[Shigaraki Tomura ; One for All]

385 mots

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Les rues froides étaient tout ce qu'il connaissait. Ses souvenirs, un méli-mélo d'odeurs sanguines et de cris épouvantés. Il se cachait, il se cachait- de quoi ? De qui ? Pourquoi s'enfuyait-il toujours plus loin? De quoi avait-il si peur ?

Tenko était terrifié par ces mains qui lui avaient tout enlevé. Ses propres mains.

Personne ne baissait jamais les yeux sur sa maigre silhouette. Il était devenu invisible, même lorsqu'il ne se dissimulait guère au regard d'autrui. Les gens évitaient ses œillades tristes et ses vêtements ensanglantés. Dieu sait qu'il aurait aimé qu'on le regarde. Qu'on le voit véritablement.

Malheureusement, Tenko Shimura n'existait plus. Il n'existait plus que dans ses mémoires d'antan- avec Hana, avec son chien. Les deux seuls êtres qu'il avait aimé- désintégrés. 

« Enfant des cendres et enfants des ombres, pourquoi te caches-tu dans les ténèbres ? »

Un homme. Grand. Tenko ne voyait pas son visage. Mais c'était la première personne à l'avoir jamais regardé. 

« Les héros ne viendront pas sauver quelqu'un comme toi. Ils te chasseront, te blesseront... Le monde t'a rejeté. Le monde t'a humilié. »

Des larmes vinrent voiler sa vision. Il voulait juste que tout cela se termine... L'enfant l'avait bien remarqué, cette manière dont les héros l'avaient évité pendant leurs patrouilles. Aucun n'avait daigné baisser les yeux vers lui. Aucun n'avait osé le regarder.

«  Ne pleure pas, mon enfant ; tu peux rester avec moi. L'homme se mit à genoux devant la petite silhouette, et son sourire balaya un peu les ombres qui dansaient dans la ruelle. Tu seras en sécurité entre les bras de ceux qui sont comme toi. Tu as une place. Tu as ta place... Auprès de nous. »

Les sanglots déformèrent ce visage tiré par les regrets. Ses larmes s'écrasèrent sur le sol, encore et encore, jusqu'à former une flaque dans laquelle son reflet l'observait. Ses yeux rouges et son sourire sardonique observèrent l'enfant qu'il eusse été. L'enfant qu'il était.

« Enfants des os et des espoirs brisés, ne pleure donc pas. Prends ma main et observons le monde s'effriter... » 

À la surface de la mer de ses larmes, Tomura observa Tenko une dernière fois. Le maître l'avait regardé, et sa main dans la sienne lui murmurait les promesses d'un monde en ruines.