et mon cœur ralentit légèrement la cadence erratique qu'il avait imposé. C'est cela. Je vais brûler le monde des héros, tout comme ils ont incendié le mien. Je déchaîne l'enfer sur terre, pour les punir, car ils méritent d'être châtiés. C'est cela. Ils vont souffrir, souffrir, souffrir, tout comme j'ai souffert. Ils ne pourront plus jamais se regarder dans une glace, et souffriront au moindre mouvement, au moindre sourire, à la moindre larme.
L'enfer atteint Yuei.
Je traverse cette forêt à mon effigie, alors qu'une fumée grisâtre forme des sillons qui montent vers les nuages. Prévenez donc Dieu, s'il existe, qu'il ne rate surtout pas le spectacle que je vais lui offrir ! Tout n'est que flamme, et bientôt, tout ne sera que sang. J'ai si hâte de voir leurs visages si effrayés, à ces apprentis héros. Pauvres moutons, égarés sur leur chemin encadré de pâquerettes et de papillons. Je n'en ai jamais eu, moi, des pâquerettes et des papillons. Ils connaîtront le chemin du feu et du sang, identique à celui que j'ai emprunté.
L'enfer, c'est les autres.
Décideront-ils de se battre ? Décideront-ils de fuir, de se recroqueviller, de se laisser mourir ? Entre peur et courage, qui vaincra ? Leur flamme s'éteindra-t-elle docilement ? Ou essaiera-t-elle de brûler quelques vilains avant de dépérir ? Tant de questions dont j'ai hâte de connaître les réponses ! Ma peau me gratte, ma peau me lance, ma peau me brûle. Mais ce n'est plus si grave, à présent ; puisque ces élèves deviendront comme moi. Des cadavres ambulants. D'affreux épouvantails. De vilains cauchemars.
L'enfer, c'est bien moi.
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